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obésité et comorbidités

Extrait de Toxic, le livre de William Reymond :

« La jeune Amérique a longtemps été habituée à la première place. Au début du siècle dernier, nouvelle puissance industrielle à peine débarrassée des oripeaux de la conquête de l’Ouest, les États-Unis s’enorgueilliront d’être le pays aux citoyens ayant la meilleure santé. Un siècle plus tard, l’OMS a remis les pendules à l’heure. Dépassée par le Japon, la Suède, le Canada, la France, l’Australie et cinq autres encore, l’Amérique figure désormais au douzième rang, laissant d’un cheveu la place de cancre à l’Allemagne.

La pandémie d’obésité est la raison majeure de cette dégringolade. Et plus particulièrement son effet sur les cœurs américains.

L’équation est connue. Hypertension, présence importante de graisse dans le sang et cholestérol. Trois coupables présents massivement dans l’organisme de l’obèse. Trois tueurs nés dans l’abondance de nourriture. En 2005, plus d’un Américain sur quatre souffrait de complications cardiaques. En millions, cela représente presque la population de la France. Résultat ? Les problèmes cardiaques sont la première raison de décès des Américains en surcharge pondérale. À un rythme effarant. Même si les raisons sont multiples, toutes les trente-cinq secondes un habitant de la première puissance mondiale meurt d’une complication cardiaque. Oui, le temps de relire ce paragraphe et la pandémie d’obésité, majoritaire parmi d’autres facteurs, a fait une nouvelle victime.

Et ceux qui n’en meurent pas vivent avec le risque d’une attaque qui, limitant l’apport d’oxygène et de sang au cerveau, entraîne une paralysie. Sans oublier les autres, ces 2 740 personnes qui, chaque jour, n’ont d’autre option que de subir un pontage coronarien. Une opération qui rajoute 15,6 milliards de dollars à la facture santé supportée par le pays.

Si tous ces chiffres vous paraissent encore trop abstraits, alors il vous faut assister à l’une des conférences données par le docteur Mehmet Oz, un cardiologue qui vient prêcher la bonne parole dans les collèges de New York. Le résumé fait par Eric Schlosser dans son livre de mise en garde destiné aux enfants intitulé « Chew on this » est édifiant.

Quand son auditoire est suffisamment âgé, Oz utilise en effet des organes prélevés durant des autopsies afin de démontrer sans ambiguïté les ravages de la pandémie sur le corps humain. Comme le raconte Eric Schlosser, le docteur Oz puise  dans un seau blanc et en sort deux cœurs : « Celui en bonne santé est rond et marron rosé. Il semble flexible au toucher. L’autre était bien plus gros. Il était plus foncé, sa couleur plus proche du noir que du rose. Il était plus oblong que rond, comme un petit ballon de rugby dégonflé ».

Les méthodes de Methmet Oz ne sont pas choquantes. En confrontant des adolescents aux organes détruits par la pandémie, il procure une réalité à un risque jusqu’ici abstrait mais qui les concerne directement. « Je leur parle de ce qu’ils mangent, de la nécessité de faire du sport et comment tout cela affecte la santé de leurs cœurs. Les maladies cardiaques ne sont plus réservées à leurs parents et grands-parents. Ce que je leur montre, c’est exactement ce qui est peut-être en train de se produire dans leurs corps. »

En 2000, près d’un tiers des adolescents américains étaient considérés à risques. Une étude chinoise parue quatre ans plus tard évoquait de son côté le cas d’enfants obèses âgés de dix ans dont les cœurs portaient les mêmes stigmates que ceux d’hommes de quarante-cinq ans, fumeurs réguliers depuis dix ans ! Le mal s’étend. La preuve, confinant à l’absurde, on a vu apparaître des crises cardiaques chez des adolescents de seize à dix- huit ans.

La tendance est si alarmante qu’elle conduit les plus grands centres de traitement des maladies cardiaques à ouvrir une section consacrée aux enfants et adolescents. Ainsi, le prestigieux Texas Heart Institut de Houston, l’un des premiers hôpitaux au monde réservé aux problèmes de cœur, vient d’ouvrir sur Internet une page de prévention afin de prévenir ce risque.

Le cœur n’est pas le seul organe touché par la pandémie d’obésité. La démonstration de Metmeth Oz s’étend encore au cerveau, aux os et au foie.

 

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Un des facteurs environnementaux qui contribuent à la suralimentation est la publicité orientée vers les enfants et qui est destinée à faire reconnaître et préférer une marque dés le plus jeune âge.

L’approche est efficace : une étude américaine menée auprès d’élèves de maternelle, montre que ceux-ci jugent meilleur un même aliment enveloppé dans l’emballage d’une marque que lorsqu’il est présenté dans un paquet anonyme.

L’imagerie cérébrale fonctionnelle (IRMf) permet d’identifier les zones activées chez l’enfant lors de la visualisation d’images de nourriture : ce sont à la fois celles en relation avec la récompense, régions limbiques et paralimbiques, et celles du contrôle cognitif, les régions préfrontales.

A la vue de logos alimentaires, l’activation cérébrale la plus importante se fait dans les régions associées au contrôle cognitif et au self contrôle pour les enfants de poids normal, par comparaison à ceux qui sont obèses, lesquels ont significativement moins d’activation dans ces zones. Ceci suggère que, les enfants obèses sont plus vulnérables aux effets de la publicité sur les produits alimentaires.

 

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Extrait de TOXIC, le livre de William Reymond :

« Jamais personne n’avait osé une telle comparaison. Dans une Amérique traumatisée par les attaques du 11 septembre 2001, son propos semblait relever du tabou. Mais voilà, à trois mois de la fin de son mandat, il ne risquait plus grand-chose. Richard Carmona s’approcha du micro. Une dernière fois, son regard balaya l’auditoire. La salle de l’université de Caroline du Sud était bondée. Mais du Viêtnam aux coulisses du pouvoir, le vice-amiral avait connu bien pire. Lui, le dix- septième Surgeon General de l’histoire des États-Unis, savait qu’il était en train de perdre cette bataille.

« Lorsque nous nous penchons sur notre futur et regardons où en sera le taux d’obésité dans vingt ans, les questions qui apparaissent sont alarmantes. D’où viendront nos soldats, nos marins et nos pilotes ? D’où viendront nos policiers et nos pompiers alors que notre jeunesse suit une trajectoire qui fera d’elle une génération d’obèses, écrasée par des problèmes cardio-vasculaires, rongée par le cancer et une multitude d’autres maladies une fois qu’elle aura atteint l’âge adulte ? »

Le moment d’assener sa conclusion iconoclaste arriva : « Cette vérité-là nous menace tout autant que le danger terroriste que nous connaissons aujourd’hui…

L’obésité est une attaque terroriste nous dévastant de l’intérieur ».

Un murmure parcourut l’assistance. Carmona s’interrompit un court instant. Il savait que le plus dur venait.

« Et si nous ne faisons rien, la magnitude des conséquences de cette menace dépassera largement le 11 Septembre ou toute autre attaque terroriste. »

Si les propos de Richard Carmona sont forts, surtout au sein d’une administration qui préfère utiliser le vocable « terroriste » à des fins politiques, ils ne correspondent toutefois pas à la réalité. Ou, pour être plus précis – et c’est d’autant plus angoissant -, le Surgeon General a vingt ans de retard. Environ 3 000 personnes, dont 2 752 rien qu’à New York, sont décédées durant les attentats du 11 septembre 2001. La même année, 400 000 Américains mouraient, victimes de la pandémie d’obésité. Soit l’équivalent de 145 fois la chute des tours du World Trade Center.

2001 est à vrai dire une année clé dans la jeune histoire de la pandémie d’obésité. Pour la première fois aux États-Unis, le nombre de décès lié à une mauvaise alimentation et au manque d’activité physique dépassa celui dû au tabac. Et prit la première place de ce pénible palmarès. Une tendance qui, là encore, n’est pas prête à ralentir. En réailité, une étude entreprise par Ali Mokdad, chercheur des CDC, et publiée par le prestigieux Journal of the American Medical Association, prouve qu’avec le vieillissement de la population, la mortalité directement liée aux problèmes de poids devrait atteindre des proportions considérables dans les dix années à venir.

L’obésité est donc la première cause de décès aux États-Unis. L’information s’avère d’autant plus étonnante qu’elle semble avoir été complètement ignorée par le radar de nos émotions et absente des critères de sélection

médiatiques. Les morts par accident de voiture occupent une place bien plus importante dans nos peurs et préoccupations collectives alors qu’en 2000 la route faisait dix fois moins de victimes.

Prenez une autre obsession américaine : les armes. Tandis que 400 000 Américains décédaient sous les effets de la graisse, « seulement » 29 000 autres tombaient sous les balles.

Dernier exemple, terriblement ancré dans la liste des maux de ces trente dernières années. 17 000 Américains meurent tous les ans d’overdoses. La drogue, pourtant installée si haut dans le panthéon de nos phobies, fait donc figure de naine face aux ravages de l’obésité.

En réalité comme le démontre Mokdad, deux tiers des décès américains sont désormais directement et indirectement liés à la pandémie d’obésité.

Imaginons donc un instant que plus de la moitié des morts d’une nation résultent d’une série d’assauts terroristes. Porté par une réaction populaire justifiée, le gouvernement de Washington déclarerait immédiatement la guerre à ce mortel ennemi. Mais là, rien. Ou si peu. Alors, la parabole utilisée par Richard Carmona est-elle outrancière et son parallèle choquant ? Même pas. Car la vérité s’avère bien pire.

 

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Des chercheurs se sont aperçus en analysant les artères d’une centaine de momies qu’elles aussi étaient sujettes au cholestérol, ce qui laisse penser que les maladies cardio-vasculaires ne sont pas si inhérentes à l’hygiène de vie et à l’alimentation moderne. Ils ont publié leurs résultats dans le journal scientifique The Lancet.

Les scientifiques ont passé au scanner 137 momies pour certaines vieilles de 4000 ans, dont 76 égyptiennes, 51 incas, 10 indiennes d’Amérique ou des îles aléoutiennes en Alaska, couvrant une période de 40 siècles.

Ils se sont aperçus que la plupart présentaient des signes « certains ou probables » d’arthérosclérose, autrement dit de cholestérol, avec des artères obstruées par un dépôt de graisse. Un tiers des hommes en étaient atteints. Les momies les plus âgées étaient aussi celles qui étaient le plus atteintes par cette pathologie, principalement responsable des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux.

« Il est surprenant de voir que l’athérosclérose est aussi fréquente dans ces anciennes cultures à travers le globe sur une période de temps aussi étendue, parmi des personnes très différentes génétiquement et avec des régimes alimentaires aussi variés », s’est étonné le Dr Randall Thompson, de l’Institut du coeur de Kansas City (Missouri), principal auteur de l’étude , qui a été présentée à la conférence annuelle de l’American College of Cardiology réunie à San Francisco (Californie, ouest) et a été publiée dans la revue britannique The Lancet.

Le mode de vie moderne et occidental – tabagisme, alimentation, sédentarité –  ne serait donc pas si coupable que cela de l’apparition du cholestérol. « Nous exagérons peut-être la possibilité de prévenir ou d’inverser les maladies cardiovasculaires avec seulement un régime alimentaire », a souligné le Dr Thompson. « Cette maladie, attribuée au mode de vie et au régime alimentaire de la vie moderne, serait en fait liée au vieillissement ».

Une recherche précédente menée par le Dr Thompson, publiée en 2011, avait révélé que de nombreuses momies égyptiennes souffraient d’athérosclérose. Les chercheurs s’étaient alors demandés si cela n’était pas lié au fait que l’élite dans l’Egypte ancienne avait une alimentation riche en graisse.

Pour étayer cette thèse, ils ont décidé d’étendre leur recherche à d’autres cultures et d’autres époques. Outre des momies égyptiennes de 4 000 ans, ils ont examiné des corps momifiés de cultivateurs de maïs du Pérou, dont l’âge varie de 2 600 à 600 ans, ainsi que d’agriculteurs amérindiens du plateau du Colorado et des chasseurs unangan des îles Aléoutienne, qui ont vécu entre 1750 et 1900.

 

Ces scientifiques ont découvert des signes d’athérosclérose chez 39% des momies égyptiennes, 26% des péruviennes, 40% des Amérindiens du Colorado et 60% des Unangans. « Il est évident que cette pathologie était fréquente chez les peuples anciens », conclut le Dr Thompson.

L’âge moyen au moment du décès des momies examinées dans l’étude était de 36 ans. Mais celles qui souffraient d’athérosclérose étaient plus âgées au moment de leur mort, avec un âge moyen de 43 ans.

L’espérance de vie moyenne dans les temps anciens était d’environ 40 ans, ce qui conforte l’hypothèse selon laquelle l’athérosclérose serait bien inhérente au vieillissement, fait valoir le Dr Thompson. Ce qui n’empêche pas, insiste-t-il, d’agir sur les facteurs contrôlables comme l’alimentation, le sport, le tabagisme, le cholestérol et la tension artérielle.

En France, on estime que près d’un adulte sur 3 souffre d’une hypercholestérolémie, plus fréquemment présente dans le Nord Est que dans le Sud Ouest. Les hommes ont en moyenne plus de cholestérol que les femmes, et le taux moyen de cholestérol dans la population française est de 2,3g/l.

L’athérosclérose est à l’origine de la majorité des maladies cardio-vasculaires, qui sont la première cause de mortalité et de morbidité grave dans les pays développés. Elles tuent chaque année 960 000 personnes aux Etats-Unis  et plus de 170 000 en France.

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Extrait de TOXIC, le livre passionnant de William Reymond, que je vous conseille de lire :

 » L’idée d’une famille obèse contrainte d’opter pour un véhicule plus spacieux, donc consommant plus d’essence, n’est en rien une vue de l’esprit. Il s’agit d’une réalité américaine.

L’obésité entraîne en effet chaque année la consommation de 4 milliards de litres d’essence supplémentaires. Partant du principe qu’une voiture plus lourde est moins économique, Sheldon Jacobson et Laura McLay ont été les premiers à évaluer précisément cette répercussion inattendue de la pandémie.

L’équation de Jacobson et de McLay est fondée sur le poids moyen du citoyen américain, sa progression depuis 1960, ses habitudes de transport et un parc automobile s’élevant désormais à 223 millions de véhicules. En 2006, les États-Unis comptent plus de voitures que de conducteurs. Et le taux d’achat de voitures spacieuses a augmenté six fois plus vite que la progression démographique de la population américaine.

Au total, en quarante ans, le surpoids des Américains a coûté la quantité de carburant nécessaire à 2 millions de véhicules durant un an !

Les conglomérats pétroliers et les fabricants d’automobiles ne sont pas les seuls à avoir constaté cette consommation d’essence nouvelle. Les passagers attentifs aux explications des compagnies aériennes savent également que l’obésité pèse désormais sur le prix de leur voyage.

Les récentes augmentations du prix des billets ne sont pas uniquement liées à la flambée du kérosène. Alors que les compagnies se sont engagées dans une course à l’allégement afin d’économiser du carburant, une récente étude des Centers for Disease Control (CDC) a estimé pour la première fois les répercussions de l’obésité dans ce domaine.

Les CDC, dont le quartier général est situé à Atlanta, forment un ensemble chargé de la santé publique et de la sécurité du public américain. Depuis les années 1990, ils ne cessent de s’alarmer de la croissance exponentielle du tour de taille moyen. Pour la première fois en 2005, l’agence a poussé ses investigations en s’intéressant, en plus des questions sanitaires, aux conséquences économiques. Avec comme exemple concret, le coût de l’obésité sur les transports aériens. Résultat ? En 2000, le surpoids des passagers a contraint les compagnies américaines à brûler 1,325 milliard de litres de kérosène supplémentaire. Un surcoût de 275 millions de dollars absorbé pour une partie par les passagers, pour une autre par l’ensemble des contribuables sous la forme des aides gouvernementales versées aux compagnies. Le rapport des CDC dévoile un autre effet de la pandémie : les dégâts écologiques entraînés par la transformation de ce kérosène en dioxine de carbone. D’après l’agence, 3,8 millions de tonnes se voient, annuellement, lâchées en plus dans l’environnement, contribuant directement au réchauffement climatique.

Depuis 2004, Eric Finkelstein, économiste de la santé au sein du RU Institute, une ONG installée en Caroline du Nord, étudie un autre dommage collatéral de la pandémie. En collaboration avec les CDC, il a tenté d’établir le coût économique de la crise sanitaire américaine. Sa première découverte, la plus simple à mettre au jour, concerne la facture médicale. Chaque année, 117 milliards de dollars sont dépensés pour couvrir les coûts directs de l’obésité. Une somme qui représente à elle seule 9 % de la totalité des frais de santé aux États-Unis.

Avec 4 milliards annuels, le Texas occupe une fois encore la première place.

Eric Finkelstein estime qu’en moyenne chaque contribuable verse annuellement 180 dollars pour ce poste nouveau. Un phénomène en hausse que cet expert considère comme la principale menace pesant sur les pays à système social développé. « Comment la France, l’Allemagne, la Suède vont-elles faire face à cette explosion des dépenses liées à l’obésité lorsque ces États auront atteint le même taux d’obèses que chez nous ? », demande-t-il.

Finkelstein – et d’autres – craint même que ce tsunami financier en devenir porte en lui les germes d’une crise morale. Jusqu’où et jusqu’à quand les personnes en bonne santé accepteront-elles de régler les dépenses nécessaires aux soins des obèses alors que, très souvent – à tort ou à raison, nous le verrons -, le surpoids est assimilé à une question de volonté et de discipline personnelles ?

En moyenne, le salarié américain rate trois jours de travail par an pour raisons de santé. Mais un obèse s’absente deux fois plus. Et lorsqu’il s’agit d’une femme en surcharge pondérale, ce sont huit journées qui sont perdues. Moralité ? Nous entrons dans la dérive et le cercle vicieux décrits à la conférence de Sydney : l’obèse court de plus en plus le risque de se retrouver en rupture sociale, le monde du travail préférant limiter ses coûts en embauchant des candidats en apparente bonne santé.

La mise en garde d’Eric Finkelstein prendra tout son sens : « Les coûts économiques de l’obésité sont énormes et, de fait, au-delà de ses citoyens, compromettent la santé même des États-Unis ».

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L’obésité pèse sur le fonctionnement de nos gènes. Mais, des chercheurs français ont découvert que ces modifications génétiques ne sont pas irrémédiables. Après une importante perte de poids, les gènes retrouvent leur fonctionnement normal.

Nos gènes sont des petits êtres sensibles. Les changements de température ou encore l’alimentation peuvent modifier leur fonctionnement, sans que notre ADN n’en soit pour autant modifié. Et notre organisme en subit parfois les conséquences. Des chercheurs français viennent de se poser la question de savoir si l’obésité, cette maladie qui touche 13% des adultes en France, entraine elle aussi des modifications génétiques ? Et surtout est-ce que ces modifications sont réversibles ?

Jusque-là, la plupart des experts avaient tendance à penser qu’une fois l’excès de masse grasse installé et certaines modifications génétiques bien ancrées, il était impossible de revenir en arrière. Comme si le fonctionnement de nos gènes, même si la personne très en surpoids perd un jour plusieurs dizaines de kilos, restait à jamais celui d’un ex-obèse. Pour la 1ère fois, cette étude publiée dans la revue Cell Reports permet de balayer les idées reçues. Non seulement, faire maigrir les obèses présente un intérêt évident pour leur santé, mais cela a aussi des conséquences d’un point de vue génétique. Ces médecins ont voulu savoir si une grosse perte de poids suite à une chirurgie bariatrique chez des obèses très sévères, entrainait des changements sur le fonctionnement de leurs gènes. Des gènes dont le fonctionnement avait déjà été transformé par l’obésité. Bonne nouvelle, la réponse est oui !

Pr Philippe Froguel, diabétologue au CHRU de Lille : « Chez ces obèses, ils ont regardé s’il y avait des perturbations de fonctionnement sur des gènes, et si après la perte de poids c’était réversible. Résultat, c’est tout à fait réversible ! »

Pour résumer l’expérience, ces chercheurs ont réalisé une biopsie de muscle chez ces patientes obèses avant le by-pass, puis une seconde, six mois seulement après l’intervention. La 1ère biopsie a donc permis de mettre en évidence précisément que chez les obèses, plusieurs gènes modifient leur fonctionnement habituel. Ce qui était moins attendu en revanche, c’est qu’à la 2ème biopsie, alors que la perte de poids de ces patientes n’était même pas encore terminée, une grande partie de ces modifications avaient disparu.

Cette découverte permet-elle d’expliquer pourquoi certaines études récentes montrent que la moitié des patients diabétiques de type 2 obèses ayant subi une chirurgie bariatrique sont en rémission complète ou partielle de leur diabète après la chirurgie ? « Pour l’instant, on ne sait pas.

La conclusion des auteurs de cette étude est qu’en matière d’obésité et de perte de poids, l’épigénétique, c’est à dire le processus naturel qui fait que les gènes s’adaptent aux changements d’environnement, est loin d’être fixée pour la vie. «  La conséquence de tout ça, c’est qu’on a tout intérêt à faire maigrir les gens le plus tôt possible, tant médicalement que génétiquement »  ajoute le Pr Philippe Froguel. Que ce soit grâce à la chirurgie bariatrique chez les obèses sévères ou par le biais de l’activité physique dans les obésités plus modérées. D’ailleurs cette même équipe de chercheurs a déjà montré dans une étude antérieure, les bénéfices très rapides de la pratique d’une activité physique, sur le fonctionnement des gènes.

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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond, que je vous conseille de lire :

 » L’hôpital John Hopkins de Baltimore propose un service intelligent aux mamans. Des techniciens spécialisés se chargent d’installer leur nouveau-né pour la première fois dans un siège auto afin de montrer aux parents la meilleure manière de s’y prendre et d’assurer sa sécurité.

L’opération a rencontré un tel succès que désormais le service est proposé, gratuitement, à n’importe quelle famille de Baltimore. En quelques minutes, un expert vérifie la conformité du siège auto, son installation et montre comment y harnacher parfaitement un bambin.

Pourquoi évoquer cette démarche sensée ? Parce que Lara Trifiletti, chercheuse au centre des préventions des accidents du même centre hospitalier, n’a pas eu à regarder très loin afin de découvrir son nouveau sujet d’étude. En voyant les familles, elle a éprouvé un choc. « D’un côté, nous nous trouvions devant de plus en plus d’enfants obèses et de l’autre nos techniciens se plaignaient des difficultés à trouver des sièges auto appropriés à ces nouveaux gabarits. »

Curieuse de savoir s’il s’agissait d’une tendance nationale, Trifiletti se renseigna. Et ses conclusions, publiées en avril 2006 par le mensuel Pediatrics, sont affolantes. Désormais, plus de 250 000enfants âgés de un à six ans pèsent plus lourd que les proportions maximales préconisées par les marques de sièges auto. Et ce chiffre augmente avec l’âge.

Lara Trifiletti a ainsi découvert que 190 000 Américains de trois ans pesaient au moins vingt kilos. Et donc, à moins d’être exceptionnellement grands, entraient dans la catégorie des obèses.

5 % de la classe américaine des trois ans est obèse ! Un chiffre monstrueux. Pourtant il faudrait ne pas s’inquiéter car la société Britax a déjà la réponse. Pour la « modique » somme de 250 dollars, cette compagnie spécialisée dans le siège auto propose un nouveau produit : le Husky, Rolls-Royce du siège pour bébé. Pesant cinq kilos de plus que le modèle normal, avec onze centimètres de largeur supplémentaires, le Husky affirme protéger les enfants pesant jusqu’à quarante kilos.

Britax est le premier fabriquant à s’infiltrer dans cette nouvelle brèche, mais son exclusivité ne devrait pas durer longtemps. Ses concurrents ont déjà annoncé de nouveaux produits. Mieux, selon toute vraisemblance, les travaux de Lara Trifiletti vont conduire l’organisme de régulation américain à modifier les normes des sièges auto pour intégrer automatiquement cette nouvelle donne.

Les exemples de l’adaptation de la société américaine à la pandémie peuvent être multipliés à l’infini. Il y a bien entendu les clubs de vacances spécialisés, où l’obèse pourra se mettre en maillot sans avoir à affronter le regard désapprobateur de l’autre. Ou la solution chirurgie esthétique, avec notamment la liposuccion, une véritable folie qui est désormais la pratique cosmétique chirurgicale la plus pratiquée du pays avec une croissance de 118% entre 1997 et aujourd’hui. Ou encore l’élargissement des lunettes de toilettes, désormais adaptées et plus résistantes afin de répondre aux besoins du nouvel Américain.

Même le Fenway Park, le légendaire stade de base-ball de Boston, en a pris son parti, puisqu’en 1999 il a dû changer la totalité de ses sièges, une majorité des fans des Red Sox se plaignant qu’ils soient devenus trop étroits pour s’y asseoir confortablement.

Comment ne pas remarquer par ailleurs que la taille moyenne des cercueils a également évolué ? Désormais renforcées, les bières mesurent jusqu’à 71 centimètres de large contre seulement 60 voilà dix ans.

Mais revenons un instant au Husky et à sa capacité d’accueil des enfants de moins de cinq ans pesant jusqu’à quarante kilos. Si le siège est confortable, il apparaît toutefois comme un véritable casse-tête pour les parents. Son volume rend l’installation à l’arrière particulièrement pénible. À moins de posséder un véhicule encore plus spacieux et gourmand en essence. Ce qui augmente plus encore la dépendance américaine au pétrole, et la pollution de l’environnement.

Car voilà le hic, l’obésité n’est en rien un nouveau challenge pouvant se résoudre à coups d’éponges magiques, de vêtements amples et de publicités rassurant l’obèse sur ses qualités viriles.

Non, les États-Unis – et demain le monde – doivent affronter les véritables conséquences de la pandémie. Qui, au-delà du génie créatif de certains, relèvent ni plus ni moins de la crise à la fois économique et sanitaire.

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Les sujets en surpoids dont la morphologie est dite « en forme de pomme » (morphologie globale en O) tendent à avoir un devenir rénal moins favorable que ceux dits « en forme de poire »(morphologie globale en A).

On n’en connaît pas la raison. Arjan Kwakaernaak et coll. (Pays-Bas) le constatent, après avoir examiné les liens entre la forme du corps et la fonction rénale chez 315 personnes en bonne santé et en surpoids (IMC 24,9 en moyenne).

Un rapport taille/hanches plus élevé s’associe à une fonction rénale moins bonne, à une réduction du flux sanguins rénal et à une pression artérielle intrarénale plus élevée.

Le rapport taille/hanches reflète la distribution des graisses centrales.

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Extrait de Toxic, de William REYMOND :

En 2006, 127 millions d’Américains étaient trop gros, 60 millions étaient obèses et 9 millions entraient dans la catégorie de l’obésité dite sévère ou morbide.

Le Mississippi occupait quant à lui la première place avec un taux de 29,5 % d’obèses. Neuf États du Sud figurent dans la liste des dix États les « plus gros » du pays.

À deux ou trois millions près, cela revient à imaginer que tous les Français soient obèses, et que la population de l’agglomération parisienne souffre d’obésité sévère… Pis encore, ces chiffres ont doublé en tout juste dix ans, et rien ne semble en mesure de stopper cette progression. En 2005, aucun des cinquante États n’a d’ailleurs réussi à faire retomber le taux d’obésité de sa population sous la barre des 15 %. Le Colorado, meilleur élève de la classe, atteignait 16,9 %.

Mais au-delà des statistiques et des études, la place croissante de l’obésité dans la société américaine se mesure d’une autre manière. Pour le meilleur et pour le pire, le « gros » est devenu une valeur sûre de l’économie intérieure. Un secteur en forte progression dont les retombées financières se mesurent en millions de dollars.

Bill Fabrey est un pionnier. En 1968, il a créé une structure, The National Association to Advance Fat Acceptance, afin de lutter contre la discrimination frappant les obèses dans leur quotidien. Chaque année, Fabrey rejoint la conférence « Big As Texas » où il est l’un des intervenants vedettes. La convention, existant depuis 1995, propose des ateliers destinés à aider ses membres – qui viennent de plus de vingt États – à affronter la vie de tous les jours. Il y est autant question de la meilleure position susceptible d’éviter de s’étouffer dans son sommeil que de conseils pour permettre à son enfant de surmonter l’ostracisme de ses camarades de classe. On parle aussi du 6 mai, déclarée Journée internationale sans régime, où chacun peut, sans complexe ni problème de conscience, manger ce qui lui plaît.

Généralement, la convention héberge aussi un défilé de mode, où des mannequins taille XXXL paradent sur les podiums vêtus des dernières tendances du prêt-à-porter pour très gros. Un secteur qui a explosé ces dix dernières années avec une progression de 22 %. Un marché qui, représentant désormais un quart de l’habillement féminin, brasse annuellement 23 milliards de dollars.

Comme le démontre l’exemple de la marque Phat, les vêtements amples ne sont plus aujourd’hui l’apanage des magasins spécialisés. Gap propose en effet des modèles pour femme allant jusqu’à la taille 46. Une extension de gamme que l’on retrouve dans l’ensemble des boutiques, y compris Limited Too, chaîne réservée aux adolescentes.

Avant beaucoup d’autres, Bill Fabrey a en fait anticipé l’émergence de ce marché. Mais lui ne s’est pas lancé dans le prêt-à-porter. En créant Ample Stuff, un catalogue d’achat par correspondance disponible sur Internet, il s’est focalisé sur les désagréments hygiéniques endurés par les obèses. Son coup de génie ? Une éponge de bain montée sur un long manche en plastique permettant d’atteindre toutes les parties du corps.

L’offre de Fabrey ne s’arrête pas là. Il propose des manuels, véritables guides techniques expliquant comment faire face aux mauvaises odeurs, incitant à refuser la « dictature des calories » ou aidant à mieux s’accepter. Et vend aussi un ingénieux système pour parvenir à enfiler ses chaussures, voire de la lotion et du talc pour faire face aux irritations causées par le frottement des plis cutanés.

Si Fabrey et son service de vente couvrent tout ou presque, il y a un secteur qu’il a néanmoins négligé. Un nouveau marché pourtant – tristement – promis à des lendemains qui chantent : celui du bébé obèse.

 

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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond que je vous engage à lire :

 » Impossible de la rater : la file d’attente était imposante. C’était même la plus longue de toute la State Fair.

Depuis 1886, chaque année, Dallas accueille une foire régionale inspirée par l’Exposition universelle. Là, pendant vingt-quatre jours, entre les concessionnaires de voitures, les manèges et les concours agricoles, des centaines de milliers de Texans se bousculent pour… manger. Or, avec un peu plus de deux cents stands, ce n’est pas le choix qui manque. L’attrait des Américains pour la nourriture est fascinant quand il ne vire pas au répulsif. Pour certains, manger – bâfrer pourrait-on écrire – est presque devenu une occupation à plein temps. Quel que soit le lieu – 19 % des repas sont consommés en voiture -, le moment – la presque totalité des chaînes de fast-food restent ouvertes 24 heures sur 24 -, l’Américain éprouve le besoin de satisfaire les exigences de son estomac. Et plus encore au Texas, là où on prétend que tout est plus grand qu’ailleurs.

Abel Gonzales a parfaitement saisi l’intérêt financier de l’obsession du remplissage de ses compatriotes. Ingénieur informaticien, il prend ses vacances pendant la State Fair. Non pour venir la visiter mais pour y tenir un stand de beignets.

Pas n’importe lesquels toutefois. Habile commerçant, il a compris qu’afin de sortir du lot, il fallait innover. Aussi, en 2005, il obtient son premier gros succès avec des sandwiches au beurre de cacahuète… assez spéciaux. Agrémentés de confiture et de morceaux de banane, l’ensemble était frit. Sa création, à faire pâlir d’envie le fantôme goulu d’Elvis Presley, fut si remarquée que le succès vint au rendez-vous.

Mais l’enthousiasme resta sans commune mesure avec celui de l’édition 2006. Après des mois d’élaboration, Gonzales est en effet parvenu à marier deux péchés mignons de l’Amérique : la friture et le Coca-Cola. En soi, la recette est simple, mais, comme toute invention à succès, il fallait être le premier à y penser.

Gonzales prépare d’abord une pâte à frire aromatisée au Coca-Cola et à la fraise. Il jette ensuite les petits beignets dans l’huile bouillante. Une fois cuites, les boulettes sont copieusement arrosées de sirop de Coca-Cola, celui-là même utilisé dans les bars et restaurants où on le mélange à de l’eau gazeuse. Un peu de cannelle en poudre, de la crème chantilly et une cerise confite concluent la préparation !

En bouche, l’ensemble est agréable pour qui aime les beignets. Le tout est sucré et il faut même être un vrai connaisseur pour y déceler le goût du soda. Mais peu importe, l’idée plaît et fait des ravages. À tel point que Gonzales a remporté le prix de l’invention la plus innovante. Une confirmation du rôle avant-gardiste de la State Fair de Dallas puisqu’en 1942, c’était déjà ici qu’avait été mise au point l’une des trouvailles culinaires les plus populaires de l’Amérique : le com-dog. Une saucisse enroulée dans une pâte au maïs, puis plantée sur un bâton avant d’être trempée dans de l’huile bouillante.

En vingt-quatre jours, Gonzales a vendu 35 000 portions de sa friture au Coca-Cola. À 4,50 dollars l’unité, il a empoché 157 500 dollars. Si on lui demande de confirmer le prix de revient, estimé à quelques cents, Gonzales, cet informaticien malin, se contente de sourire.

Au-delà des 6 500 dollars gagnés par jour, une autre question m’intéresse : celle du nombre de calories contenues dans son mélange dévoré en quelques minutes. Là encore, « l’inventeur » refuse de répondre. « Il est, dit-il, ici question de plaisir, d’enfance, de nostalgie, de rêve américain. Pas de nutrition. » Peut-être a-t-il raison…

Reste que le tour de taille moyen de son public suscite le malaise. Le Coca-Cola frit fait le bonheur d’un public déjà largement obèse, où les enfants sont nombreux. A mon sens, l’invention de Gonzales dépasse au bas mot les 600 calories. Quand on sait que l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) recommande une consommation moyenne quotidienne de 2 500 calories pour un homme actif moyen et de 2 000 pour une femme, on mesure l’ampleur du problème. « Mes » beignets de la State Fair représentent donc au minimum 25 % des apports caloriques journaliers d’un homme et un tiers de ceux d’une femme.

En 2004, Dallas, Houston, San Antonio, Arlington et Fort Worth, des agglomérations situées au Texas, occupaient la tête du classement des dix villes les plus « grosses » des États-Unis. Le palmarès, établi par le magazine sportif Men’s Fitness, compile différentes informations comme le nombre de crises cardiaques, de restaurants, de fast-foods, de voitures par habitant, de kilomètres de pistes cyclables, d’installation sportives publiques…

L’omniprésence du Texas ne constitue en rien une surprise. Dans l’État de George W. Bush, on estime que 25,8 % de la population est obèse. Et lorsque l’on ajoute les personnes en passe de le devenir, la statistique atteint la barrière phénoménale des deux tiers .

Le Coca-Cola frit d’Abel Gonzales ne pouvait que rencontrer une foule d’adeptes. Et son succès, se propageant au reste du pays comme un feu de forêt, était le point de départ idéal pour mon enquête.

la suite ….. demain.

A cette occasion, je commencerai à vous faire partager la passionnante enquête de William Reymond , et les déductions qu’il en tire au fur et à mesure …..

 

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