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obésité et comorbidités

Extrait de TOXIC, un livre de William Reymond :

« George Bray est un scientifique souriant. Cet ancien diplômé d’Harvard maintenant installé dans les laboratoires ultramodernes du Pennington Biochemichal Research Center à Bâton Rouge en Louisiane, travaille depuis de nombreuses années sur l’obésité et le diabète. Lui non plus ne se satisfait pas de la théorie du « Big Two » : « Je ne crois plus au concept résumant l’obésité à une affaire de responsabilité personnelle, dit-il. Cela implique que nous devrions blâmer nos enfants. Et cela me semble assez injuste. Si l’obésité était facilement contrôlée par la limitation de l’apport calorique et une activité physique régulière, l’armée américaine ne renverrait pas chaque année 5 000 de ses soldats pour avoir dépassé les normes en terme de poids ».

Comme Steinbeck et Ravussin, Bray est persuadé que la clé du mystère se trouve au cœur d’une autre équation. Celle qui tenterait d’établir comment notre organisme réagit à son environnement. Alors, et parce que nous sommes face à une pandémie, Bray a décidé de ne plus raisonner en biologiste, mais de se métamorphoser en épidémiologiste. De devenir un chercheur tentant de « comprendre et maîtriser les mécanismes de propagation des maladies contagieuses et les facteurs qui influencent leur fréquence, leur distribution dans une population donnée et leur évolution à l’état d’épidémie ».

Avant d’entamer son étude, il a mis au point un modèle épidémiologique : « Comme dans tout autre cas d’épidémie, le corps humain est considéré comme l’hôte de la maladie. Ici, donc, l’obésité. Il y a ensuite, formant un environnement toxique, un certain nombre d’agents propageant la maladie. Des facteurs dont les recherches prouvent ou quelquefois suggèrent qu’ils agissent sur l’hôte et facilitent le développement de la maladie ».

Ces agents propagateurs, le chercheur de Bâton Rouge en a répertorié cinq. Les deux composants du « Big two », bien sûr (la nourriture et le manque d’activité), mais aussi les virus, les médicaments et les toxines. « Ensuite, il faut étudier l’action de ces agents sur l’hôte et évaluer lequel est responsable du développement de la maladie. » La sédentarité et l’apport calorique exagéré, pour les multiples raisons évoquées plus haut, apportent en fait une explication plus que partielle. Bray a donc focalisé son attention sur les autres agents.

En commençant par les adénovirus chers au docteur Nikhil Dhurandhar et à ses poulets obèses. Au-delà des réserves exprimées par les autres spécialistes, le chercheur a remarqué que l’injection des fameux virus à des primates déclenche de l’obésité certes, mais dans des proportions modérées. Bien loin en tout cas de l’ampleur qu’elle prend chez l’être humain. De plus, cette obésité de laboratoire s’accompagne d’un taux de cholestérol normal, alors que, nous l’avons vu, les problèmes cardiovasculaires liés à la présence de « gras » dans le sang sont l’un des corollaires de la situation actuelle. Bref, même si l’hypothèse d’un virus n’est pas à ses yeux à négliger, il estime cette thèse loin d’être avérée.

Restent donc les deux derniers agents : les médicaments et les toxines. Pour les premiers, Bray a dressé une liste de ceux entraînant des prises de poids attestées. Dont une variété d’hormones, des antihistaminiques, anti¬inflammatoires et corticoïdes. S’il remarque en outre que certains « augmentent les risques futurs de diabète de type 2 », il précise aussi que, globalement, « le degré de prise de poids n’est généralement pas suffisant pour entraîner une obésité substantielle ». Par définition, les toxines sont des « poisons toxiques sécrétés par des organismes vivants ». Sous cette appellation générique, le professeur George Bray a rassemblé des éléments « largement diffusés dans notre nourriture et qui peuvent être cause d’obésité ». Parmi lesquels les pesticides, herbicides, fongicides ou les additifs alimentaires, autrement dit les conservateurs, édulcorants, colorants et autres révélateurs de goût. Comme nous le verrons, Bray est d’ailleurs fasciné par l’interaction de ces produits dans le cerveau humain, cet organe qui constitue le « véritable récepteur, capteur et transmetteur des informations concernant la faim et la satiété », donc qui joue un rôle capital dans la relation à la nourriture. En fait, Bray est parvenu à prouver que certaines « toxines » dérèglent notre activité cérébrale et causent directement de l’obésité. Au final, l’épidémiologiste est formel : « L’obésité est une maladie chronique et neurochimique née de l’interaction entre l’hôte et son environnement toxique ».

En clair, cela signifie que nous nous rendrions malades non à cause de la quantité des aliments que nous ingurgitons, mais à cause de leur qualité. Ou, plus précisément, à cause des éléments toxiques qui accompagnent notre nourriture quotidienne.

Bray avait remarqué que, « durant la première partie du XXe siècle, la prévalence de l’obésité avait progressé lentement, mais que, autour de 1980, elle avait commencé à augmenter très rapidement ». Du reste, toutes les statistiques convergeaient : la crise d’obésité avait bien explosé à la fin des années 1970. Quand, brusquement, les hôpitaux se retrouvèrent assaillis par une vague de crises cardiaques, un afflux de patients atteints de cholestérol et l’arrivée de jeunes adultes présentant les symptômes d’une maladie ordinairement cantonnée aux retraités. Soudain, aux États- Unis, on décédait massivement par excès de graisse.

J’en étais de plus en plus certain : trouver les raisons de cette brusque contamination donnait la clé de la pandémie. Si Steinbeck, Ravussin et Bray étaient dans le vrai, il me fallait découvrir pourquoi, de manière presque foudroyante, l’environnement du citoyen américain était devenu toxique.

Une réponse d’autant plus urgente à apporter que le mal, quittant son foyer d’origine, avait déjà traversé l’océan et menaçait de tout détruire. »

La suite …. demain

William Reymond va nous entrainer dans sa passionnante enquête pour comprendre et retrouver l’origine toxique de l’alimentation de ces 20 dernières années.

 

 

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Journée européenne de lutte contre l’obésité.

Initiative du CHR de Lille avec l’organisation de divers ateliers :

la journée européenne de l’obésité de Lille 2013

Et toujours les 2 problématiques récurrentes quand on parle d’obésité :

– une médicalisation excessive

– une prise en charge essentiellement dirigée vers le big Two (mauvaise alimentation et activité physique insuffisante).

Les prochains chapitres du livre de William Reymond , TOXIC, va nous permettre de comprendre et de rajouter un 3° facteur au big Two pour en faire le big Three :

ce facteur , c’est la responsabilité de l’industrie agro-alimentaire et l’industrialisation de l’alimentation.

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Extrait du livre TOXIC, de William Reymond :

« Le cheminement était différent mais il débouchait sur les mêmes conclusions.

À Sydney, au terme de la dixième conférence mondiale sur l’obésité qu’elle présidait, Kate Steinbeck a dressé un bilan issu de son expérience personnelle. Responsable du service du traitement de l’obésité au Royal Prince Alfred Hospital, elle s’est dite convaincue que la pandémie n’était pas un problème de gloutonnerie. Voyant arriver dans son service de plus en plus d’enfants, elle s’est avouée, comme d’autres, effrayée à l’idée de penser que leur génération vivrait moins que la précédente. Aussi a-t-elle affirmé que d’autres explications restaient à trouver pour expliquer l’explosion de l’obésité ».

De mon côté, c’est l’incroyable mutation des Indiens Pima qui finit par emporter mes dernières réticences. Cette tribu a émigré du Mexique pour s’installer de l’autre côté de la frontière, en Arizona, à quelques kilomètres de Phoenix. Où, de panneaux publicitaires pour l’artisanat local à la consonance des noms de lieux, il est impossible de ne pas comprendre que l’on pénètre dans les anciennes limites de la réserve indienne. Et où, désormais, l’obésité est la norme.

J’écris en connaissance de cause le mot « obésité », ne le confondant pas avec une « simple » surcharge pondérale. Non, les Pima sont réellement obèses. Car ici, le taux d’individus dont l’IMC (indice de masse corporelle) est supérieur à 30 avoisine les 70 %, soit le double de la population blanche américaine. Les enfants pimas détiennent même un triste record : celui du plus important pourcentage d’obésité au monde. En toute logique, la tribu compte aussi, proportionnellement, le plus grand nombre de malades de diabète de type 2.

Les Pimas ne sont pourtant pas des ogres, vautrés nuit et jour dans la nourriture. Eric Ravussin, qui a passé seize ans à étudier ce qu’il nomme le « paradoxe Pima », ne dit pas autre chose. Ses conclusions sont en tout cas proches de celles de Kate Steinbeck : l’héritage génétique des Indiens ne s’est pas adapté à notre environnement. Deux preuves à ce constat.

D’abord, le fait qu’une partie des ancêtres pimas qui continuent à vivre dans une région reculée de la Sierra Madré, au Mexique, travaillent la terre et se nourrissent essentiellement des fruits de leur labeur, ne connaissent pas l’obésité. Chiffre sidérant : en moyenne, une Pima mexicaine pèse 20 kg de moins que sa cousine vivant plus au Nord !

Ensuite, le fait que les différentes archives consultées par Ravussin attestent que les Pimas d’Arizona n’étaient pas obèses jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au contraire même, la tribu se caractérisait alors par sa taille plutôt fine. Mais, après une progression lente dans les années 1950 et 1960, leur taux d’obésité a explosé voilà trente ans.

Exactement comme si, brutalement, l’environnement de ces Indiens du Sud des États-Unis était devenu toxique. »

La suite …… demain

 

 

 

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Près de 40 % des étudiants en médecine américains considèrent les obèses peu fiables et incapables d’être observants. La situation n’est pas meilleure en France.

Une équipe américaine vient de publier dans le Journal of Academic Medicine, une étude portant sur 300 étudiants en 3e année de médecine, concernant leur perception des personnes obèses. 39% d’entre eux ont révélé des préjugés anti-gros, souvent inconscients. Par exemple, pour ces futurs médecins, un patient obèse est beaucoup moins susceptible de suivre correctement son traitement qu’un patient de poids normal. Ces étudiants reconnaissent même qu’ils manifestent moins de respect en paroles ou en actes, vis-à-vis d’un patient obèse.

« Les médecins ont les mêmes a priori que tout un chacun. La blouse blanche ne protège en rien de l’ostracisme anti-gros », dénonce le psychiatre Gérard Apfeldorfer, fondateur du Gros, le groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids. Plusieurs études ont déjà montré que les médecins ont tendance à avoir moins d’empathie et de compréhension pour un patient souffrant d’obésité plutôt que d’une autre pathologie. Un trop grand nombre d’entre eux sont encore persuadés qu’un patient qui n’arrive pas à contrôler son poids souffre juste d’un manque de volonté. « Le discours médical est donc volontiers moralisateur, culpabilisant et ponctué d’ultimatums, regrette le Dr Apfeldorfer. Une jeune femme obèse qui confie à son gynécologue un projet de grossesse a de fortes chances de s’entendre dire « maigrissez d’abord, vous serez enceinte après », c’est scandaleux car elle n’a pas plus de risques qu’une autre si elle est correctement surveillée ! ”

« Actuellement, on peut diviser le corps médical en deux : une moitié qui manifeste la même grossophobie que le grand public et une moitié qui est allée plus loin que ses préjugés, certains commencent même à suivre des formations spéciales sur les patients obèses », résume Anne-Sophie Joly, la présidente du Collectif national des associations d’obèses (CNAO). Si les risques d’une prise en charge chirurgicale sont majorés pour une personne obèse “on peut parfaitement dire les choses sans chercher à culpabiliser ni être gratuitement blessant », souligne la présidente du CNAO.

« Le danger, c’est que cette attitude stigmatisante nourrit la réticence des personnes obèses à aller consulter un médecin quel qu’il soit. C’est un facteur important de mauvaise prise en charge », poursuit Gérard Apfeldorfer. Ce qui peut conduire à des situations dramatiques où des patients obèses souffrant parfois de plusieurs pathologies restent plusieurs années sans aucun suivi médical.

La 4e édition des journées européennes de l’obésité se déroule les 24 et 25 mai dans toute la France avec pour mot d’ordre « Stop aux diktats ».

 

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Extrait du livre TOXIC, de William REYMOND :

« Ma propre histoire avait remis en doute l’interprétation que j’avais de la pandémie. Finalement, il ne s’agissait pas d’une simple question de volonté. Un certain nombre d’Américains étaient sportifs, surveillaient leur alimentation mais continuaient à prendre du poids. Ou, au mieux, n’en perdaient pas.

Si je m’étais trompé sur l’une des causes de l’obésité, peut-être convenait-il également de remettre en question le dogme lui-même ? Peut-être, après tout, Scott Keith avait-il raison de dénoncer la focalisation sur le « Big Two » ? Peut-être qu’à force de regarder dans une seule direction, nous étions tous devenus aveugles ?

La vérité est en fait encore plus effrayante. Aux États- Unis, la pandémie d’obésité est entrée dans sa seconde phase. Et, si rien ne change, un développement similaire frappera l’Europe et le reste du monde. Les deux facteurs clés que sont la baisse de l’activité physique et la trop grande consommation de nourriture sont désormais des explications dépassées. Ils permettaient des analyses justes voilà encore dix ans mais ne fonctionnent plus aujourd’hui.

Le premier, celui de la surconsommation, illustrée par la taille des portions et l’explosion de la restauration rapide, s’adapte pleinement à la première vague de la crise. Effectivement, entre 1977 et 1996, la consommation quotidienne d’aliments a augmenté de 268 calories chez l’homme et de 143 calories chez la femme. Et, corollaire, l’obésité a commencé à devenir un phénomène de masse. Mais depuis 1996, le chiffre s’est stabilisé, baissant même légèrement chez l’homme. En somme, un Américain ne consomme pas plus aujourd’hui qu’il y a dix ans. Pourtant, l’obésité persiste à se répandre, progressant même de plus en plus vite.

Le phénomène est identique concernant le temps passé devant la télévision. Celui-ci a connu son plus grand bond entre 1965 et 1985, passant de quatre-vingts minutes quotidiennes à cent vingt-neuf en moyenne. Mais depuis ? Eh bien, en vingt ans, ce chiffre n’a augmenté que de vingt-deux minutes, soit à peine 50 % de sa première progression.

Même constat pour l’usage de la voiture : il n’a guère évolué ces dernières années. En tout cas, pas au rythme de la propagation de l’épidémie puisque, d’après le ministère du Commerce, en 2000, 87 % des Américains utilisaient leur véhicule pour se rendre au travail contre 84 % en 1980.

Autre ralentissement ne cadrant pas avec la montée en puissance de l’obésité, celui – cher à Philipson et Posner – de la modernisation de la force du travail. Le nombre de femmes ayant un emploi n’a guère évolué depuis le début des années 1980. Le pourcentage de travailleurs hautement actifs a quant à lui juste fléchi de 45 à 42 % entre 1980 et 1990. Mais le mal avance quand même. Autre donnée bousculant la théorie des deux chercheurs, l’explosion de l’obésité parmi les enfants et adolescents, impossible dès lors à justifier !

À vrai dire, cet ensemble de contre-exemples signifiait surtout que la société américaine a stabilisé sa frénésie à engloutir et sa capacité à éviter l’effort. Tout en continuant à étouffer sous sa graisse. Bref, si les deux causes « classiques » ne suffisaient plus à expliquer la pandémie, c’est qu’il existait d’autres raisons qu’il me fallait découvrir.

Paradoxalement, c’est une expérience réalisée par les CDC (Centers for Disease Control) – et censée prouver la validité du Big Two – qui m’a convaincu des limites de cette théorie.

À la fin des années 1990, inquiets de l’ampleur prise par le diabète de type 2, les CDC ont lancé la plus importante opération jamais réalisée afin de contrer l’obésité. Grâce à un budget de 174 millions de dollars, 3 200 volontaires ont, pendant plus de deux ans, bénéficié de conditions optimales pour changer leur mode de vie. Les CDC ont pris en charge l’adhésion des « cobayes » dans des clubs de fitness, mis à leur disposition des moniteurs sportifs diplômés, et les ont aidés à prendre des repas équilibrés. Objectif: mettre à disposition des aliments sains aux valeurs nutritionnelles surveillées et aux apports caloriques en accord avec les normes médicales. Le tout placé sous l’œil de nutritionnistes et même de psychologues pouvant, quotidiennement, apporter un soutien par téléphone.

Bilan ? Une victoire, à en croire le communiqué de presse des CDC. Après vingt-quatre mois, l’organisation affirmait que, concernant le diabète de type 2, une inflexion du mode de vie « pouvait prévenir ou retarder l’apparition de la maladie », confirmant ainsi les préceptes du Big Two. Soit.

L’ennui, c’est qu’une seconde lecture dévoilait autre chose. Certes, l’expérience des CDC était parvenue à faire perdre du poids à ses volontaires. Mais dans des proportions bien minimes au vu des moyens mis en œuvre. Car au bout de deux années d’efforts, d’un investissement de 174 millions de dollars, en bénéficiant de conditions optimales que ne connaîtra jamais le commun des mortels, de milliers de repas calibrés, de soutiens adaptés, les 3 200 candidats avaient juste perdu en moyenne… 7 % de leur masse corporelle !

Oui, vous avez bien lu : malgré cet environnement ultra-favorable, un homme de 75 kg avait seulement maigri d’un peu plus de 5 kg en vingt-quatre mois !

Dès lors, tous les éléments étaient réunis pour que l’évidence s’impose à moi. À force de focaliser notre attention sur les apports caloriques et le recul de l’activité physique, nous nous étions ni plus ni moins aveuglés. L’Amérique était toujours au bord de l’implosion et le reste de la planète lui emboîtait le pas. Il devenait urgent de se pencher sur ce qui me semblait désormais le cœur du problème : le contenu même de nos assiettes. »

La suite, je devrais plutôt écrire le début de la passionnante enquête de William REYMOND ……. demain .

 

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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond :

« Pollan et la transformation culturelle de la table américaine, Grundy et le syndrome métabolique, Dhurandhar et le virus Ad-36, Diamond et la théorie de l’évolution, Keith et les facteurs putatifs, Philipson et la modernisation de la société… Tous ces chercheurs ont un point commun. Un vecteur partagé qui, quelles que soient leurs motivations, rend, à mes yeux, leurs travaux essentiels. Tous, malgré leurs différences, refusent en effet de se satisfaire de la théorie actuelle qui résume la pandémie d’obésité à une équation à seulement deux facteurs : la surconsommation et le manque d’activité.

Si, en apparence, le « Big Two » paraît la réponse la plus évidente au drame, la vérité est incontestablement plus complexe. En conclusion de ses recherches, Scott Keith l’écrivait clairement : « Nous sommes face à une hégémonie. L’accent est en permanence placé sur le « Big Two » et nous avons accepté cette théorie comme un fait établi. En négligeant d’explorer sérieusement d’autres facteurs. Si tout part d’un choix bien intentionné, en réalité, cela a faussé les réponses permettant de réduire le taux d’obésité ».

Ces propos résonnent encore en moi. L’idée que la crise d’obésité ne soit pas uniquement la combinaison d’un excès de nourriture et d’un manque d’activité sportive correspond à vrai dire parfaitement à mon propre cheminement. Car plus j’ai avancé dans l’exploration des coulisses de la pandémie, moins je me suis satisfait de cette argumentation sommaire.

En outre, depuis le début de cette enquête, une autre impression me revenait en mémoire. Celle qui, lorsque j’avais pour la première fois foulé le sol de ce pays, me faisait dire que les États-Unis étaient vraiment le rassemblement des extrêmes. Un pays où, d’un côté, on voyait des citoyens en état d’obésité avancée et, de l’autre, des obsédés de l’apparence physique. Et il ne s’agissait en rien, dans mon esprit, de faire allusion à la relation particulière unissant l’Américain à son chirurgien plastique, mais bel et bien d’évoquer tous les acharnés du sport.

Qu’il pleuve ou qu’il vente, que le thermomètre dépasse les 40 °Celsius ou qu’il gèle à pierre fendre, il existe une constante dans la société américaine : il y a toujours quelqu’un en train de courir dehors. Ou quelqu’un qui, lorsqu’il n’effectue pas son jogging, fréquente une salle de sport.

Lesquelles sont nombreuses et souvent ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Ces dix dernières années, les taux d’inscription et de fréquentation ont connu une hausse constante. On a même vu apparaître des salles ultraspécialisées, certaines proposant un parcours complet d’une demi-heure montre en main pour cadres pressés, d’autres n’accueillant que des femmes redoutant d’être importunées, ou des obèses ne supportant pas le regard des autres. De la danse du ventre aux cours de strip-tease, du yoga chrétien au mini-trampoline, la carte des activités proposées ne cesse en outre de s’allonger.

Il est vrai qu’au total, le marché de la forme – et du régime – représente un chiffre d’affaires d’au moins 40 milliards de dollars ! Soit bien plus que l’estimation avancée pour les futurs médicaments du syndrome métabolique.

Bien entendu, comme tout le monde, j’ai d’abord eu une vision simple, voire simpliste, de la crise d’obésité. Une approche où il était uniquement question de volonté personnelle. Celle qui vous pousse à échanger votre pause déjeuner contre deux heures de basket-ball. Celle qui vous tient éloigné de certains restaurants et vous permet, une ébauche de sourire aux lèvres, de dire « non » au dessert. Une conception qui estimait que les gros avaient l’abandon facile, l’opiniâtreté trop élastique. Qui les voyait uniquement choisir de s’empiffrer de litres de glace Ben & Jerry’s en regardant la télé, considérer le Big Mac comme un repas équilibré parce qu’il contient la moitié d’une feuille de salade, et résumer le sport au visionnage, une bière à la main, du match de foot dominical. Bref, je les prenais tous pour des gens cédant toujours à leurs envies de nourriture, et plutôt deux fois qu’une !

Mon analyse grotesque avait toutefois un reste de conscience sociale. Je savais qu’il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que l’obésité frappait plus chez les pauvres. Philipson et Posner, nos deux économistes de l’université de Chicago, n’ont-ils pas écrit qu’un des principaux changements de notre société est qu’il faut désormais payer pour être en forme alors qu’avant, des champs à la mine, l’homme touchait un salaire pour se maintenir en forme ?

Les auteurs admettent volontiers que cette formule est réductrice, mais, avec le recul, je ne peux que constater sa justesse. Au-delà de la mensualité versée pour rejoindre un club de sport; ceux qui souhaitent entretenir leur condition physique doivent surtout trouver le temps de s’y rendre avec assiduité. Dans une époque où il n’est pas toujours facile de joindre les deux bouts, une grande partie de la journée est logiquement consacrée à une activité rémunérée. Et pas aux loisirs, ni à la surveillance minutieuse de ce qu’on avale.

D’où la surconsommation, aux États-Unis, d’une nourriture mauvaise, trop grasse et trop sucrée. Les nutritionnistes ont beau conseiller à longueur d’émissions, de livres, de journaux, le recours à des produits frais et à des aliments de qualité, rien n’y fait. Pourquoi ? Parce que lorsque vous vivez du RMI, comme en France, ou que vous jonglez avec deux emplois, comme souvent aux États-Unis, votre pouvoir d’achat ne vous donne pas accès à ces produits-là.

Pis, vous ne sauriez même pas où les acheter. Dans certains quartiers pauvres de Dallas comme dans ceux de toutes les grandes métropoles américaines, les supermarchés brillent par leur absence. Alors qu’on trouve à profusion des McDonald’s, des TacoBell, des Burger King et des Pizza Hut, lesquels proposent des menus à bas prix tous plus copieux les uns que les autres. L’achat d’aliments à préparer soi-même est alors limité à l’épicerie du coin, quand ce n’est pas à la boutique attenante à la station d’essence. On n’y trouve quasiment jamais de produits frais, mais les gammes complètes des boissons de The Coca-Cola Company ou des produits apéritifs et de grignotage Frito-Lay, filiale de PepsiCo, figurent toujours en bonne place.

Même si je commençais à deviner tout cela, à le percevoir, même si je savais l’obésité se nourrissant d’inégalités, je persistais à croire que manger sain et peser léger relevait uniquement de sa propre volonté. Or, justement, de la volonté, j’en avais à revendre. Le temps, je pouvais le trouver ; et mon porte-monnaie m’offrait l’accès à une meilleure nourriture. Bientôt, mes kilos en trop accumulés depuis l’adolescence relèveraient donc de l’histoire ancienne.

Du moins, je le croyais…

Car, en réalité, c’est en entrant dans la peau d’un « gros » que j’ai commencé à avoir de sérieux doutes quant à la justesse de l’équation « mangez moins et bougez plus ». En effet, comme d’autres, je me suis inscrit dans une salle de fitness, j’ai surveillé mes repas.

Certes, des résultats ont commencé à poindre. Dont tous ces bénéfices qui ne se voient pas. Ce taux de cholestérol qui, chez certains, repart à la baisse ; ces escaliers montés sans avoir le souffle coupé ; ces quelques tailles de pantalons perdues. Autant de conquêtes, de victoires sur soi. OK, bravo. Mais de là à s’afficher sur une plage l’été, il y avait un pas qu’aucun membre de mon club de sport n’osait envisager.

En vérité, le duo sport + meilleure alimentation générait plus de frustration que de réelle amélioration physique. Dans cette équation, quelque chose ne fonctionnait donc pas. Et surtout, une statistique étonnante me perturbait. En 2003, 45,9 % des adultes américains remplissaient ou excédaient le temps d’activité sportive recommandé par les divers organismes de santé. Et plus de la moitié était en régime permanent. Dès lors, le taux d’obésité aurait dû diminuer !

Pas de doute : à mieux y réfléchir, je n’étais plus le seul à multiplier les efforts pour un résultat plutôt mitigé. Mais il restait maintenant à comprendre pourquoi. »

La suite …. demain. On va entrer dans le vif du sujet et dans les développements intéressants de l’enquête de William REYMOND….

 

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Extrait de Toxic, le livre passionnant de William Reymond, que je vous conseille de lire :

« Nikhil Dhurandhar n’est pas le seul à partir à l’assaut de l’eldorado de l’obésité. Il faut dire qu’un marché potentiel de 75 millions de patients, rien qu’aux États- Unis, a de quoi exciter l’industrie pharmaceutique. Ainsi, la revue spécialisée Pharmaceutical Executive affirme que les revenus du traitement de l’obésité seront « aussi importants voire plus » que ceux du cholestérol. Et les calculs les moins optimistes estiment ce nouveau pactole à 18 milliards de dollars la première année.

Mais voilà, pour que cette vision devienne une réalité palpable, une source de dividendes colossaux pour les actionnaires des grands labos, il faut d’abord que l’obésité soit reconnue comme une « vraie » maladie. Qui ne soit pas traitée par des modifications du mode de vie mais par le recours à la médicalisation.

Impossible ? Non. Car ce serait oublier que le plus grand talent de l’industrie pharmaceutique « n’est pas dans la recherche et le développement, mais dans le marketing ».

Si, dans la confidentialité des réunions commerciales de l’industrie pharmaceutique, on utilise le terme de condition branding (« apposer une marque à un problème de santé ») ’, Scott Grundy préfère user d’un autre vocabulaire.

Depuis 2001, ce directeur du Centre de la nutrition humaine à l’université Texas Southwestern de Dallas est en mission. Il parcourt le monde, de conférence en colloque, pour répandre la bonne parole. Cet ancien cardiologue, et pionnier de la médicalisation du traitement du cholestérol, a enfourché un nouveau cheval de bataille : le syndrome métabolique. Qui, à en croire la voix monotone de ce praticien, serait le mal qui ronge actuellement une majorité d’Américains.

Le syndrome métabolique de l’organisme cher à Grundy se caractérise par cinq facteurs : un taux élevé de sucre, une présence massive d’acides gras dans le sang, une tension haute, une déficience en bon cholestérol et de l’obésité. Il suffit à un patient de présenter trois de ces critères pour être, selon lui, atteint par ce syndrome. Du moins, pour que votre médecin vous indique que vous l’êtes, puisque le syndrome lui-même n’existe pas en tant que tel !

Il s’agit en fait uniquement d’un terme générique et fourre-tout. D’un assemblage de symptômes liés à l’obésité mais qui, réunis sous un nouveau nom, présente un avantage de… poids : la transformer en maladie pouvant être médicalisée. Ou encore devenir l’excuse idéale mise en avant par les fabricants de spécialités grasses et sucrées pour innocenter leurs produits. De fait, à la fin du mois de novembre 2006, se tenait à Paris une conférence au titre sans ambiguïté : « Le syndrome métabolique : quelles opportunités pour l’industrie agroalimentaire ? »

Consciente des enjeux financiers de ce nouveau label, la recherche sur ce point s’emballe aux États-Unis. Suivant les traces initiées par Grundy, ce sont plus de 15 000 études qui ont été menées ces cinq dernières années, donnant ainsi naissance à une maladie qui n’existe pas, mais dont les perspectives lucratives sont, elles, bien réelles.

Cette dérive a le don d’irriter Richard Khan. Ce scientifique qui travaille pour la puissante American Diabetes Association vient de passer deux ans à analyser la majorité de ces études. Ses conclusions sont sans appel. Motivée par la perspective d’un énorme marché et les bourses versées par l’industrie pharmaceutique, la recherche américaine s’est précipitée en masse dans cette direction sans même prendre le temps de mesurer la solidité des fondements du fameux syndrome. Ce que Khan a fait, lui. Résultat ? Le syndrome métabolique est construit sur « du vent, sans aucune preuve ». Khan estime en fait que ce syndrome est une manière habile et nouvelle de parler de l’obésité, rien de plus. Un comportement qu’il condamne : « Vous ne pouvez pas inventer quelque chose simplement pour vous permettre de traiter un patient. La médecine, ce n’est pas cela. » Le débat fait rage.

Les travaux et les remarques de Richard Khan n’y peuvent pourtant pas grand-chose. Désormais, la machine à fric est en marche. À Washington, l’industrie pharmaceutique a investi des millions de dollars dans le lobbying destiné à faire accepter l’idée que l’obésité est une maladie. Et que le syndrome métabolique est son nom. Pourquoi ? Parce que l’enjeu s’avère colossal. Une fois ce pas franchi, l’équivalent américain de la Sécurité sociale et des mutuelles ne seront-ils pas obligés de rembourser les prescriptions pour un mal certes fictif mais devenu officiel ?

Il faudrait être sourd pour ne pas entendre le piaffement d’impatience des laboratoires. On estime ainsi qu’au moins 350 produits étaient en phase de développement en 2006 pour répondre à ce « syndrome métabolique ». En Europe, depuis l’été 2006, la société française Sanofi-Aventis fut de son côté la première à commercialiser un médicament répondant au dit syndrome, Acomplia, pas encore arrivé sur le marché américain. Pourquoi cette retenue ? De mauvaises langues murmurent que la FDA, l’organisme en charge de la validation des aliments et des médicaments, s’inquiéterait d’éventuels effets secondaires du produit. Craintes fondées ou protectionnisme bien compris ? (NB : l’Acomplia a depuis été retiré du marché en France pour ses effets indésirables)

Quoi qu’il en soit, de Grundy à Khan, tous savent pertinemment que le syndrome métabolique et ses pilules magiques feront un tabac auprès du public. Et que la plupart des Américains se réjouiront d’abandonner à la médecine ce qui relève plutôt parfois d’une responsabilité purement individuelle. Peu importera même alors le sérieux ayant présidé à la création de cette nouvelle appellation. Car, comme le proclame déjà le président de l’American Obesity Association, « l’avenir de l’obésité sera un médicament » !

 

 

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Extrait du livre Toxic, de William REYMOND :

« Nikhil Dhurandhar n’avait jamais vu quelque chose de semblable : des cadavres de poulets franchement gras. Des volailles qui, une fois disséquées, révélaient un foie bien plus gros que la norme. Et des reins eux aussi d’une taille impressionnante. Ce constat, il l’avait fait à Bombay, au milieu des années 1980, quand des centaines de milliers de poulets mourraient infectés par un adénovirus, le SMAM.

Mais plus que le virus, c’est l’aspect des cadavres qui l’avait intrigué. Alors que normalement un animal atteint d’un adénovirus dépérit avant de s’éteindre, les poulets, ici, semblaient quasiment… obèses.

Il y avait encore plus troublant. Chaque fois que Nikhil Dhurandhar injectait le SMAM à des volatiles sains, ceux-ci suivaient la même courbe d’évolution. Avant de mourir, les oiseaux grossissaient. Le scientifique indien en fut presque sûr, grâce à une épidémie touchant les poulets de Bombay, il venait, quasiment par hasard, d’isoler un virus à l’origine de la pandémie d’obésité. Il lui fallait maintenant poursuivre ses recherches à plus grande échelle. Mais pour y parvenir, un choix s’imposait à lui. Si, effectivement, il avait mis la main sur le saint Graal des temps modernes, sur l’explication capable d’enrayer le mal gagnant la planète, l’Inde ne lui suffisait plus. Nikhil Dhurandhar devait rejoindre Fat Land et ses dizaines de millions d’obèses.

Aujourd’hui, Nikhil Dhurandhar poursuit ses expériences de recherche biomédicale en Louisiane, mais c’est au sein des laboratoires de la Wayne University de Detroit, dans le Michigan, qu’il a d’abord essayé de confirmer son intuition. En ayant même reçu, indirectement, un coup de pouce des autorités sanitaires locales. Les États-Unis interdisant l’importation de souches de virus, l’Indien a en effet pu puiser dans celles disponibles en Amérique.

C’est ainsi qu’il est passé du SMAM à l’adénovirus Ad-36, lequel ne manque pas de points communs avec celui qui avait décimé les élevages avicoles indiens. Et qu’il obtint les mêmes résultats : avant de mourir, les poulets et les singes infectés par l’Ad-36 prenaient du poids. Certains voyaient même leur masse constatée en début d’expérience tripler, tandis que la proportion de graisse de leur organisme doublait !

Il aurait fallu oser aller plus loin, mais, comme on s’en doute, des questions éthiques s’y opposèrent. Nikhil Dhurandhar ne pouvait infecter des humains et attendre de voir si, en dépérissant, ils prenaient des kilos supplémentaires.

Il convenait donc de trouver une autre option. L’idée émergea, simple. Dhurandhar décida de comparer 500 échantillons sanguins afin de déterminer lesquels portaient l’adénovirus que l’on trouve naturellement parmi la population. En les séparant en deux groupes, d’un côté les obèses et de l’autre les sujets proches de leur poids de forme, l’Indien obtint des résultats incroyables. Seulement 5 % des personnes sans problème de poids s’avéraient porteuses de l’Ad-36. Mais la proportion montait à 30 % chez les obèses.

Nikhil Dhurandhar en était maintenant persuadé, il avait vraiment découvert le virus de l’obésité !

« Le concept d’un virus qui causerait l’obésité est tellement éloigné de ce que l’on croit, que je comprends les difficultés de certains à admettre les conclusions de mes travaux. » Dhurandhar sait que, pour convaincre, il lui faudra plus que des études et des conclusions que d’aucuns peuvent réduire à une coïncidence statistique. Du reste, avec du recul et de la mesure, il modifie légèrement ses propos et certitudes initiaux : « Je ne dis pas, explique-t-il, que tous les cas d’obésité sont dus à ce virus, mais il pourrait y avoir certaines personnes pour lesquelles ce virus contribuerait à l’obésité ».

À l’heure actuelle, Dhurandhar travaille sur deux jumelles parfaites, Christyn et Beth. Jusqu’à leur entrée à l’université, ces sœurs ont suivi un développement physique quasiment identique. Seulement voilà, deux ans après son départ du domicile familial, Christyn a pris du poids. Et pas Beth. Or des tests sanguins ont démontré que Christyn était porteuse de l’Ad-36, mais pas sa sœur à la taille de guêpe.

Bien sûr, un tel écart semble donner du sens aux recherches de Dhurandhar. Pourtant, force est d »être très prudent. Notamment parce que personne n’a étudié ni comparé la vie des deux jumelles durant leurs vingt- quatre mois d’université. Peut-être Christyn s’est-elle simplement mise à manger plus et à faire moins d’exercice ! La réserve s’impose donc.

Ainsi, le professeur William Russell, virologiste à l’Université Saint-Andrew, spécialiste anglais des adénovirus, considère qu’aucun de ces virus n’a jamais été lié à des maladies à long terme comme l’obésité. « Les adénovirus ont la particularité de causer des infections à court terme et ensuite de disparaître de l’organisme humain. Il y a donc un antagonisme avec l’obésité qui est au contraire une maladie inscrite dans la durée. » Et dont on observe la croissance depuis plusieurs décennies.

Russell n’est pas le seul à émettre des doutes et à s’interroger quant à la réalité d’un virus de l’obésité. D’autres s’avouent même étonnés des motivations de Dhurandhar. C’est le cas du professeur Stephen Bloom de l’Imperial College de Londres : « Mais pourquoi a-t- on besoin, aujourd’hui, d’inventer une étrange histoire de virus ? »

Pourquoi ? La réponse se trouve sûrement dans les propos même de Nikhil Dhurandhar : « Il serait extraordinaire et formidable de mettre au point un vaccin qui préviendrait certains cas d’obésité virale. C’est en tout cas la direction de mes travaux. Mais il s’agit seulement pour l’instant d’un rêve. Et l’impact le plus important de mes recherches est ailleurs : mes travaux augmentent les chances de faire accepter l’idée que l’obésité est bien une maladie».

Et qui dit maladie, dit consultations, remèdes, médicaments et ordonnances. Ce qui est, pour certains chercheurs et laboratoires, l’équivalent de la recette du hold-up du siècle. »

La suite …… demain.

 

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Le président péruvien Ollanta Humala a promulgué une loi controversée visant à limiter la consommation de « malbouffe » par les enfants et encourageant une alimentation saine.

La loi, qui prévoit notamment l’interdiction de faire de la publicité pour certains aliments ou sodas dans les établissements scolaires afin de réduire l’obésité des enfants a été critiquée par l’industrie agroalimentaire, en même temps qu’il recevait le soutien d’organisations internationales du secteur de la santé et d’organismes de consommateurs.

« Nous lançons un appel au secteur industriel pour qu’il ne prenne pas cela comme une volonté de le priver d’un marché », a déclaré le président Humala. « Nous ne pouvons imaginer que nos enfants représentent un marché visant à générer des ventes ou maximiser des bénéfices », a-t-il ajouté.

Le doyen du Collège de Médecine du Pérou, Juan Villena, s’est déclaré très favorable à la nouvelle réglementation, estimant que « l’alimentation des enfants stimulée par la publicité est un domaine qu’il est nécessaire de réguler pour éviter les maladies, tout comme la publicité pour la cigarette ».

La loi vise également à promouvoir l’activité physique et l’installation de cantines et de points de vente de produits naturels dans les établissements scolaires.

 

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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond,

« La télévision et la publicité, qu’elles agissent sous une forme classique ou de manière beaucoup plus perverse et redoutable comme semblent l’indiquer les recherches menées à Emory, sont bien des facteurs majeurs de la pandémie. On les regroupe d’ailleurs dans ce qui forme une moitié du « Big Two ». Reste à s’intéresser de près à l’autre moitié.

À commencer par la modernisation de notre société, qui se voit également évoquée comme cause probable. Ainsi, Tomas Philipson et Richard Posner, économistes à l’université de Chicago, assurent que la disparition progressive des métiers de « force » au profit d’emplois plus sédentaires joue un rôle. Pour d’autres, l’explosion des transports constitue également un vecteur. Peu à peu – et c’est encore plus évident en Amérique où certains quartiers sont construits sans trottoir -, la voiture s’est substituée à la marche à pied. Dans le même registre, le sentiment d’insécurité est montré du doigt, la crainte de l’autre ayant poussé à diminuer le temps passé à marcher. Comme il a entraîné de nombreux parents à interdire à leurs enfants de jouer à l’extérieur ou de « traîner » après l’école. Or, cercle vicieux, c’est souvent la télévision – ou la console de jeux – qui a remplacé ces moments consacrés à se dépenser hors de la maison. Et la sédentarité qui succède à des activités bénéfiques à l’organisme.

En fait, l’ensemble de ces explications repose sur une équation. D’un côté l’apport calorique augmente mais de l’autre, les occasions de brûler les calories se réduisent comme peau de chagrin. Et donc l’individu grossit.

Une série de changements culturels doit encore être prise en compte. L’arrivée massive des femmes sur le marché du travail a eu des répercussions dans la cuisine familiale. Si, au début des années 1970, une mère de famille passait en moyenne deux heures par jour à préparer les repas, désormais on atteint tout juste les vingt minutes. La nature même de ce qui est concocté a fondamentalement évolué. Voilà trente ans, l’Américaine moyenne cuisinait à partir de produits frais, ce qui n’est plus du tout le cas. De plus en plus, à cause de l’industrialisation massive, se mettre aux fourneaux se résume à glisser un plat tout prêt dans le four à micro-ondes. Près de la moitié des Américaines déclarent même ne pas savoir préparer plus de deux plats différents.

Michael Pollan, journaliste au New York Times, s’est intéressé à ces révolutions culturelles et à leurs effets sur le tour de taille de ses compatriotes. Et a remarqué que l’absence de tradition culinaire américaine entraînait un manque de repères chez le consommateur. Pays jeune et terre d’immigration, les États-Unis possèdent effectivement peu de racines gastronomiques. Dès lors, les Américains « sont plus vulnérables au marketing », explique-t-il. Et d’ajouter : « Si nous avions une culture alimentaire stable avec un lot de réponses du style : « Voici ce qu’il faut manger et voici comment il faut le manger », nous serions moins victimes des effets de mode virevoltants », qui d’un jour à l’autre définissent ce qui est bon et mauvais.

Autre sujet d’inquiétude, la façon dont l’industrie redéfinit en permanence la manière dont les Américains mangent. Ici, se nourrir n’est plus un plaisir mais une commodité qui n’est plus tributaire de rendez-vous précis au fil de la journée – le petit déjeuner, le déjeuner, le dîner -, ce qui brise chaque jour le rituel du partage de la nourriture. « Vendre des produits dessinés pour être glissés dans le porte-boisson d’une voiture détruit l’idée même de personnes mangeant ensemble », poursuit Michael Pollan. En outre, « lorsque vous mangez tout seul, vous avez tendance à manger plus. Tandis que si vous mangez avec quelqu’un, vous existez, il y a un échange, une conversation… Vous ne vous gavez pas comme un porc quand il y a d’autres personnes à table ».

La seconde moitié du Big Two ne s’arrête pas là. Un groupe de chercheurs du sud des États-Unis, là où la crise d’obésité est la plus aiguë, tente actuellement de définir précisément l’ensemble des responsables secondaires du marasme. Et la première partie de leur travail, récemment publiée par le magazine scientifique International Journal of Obesity , affiche un grand mérite : elle refuse de se satisfaire des explications les plus courantes et de s’y cantonner.

Cette équipe conduite par Scott Keith cite ainsi comme autres causes probables la baisse continue du nombre de fumeurs, donc de l’effet coupe-faim de la nicotine, le nombre élevé d’enfants nés de couples déjà obèses, ou encore l’adoption massive de la climatisation. Une température contrôlée placerait en effet l’organisme dans une « zone de confort », l’incitant à manger plus parce que moins tributaire des régulations de température demandées par le corps. Ce travail cite également le manque chronique de sommeil des Américains, hypothèse confirmée parallèlement par Esra Tasali, chercheuse à l’université de Chicago. Partant du principe que les Américains ont perdu deux heures de sommeil par nuit depuis quarante ans notamment à cause des loisirs, cette dernière a placé des groupes de volontaires dans des conditions différentes de durées de repos. Or, celui dormant le moins a rapidement montré des envies incontrôlables d’aliments sucrés.

Une explication génétique s’est vue également avancée, reposant sur une estimation scientifique datant de 1986. Selon ces recherches, 25 % de la fluctuation de poids serait influencée par les gènes.

Une dernière hypothèse paraît toutefois encore plus intéressante. Pas parce qu’elle serait en mesure de répondre à la pandémie mais parce qu’elle illustre un mouvement de fond. »

Cette hypothèse vous sera exposée ….. demain

 

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