Aux Etats-Unis, les adultes obèses meurent 3,7 années plus tôt que ceux qui ont un poids normal.
L’obésité aurait bel et bien un impact sur la mortalité. C’est le principal résultat d’une étude parue dans l’American Journal of Public Health ayant analysé les statistiques nationales américaines.
L’obésité représente un facteur de risque de nombreuses maladies chroniques, comme le diabète, les cancers ou les maladies cardiovasculaires. Pourtant, certains ont prétendu qu’un surpoids pouvait être un gage de longévité.
Des chercheurs de l’université de New York ont passé en revue les données collectées aux Etats-Unis lors d’enquêtes entre 1988 et 1994, ainsi que des statistiques nationales portant sur l’année 2006. Selon ces données, l’obésité était associée avec au moins 20 % d’augmentation du risque de décès toutes causes confondues ou des décès par maladie cardiaque. Dans l’ensemble, les adultes obèses mouraient 3,7 années plus tôt que les personnes de poids normal, et 1,7 année plus tôt à cause d’une maladie cardiaque.
L’étude a également trouvé que le risque était le plus élevé chez les adultes obèses âgés de 45 à 64 ans : ils décédaient 7,1 années plus tôt, toutes causes confondues, et jusqu’à 12,8 années plus tôt à cause d’une maladie cardiaque.
Si ces résultats ne sont ni une surprise, ni une réelle découverte, les auteurs estiment en revanche que les recherches précédentes avaient sous-estimé l’impact de l’obésité sur la mortalité américaine.
Source:
Ryan K. Masters, Eric N. Reither, Daniel A. Powers, Y. Claire Yang, Andrew E. Burger, and Bruce G. Link. The Impact of Obesity on US Mortality Levels: The Importance of Age and Cohort Factors in Population Estimates. American Journal of Public Health 2013 103:10, 1895-1901
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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond :
« La jeune Amérique a longtemps été habituée à la première place. Au début du siècle dernier, nouvelle puissance industrielle à peine débarrassée des oripeaux de la conquête de l’Ouest, les États-Unis s’enorgueilliront d’être le pays aux citoyens ayant la meilleure santé. Un siècle plus tard, l’OMS a remis les pendules à l’heure. Dépassée par le Japon, la Suède, le Canada, la France, l’Australie et cinq autres encore, l’Amérique figure désormais au douzième rang, laissant d’un cheveu la place de cancre à l’Allemagne.
La pandémie d’obésité est la raison majeure de cette dégringolade. Et plus particulièrement son effet sur les cœurs américains.
L’équation est connue. Hypertension, présence importante de graisse dans le sang et cholestérol. Trois coupables présents massivement dans l’organisme de l’obèse. Trois tueurs nés dans l’abondance de nourriture. En 2005, plus d’un Américain sur quatre souffrait de complications cardiaques. En millions, cela représente presque la population de la France. Résultat ? Les problèmes cardiaques sont la première raison de décès des Américains en surcharge pondérale. À un rythme effarant. Même si les raisons sont multiples, toutes les trente-cinq secondes un habitant de la première puissance mondiale meurt d’une complication cardiaque. Oui, le temps de relire ce paragraphe et la pandémie d’obésité, majoritaire parmi d’autres facteurs, a fait une nouvelle victime.
Et ceux qui n’en meurent pas vivent avec le risque d’une attaque qui, limitant l’apport d’oxygène et de sang au cerveau, entraîne une paralysie. Sans oublier les autres, ces 2 740 personnes qui, chaque jour, n’ont d’autre option que de subir un pontage coronarien. Une opération qui rajoute 15,6 milliards de dollars à la facture santé supportée par le pays.
Si tous ces chiffres vous paraissent encore trop abstraits, alors il vous faut assister à l’une des conférences données par le docteur Mehmet Oz, un cardiologue qui vient prêcher la bonne parole dans les collèges de New York. Le résumé fait par Eric Schlosser dans son livre de mise en garde destiné aux enfants intitulé « Chew on this » est édifiant.
Quand son auditoire est suffisamment âgé, Oz utilise en effet des organes prélevés durant des autopsies afin de démontrer sans ambiguïté les ravages de la pandémie sur le corps humain. Comme le raconte Eric Schlosser, le docteur Oz puise dans un seau blanc et en sort deux cœurs : « Celui en bonne santé est rond et marron rosé. Il semble flexible au toucher. L’autre était bien plus gros. Il était plus foncé, sa couleur plus proche du noir que du rose. Il était plus oblong que rond, comme un petit ballon de rugby dégonflé ».
Les méthodes de Methmet Oz ne sont pas choquantes. En confrontant des adolescents aux organes détruits par la pandémie, il procure une réalité à un risque jusqu’ici abstrait mais qui les concerne directement. « Je leur parle de ce qu’ils mangent, de la nécessité de faire du sport et comment tout cela affecte la santé de leurs cœurs. Les maladies cardiaques ne sont plus réservées à leurs parents et grands-parents. Ce que je leur montre, c’est exactement ce qui est peut-être en train de se produire dans leurs corps. »
En 2000, près d’un tiers des adolescents américains étaient considérés à risques. Une étude chinoise parue quatre ans plus tard évoquait de son côté le cas d’enfants obèses âgés de dix ans dont les cœurs portaient les mêmes stigmates que ceux d’hommes de quarante-cinq ans, fumeurs réguliers depuis dix ans ! Le mal s’étend. La preuve, confinant à l’absurde, on a vu apparaître des crises cardiaques chez des adolescents de seize à dix- huit ans.
La tendance est si alarmante qu’elle conduit les plus grands centres de traitement des maladies cardiaques à ouvrir une section consacrée aux enfants et adolescents. Ainsi, le prestigieux Texas Heart Institut de Houston, l’un des premiers hôpitaux au monde réservé aux problèmes de cœur, vient d’ouvrir sur Internet une page de prévention afin de prévenir ce risque.
Le cœur n’est pas le seul organe touché par la pandémie d’obésité. La démonstration de Metmeth Oz s’étend encore au cerveau, aux os et au foie.
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