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diététique

Extrait de Toxic, le livre enquête passionnant de William Reymond :

« Au milieu des années 1980, les urgences des hôpitaux américains durent affronter une recrudescence des crises cardiaques. Assez rapidement, le trans fat (acides gras trans) fut dénoncé, puisque présent dans maints cadavres autopsiés.

Mais il a fallu attendre 1994 pour que, dans des termes d’une effrayante clarté, l’une des plus importantes autorités sanitaires du pays dénonce les acides gras trans.

Walter Willett est le directeur du département nutrition de la Harvard School of Public Health de Boston. Son étude sur l’impact de l’huile partiellement hydrogénée sur la santé représente aujourd’hui encore une référence. Il y démontre de manière implacable que les acides gras trans agissent doublement sur le cholestérol. D’un côté, ils engendrent un développement accru du mauvais et, de l’autre, empêchent notre organisme de produire le bon. L’effet est tellement grave que le scientifique publie une estimation volontairement prudente du nombre de victimes des acides gras trans. Chaque année, d’après lui, au moins 30 000 Américains décèdent de problèmes cardio-vasculaires dus à la consommation d’huile industriellement hydrogénée. Depuis, ce chiffre a été affiné. Et approche les 100 000 victimes annuelles. Bien entendu, il faut ajouter « le nombre bien plus important de personnes atteintes d’affections cardio-vasculaires non mortelles ».

Inquiet de l’ampleur du risque, Willett concluait ses travaux avec une recommandation ferme : « Nous sommes en faveur d’une élimination ou d’une régulation stricte des acides trans gras dans l’alimentation américaine ».

Sept ans plus tard, suivant la voie ouverte par Willett, ce fut au tour du vénérable NAS de rendre publiques ses conclusions. Non seulement, les acides gras trans n’apportent aucun bénéfice à l’organisme humain mais ils sont tellement dangereux que le NAS estime que leur consommation devrait être de… zéro gramme. Mais l’institut remarque qu’il s’agit d’une impossibilité à cause du fait de la présence, naturelle, des acides gras trans dans les laitages et la viande rouge.

Quoi qu’il en soit, douze ans après le cri d’alarme de Willett, cinq ans après la condamnation sans appel du NAS, malgré en outre la publication de dizaines de travaux scientifiques tout aussi effrayants, le tueur est toujours en liberté. Et pas seulement aux États-Unis.

La suite …………. demain.

Dr BUENOS : Il est recommandé à tous les patients du réseau ROSA de lire les étiquettes des produits industriels qu’ils achètent et de supprimer entre-autres, les produits contenant des huiles partiellement hydrogénées ou des acides gras trans.

 

 

 

 

 

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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond :

«  Il existe un point commun entre l’augmentation de la taille des portions, la volonté de parvenir à contrôler nos cerveaux, le recours de plus en plus systématique au sirop fructose-glucose, la concentration de l’élevage, la pollution des fruits et légumes, l’utilisation de conservateurs toxiques… Tous dessinent la face cachée de l’industrialisation de l’alimentation. Des coulisses où, sur l’autel du profit, on sacrifie notre santé.

Le cas des acides gras « trans » en est sans doute l’exemple ultime. Difficile en effet de trouver pire que l’autorisation d’utiliser un produit dont plus personne n’ignore que la consommation est dangereuse.

Les acides gras trans trouvés dans l’alimentation proviennent, de trois sources. Dont seule la première est naturelle, puisque le fruit de la transformation bactérienne des acides gras insaturés chez les ruminants. L’homme les consomme donc sous forme de produits laitiers et de viande rouge, la graisse de bœuf en contenant par exemple 4,5 % et le lait environ 3 %.

La deuxième manière de créer des acides gras trans est le chauffage d’huiles à haute température, une friture à bain profond pouvant entraîner un changement moléculaire des acides et leur transformation en trans.

La dernière façon, majoritaire aux États-Unis et en voie de l’être dans le reste du monde, est également issue d’une mutation moléculaire liée à un processus exclusivement industriel : l’hydrogénation catalytique partielle d’huiles végétales.

Inventée en 1902 par le scientifique allemand Wilhelm Normann, cette méthode permet de rendre les huiles, solides ou semi-solides. Ce qui facilite leur conservation et ralentit les risques d’oxydation, donc de rancissement. L’huile partiellement hydrogénée est arrivée dans nos assiettes dès 1909. Cette année-là, Procter&Gamble, célèbre société américaine, achetait les droits de la découverte. Et, sous la marque Crisco, commençait à commercialiser une margarine issue de ce procédé.

À l’époque, personne ne s’intéressait aux acides gras trans. Et la margarine hérita d’une réputation de produit sain par comparaison aux graisses animales. En outre, Procter&Gamble assura sa diffusion grâce à la distribution de millions de livres de recettes de cuisine dont l’ingrédient vedette était son Crisco.

Au milieu des années 1960, l’huile partiellement hydrogénée connaît un nouvel essor. Lés restaurants se multipliant, leurs managers optent pour ce produit moins cher qui se conserve plus longtemps. Et puis, en 1985, l’apothéose. Parce que cette huile rend les frites bien plus craquantes, les biscuits bien plus fondants et permet aux barres chocolatées de se conserver plus longtemps, on la retrouve partout. Elle est même présente dans 40 % de l’alimentation américaine. Y compris dans des produits surprenants comme les vitamines. Les industriels ont en fait saisi son intérêt : rallonger l’espérance de vie des produits. L’exemple le plus visuel de ce « miracle » est disponible dans la section « bonus » du DVD de Super Size me. Où l’on voit, huit semaines après leur acquisition chez McDonald’s – l’un des plus gros utilisateurs de la planète -, des frites conservées à l’air libre garder leur aspect originel. Sans la moindre trace de moisissure !

L’arrivée de l’huile partiellement hydrogénée dans la nourriture rappelle celle du HFCS. Et son essor coïncide avec la seconde phase de la crise d’obésité. Depuis quelques années d’ailleurs, des scientifiques s’interrogent sur le rôle des acides gras trans dans la prise de poids.

Ainsi, à l’université de Wake Forest en Caroline du Nord, Kylie Kavanagh a étudié durant six ans les effets de la consommation d’acide gras trans par cinquante et un singes. Ses conclusions, publiées en juin 2006, sont passées inaperçues. À tort, bien sûr. Des cobayes recevaient quotidiennement un menu équilibré, avec 8 % des calories provenant d’acides gras trans, un niveau semblable à celui d’un consommateur régulier d’aliments frits ou issus de fast-foods. Un autre groupe absorbait la même quantité de nourriture, mais avec un minimum d’acides gras trans.

Au final, les animaux ayant mangé des acides gras trans ont grossi. Un apport de poids essentiellement localisé dans la zone abdominale, facteur de risque pour le diabète de type 2 et les problèmes cardio-vasculaires. Kavanagh ne cacha pas sa surprise : « C’est un choc, dit- elle. Malgré tous nos efforts pour qu’ils ne prennent pas de poids, ils ont quand même grossi. Et presque toute cette graisse se situe sur leur ventre. Continuer, c’est aller tout droit vers le diabète ».

Si les travaux de Kavanagh constituent, pour l’instant, la seule publication consacrée au lien entre consommation d’acides gras trans et obésité, ils sont pris au sérieux par le reste de la communauté scientifique. Ainsi Dariush Mozaffarian, de la Harvard School of Public Health, affirme : « Le temps où nous pensions aux acides gras trans seulement en terme de calorie est terminé ».

Si le rôle des acides gras trans semble prépondérant dans certains cancers, comme celui de la prostate ou différents dérèglements du foie, c’est son action avérée dans les maladies cardio-vasculaires qui représente un danger mortel.

La suite  ……..demain.

 

 

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Extrait de Toxic, de William Reymond :

« Une histoire parfaite pour briser la torpeur de l’été. L’actualité ayant un petit coup de mou, l’affaire des hot dogs mutants jouerait parfaitement son rôle de sujet médiatique en attendant le retour des requins tueurs et les soirées sans culotte de Britney Spears.

À en croire un article appelé à faire un bref tour du monde via les agences de presse ou Internet, Sydney Mirvish, un chercheur de l’université du Nebraska, venait de mener « une étude chimique sur la capacité mutagène des saucisses de hot dogs » lesquelles « contiendraient des nitrosamines, substances résultant de la combinaison de nitrites – utilisés comme agents conservateurs pour les aliments – avec les protéines de la viande, et capables d’altérer le matériel génétique ». Conséquence avancée : « Le risque d’être atteint d’un cancer, notamment du côlon, augmente proportionnellement avec la quantité de nitrosamines avalée ».

Après avoir donné la parole au scientifique, par esprit d’équilibre, on demanda une réaction à un représentant de l’industrie agroalimentaire : « Une conclusion qui déplaît à l’organisation professionnelle de la viande.

L’American Meat Institute s’est insurgé contre les résultats de cette étude qui « ne reflète en aucun cas la réalité de la fabrication des hot dogs ». L’organisation dénonce le taux élevé de nitrite (utilisé comme agent conservateur des aliments) utilisé [par] le professeur Mirvish [dans ses échantillons de tests] « bien plus élevée que dans les viandes traitées de nos jours ». Et en conclut dans un communiqué que “cette étude ne peut être utilisée pour remettre en question la sûreté des hot dogs » ».

La réplique est classique. Et l’édifice de l’ensemble aussi, qui met au même niveau deux points de vue et laisse au lecteur le loisir de tirer ses propres conclusions. Ce qu’il ne fait jamais évidemment. L’histoire, sérieuse ou pas, a contribué en tout cas au climat de confusion régnant sur le sujet avant de rapidement tomber aux oubliettes.

Tout cela n’est pas le fruit du hasard, mais la poursuite d’une stratégie inventée par les industriels du tabac. Pendant trente ans, avant que certains « repentis » ne se décident enfin à rendre publics des documents clés, les cigarettiers ont agi de la même manière. Une étude prouvait le rôle du tabagisme sur le cancer des poumons ? Un représentant de l’industrie montait au créneau et, d’une pirouette, la tournait en ridicule.

Depuis le début des années 1990, l’industrie agroalimentaire, sentant se refermer sur elle le poids de sa responsabilité dans la crise d’obésité, a opté pour les mêmes armes. Richard Linklater, réalisateur de l’adaptation cinématographique de Fast Food Nation, une enquête de référence sur l’industrie de la bouffe rapide, a été lui- même victime de ces méthodes. « Voilà comme ça marche, raconte-t-il : tu t’affiches comme étant le représentant d’une des deux faces du sujet. Et du coup, les médias transforment cela en débat. Peut-être la planète se réchauffe et peut être que non ? Peut-être que l’évolution existe ou peut-être que c’est le créationnisme ? Et comme cela, chacun croit ensuite ce qu’il veut. »

Durant la promotion de son film, passé presque inaperçu aux États-Unis, Linklater a même pu prouver que McDonald’s avait engagé une agence de « relations publiques » chargée de gérer ces « faux » débats.

Le choix de McDo s’était porté sur The DCI Group qui avait, jusque-là, deux faits d’armes à son palmarès. Primo, ridiculiser Al Gore et son film An Inconvenient Truth en réalisant une parodie diffusée sur le net via le site You Tube. Secundo, détruire John Kerry durant la campagne présidentielle de 2004 en montrant des témoignages remettant en cause son héroïsme durant la guerre du Viêtnam.

Autre méthode employée pour discréditer le travail d’Eric Schlosser et Eric Linklater, la création d’un site Internet jouant sur la confusion des titres. Et, flirtant avec le bon vieux temps de l’agit-prop, la présence de « citoyens soi-disant concernés » lors des débats organisés autour du film. Des contradicteurs en réalité rémunérés.

Linklater et Schlosser ne représentent ni des cas isolés ni des situations extrêmes. Ainsi, l’ensemble des journalistes, auteurs, activistes, scientifiques et victimes rencontrés tout au long de cette enquête racontent les mêmes faits d’attaques en tout genre. Il faut noter également que, dans une réjouissante unanimité, ils m’ont tous mis en garde, m’expliquant qu’à la sortie de Toxic, je devrais m’attendre au même traitement.

Revenons un instant sur les saucisses de hot dogs dont la consommation engendrerait la mutation de notre matériel génétique. Le principal problème de cette mise au même niveau d’égalité de deux points de vue est quelle ne s’accompagne pas d’une vérification des arguments utilisés. À en croire les propos de James Hodges, représentant de l’American Meat Institute Foundation, les travaux de Mirvish sont inutilisables. D’après lui, son « dosage » ne correspondrait pas aux usages de l’industrie. Et, surtout, il s’agirait « d’un rapport préliminaire ».

En réalité, le professeur Sidney Mirvish, vétéran de la recherche contre le cancer, a commencé ses travaux sur le sujet huit ans avant cette parution. Son premier rapport, liant les nitrosamines au cancer du côlon, a été publié durant l’été 2001 par l’American Institute for Cancer Research. Il ne condamnait pas la consommation de saucisses en elle-même mais remettait en cause le processus de conditionnement destiné à augmenter la durée de conservation, quand les nitrosamines sont ajoutées à la viande. C’est donc dans cette voie que Mirvish engagea la suite de ses recherches. En novembre 2002, dans le journal de The American Society for Nutritional Sciences – une publication où chaque article est préalablement révisé par un groupe de pairs -, Mirvish avait résumé son travail en ces termes : « Évaluer les preuves que la viande rouge préparée industriellement est une cause de cancer du côlon et que la viande préparée industriellement est un facteur de risque pour les cancers chez l’enfant et de diabète de type 2 ». Durant l’été 2006, cette fois dans le Journal of Agricultural and Food Chemistry, Mirvish livra donc la dernière étape de ces travaux. Afin d’étayer la thèse d’un rôle joué par les nitrosamines, le chimiste et son équipe avaient analysé le contenu de dizaines de marques de saucisses différentes. Conclusion ? Le taux de nitrosamines variait d’une marque à l’autre. Entre celle en contenant le moins et celle le plus, Mirvish notait une concentration… 240 fois plus importante dans la seconde.

Au-delà des nitrosamines elles-mêmes, les recherches de Mirvish ont prouvé qu’un ajout pratiqué par l’industrie est responsable d’une partie des cancers du côlon. Un problème qui pourrait se voir aisément résolu si on aboutissait à une uniformisation des quantités d’agents conservateurs utilisés. Si une marque en ajoute 240 fois moins qu’une autre et que son produit continue à se vendre, cela montre qu’il n’y a, a priori, aucun risque pour l’industrie de réduire sa consommation de nitrosamines.

Mais non. Au lieu de s’emparer du travail de Mirvish et d’annoncer un changement dans leur processus de préparation, les fabricants préfèrent dénigrer ces recherches en les réduisant faussement à un simple rapport préliminaire alors qu’elles constituent l’aboutissement de huit ans de travaux. Et, une fois encore, après avoir écarté la menace, ils continuent à se satisfaire du statu quo.

En Europe, les nitrosamines, qui résultent de la combinaison des nitrites présents dans les agents conservateurs et les protéines de la viande, sont au centre d’un enjeu… politique. En effet, alors que l’OMS classe la substance parmi la liste des produits cancérigènes, le Comité scientifique de l’alimentation humaine de la Commission européenne n’a toujours pas déterminé la dose journalière admissible. En clair, l’industrie alimentaire est libre d’utiliser la quantité de nitrites qu’elle souhaite. Une situation qui irrite le Danemark, où la législation nationale sur l’usage des nitrites est la plus restrictive d’Europe. Le gouvernement danois estime d’ailleurs que l’industrie alimentaire en abuse, recourant à un dosage supérieur aux besoins de conservation. Un peu comme les agriculteurs mexicains qui surdosent leurs champs de pesticides au cas où…

Dans l’Hexagone, le cancer du côlon est un véritable problème sanitaire. En effet, « l’incidence estimée du cancer du côlon en France est de 34 000 nouveaux cas par an. En vingt ans, l’incidence a augmenté d’environ 40 % ». Une progression aux coûts humains et économiques élevés, puisqu’en 2002, le traitement de la maladie était évalué à 28 000 euros par cas. Face à ces chiffres, le gouvernement affiche une position étonnante. Si, d’un côté, il souhaite « un réexamen au niveau communautaire des conditions d’emploi des nitrites et des nitrates », sur le terrain il ne semble guère pressé, puisqu’il admet estimer « souhaitable d’attendre les résultats des études de consommation des additifs alimentaires faites par les États membres avant d’entreprendre ce réexamen. L’AFSSA sera saisie pour évaluer les risques liés à l’utilisation de nitrites et nitrates dans les aliments, et le cas échéant pour revoir les normes actuellement appliquées ».

Les nitrosamines issues des conservateurs ajoutés par l’industrie ne sont pas un cas unique. D’autres produits déclenchent une mutation de notre ADN. Buck Levin, le chercheur de l’université de Kenmore, a passé de nombreuses années à étudier ce qu’on appelle la génotoxicité. Dans la liste des coupables, il cite le pentachlorophénol (PCP)6, résidu de pesticide que l’on retrouve dans le gras et le foie des poulets, mais aussi le peroxyde de benzoyle, un composé chimique utilisé par exemple dans les colorations pour cheveux présent lors du processus de blanchiment de la farine. Sans oublier le bisulfite de sodium qui, sous le code E222, est largement employé comme conservateur dans les produits laitiers, les jus de fruits ou les boissons alcoolisées.

La suite ……………demain.

 

 

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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond :

« Il existe différentes manières de démontrer l’inutilité de l’utilisation de pesticides et les risques qu’elle engendre.

Certains choisissent, avec brio, de démonter point par point l’argumentation des gardiens de la révolution verte. A écouter les tenants de l’industrialisation à tous crins, sans les pesticides, l’humanité courrait à sa perte, souffrant de malnutrition. Amatyra Sen, universitaire de Cambridge, est parti en guerre contre cette assertion en expliquant que « la famine caractérise l’état de certaines personnes n’ayant pas assez de nourriture, et non pas qu’il n’existe pas assez de nourriture ». Ses travaux, endossés par l’ONU et salués par un prix Nobel d’Économie, attestent bien que la faim dans le monde ne relève pas d’un manque de ressources mais d’une inégalité de distribution !

D’autres, encore, ont définitivement remis en question l’argument de vente des pesticides, selon lequel en protégeant et fertilisant chimiquement les fruits et légumes, ils garantissent une meilleure production que l’agriculture biologique classique. De nombreuses études, conduites aux États-Unis mais également en Suisse en 2001, ont en effet prouvé que, sans l’aide de produits chimiques, on parvenait globalement aux mêmes rendements. En 1990, une enquête comparative effectuée sur 205 fermes fit ressortir une différence maximale de 10 % en défaveur de l’agriculture biologique. Une autre, consacrée au soja, affirmait dix ans plus tard qu’un champ non pollué produisait 97 % de la quantité obtenue avec les coûteux ajouts chimiques. Et en juillet 2005, le Rondale Institute a enfoncé définitivement le mythe grâce à un travail étalé sur vingt-deux ans, effectué non pas en laboratoire mais sur des terres exploitées. Conclusion : aucune différence de rendement entre l’agriculture biologique et celle utilisant des pesticides. Plus étonnant encore, en année de sécheresse, les champs « à l’ancienne » fournissent 22 % en plus de fruits et légumes !

David Pimentel, lui, s’est intéressé aux conséquences économiques des pesticides. Comme j’avais tenté de le faire en décortiquant le véritable prix du hamburger à 99 cents, ce chercheur de l’université de Cornell a estimé que le recours à ces substances coûtait chaque année 10 milliards de dollars à la société américaine. La France se classant après les États-Unis et la Chine dans cette consommation chimique, on peut envisager une addition nationale de quelques centaines de millions d’euros. Un autre chiffre mis en avant par Pimentel retient l’attention : tous les ans, pour traiter les victimes humaines de cette dépendance chimique, la société américaine débourse 1,1 milliard de dollars.

Le sujet est éminemment sensible. Aux États-Unis, les associations de consommateurs et les groupes environnementalistes mènent depuis dix ans une guerre de longue haleine contre les géants de l’agriculture. Un combat dont nous, Européens, devons tirer des enseignements. Dans dix ans, comme pour la crise d’obésité, nous devrons à notre tour affronter les mêmes enjeux que les Américains et nous méfier des outils utilisés par les industriels de l’alimentation.

En 2001, le gouvernement français lançait le Plan nutrition national santé (PNNS). Parmi les premières recommandations destinées à lutter contre l’obésité, figurait une consommation accrue des fruits et légumes. Un thème largement développé depuis dans des campagnes publicitaires et auprès des établissements scolaires. La consommation de fruits et légumes est effectivement bénéfique à notre santé. Il est même scientifiquement prouvé que l’incidence des cancers, des maladies cardio-vasculaires, de l’ostéoporose, du diabète et du cholestérol est plus faible lorsque notre alimentation s’avère riche en fruits et légumes.

En 1991, dix ans plus tôt donc, le gouvernement américain lançait, lui, le programme « 5-a-Day » afin d’inciter les citoyens à consommer au moins cinq fruits et légumes par jour. Là encore, l’idée semblait tomber sous le bon sens. Sauf que les producteurs avaient du mal à cacher leur joie : les revues spécialisées donnaient en effet comme conseil aux groupes contrôlant la distribution d’augmenter leur chiffre d’affaires en utilisant notamment le logo de la campagne.

Mais voilà, l’usage massif de pesticides soulève une question qui reste taboue. Partant du principe que la totalité des fruits et légumes vendus en supermarché contiennent des résidus chimiques, faut-il suivre les recommandations de consommation édictées par des organismes officiels ? Aux États-Unis, comme en France ?

Plus que le regret de voir s’enrichir encore un peu plus les compagnies et corporations contrôlant la chaîne alimentaire, c’est l’hypocrisie de ces dernières qui a incité quelques groupes à agir dès janvier 1996. En effet, la toxicité des pesticides est un sujet que ses utilisateurs évitent comme la gale. Et lorsque, contraints, ils se décident à l’aborder, c’est pour détourner la question : « Personne ne s’est jamais retrouvé malade pour avoir consommé des produits frais traités rigoureusement avec les outils de protection des récoltes ».

C’est pour cela que, jouant la carte de la provocation, deux associations ont acheté des espaces publicitaires dans des revues professionnelles de l’industrie. Avec un message comparant le nombre de victimes par armes à feu à celui lié à la consommation de pesticides et au slogan sans ambiguïté : « Plus de gens meurent tués par leur salade ».

Au-delà de la joute verbale, cette campagne a suscité la même levée de boucliers et les mêmes réflexes protectionnistes de lobbying que celles lancées contre l’industrie de la viande. Le secteur a en effet répliqué en exigeant le vote d’une loi « transformant en crime toute critique de la nourriture non basée sur des preuves scientifiques irréfutables ». Comme on l’a vu, il s’agit à nouveau de refroidir les journalistes trop curieux et, surtout, d’étouffer les actions des associations de consommateurs ne disposant quasiment jamais de moyens financiers suffisants pour faire face à des procédures judiciaires. Une position assumée ouvertement par les industriels.

Mais alors, afin de se confronter à l’esprit de cette loi et d’essayer de clore ce débat une bonne fois pour toutes, existe-t-il oui ou non une preuve scientifique irréfutable prouvant que la consommation de fruits et légumes aux pesticides peut être mortelle ?

Le 3 mars 1863, Abraham Lincoln créait par décret présidentiel la National Academy of Sciences (NAS). Depuis, cette société honorifique rassemble l’élite scientifique mondiale, puisque parmi ses 2 000 membres et 350 correspondants étrangers, on compte plus de 200 titulaires de prix Nobel. Difficile donc de faire plus incontestable. Sa mission ? « Enquêter, examiner et expérimenter n’importe quel sujet scientifique » à la requête du gouvernement américain.

En 1987, l’organisme publiait, sous la direction de Richard Wiles, un rapport exhaustif consacré à la présence de pesticides dans la nourriture. Dont le chapitre 3 évaluait précisément, et sur cinquante pages, les risques de cancer liés à la consommation d’aliments produits à l’aide d’herbicides, fongicides, insecticides et autres engrais chimiques. Avec une rigueur toute scientifique, le NAS estimait que 62,5 % des herbicides utilisés en toute légalité par l’agriculture américaine étaient cancérigènes, tout comme 35 à 50 % des insecticides. Et que 90 % des fongicides – oui, 90 % – l’étaient aussi.

Ces chercheurs, analysant scrupuleusement et uniquement les effets quantifiables de la moitié des produits à effets cancérigènes, parvinrent en outre à évaluer précisément le nombre de cancers liés aux pesticides retrouvés dans la nourriture. Chaque année, selon eux, 20 800 Américains* (le chiffre est basé sur la population de 1986. Ramené à celle de 2006, il dépasse 25 000 par an) contractent ce mal. Un chiffre qui, parce qu’il se limite à 53 % des pesticides cancérigènes, constitue en somme un minimum. Le NAS, partant du principe que pour 10 nouveaux cas annuels de cancers, on compte 5 victimes, concluait que plus de 10 000 citoyens décédaient tous les ans, victimes de cette dépendance chimique. Et, pour la première fois, confirmait sans contestation que nous vivons dans un monde toxique.

Le plus étonnant, à la lecture des recherches des scientifiques du NAS, c’est la permanence d’une situation qui, au final, semble ne surprendre personne. Ces chiffres, équivalents à trois « 11-Septembre » par an, confirment une idée déjà dans l’air. Ils nous glacent et inquiètent un temps, puis disparaissent de nos centres d’intérêt et d’attention. Notre refus d’envisager les moindres conséquences sur l’organisme de cette alimentation modifiée s’accompagne d’un laxisme des gouvernements et d’une irresponsabilité civique des fabricants et utilisateurs de pesticides.

On pourrait imaginer que n’importe quelle enquête de cette nature, montrant qu’au moins la moitié des substances autorisées sont cancérigènes, déboucherait sur des interdictions, puis sur une remise en cause de ce système dont les dégâts se chiffrent en milliards ! Eh bien non.

Pourquoi ? Parce que les producteurs de pesticides profitent d’une aberration : la mise sur le marché des produits qu’ils commercialisent est antérieure aux travaux scientifiques attestant leur dangerosité. En outre, selon la loi, ces recherches ne suffisent pas, l’EPA, agence en charge des questions d’environnement devant réévaluer le produit. Un processus long et coûteux pour un organisme miné par les intérêts particuliers.

De fait, le 24 mai 2006, neuf représentants syndicaux s’exprimant au nom des neuf mille employés de l’EPA adressaient un courrier à Stephen Johnson, l’administrateur de l’agence. Sur six pages, leur lettre énumérait les difficultés rencontrées pour arriver à légiférer sur ces substances et disait : « Les préoccupations des industries de l’agriculture et des pesticides passent avant notre responsabilité de protéger nos citoyens. […] L’Agence doit assurer la sécurité sanitaire des enfants et des bébés […] et s’assurer que nos enfants ne soient plus exposés aux pesticides dont l’action peut endommager de manière permanente leur système nerveux et leur cerveaux ».

Sous couvert d’anonymat, les employés de l’EPA se montrèrent même plus directs. Ils mirent ouvertement et directement en cause l’administration Bush, dont les liens avec les industries chimiques sont établis depuis longtemps. Et expliquèrent que l’EPA refusait de prendre en compte les études indépendantes effectuées pourtant par des universitaires de renom parce que préférant se satisfaire de celles fournies… par les industriels.

Ce laxisme a des conséquences sur le reste du monde. Les fabricants utilisent leur présence sur le territoire américain depuis plusieurs décennies pour arguer d’une prétendue non-dangerosité et obtenir des autorisations d’exportation. Lesquelles permettent aux mêmes produits d’empoisonner le sol, les rivières, la faune, la flore, l’air et la nourriture du monde entier. Aussi bien en Afrique, marché émergeant, qu’en Europe où, rappelons-le une fois encore, la France est le troisième pays consommateur de ce type de substances.

En affinant les travaux du NAS, en mesurant, aliment après aliment, le taux de toxines que ceux-ci contiennent, Buck Levin est allé plus loin pour quantifier notre consommation quotidienne de produits toxiques. Du petit déjeuner au dîner, selon ses calculs, nous avalons en moyenne chaque jour cinq résidus différents d’antibiotiques, deux résidus issus de la pétrochimie, un résidu provenant de l’industrie du plastique, un de silicate – l’amiante -, puis un autre sous forme de colorant toxique, cinq issus d’éléments chimiques dont du mercure et de l’arsenic. Sans oublier, justifiant les craintes du NAS, vingt et un résidus différents apportés par les pesticides. Bon appétit.

La suite ….. demain.

Dr BUENOS : Ces données étayent les recommandations faites aux patients du réseau ROSA de consommer le plus possible des fruits et légumes de saison, de proximité, issus de l’agriculture biologique.

 

 

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Extrait de Toxic, le livre de William REYMOND :

« Je me souviens avoir lu une interview intéressante de John Mellecamp. Le chanteur originaire de l’Indiana, depuis de longues années défenseur de l’agriculture traditionnelle américaine, soutient les petits fermiers contre les puissantes sociétés de l’agroalimentaire. Et si j’ai oublié l’essentiel des propos tenus, une partie de l’article m’est revenue en mémoire alors que j’avançais dans mon enquête. Mellecamp, évoquant les excès de la révolution verte, expliquait qu’il avait compris que la situation était grave lorsque les étals de fruits et légumes s’étaient mis à ressembler à des rayons de jouets. Jamais, précisait-il, la forme des tomates n’avait été aussi parfaite et leur couleur aussi rouge.

J’avais entamé ce voyage au pays de l’obésité en constatant que ce que j’observais en Amérique se reproduisait en Europe. En cherchant les raisons de cette exportation de la pandémie, j’étais remonté à son origine pour finalement comprendre que l’obésité était la conséquence d’un drame et non sa cause. Qu’elle relevait des changements profonds et radicaux de notre alimentation. Comprendre le vrai prix du hamburger à 99 cents avait donc été une nécessité. Et là, en songeant à John Mellecamp, la prochaine étape me semblait évidente : comprendre pourquoi nos tomates ressemblaient désormais à des jouets parfaits.

Finalement, j’avais été naïf. Ou, plus simplement, une telle question ne m’avait jamais traversé l’esprit. Originaire d’un département relativement agricole où chacun- ou presque – cultive encore son coin de potager, j’avais une vision assez simple de la chaîne alimentaire. Résultat, suivre le parcours de la viande dans les méandres de l’agrobusiness m’était déjà apparu comme une révélation. Celui de la tomate se montra plus étonnant encore.

La culture des fruits et légumes est une grande consommatrice de pesticides, herbicides et fongicides. La règle est globalement basique : plus un produit est proche du sol, plus il est traité. Et lorsqu’il n’a pas de protection naturelle, il exige encore plus d’attention. La fraise, par exemple, est l’un des fruits qui reçoit la plus grosse quantité de produits chimiques. En comparaison, un chou, protégé par plusieurs couches de feuilles, en absorbe beaucoup moins. Le problème devient plus préoccupant encore pour notre santé lorsqu’il s’agit d’un fruit ou d’un légume doté d’une peau que nous consommons. Cette dernière, source importante de bienfaits nutritionnels, conserve en effet les pesticides, même après lavage.

Si l’on suit ces règles, on constate que la tomate figure à la fois dans les trois catégories : celle des fruits près du sol, sans protection et à peau ! Donc parmi les plus exposés aux pesticides.

Avant de me pencher sur cette question, je croyais connaître le processus de culture des tomates. Il était question d’arrosage, de soleil, d’engrais sûrement, puis de cueillette. Les tomates passaient ensuite chez un grossiste avant de terminer dans les réseaux de distribution. Évidemment, la réalité est bien plus complexe. À l’échelle industrielle, bien souvent, cette culture dépend d’abord grandement des fertilisants. Des engrais minéraux produits par l’industrie chimique.

Ainsi, elle est la première consommatrice de sulfate de potassium, lequel est couplé avec du chlorure et du nitrate. Aux États-Unis, les producteurs de tomates utilisent en moyenne 185 kg de ce mélange par acre, quand le maïs en consomme « seulement » 25 kg à surface égale. La tomate est également gourmande en phosphore, apporté sous forme de phosphates d’ammonium ou de calcium. Cultivée industriellement, elle en consomme 80 kg par acre. Un chiffre qui la place au quatrième rang parmi les produits nécessitant le plus de phosphore. Pour l’azote, elle arrive au treizième rang. Ce composé est apporté par l’intermédiaire d’un cocktail contenant aussi de l’ammoniaque, du nitrate ou de l’urée. Alors que la culture du maïs – dont les effets nocifs sont visibles dans la zone morte au sud des côtes de la Louisiane – exige 58 kg par acre de cette mixture, la tomate, elle, se montre plus « gourmande » avec 74 kg.

Ces différents engrais sont répandus avant la plantation, comme fertilisants mélangés à la terre, puis lors de la « fertigation ». Ce barbarisme, combinaison des mots fertilisant et irrigation, résume bien la technique : via des systèmes de régulation est libéré, à intervalles réguliers, un mélange d’eau et d’engrais.

Évidemment, tout cela ne manque pas d’effets négatifs sur l’environnement et la santé, puisque ces procédés appauvrissent les sols en détruisant l’humus et toute activité biologique.

Si les nitrates et l’azote ont une toxicité avérée, le risque majeur de tous ces produits reste la pollution de l’eau et, à terme, des nappes phréatiques. Quant à la tomate elle-même, elle absorbe une partie de tous ces composants chimiques. Au bout de la chaîne, nous y sommes aussi exposés.

La culture industrielle de ce fruit utilise en outre une forte quantité d’herbicides. Les producteurs de Floride ont par exemple recours à quatorze produits utilisés en amont de la plantation puis à mesure de la croissance de la plante, en pulvérisation.

Même chose pour les insecticides. À titre d’exemple, il faut savoir qu’en 1997, les producteurs de tomates californiens ont vaporisé 133 000 kg de 22 produits différents.

Enfin, l’industrie de la tomate est la plus grande consommatrice de fongicides, ces produits phytosanitaires conçus pour tuer toute forme de champignons menaçant la croissance d’une plante. La tomate étant particulièrement exposée à ce risque, on la « protège » de façon massive. En Californie, les producteurs utilisent presque 4 millions de litres de ces mixtures essentiellement composées de soufre et de cuivre, donc nocives.

Mais les – mauvaises – surprises ne s’arrêtent pas là.

Les pieds de tomate entament leur croissance sous des bâches synthétiques. En soi, cette technique est compréhensible et rappelle les serres d’autrefois. Mais le vrai problème, c’est qu’une fois inutiles, ces morceaux de plastique sont laissés à l’abandon dans les sillons. Où ils s’abîment en libérant des constituants chimiques dans le sol où poussent… les tomates.

La cueillette constitue un autre sujet d’étonnement. Mécanique lorsqu’il s’agit de récolter pour fabriquer les sauces, jus et autres ketchups, elle est encore manuelle pour les tomates fraîches. Néanmoins, les pratiques industrielles ont changé les habitudes. Le fruit n’est plus cueilli lorsqu’il est mûr – sa vie sur les étals de supermarchés serait trop courte -, mais vert. Puis entreposé dans des hangars réfrigérés, dont la température ne dépasse pas une dizaine de degrés. Le but ? Ralentir le processus de maturation et repousser d’environ deux semaines la date limite de consommation.

D’aucuns diront que tout cela, on le sait. Peut-être. Mais la suite des traitements est bien plus grave… et bien moins connue.

Afin de débarrasser les tomates d’éventuels germes, on les trempe dans un bain de chlore. Même si l’immersion se limite à deux minutes, le fruit absorbe une partie du liquide. Surtout si sa surface présente des « blessures » permettant une infiltration.

Vient ensuite le temps du stockage en chambre de maturation durant deux à trois jours. C’est dans cette atmosphère saturée de gaz d’éthylène que ce fruit – comme beaucoup d’autres – prend ses couleurs. Certes, l’éthylène est un gaz naturel produit par les plantes. Mais son emploi à grande échelle pour colorer des végétaux ne manque pas d’effets indésirables, dont l’augmentation de l’amertume de la carotte et de la fibrosité de l’asperge. Par ailleurs, il est recommandé de ne pas dépasser les 72 heures de maturation sous peine de voir se développer des champignons. Or cette précaution est souvent ignorée, parce qu’il faut rendre présentables des fruits cueillis de plus en plus tôt, donc de plus en plus verts.

Débute ensuite la phase « cosmétique » du processus. Afin d’améliorer l’allure de la tomate, de la rendre plus « appétissante », on la traite au colorant artificiel. L’orange, cueillie également verte, est victime du même régime. Avant de la commercialiser, on injecte en effet dans sa peau un colorant assurant une couleur uniforme qui correspond à l’imaginaire du consommateur.

Forcément, le procédé étonne. Mais, à en croire les distributeurs de fruits et légumes, tout cela est normal. Aussi, lorsque j’ai fait part de ma surprise à un responsable de la filière, sa réponse a été la même que celle d’autres confrères :

— C’est vieux comme le monde. Les Égyptiens coloraient déjà leur vin !

Le plus amusant est qu’il s’agit précisément de l’argument mis en avant par la FDA pour justifier l’usage de ces colorants artificiels. Autre point commun à ces différents gardiens d’une certaine « tradition », un ton méprisant, celui que l’on réserve à l’ignorant.

Mais, mea culpa, tomate verte, hangar réfrigéré, bain au chlore, chambre de maturation, colorant artificiel, voilà qui est bien loin de l’idée que je me faisais de la production des fruits et légumes. Désormais, le rythme des saisons et le taux d’ensoleillement semblent être devenus des concepts pour le moins obsolètes.

Avant d’atterrir dans nos assiettes, et même d’être mises en vente, les tomates industriellement cultivées doivent subir une autre transformation : le paraffinage. En clair, il s’agit de l’application d’une cire sur un fruit ou un légume, étape qui permet de « rehausser leur apparence et de favoriser leur rétention en eau lors de la mise en marché ». Donc d’augmenter sa valeur, puisqu’une tomate d’apparence parfaite se vend mieux. Empêcher l’évaporation d’eau lors de la mise en étal évite aussi les « rides » et permet de conserver la masse du fruit le plus longtemps possible. La tomate n’est-elle pas achetée au poids ?

Donc, la tomate, comme « les carottes, les betteraves, les concombres [est traitée] à la paraffine en émulsion froide, au pinceau ou par pulvérisation ». L’ennui, c’est que ces cires sont désormais dénoncées par certains chercheurs. Ainsi, Buck Levin, professeur à l’université de Kennmore, les classe comme faisant partie des toxines qui polluent notre alimentation. Et remarque que certaines sont dérivées du pétrole tandis que d’autres contiennent des savons pour les adoucir.

Le parcours d’une tomate cultivée selon les méthodes dites modernes est ahurissant, écœurant même mais, hélas, pas exceptionnel. Du recours massif aux produits chimiques pour favoriser et accélérer sa croissance aux nombreux « trucs » utilisés lors du conditionnement, elle partage le même sort que la grande majorité des fruits et légumes. Je ne cherche pas à titiller la fibre de la nostalgie en décrivant ce processus mais à montrer combien cette évolution est l’une des conséquences de la révolution alimentaire des trente dernières années. Un effet collatéral identique à celui frappant l’industrie de la viande. Or, n’ayons pas peur de le dire, en exigeant des produits à bas prix tout au long de l’année, nous avons notre part de responsabilité dans cette dérive. Certes, comme les tomates dans l’eau chlorée, nous baignons souvent dans l’ignorance. Une méconnaissance fatale à l’étude des risques liés à la « consommation » de pesticides.

La suite ….. demain

 

 

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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond :

« En 2001, l’USDA effectua une enquête nationale sur les pesticides contenus dans la viande de bœuf. L’ambitieux programme testa trois cents échantillons différents, aussi bien au niveau du foie, des muscles que du gras. Les biologistes du ministère de l’Agriculture découvrirent un seul résidu dans les muscles et aucun dans le foie. Le gras, en revanche, qui donne tout son goût au hamburger, n’était pas aussi pur. Les analyses révélèrent en effet la présence de pesticides autorisés par la législation dans douze échantillons. Mais surtout, plus d’une centaine d’autres étaient contaminés par des pesticides interdits parce que dangereux pour l’homme.

Depuis l’apparition de l’agriculture moderne, les pesticides ont envahi notre quotidien. La preuve, le 20 août 2006, dans la torpeur de l’été, l’Institut français de l’environnement (IFEN) publiait une synthèse sur leur présence dans les eaux. Le communiqué de presse qui accompagnait le rapport ne laissait aucune place au doute : « Les analyses de pesticides dans le milieu naturel (eaux superficielles et souterraines), réalisées sur plus de 10 000 stations de surveillance, ont été collectées auprès des gestionnaires des réseaux d’observation en 2003 et 2004.

Elles révèlent que la contamination concerne l’ensemble du territoire (métropole et DOM) et touche aussi bien les eaux superficielles que les eaux souterraines, préférentiellement au niveau des zones anthropisées par l’agriculture et l’urbanisation.

En 2004, les pesticides sont présents dans 96 % des points de mesure retenus [les] eaux superficielles et dans 61 % de ceux concernant les eaux souterraines. Les niveaux de contamination sont souvent significatifs : en eaux de surface, 49 % des points de mesure ont une qualité moyenne à mauvaise et en eaux souterraines, 27 % des points nécessiteraient un traitement spécifique d’élimination des pesticides s’ils étaient utilisés pour la production d’eau potable. Ces valeurs sont très proches de celles figurant dans le sixième bilan annuel des pesticides dans les eaux, relatives à l’année 2002 ».

La dernière phrase illustre la position délicate du gouvernement français. Car la situation l’oblige à jongler avec les préoccupations écologiques d’une partie croissante de ses concitoyens et une réalité peu médiatisée : la France est le troisième consommateur mondial d’insecticides, fongicides et herbicides.

En réfléchissant bien, on constate que le rapport s’avère fort critique et inquiet face à l’évolution de l’eau française. Que cela soit dans les eaux superficielles ou les nappes phréatiques, le nombre de molécules chimiques relevées est en augmentation. Les deux produits les plus fréquents sont l’atrazine, interdit depuis 2001 à cause de son effet carcinogène, et le glyphosate, un composant essentiel du Round-Up. Cette présence massive de pesticides contribue à une qualité de l’eau jugée « moyenne à mauvaise » sur 49 % du territoire. Un fait qui met en péril la vie aquatique et, à terme, peut entraîner la constitution de zones mortes, mais qui, en outre, rend la consommation d’eau potable impossible sans traitement préalable.

Les pesticides n’ont donc pas seulement conquis le gras des bœufs, ils ont aussi colonisé l’eau. Pis, ils se sont durablement installés dans nos assiettes. Avec, comme premières victimes, les enfants.

En 1993, le National Research Council se pencha sur la vulnérabilité des enfants aux substances chimiques après avoir constaté que les chiffres de tolérance utilisés par les organismes de régulation étaient généralement fondés sur des adultes. Les conclusions de son rapport ne s’avérèrent finalement pas surprenantes : les enfants sont plus exposés que leurs parents.

Il y a diverses raisons à cela. D’abord, comparativement à leur masse corporelle, ils mangent plus que les adultes. Ensuite, leurs systèmes nerveux et cérébral n’étant pas encore complètement développés, ils sont plus sensibles aux doses même faibles de pesticides.

Sept années plus tard, alors que l’administration Clinton puis celle de George W. Bush s’étaient engagées de leur côté à protéger les petits Américains, l’Environmental Working Group, association pour la protection de l’environnement, révélait l’ampleur des dégâts et comment les pesticides gangrenaient le régime alimentaire des enfants : ’ « Plus d’un quart de million d’enfants âgés de un à cinq ans mangent chaque jour plus de 20 pesticides. Plus d’un million d’enfants âgés de un à cinq ans ingèrent chaque jour au moins 15 pesticides. Au total, vingt millions d’enfants âgés de un à cinq ans mangent chaque jour au moins 8 pesticides ». Au final, chaque année, un enfant consomme plus de 2 900 résidus toxiques issus des pesticides utilisés dans l’agriculture moderne.

Une vérité d’autant plus effrayante que les produits liés à cet empoisonnement sont des classiques de l’alimentation européenne. En pôle position, comme véhicules parfaits de ces substances toxiques, on trouve en effet les pommes, les épinards, les pêches, les poires, les fraises, le raisin importé du Chili, les pommes de terre et les haricots verts. Rappelons-le : la France est le troisième pays au monde consommateur de pesticides. Il n’y a donc aucune raison que les chiffres américains ne s’appliquent pas chez nous de manière tout aussi impitoyable.

Les docteurs Philippe Grandjean et Philip Landrigan de la Harvard School of Public Health sont deux des plus importants spécialistes du sujet. Le 7 novembre 2006, The Lancet publiait le résultat de leurs recherches sur ce qu’ils nomment une « épidémie silencieuse ». Analysant les effets sur les enfants de 202 produits chimiques, dont une majorité de pesticides, ces chercheurs concluaient que, même à petite dose, ils sont responsables de millions de problèmes neurologiques chez des jeunes sujets partout dans le monde, type retards mentaux, troubles de l’attention, paralysies cérébrales… Et de déplorer, comme en 1993, que « les régulations actuelles ne protègent toujours pas les enfants ».

En vérité, il est très difficile d’échapper aux pesticides parce qu’ils apparaissent à tous les niveaux de la chaîne alimentaire. La viande, l’eau mais aussi le lait, les huiles, les céréales, le pain et les pâtes. Et dans cette litanie, les légumes et les fruits occupent une place peu enviable.

 

 

 

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Extrait de Toxic, le livre de William REYMOND :

« L’étude de l’interaction entre une bonne alimentation et la santé humaine n’est évidemment pas récente. Et plus particulièrement celle liant la viande à notre espérance de vie.

Au début de la Première Guerre mondiale, les Danois consommaient beaucoup de viande de porc et de graisses animales. Et puis, le blocus allié contraignit le pays à modifier ses habitudes alimentaires. Le professeur Mikkel Hindhede fut alors nommé responsable de l’alimentation et mit en place une série de restrictions. Afin de sauver les réserves de céréales, ce scientifique ordonna l’abattage de 80 % du cheptel porcin du Royaume et environ 20 % des bovins. Des matières grasses, les Danois passèrent donc au pain complet, aux céréales et aux légumes. Le lait gardait sa renommée, et le fromage venait agrémenter de temps à autre le repas mais la viande, elle, avait presque disparu des tables.

Notons que Sir Jack Drummond occupa une fonction similaire en Grande-Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Ses travaux sur l’alimentation des Anglais sont proches de ceux de Hindhede. Sir Jack Drummond, son épouse et sa fille furent assassinés dans la nuit du 4 au 5 août 1952 à proximité de la ferme de Gaston Dominici.

À la fin du conflit, Hindhede décida de mesurer les effets de sa politique sur la santé de ses compatriotes.

Ce qui donna des chiffres étonnants. Non seulement le pays avait survécu au rationnement, mais le taux de mortalité n’avait jamais été aussi bas. Il fut de 10,4 pour 1 000 entre octobre 1917 et octobre 1918 alors qu’il n’avait jamais été inférieur à 12,5 de 1913 à 1914. « Une différence du taux de mortalité de 2,1 pour une population de 3 millions signifie 6 300 vies sauvées. En conséquence, le nombre de vies sauvées au Danemark grâce au blocus allié fut considérable. » Jamais un pays européen n’avait même connu un pourcentage si faible. La conclusion du professeur Mikkel Hindhede fut évidente : « Cela signifie, alors, que la principale raison des décès est la nourriture ».

La corrélation entre la consommation de viande et le risque de cancer s’est précisée dans les années 1970. Des nombreuses études, souvent rédigées avec une diplomatie toute scientifique, ont alors commencé à établir l’émergence d’un danger accru chez un adepte régulier, notamment de viande rouge. Un risque qui a progressé avec l’industrialisation du secteur.

La dernière enquête publiée sur le sujet date du 13 novembre 2006. Sa méthodologie est difficilement contestable tant son échantillon est large (90 659 femmes) et sa durée longue (douze ans). Ses conclusions sont simples et dévastatrices : les femmes mangeant une portion et demie de viande rouge chaque jour doublent le risque de développer un cancer du sein.

Fort de cette mise en garde, ce travail de recherche essaie aussi de comprendre à quoi tiennent ces écarts et pourquoi ce risque est plus prégnant qu’autrefois. Si l’hypothèse d’une dose trop importante de fer dans la viande rouge et celle d’une cuisson créant des carcinogènes sont avancées, une troisième piste retient l’attention : les résidus d’hormones contenus dans la viande. Des hormones ajoutées par les éleveurs de bétail.

Entre 80 et 90 % du bétail américain reçoit des hormones de croissance par injection. Ce pourcentage atteint même 100 % chez les bêtes élevées industriellement. Il faut dire que l’enjeu est de taille pour les producteurs : alors que le coût d’une dose dépasse rarement 1 dollar, ses bénéfices se chiffrent entre 30 et 40 dollars supplémentaires quand on vend la carcasse. Soit une source de revenus représentant 542 millions de dollars par an. George Pyle, journaliste spécialiste du monde agricole, résume parfaitement la situation : « L’histoire est toujours la même. L’agrobusiness veut un retour maximum sur son investissement dans un temps minimum. [Quitte à utiliser] une substance qui n’a pas pu être testée dans toutes les circonstances et dont on ignore la façon d’interagir dans le vrai monde ».

Bien évidemment, l’industrie de la viande conteste ces accusations. Selon elle, non seulement les hormones de croissance ne présentent aucun danger pour l’animal, mais elles ne se retrouvent pas dans la viande. Ce qui, on l’a vu, est faux. En toute logique, les hormones atterrissent bel et bien dans nos assiettes, en quantité suffisamment importante pour dérégler notre cycle hormonal. Et, comme nous le verrons, pour constituer une des causes de la pandémie d’obésité.

Les hormones injectées dans le bétail et donc servies avec le hamburger à 99 cents sont en outre mises en cause dans l’augmentation du nombre de cancers du côlon, considéré comme celui ayant le taux de mortalité le plus fort. À nouveau, les études sont impitoyables. Chez une femme, le risque de développer un cancer du colon est 250 fois plus important si elle consomme chaque jour de la viande rouge. Avec une seule portion par semaine, le risque est encore de 38 % plus élevé.

Du reste, depuis 1989, l’Europe interdit l’importation de viande de bœuf américaine lorsqu’elle contient des hormones de croissance. Cette restriction, qui représente un manque à gagner pour le commerce américain estimé annuellement à 117 millions de dollars, est à l’origine d’une guerre intense menée dans les coulisses de l’OMC.

Car, considérant la prudence européenne comme une atteinte au droit commercial et une forme de protectionnisme, les Américains ont porté plainte en 1996 devant la commission d’arbitrage de l’OMC. Comme dans l’affaire du HFCS, l’Organisation mondiale du commerce s’est rangée du côté des États-Unis en estimant que la consommation de viande aux hormones n’était en rien dangereuse pour l’homme. Et a ordonné à l’Europe d’ouvrir ses frontières.

Un an plus tard, l’Union refusait à nouveau de le faire, suscitant une nouvelle plainte des États-Unis. En 1999, l’OMC autorisait alors Washington à obtenir une compensation en récupérant des droits de douane sur les produits européens exportés aux États-Unis. Concrètement, cela signifiait que, tant qu’elle ne fléchirait pas, l’Europe serait condamnée à verser une amende annuelle de 117 millions de dollars.

En 2001, le Congrès américain recourut à une autre mesure pour inciter l’Europe à fléchir, celle de la « punition tournante ». Tous les six mois, la nature des produits touchés par les taxations douanières change, ce qui permet de gêner des pays peu concernés par l’importation de viande de bœuf mais sensibles à l’exportation de leurs propres produits. Et de semer la zizanie au sein de l’Union afin de faire céder le front résistant au bœuf aux hormones made in USA.

La stratégie est toujours active aujourd’hui. Dix ans après la première crise du bœuf américain, l’Union européenne continue de payer le prix de son indépendance sanitaire. En coulisses, le gouvernement de George W. Bush poursuit ses tractations au sein de l’OMC. Son argument ? Le monde entier apprécie le bœuf aux hormones des États-Unis. Ainsi le Japon, le Canada, la Chine, le Mexique, la Corée, l’Égypte et même le Moyen-Orient importent chaque année l’équivalent de plusieurs centaines de millions de dollars. Seule l’Europe le rejette.

Sachant, qu’à moyen terme, la stratégie de la « punition tournante » risque de porter ses fruits, l’Union a contre- attaqué devant l’organisme d’arbitrage de l’Organisation afin de faire lever les sanctions. La saga du bœuf aux hormones dans les assiettes européennes n’est donc toujours pas terminée.

Les hormones ne sont pas les seuls corps étrangers retrouvés dans la viande américaine. Les antibiotiques pimentent eux aussi la sauce. Qu’on les utilise contre les infections du type mastite ou pour leur effet combiné avec les hormones de croissance, une chose est sûre : ils ne disparaissent pas miraculeusement du paysage quand on passe à l’abattoir…

En 1993, une étude menée sur 2 734 carcasses prélevées dans les abattoirs de douze États a démontré que ces viandes étaient « enrichies » par 3 249 résidus d’antibiotiques. Plus récemment, un autre travail de recherche, mené par l’USDA, a estimé que 50 % de la viande de bœuf et de poulet consommée aux États-Unis abritait au moins deux résidus d’antibiotiques.

Des chiffres aisés à appréhender quand on sait que le bétail est le premier consommateur d’antibiotique mondial. En 2000, les Américains utilisèrent 1,3 million de tonnes d’antibiotiques pour se soigner. La même année, leur bétail en absorbait, dans un cadre non vétérinaire et donc hors traitement de maladies, 11 millions de tonnes.

Avec une telle présence dans l’alimentation, l’homme devient logiquement plus résistant aux traitements antibiotiques. Ce qui initie un cercle vicieux contraignant le corps médical à augmenter les doses pour nous soigner. Autre cercle infernal, les antibiotiques administrés aux animaux rendent plus coriaces les bactéries qu’ils transportent. « Sans l’ombre d’un doute, la résistance des bactéries pathogènes transportées dans la nourriture est due à l’utilisation massive d’antibiotiques dans l’élevage », affirme le CDC.

Le 8 mars 1999, le New York Times consacrait un article aux risques liés à la résistance accrue des bactéries de source animale se retrouvant dans l’alimentation. « Des études récentes ont démontré que les bactéries du poulet résistent désormais au fluoroquinolones, la plus récente classe d’antibiotiques que les scientifiques espéraient pourtant efficaces pour un long moment », affirmait l’auteur.

Hormones, antibiotiques, le menu ne pourrait pas être complet sans évoquer les déchets de l’agriculture de masse, ces pesticides qui, à leur tour, terminent dans nos assiettes. »

La suite toujours aussi passionnante ……………demain.

 

 

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La pomme du Limousin pourrait être à l’origine de risques sanitaires. En cause : l’utilisation massive de pesticides dans les vergers. Dans cette région, on recense pas moins de 3.300 hectares de pommiers, des cultures très gourmandes en pesticides. Or depuis quelques années, agriculteurs comme riverains s’interrogent sur les risques liés à l’utilisation de ces produits. Les médecins du Limousin ont donc décidé d’alerter les autorités car ils sont confrontés à une augmentation de certaines maladies qui, selon eux, sont liées à l’utilisation massive des pesticides.

Cliquez sur le lien pour voir la video :

petition des medecins du limousin contre les pesticides

Victime de son succès, le pommier du Limousin s’est multiplié au point de se rapprocher de plus en plus des habitations. Une proximité qui dérange de plus en plus les riverains du fait de l’utilisation massive des pesticides. Des associations de riverains espèrent donc trouver une solution avec les agriculteurs pour pouvoir à nouveau profiter de l’air extérieur, en espérant trouver un écho chez les agriculteurs qui sont les premières victimes des pesticides.

Les pesticides : une bombe à retardement

Les riverains ne sont d’ailleurs pas les seuls à s’interroger sur les effets des pesticides sur la santé. De nombreux médecins commencent aussi à se mobiliser comme le Dr Anne-Marie Soulie, médecin généraliste dans le Limousin. Pour elle, les pesticides sont une bombe à retardement. « On a vu augmenter les pathologies dégénératives comme Parkinson, un certain nombre de démences, un certain nombre de maladies neurologiques dégénératives… On a aussi vu augmenter les cancers et des pathologies qui correspondent à des effets secondaires connus des pesticides (…) Mais nous n’avons ni la compétence, ni la possibilité de dire s’il y a une relation de cause à effet ».

La difficulté d’établir un lien direct entre une maladie et les produits phytosanitaires épandus dans les vergers est un problème auquel se confrontent tous ceux qui luttent contre les pesticides.

Réduire l’usage des pesticides : une utopie ?

Malgré de nombreuses mobilisations, la France continue de battre des records d’utilisation de pesticides. Face à ce constat, le Dr Pierre-Michel Périnaud a décidé de lancer une pétition afin de sensibiliser ses collègues médecins. « Le puzzle a une image qui représente assez bien la situation, c’est-à-dire qu’on ne sait pas tout mais nous disposons tout de même d’éléments du puzzle assez nets, et malgré cela rien ne se passe, il n’y a pas de baisse de l’utilisation des pesticides. Même si tous les liens ne sont pas prouvés, on a un tableau général de maladies cancéreuses, neurologiques et de troubles de la fertilité qui augmente ».

157 médecins du Limousin ont déjà signé cette pétition. Ils réclament une réduction de moitié de l’usage des pesticides d’ici 2020 et s’inquiètent des conséquences s’ils ne sont pas écoutés à temps.

Un plan national décidé lors du Grenelle de l’environnement a par ailleurs fixé comme objectif de réduire l’utilisation des pesticides de moitié d’ici 2018. Mais pour l’instant, cet objectif est loin d’être atteint. Selon un rapport sénatorial du 10 octobre 2012, l’usage de ces produits a même augmenté…

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Extrait de Toxic, le livre de William REYMOND :

« Les crottes d’oiseaux tombant sur les champs, l’ionisation, l’enrichissement, l’atmosphère modifiée sont des écrans de fumée. Ayant pour fonction de masquer la responsabilité des grands groupes agroalimentaires.

En 1982, lorsque les CDC ont pour la première fois identifié l’E.coli 0157:H7, le département de l’Agriculture a eu du mal à confirmer que le bétail américain se trouvait à l’origine de l’une des bactéries les plus dangereuses du monde. Les tests effectués par l’USDA dans des dizaines de troupeaux disséminés sur l’ensemble du territoire se révélaient tous négatifs.

En 1998, le même ministère évaluait à 5 % le nombre de vaches touchées par la bactérie. En 2002, une étude de l’USDA affirmait que 38,5 % des laiteries américaines hébergeaient au moins un animal porteur de la bactérie, mais que seulement 4,5 % d’entre eux développaient la forme mortelle pour l’homme.

Un an plus tard, une étude indépendante publiée dans le Journal of Daily Science certifiait que « 30 % de la totalité du bétail étaient porteurs de l’agent pathogène et que, dans certaines circonstances, ce pourcentage pouvait atteindre 80 % ».

La prolifération de la bactérie est étroitement liée au développement de l’élevage industriel. D’ailleurs, les vaches ne sont plus les seules porteuses de l’E.coli 0157:H7. Depuis quelques années, on l’a isolée dans l’intestin des porcs élevés en batterie, avec, d’après une étude japonaise, un taux de contamination semblable à celui des bovins. Plus inquiétant encore, l’E.coli 0157:H7 s’est échappé des enclos des fermes industrielles. Des cas d’infections d’oiseaux, de daims, de chevaux et même de chiens ont été mis à jour. Ce qui n’exonère en rien l’élevage à grande échelle puisque ces chiens ont été contaminés après avoir mangé de la viande de bœuf crue. Quant aux autres espèces, d’aucuns évoquent une intoxication via la consommation d’eau. En septembre 2005, n’est-ce pas l’eau d’arrosage qui a été responsable de la présence d’E.coli dans les feuilles de salades d’épinard de Californie ?

Qu’on soit bien clair : l’eau n’a jamais été « porteuse », à l’origine, de la bactérie tueuse. Elle se contente de la transporter, une fois les lagons de merde déversés dans le lit des rivières.

Je crois que le plus révoltant dans tous ces exemples terrifiants, c’est la logique implacable qu’ils dévoilent. Celle qui conduit des scientifiques à cloner des vaches transgéniques pour éviter la mastite alors qu’il suffirait de limiter les montées de lait et le nombre de traites. Celle qui pousse des éleveurs à imaginer de recourir au nucléaire pour irradier les aliments dans l’espoir de se débarrasser des bactéries dangereuses alors qu’une fois encore, il existe une solution toute simple.

Le 10 septembre 1998, des microbiologistes de l’université de Cornell publiaient les résultats d’une longue étude menée avec l’USDA. Et annonçaient le moyen d’éradiquer la bactérie E.coli 0157:H7. Pour purifier l’intestin contaminé de la vache, injecter massivement des antibiotiques à l’animal – comme les éleveurs le font encore – n’avait aucun intérêt. Non, il suffisait, selon eux, cinq jours avant l’envoi de la bête à l’abattoir, de lui offrir ce que la nature a prévu pour elle : du fourrage. Et rien que du fourrage.

Le rapport expliquait même que ce bref retour aux sources de l’alimentation bovine « n’affecterait ni la taille de la carcasse ni la qualité de la viande. Et que le changement de régime pouvait se faire à un coût minime et sans trop d’inconvénient pour les exploitants de feedlots  ».

Dans leur simplicité, les microbiologistes de Cornell avaient négligé l’attrait des stocks de grains protéinés et la volonté rageuse d’une industrie adepte du statu quo. Finalement, la seule garantie à ses profits.

La suite …… demain.

Dr BUENOS : la viande de veau et de boeuf proposée par les éleveurs de l’Orb recommandés par le réseau ROSA est nourrie à la luzerne et aux céréales produites localement. Cela entraine donc moins de risque d’être confronté à l’E.Coli 0157:H7.

 

 

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Extrait de Toxic, le livre de William REYMOND :

« Le secteur de la viande a toujours été confronté à une équation commerciale difficile à résoudre : accroître les profits tout en garantissant au consommateur les prix de vente les plus bas possibles. En amont, l’intensification de l’élevage industriel a résolu une partie du problème ; puis l’irradiation a permis de limiter les cas d’intoxication et les coûteux rappels de marchandise qu’ils engendrent, tout en allongeant de plusieurs jours la « vie » du produit dans les rayons des supermarchés.

Mais il fallait aller plus loin encore. Les têtes pensantes du marketing ont donc trouvé une nouvelle idée : la viande préemballée.

Une fois encore, le concept est brillant : le steak est découpé et emballé dès l’abattoir dans des containers individuels en plastique standard. Pour la grande distribution, cette invention est une bénédiction. D’abord, l’uniformisation des formats permet un stockage et une mise en rayon plus aisés. Ensuite, les commerces n’ont plus besoin de payer une équipe de bouchers professionnels. Économie de temps et de main-d’œuvre, la panacée ! En deux ans à peine, Wall Mart, la plus grande chaîne de supermarchés du monde, est d’ailleurs arrivée à 100% de viande préemballée. Les autres distributeurs suivent, puisque 60 % des vendeurs de viandes aux États-Unis recourent à cette méthode.

Autre atout, comme le produit est déjà conditionné, l’industrie de la viande peut le vendre un peu plus cher aux chaînes de supermarchés, donc augmenter son profit sans toucher directement au porte-monnaie du consommateur. La conséquence inévitable est qu’on lui propose alors des produits dérivés tout prêts, à base de viande « enrichie ».

Ce terme est une invention sémantique de commerçants désireux de camoufler leur mercantilisme derrière un vocabulaire positif. Il s’agit en fait, sous couvert d’offrir des morceaux plus goûteux, de traiter la viande avant emballage en la passant dans un bain d’eau, de sel et de phosphate de sodium, mélange qui augmente artificiellement son poids. En moyenne, la solution miracle représente 12 % de la masse pesée. Si bien que le consommateur, sans le savoir, achète un produit constitué pour un dixième d’eau salée. Les professionnels, pour justifier cette pratique, se retranchent derrière un pseudo-désir du public : « Nous avons en moyenne une préférence de 65 à 70 % pour le produit enrichi parce qu’il est plus tendre et plus juteux ». Une attirance qui n’a aucun rapport avec la qualité même de la viande, mais provient du sel et du phosphate de sodium utilisés, lesquels entraînent une exsudation des jus plus prononcée, ce qui procure l’impression de meilleur goût. Les papilles gustatives de l’homme appréciant l’arôme du sel, on lui en donne à satiété.

Si la viande « enrichie » constitue un grand pas vers des profits plus juteux encore, ce secteur est tracassé par une autre source de dépenses. Un chiffre colossal : chaque année, environ 1 milliard de dollars de marchandise est invendu. À cause d’une durée de conservation trop courte dans les rayonnages et d’une tendance naturelle de la viande à brunir.

Heureusement, grâce au monoxyde de carbone, ces désagréments seront bientôt de l’histoire ancienne.

En février 2005, Tyson Foods, géant de l’agroalimentaire, a inauguré son usine ultramodeme de Sherman, située à une centaine de kilomètres au nord de Dallas. Cette unité, dont le coût dépasse 100 millions de dollars, est spécialisée dans « l’atmosphère modifiée » énième terme inventé par les spécialistes de la communication pour rendre politiquement correcte une pratique très particulière.

L’usine texane traite uniquement la viande préemballée. Avec du gaz. Avant de sceller l’emballage, une machine gaze en effet le morceau. Avec un mélange associant du monoxyde de carbone, du dioxyde de carbone et de l’azote. Une décoction soi-disant sans danger pour le consommateur puisque s’évaporant à la cuisson. Cette technique étant récente, les travaux indépendants la concernant n’existent pas encore. Il faut donc – même si cela est extrêmement difficile – accorder crédit aux assertions d’innocuité proférées par les industriels.

Le gaz possède deux énormes avantages. D’abord, il allonge considérablement « l’espérance de vie » du morceau de viande, lequel peut rester jusqu’à deux semaines en rayon alors qu’une entrecôte non traitée voit sa date limite de consommation dépassée après quatre à cinq jours. Ensuite, au contact de la viande, le gaz déclenche une réaction chimique ; il attise et fixe la couleur du morceau qui garde sa teinte rouge vif, appréciée des consommateurs.

Pour se convaincre de l’efficacité du procédé, il suffit de faire une expérience à la portée de tous : placer à l’air libre et pendant 24 heures deux morceaux. L’un normal et l’autre gazé. Après une journée, la différence est flagrante. Le morceau sans C02 est devenu marron. L’autre ? Il n’a pas bougé. Comme si on venait de le sortir de son emballage, il arbore un rouge toujours aussi puissant, toujours aussi appétissant.

Appétissant… Voilà le problème de la « viande au gaz ». Depuis toujours, c’est l’aspect d’un steak qui détermine son achat et sa consommation. Nous refusons d’acheter tout morceau qui a bruni parce qu’à l’œil il ne nous semble pas comestible, parce que nos sens prennent le pas sur notre raison. Les professionnels sont donc parvenus à tromper notre instinct en proposant des produits d’apparence perpétuellement impeccable. Une « opération fraîcheur » qui s’avère d’autant plus efficace que la FDA ne considère pas le gaz comme un colorant. L’industrie n’a aucune obligation d’informer le consommateur de cette pratique.

Il existe un autre revers, grave, à ce qui est présenté comme un progrès. Un effet de cette technique qui a exaspéré Barbara Kowalcyk, la mère de Kevin, décédé comme on l’a vu dans d’atroces souffrances suite à une contamination par l’E.coli 0157:H7.

En mai 1999, une étude a prouvé de manière incontestable que la viande traitée au gaz conservait son aspect rouge vif même lorsqu’elle était devenue impropre à la consommation.

Cette maman est désormais convaincue que l’industrie agroalimentaire, en trompant le regard, ce sens qui motive l’achat, place le consommateur en situation de risque. Surtout quand on sait que le C02 détruit la bactérie responsable des premiers signes visibles de détérioration des produits, mais pas celles qui se montrent réellement dangereuses pour la santé.

Sans surprise, les avocats défendant l’industrie de la viande répliquent à ces arguments que la couleur n’est qu’un indice parmi d’autres et que c’est au consommateur d’être vigilant, d’examiner l’étiquette, d’observer l’aspect de la boîte et de déterminer l’odeur du produit.

En bref, l’agroalimentaire abat une fois encore la carte de la responsabilité individuelle pour masquer ses propres excès. »

La suite ………. demain.

 

 

 

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