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Extrait de TOXIC, le livre de William REYMOND :

« Sans que cela ne soit surprenant, l’E.coli 0157:H7 est « née » en même temps que la deuxième phase d’obésité.

En décembre 1981, une quarantaine d’habitants de White City, dans l’Oregon, développèrent les mêmes symptômes d’intoxication alimentaire. L’analyse de leurs selles révéla la présence d’une bactérie inconnue. Toutes les victimes avaient un point commun : dans un laps de temps réduit, elles avaient mangé dans le McDonald’s de la ville.

En mai 1982, alors que les autorités sanitaires de l’Oregon se demandaient toujours ce qui avait pu créer le problème, une dizaine d’habitants de Traverse City, Michigan, tombèrent à leur tour malades. En montrant des symptômes identiques à ceux des résidents de White City ayant eux aussi mangé chez McDo quelques jours auparavant. Dans leurs selles, les biologistes découvrirent une bactérie de la famille des E. coli, la 0157:H7.

Comme sa présence n’avait jusqu’alors jamais été notée dans des empoisonnements alimentaires, les médecins ignorèrent d’abord cet agent bizarre, le pensant inoffensif. Il fallut attendre juillet 1982 pour que le docteur Lee Riley, épidémiologiste envoyé par les CDC, découvre l’origine du mal. Par hasard, en analysant un échantillon de viande hachée destinée au McDonald’s de Traverse City conservé dans un abattoir de l’Ohio. L’examen fut formel : le morceau était contaminé à l’E.coli 0157:H7. Laquelle rejoignit sur-le-champ la liste déjà trop longue des « bactéries les plus dangereuses du monde».

L’E.coli 0157:H7 est une conséquence imprévue mais bien réelle des stocks de maïs subventionnés par Washington. Le résultat de l’industrialisation de l’élevage ayant pour but de fournir de la viande grasse à bas prix. Un dégât collatéral de la volonté des groupes agroalimentaires de vendre un hamburger à 99 cents. Un nouveau foyer attisant la pandémie d’obésité.

La bactérie se développe dans les intestins des porcs et des bovins, plus particulièrement ceux des vaches laitières. Ces mêmes bêtes qui, après quatre ou cinq ans d’exploitation, sont transformées, sans la moindre traçabilité, en morceaux de steak haché vendus entre deux morceaux de pain dans les fast-foods.

En parlant de traçabilité, la première affaire dévoilant l’existence d’E.coli 0157:H7 a aussi montré combien la concentration des producteurs rend hasardeuse, pour les médecins et enquêteurs, la chance de remonter aux sources de l’infection. Dans les années 1960, l’Amérique comptait 13 000 abattoirs, contre moins de 300 aujourd’hui. L’activité est désormais regroupée dans des centres ultramodemes, rapides et performants. Dans lesquels la chair de 400 bêtes, provenant de plusieurs États, peut éventuellement se retrouver dans un même hamburger. Résultat, il a fallu sept mois au CDC (de décembre 1981 à juillet 1982), pour remonter non pas à l’origine – connaître le troupeau précis infesté s’avérait quasiment impossible – mais à l’abattoir où elle avait été hachée.

Or, si l’E.coli 0157:H7 se montrait plus agressif et virulent, genre mutant transmissible, cette traçabilité quasi inexistante serait une catastrophe. Car depuis sa première apparition, les délais de recherche sont toujours aussi longs. Comment expliquer l’absence de quelconques progrès en vingt-cinq ans ? Eh bien, démontrant à nouveau leur puissance politique, les grosses entreprises impliquées ont fait fort. En effet, la viande est le seul produit national échappant à l’autorité du gouvernement. Les rappels éventuels de lots impropres à la consommation ne peuvent être que volontaires, et non ordonnés par un État ou par l’USDA. Enfin, l’industrie de la viande juge seule des informations à partager avec les autorités sanitaires. Dans ce contexte, on imagine aisément que la rapidité de réaction en cas de crise et la transparence ne sont pas les vertus premières de ces compagnies.

Révoltant ? Certes, mais il y a pire encore. L’écriture de ces lignes me met en effet dans une situation de hors-la- loi. Au Texas, où je réside, mais également dans douze autres États.

Pourquoi ? À cause des « Food Disparagement Laws ». Ces textes ont été votés au début des années 1990 – soit en pleine épidémie européenne de vache folle – dans les États où l’élevage est dominant. Ils limitent sans équivoque la liberté de critiquer les conséquences de l’industrialisation fermière.

Ainsi, au Texas, le Civil practice and remedies code comporte, dans sa quatrième partie appelée « Liability in tort » un chapitre 96 intitulé « False disparagement of perishable food products » qui oblige un journaliste ou une association poursuivis par les groupes agroalimentaires à présenter les preuves de leurs propos au cours d’interminables procès. L’astuce est simple : en noyant les voix discordantes sous une vague de procédures, forcément longues et coûteuses, on rend quasiment impossible la remise en cause de certaines pratiques. Et l’explication, par exemple, de la responsabilité des éleveurs dans l’origine et la propagation de l’épidémie d’E.coli 0157:H7.

Les mathématiques, elles, n’ont que faire de la biologie et des tribunaux.

6 % de la production de maïs née de la politique initiée par Earl Butz se transforment en HFCS. Et la consommation humaine de grains non transformés absorbe 6 % également. Que deviennent les 88 % restants ? Une partie part à l’exportation et le solde, l’immense solde, vient nourrir le bétail. Enrichi aux « protéines » préparées à Booker et ailleurs, ce grain devient très abordable. Sa consommation dans les feedlots du pays garantit un bétail bien gras. Du gras qui donnera son goût à la viande. La logique est donc implacable.

Sauf que, depuis des millénaires, les bovins ne se sont pas nourris d’aliments enrichis aux restes animaliers. La vache est un ruminant polygastrique. Son processus de digestion est différent du nôtre. C’est grâce à l’action de ses quatre estomacs qu’elle parvient à transformer l’herbe en aliment. Une phase complexe tant mécanique que bactérienne, permettant de dégrader la cellulose des pâturages. Dès lors, on le constate, ce système digestif n’est en rien conçu pour une alimentation à base de maïs. Conséquence, les estomacs bovins peinent à traiter le grain, dont une partie termine, non digérée, dans le petit intestin. Le maïs y fermente, transformant la flore intestinale des animaux en « soupe hautement acide »…

Un milieu extrêmement favorable à la multiplication du germe E.coli 0157:H7. »

La suite ….. demain.

 

 

 

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