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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » La nouvelle malbouffe s’est imposée sur nos tables.

Avec un prix à payer indécent.

Depuis le milieu des années 1980, la marche en avant de la toxic food a été irrésistible. Si bien qu’aujourd’hui 80 % de notre alimentation est d’origine industrielle. Des produits qui, peu à peu, transforment nos nations en armées d’obèses.

Mais les effets de la nouvelle malbouffe ne s’arrêtent pas là.

Le diabète entraîne la cécité et des risques d’amputations.

Certains cancers augmentent dans des proportions épidémiques et, avec eux, véhiculent leur lot de drames humains.

Quant aux maladies cardio-vasculaires, en plus de leur prédominance dans les causes de décès, elles testent la solidité de nos systèmes d’assurances santé.

Est-ce tout ?

Même pas.

Car, désormais, nous le savons, la toxic food détruit aussi nos cerveaux.

En août 2009, une équipe de chercheurs des universités de Pittsburgh et de Californie publia les résultats dune étude consacrée aux effets de l’obésité sur le cerveau.

Les recherches, menées sous l’autorité de Cyrus Raji et April Ho, recoururent pour la première fois à l’imagerie médicale haute définition, nouvelle technologie permettant aux scientifiques d’obtenir des images en 3-D des cerveaux du panel.

La clarté et les détails de ces images sont capitaux.

Les clichés établissent en effet de manière certaine le rapport entre l’obésité et « une dégénérescence sévère du cerveau ». Le rapport précise que « les cerveaux des sujets obèses avaient un aspect plus vieux de seize années que ceux des patients en poids de forme. Et les cerveaux de ceux en surpoids avaient une apparence plus vieille de huit années en comparaison des sujets en forme. »

Ces chiffres donnent le tournis.

Les scientifiques américains venaient ni plus ni moins de prouver que nos choix alimentaires altéraient nos cerveaux. Où, comme le notait Cyrus Raji, qu’« en plus de l’augmentation des risques de santé comme les diabètes de type 2 et les maladies cardiaques, l’obésité est mauvaise pour le cerveau ».

Si cette découverte est de taille, c’est parce qu’elle offre aussi un début d’explication à l’augmentation du nombre de personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer.

Pourquoi ? Parce que les pertes de tissus cérébraux chez les patients obèses se produisent dans les régions touchées par la maladie, et notamment celles responsables des tâches cognitives comme la mémoire et l’organisation.

Pour Cyrus Raji, il ne s’agit en rien d’une coïncidence : « L’obésité est liée à un rapetissement des zones du cerveau qui sont également visées par Alzheimer. Cette importante perte de tissus assèche les réserves cognitives augmentant les risques d’Alzheimer et d’autres maladies attaquant le cerveau. »

D’autres maladies attaquant le cerveau…

Le chercheur avait raison: Alzheimer n’était pas le seul péril à viser nos neurones.

Et, à nouveau, la toxic food avait sa part de responsabilité.

Une fois encore, la recherche scientifique détenait les réponses à nos interrogations. Si l’étude menée par Raji et Ho était capitale parce qu elle établissait de manière formelle le lien entre obésité et dégénérescence du cerveau, celle réalisée en 2004 par Collin Pritchard permettait de mesurer l’étendue des dégâts. À la tête d’un groupe de chercheurs des universités de Bournemouth et Southampon, Pritchard a étudié l’évolution du taux de décès lié aux maladies cérébrales entre la fin des années 1970 et 1990.

Ses résultats, dans une proportion rappelant l’évolution des cancers et autres maladies liés à la nouvelle malbouffe, révèlent une forte augmentation durant les dernières décennies.

En Angleterre, le nombre de victimes de la maladie d’Alzheimer et de Parkinson a plus que triplé en vingt ans. De près de 3 000 décès annuels à la fin des années 1970, le total a franchi la barre des 10 000 à l’aube de l’an 2000.

Une hausse qui ne laisse pas l’universitaire insensible : « Cette progression est effrayante, dit-il. Il s’agit de maladies vraiment graves. Non seulement de plus en plus de personnes en sont victimes, mais elles le sont de plus en plus tôt. »

La comparaison prouve que, désormais, comme le diabète de type-2, Alzheimer et Parkinson ne sont donc plus des maladies cantonnées à la vieillesse.

Un autre point de l’étude est intéressant. Le scientifique ne s’est pas satisfait d’une comparaison des taux de décès en Grande-Bretagne. Afin de confirmer l’évolution britannique, il a effectué les mêmes calculs pour l’Australie, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie, le Canada et la France.

Autant de pays et autant de résultats semblables : dans la période étudiée et dans nos sociétés occidentales, les cas d’Alzheimer ont triplé et augmenté de 90% chez les femmes.

Bien entendu, un tel phénomène mérite des explications. Ce dont Pritchard ne se prive pas. Pour lui, la source environnementale du problème ne fait aucun doute. « Les causes génétiques sont à écarter car de tels changements d’ADN prendraient des centaines d’années pour reproduire cette augmentation des cas », dit-il. Dès lors, le scientifique évoque la responsabilité… de la nourriture industrielle, de ses pesticides et composants chimiques.

Afin de prouver ses dires, Pritchard cite l’exemple du Japon. Non seulement l’augmentation des cas a été plus tardive dans l’Archipel – un effet lié à la résistance importante de son mode alimentaire traditionnel – mais, comme pour les cancers, le scientifique a remarqué que, sain chez lui, le Japonais développe Alzheimer et Parkinson une fois qu’il a émigré vers l’Occident.

Dans le cas de Parkinson, un des responsables de la maladie a été identifié récemment. Il s’agit du MPTP, une substance chimique synthétique neurotoxique qui provoque les symptômes permanents de cette maladie. Or on retrouve le MPTP dans la formule du Paraquat, l’un des herbicides les plus utilisés au monde, qu’il s’agisse de la culture des céréales en passant par de nombreux arbres fruitiers comme les pommiers et les bananiers, sans oublier « les plantes destinées à la fabrication de boissons (café, thé, cacao) ». Un produit dont on connaît les risques potentiels puisque sa commercialisation vient d’être interdite en Europe à l’issue d’une longue procédure, mais dont on continue à retrouver trace dans la terre, l’eau et l’organisme.

( L’Union européenne avait (à la demande notamment de la France qui l’utilisait dans les bananeraies et sur la luzerne, et du Royaume-Uni où il est fabriqué) autorisé le Paraquat en 2003 en l’inscrivant à l’annexe I de la directive 91/414/CEE par la directive 2003/112/CE. Cette autorisation de mise sur le marché a été décidé en dépit de la toxicité de la substance pour l’homme et l’environnement. La Suède, soutenue par le Danemark, l’Autriche, et la Finlande, a alors saisi la Commission européenne. Après trois ans d’investigations complémentaires, le verdict devait être annoncé au printemps 2007. Ce n’est que le 11 juillet 2007 que le Tribunal de première instance des Communautés européennes, par l’arrêt T-229/04, a finalement annulé la directive 2003/112/CE autorisant l’usage du Paraquat dans les États membres, considérant qu’il n’avait pas suffisamment été tenu compte du lien entre le Paraquat et la maladie de Parkinson, ainsi que d’autres effets de la substance sur la santé des travailleurs et des animaux sauvages. En France, l’avis paru au Journal officiel du 4 août 2007 interdit la vente et l’utilisation du seul produit concerné : le R BIX (AMM n° 8700169), sans délais à la distribution, ni à l’utilisation des stocks existants. »

Il faut noter que la compagnie suisse Syngeta, qui fabrique le Paraquat pour la marque Gramoxone, continue sur son site Internet à mettre en avant les qualités de ce produit.

Dans le même esprit, les visiteurs attentifs du www.paraquat.com – un site référencé en tête de recherche sur Google et s’affichant comme le Paraquat Information center – remarqueront qu’il appartient à Syngenta.

Sur Internet, plus qu’ailleurs, il reste capital de vérifier la source d’une information. )

Si cette décision européenne va dans le sens des intérêts sanitaires et environnementaux, il ne faut pas oublier que le Paraquat est encore autorisé dans une centaine de pays dont le continent nord-américain -, et que, du riz aux oranges, il est utilisé pour traiter plus de deux cents types de cultures. Dont nous importons les produits consommés tout au long de l’année.

Les recherches entreprises par Collin Pritchard et ses collègues sont sans doute l’explication qui manquait au docteur Elizabeth Guillette voilà quelques années.

À la fin des années 1990, cette anthropologue avait entamé l’étude de cas d’enfants exposés aux pesticides dans la région Yaqui du Mexique.

Pensant observer les symptômes classiques liés aux phénomènes d’empoisonnement, la chercheuse américaine fut surprise de constater les dégâts occasionnés sur le développement intellectuel des enfants.

Ainsi, écrit-elle, entre quatre et cinq ans, ils sont « moins habiles à attraper une balle, signe d’une mauvaise coordination œil-main. […] Lorsqu’on leur demande de se souvenir d’un ballon offert en cadeau, plusieurs n’étaient pas en mesure de le faire et encore moins se souvenaient de sa couleur […]. Deux ans plus tard, à l’âge de six et sept ans, les enfants exposés aux pesticides continuent leur retard. Leurs dessins sont l’équivalent de ceux réalisés par des enfants de quatre ans non exposés. Leur résistance physique est faible et leur coordination pauvre. Résoudre de simples problèmes, facile pour les enfants non exposés, était très compliqué pour eux. »

Si le constat d’Elizabeth Guillette est révoltant, il résonne aussi comme un signal d’alarme vu ce qu’il signifie pour nos propres enfants.

Consciente de la portée de ses découvertes, la chercheuse conclut d’ailleurs : « Le phénomène de contamination est global. À un degré différent, chaque enfant de la planète est exposé à de nombreux pesticides. Certes, les enfants que j’ai étudiés sont très exposés à quelques toxines. Probablement plus que l’enfant américain moyen. Mais les enfants américains moyens sont, eux, exposés à de nombreuses toxines. Qui peuvent s’additionner et interagir, créant des effets que nous sommes incapables de reconnaître pour l’instant. »

Troubles de la mémoire, difficultés physiques, intelligence déficiente, maladies d’Alzheimer et Parkinson, le nombre de dangers encourus par nos cerveaux à cause des ingrédients de la nouvelle malbouffe est effrayant.

Si on y ajoute l’augmentation constante – depuis le milieu des années 1980 – des maladies du trouble du comportement chez les enfants, le « bilan cérébral » négatif de la toxic food s’avère donc à la hauteur de notre défaite : colossal.

Si certains cas sont liés à des facteurs génétiques, le rôle joué par les additifs alimentaires se précise grandement. Ainsi le site consacré au « régime » du docteur Feingold, l’un des pionniers de la théorie de la relation entre le trouble du comportement enfantin et les additifs alimentaires, liste soixante-quinze études récentes prouvant l’existence de ce lien… Et ce, malgré l’insistance de l’industrie pharmaceutique à marteler le fait qu’il s’agit d’une condition qui ne peut se traiter que par voie médicamenteuse.

La suite ……………. demain.

 

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