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E.Coli o157:H7

Extrait de Toxic, le livre de William REYMOND :

« Les crottes d’oiseaux tombant sur les champs, l’ionisation, l’enrichissement, l’atmosphère modifiée sont des écrans de fumée. Ayant pour fonction de masquer la responsabilité des grands groupes agroalimentaires.

En 1982, lorsque les CDC ont pour la première fois identifié l’E.coli 0157:H7, le département de l’Agriculture a eu du mal à confirmer que le bétail américain se trouvait à l’origine de l’une des bactéries les plus dangereuses du monde. Les tests effectués par l’USDA dans des dizaines de troupeaux disséminés sur l’ensemble du territoire se révélaient tous négatifs.

En 1998, le même ministère évaluait à 5 % le nombre de vaches touchées par la bactérie. En 2002, une étude de l’USDA affirmait que 38,5 % des laiteries américaines hébergeaient au moins un animal porteur de la bactérie, mais que seulement 4,5 % d’entre eux développaient la forme mortelle pour l’homme.

Un an plus tard, une étude indépendante publiée dans le Journal of Daily Science certifiait que « 30 % de la totalité du bétail étaient porteurs de l’agent pathogène et que, dans certaines circonstances, ce pourcentage pouvait atteindre 80 % ».

La prolifération de la bactérie est étroitement liée au développement de l’élevage industriel. D’ailleurs, les vaches ne sont plus les seules porteuses de l’E.coli 0157:H7. Depuis quelques années, on l’a isolée dans l’intestin des porcs élevés en batterie, avec, d’après une étude japonaise, un taux de contamination semblable à celui des bovins. Plus inquiétant encore, l’E.coli 0157:H7 s’est échappé des enclos des fermes industrielles. Des cas d’infections d’oiseaux, de daims, de chevaux et même de chiens ont été mis à jour. Ce qui n’exonère en rien l’élevage à grande échelle puisque ces chiens ont été contaminés après avoir mangé de la viande de bœuf crue. Quant aux autres espèces, d’aucuns évoquent une intoxication via la consommation d’eau. En septembre 2005, n’est-ce pas l’eau d’arrosage qui a été responsable de la présence d’E.coli dans les feuilles de salades d’épinard de Californie ?

Qu’on soit bien clair : l’eau n’a jamais été « porteuse », à l’origine, de la bactérie tueuse. Elle se contente de la transporter, une fois les lagons de merde déversés dans le lit des rivières.

Je crois que le plus révoltant dans tous ces exemples terrifiants, c’est la logique implacable qu’ils dévoilent. Celle qui conduit des scientifiques à cloner des vaches transgéniques pour éviter la mastite alors qu’il suffirait de limiter les montées de lait et le nombre de traites. Celle qui pousse des éleveurs à imaginer de recourir au nucléaire pour irradier les aliments dans l’espoir de se débarrasser des bactéries dangereuses alors qu’une fois encore, il existe une solution toute simple.

Le 10 septembre 1998, des microbiologistes de l’université de Cornell publiaient les résultats d’une longue étude menée avec l’USDA. Et annonçaient le moyen d’éradiquer la bactérie E.coli 0157:H7. Pour purifier l’intestin contaminé de la vache, injecter massivement des antibiotiques à l’animal – comme les éleveurs le font encore – n’avait aucun intérêt. Non, il suffisait, selon eux, cinq jours avant l’envoi de la bête à l’abattoir, de lui offrir ce que la nature a prévu pour elle : du fourrage. Et rien que du fourrage.

Le rapport expliquait même que ce bref retour aux sources de l’alimentation bovine « n’affecterait ni la taille de la carcasse ni la qualité de la viande. Et que le changement de régime pouvait se faire à un coût minime et sans trop d’inconvénient pour les exploitants de feedlots  ».

Dans leur simplicité, les microbiologistes de Cornell avaient négligé l’attrait des stocks de grains protéinés et la volonté rageuse d’une industrie adepte du statu quo. Finalement, la seule garantie à ses profits.

La suite …… demain.

Dr BUENOS : la viande de veau et de boeuf proposée par les éleveurs de l’Orb recommandés par le réseau ROSA est nourrie à la luzerne et aux céréales produites localement. Cela entraine donc moins de risque d’être confronté à l’E.Coli 0157:H7.

 

 

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Extrait de TOXIC, le livre de William REYMOND :

« Sans que cela ne soit surprenant, l’E.coli 0157:H7 est « née » en même temps que la deuxième phase d’obésité.

En décembre 1981, une quarantaine d’habitants de White City, dans l’Oregon, développèrent les mêmes symptômes d’intoxication alimentaire. L’analyse de leurs selles révéla la présence d’une bactérie inconnue. Toutes les victimes avaient un point commun : dans un laps de temps réduit, elles avaient mangé dans le McDonald’s de la ville.

En mai 1982, alors que les autorités sanitaires de l’Oregon se demandaient toujours ce qui avait pu créer le problème, une dizaine d’habitants de Traverse City, Michigan, tombèrent à leur tour malades. En montrant des symptômes identiques à ceux des résidents de White City ayant eux aussi mangé chez McDo quelques jours auparavant. Dans leurs selles, les biologistes découvrirent une bactérie de la famille des E. coli, la 0157:H7.

Comme sa présence n’avait jusqu’alors jamais été notée dans des empoisonnements alimentaires, les médecins ignorèrent d’abord cet agent bizarre, le pensant inoffensif. Il fallut attendre juillet 1982 pour que le docteur Lee Riley, épidémiologiste envoyé par les CDC, découvre l’origine du mal. Par hasard, en analysant un échantillon de viande hachée destinée au McDonald’s de Traverse City conservé dans un abattoir de l’Ohio. L’examen fut formel : le morceau était contaminé à l’E.coli 0157:H7. Laquelle rejoignit sur-le-champ la liste déjà trop longue des « bactéries les plus dangereuses du monde».

L’E.coli 0157:H7 est une conséquence imprévue mais bien réelle des stocks de maïs subventionnés par Washington. Le résultat de l’industrialisation de l’élevage ayant pour but de fournir de la viande grasse à bas prix. Un dégât collatéral de la volonté des groupes agroalimentaires de vendre un hamburger à 99 cents. Un nouveau foyer attisant la pandémie d’obésité.

La bactérie se développe dans les intestins des porcs et des bovins, plus particulièrement ceux des vaches laitières. Ces mêmes bêtes qui, après quatre ou cinq ans d’exploitation, sont transformées, sans la moindre traçabilité, en morceaux de steak haché vendus entre deux morceaux de pain dans les fast-foods.

En parlant de traçabilité, la première affaire dévoilant l’existence d’E.coli 0157:H7 a aussi montré combien la concentration des producteurs rend hasardeuse, pour les médecins et enquêteurs, la chance de remonter aux sources de l’infection. Dans les années 1960, l’Amérique comptait 13 000 abattoirs, contre moins de 300 aujourd’hui. L’activité est désormais regroupée dans des centres ultramodemes, rapides et performants. Dans lesquels la chair de 400 bêtes, provenant de plusieurs États, peut éventuellement se retrouver dans un même hamburger. Résultat, il a fallu sept mois au CDC (de décembre 1981 à juillet 1982), pour remonter non pas à l’origine – connaître le troupeau précis infesté s’avérait quasiment impossible – mais à l’abattoir où elle avait été hachée.

Or, si l’E.coli 0157:H7 se montrait plus agressif et virulent, genre mutant transmissible, cette traçabilité quasi inexistante serait une catastrophe. Car depuis sa première apparition, les délais de recherche sont toujours aussi longs. Comment expliquer l’absence de quelconques progrès en vingt-cinq ans ? Eh bien, démontrant à nouveau leur puissance politique, les grosses entreprises impliquées ont fait fort. En effet, la viande est le seul produit national échappant à l’autorité du gouvernement. Les rappels éventuels de lots impropres à la consommation ne peuvent être que volontaires, et non ordonnés par un État ou par l’USDA. Enfin, l’industrie de la viande juge seule des informations à partager avec les autorités sanitaires. Dans ce contexte, on imagine aisément que la rapidité de réaction en cas de crise et la transparence ne sont pas les vertus premières de ces compagnies.

Révoltant ? Certes, mais il y a pire encore. L’écriture de ces lignes me met en effet dans une situation de hors-la- loi. Au Texas, où je réside, mais également dans douze autres États.

Pourquoi ? À cause des « Food Disparagement Laws ». Ces textes ont été votés au début des années 1990 – soit en pleine épidémie européenne de vache folle – dans les États où l’élevage est dominant. Ils limitent sans équivoque la liberté de critiquer les conséquences de l’industrialisation fermière.

Ainsi, au Texas, le Civil practice and remedies code comporte, dans sa quatrième partie appelée « Liability in tort » un chapitre 96 intitulé « False disparagement of perishable food products » qui oblige un journaliste ou une association poursuivis par les groupes agroalimentaires à présenter les preuves de leurs propos au cours d’interminables procès. L’astuce est simple : en noyant les voix discordantes sous une vague de procédures, forcément longues et coûteuses, on rend quasiment impossible la remise en cause de certaines pratiques. Et l’explication, par exemple, de la responsabilité des éleveurs dans l’origine et la propagation de l’épidémie d’E.coli 0157:H7.

Les mathématiques, elles, n’ont que faire de la biologie et des tribunaux.

6 % de la production de maïs née de la politique initiée par Earl Butz se transforment en HFCS. Et la consommation humaine de grains non transformés absorbe 6 % également. Que deviennent les 88 % restants ? Une partie part à l’exportation et le solde, l’immense solde, vient nourrir le bétail. Enrichi aux « protéines » préparées à Booker et ailleurs, ce grain devient très abordable. Sa consommation dans les feedlots du pays garantit un bétail bien gras. Du gras qui donnera son goût à la viande. La logique est donc implacable.

Sauf que, depuis des millénaires, les bovins ne se sont pas nourris d’aliments enrichis aux restes animaliers. La vache est un ruminant polygastrique. Son processus de digestion est différent du nôtre. C’est grâce à l’action de ses quatre estomacs qu’elle parvient à transformer l’herbe en aliment. Une phase complexe tant mécanique que bactérienne, permettant de dégrader la cellulose des pâturages. Dès lors, on le constate, ce système digestif n’est en rien conçu pour une alimentation à base de maïs. Conséquence, les estomacs bovins peinent à traiter le grain, dont une partie termine, non digérée, dans le petit intestin. Le maïs y fermente, transformant la flore intestinale des animaux en « soupe hautement acide »…

Un milieu extrêmement favorable à la multiplication du germe E.coli 0157:H7. »

La suite ….. demain.

 

 

 

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Extrait de TOXIC, le livre de William REYMOND :

« La scène est insupportable. Pourtant, personne n’a eu encore le courage de se pencher vers cette mère pour, d’une voix calme presque détachée, lui dire la terrible vérité. Personne n’a osé affronter son regard, aller au- delà de ses larmes, vers ce territoire encore vierge de drames mais qui, demain, deviendra à jamais son quotidien.

Il est toujours question d’espoir et des signes auxquels il faut, coûte que coûte, s’accrocher. En réalité, elle le sait, ceux-ci constituent ses derniers remparts contre la folie.

Mais voilà, à cet instant précis, la raison n’a plus aucun sens. La vérité vient de l’écraser. Froidement, implacablement, irrémédiablement. Là, sous ses yeux, son enfant, déformé par la douleur, est en train de mourir.

Kevin Kowalcyk n’aura jamais eu trois ans. Le 11 août 2001, à vingt heures vingt, ce petit corps a perdu le combat qui l’opposait depuis une dizaine de jours à la maladie. Les intestins rongés par la gangrène, les artères saturées, Kevin avait deux ans, huit mois et un jour.

*

Le cauchemar a débuté le 31 juillet précédent. Une semaine plus tôt, la famille Kowalcyk était revenue de vacances passées au bord de l’océan. Le dernier cliché de Kevin débordant de vie date d’alors. À quatre pattes sur le sable blanc, l’enfant fixe l’objectif. A posteriori, il serait facile de tenter de chercher les signes avant-coureurs du drame, mais l’exercice est aussi vain qu’inutile.

Sur cette ultime photographie, Kevin respire la vie. Ses joues sont roses et son sourire presque timide. Barbara, sa maman, aime d’ailleurs à dire que son fils était « un garçon attentionné qui pouvait se mettre à pleurer tout simplement parce qu’un autre enfant était en train de le faire ».

Peut-être s’agit-il du cadre serein du cliché ou encore des circonstances terribles de sa mort, mais, à tout jamais, sur papier argentique, le visage de Kevin affiche cette sensibilité-là.

 

Le début de l’été s’était écoulé paisiblement, semblable à celui que vivent la plupart des enfants de cet âge. Les chaudes après-midi du Wisconsin s’oubliaient en barbotant dans l’eau fraîche de la « tortue », une piscine gonflable devenue le refuge préféré de Kevin et de sa sœur Megan. À cinq ans, l’aînée de la famille passait l’essentiel de son temps avec son petit frère, devenu un idéal et patient compagnon de jeu.

Il y avait eu aussi la sortie à la fête foraine, les feux d’artifice du 4 juillet et les visites des grands-parents. Enfin, chaque dimanche ou presque, Mike Kowalcyk s’était installé devant son barbecue et, pour le plus grand plaisir de sa famille, avait grillé de la viande hachée et préparé de délicieux hamburgers.

Mais le mardi 31 juillet 2001, Kevin se réveille avec une légère fièvre et de la diarrhée. Des symptômes bénins qui n’alarment pas Barbara outre mesure. Durant la journée, Kevin se montre grincheux mais sa température n’évolue pas. Ce n’est qu’au milieu de la nuit suivante que la situation se complique. Cette fois, la fièvre de Kevin augmente fortement et sa diarrhée est plus fréquente. Au petit matin, Barbara remarque même des traces de sang dans les selles de son enfant. Franchement inquiète, elle décide alors qu’il est temps de partir aux urgences.

L’attente à l’hôpital de Madison est rythmée par les visites régulières de Kevin aux toilettes. La présence de sang est désormais plus abondante. L’anxiété des Kowalcyk grandit.

Certes, les médecins se montrent rassurants. Il est fréquent à cet âge, disent-ils, qu’un état grippal s’accompagne de saignements. Néanmoins, afin d’en être certains, ils pratiquent des prélèvements qui sont envoyés au laboratoire pour être testés au plus vite. En attendant, Kevin peut rentrer chez lui. Ses parents doivent juste s’assurer qu’il boit suffisamment.

La nuit suivante est pénible. L’enfant est toujours fiévreux et la diarrhée ne ralentit pas. Et, surtout, le sang teinte en permanence l’eau des toilettes.

Barbara en est convaincue, cette couleur n’annonce rien de bon. Ce rouge aux accents noirâtres ne signifie qu’une chose : son fils est très malade. Et il faut agir. Vite.

Le 2 août, Kevin Kowalcyk quitte le cadre rassurant de sa chambre pour être de nouveau admis à l’hôpital. Où, après un transfert dans une unité pédiatrique de soins intensifs de l’hôpital pour enfants de l’université du Wisconsin, il va passer, dans des souffrances terribles, les derniers jours de sa courte vie.

Après avoir réglé la question de sa déshydratation importante, les vraies raisons de sa maladie apparaissent. Les nouvelles revenant du laboratoire sont mauvaises. Et le diagnostic sans appel : une bactérie, l’E.coli 0157:H7 grouille dans les selles de Kevin. Ce nom étrange n’aide guère Barbara à comprendre la portée du mal qui atteint son fils mais, instinctivement, elle sent le danger derrière cette mystérieuse suite de signes, lettres et chiffres.

Le reste des informations communiquées par le médecin confirme ce sentiment. Sans forcément parler d’impuissance, le docteur énumère les différentes étapes devant marquer les prochains jours de Kevin.

Et il n’y a que deux options. Soit l’infection se stabilise, soit elle continue à évoluer. Or si c’était le cas, la science s’avère quasiment impuissante. Il faut donc attendre et aider l’enfant à combattre lui-même le monstre. Aucun traitement, aucune pilule ne peut en effet tuer cette bactérie. Seul Kevin est en mesure d’emporter cette bataille-là.

Les Kowalcyk sont effondrés. Des propos médicaux, Barbara ne retient qu’une chose, une phrase qui ne cesse de rebondir dans son crâne : « Cela va être pire avant, normalement, de s’améliorer ».

Plus que la perspective d’heures difficiles, Barbara n’aime pas le mot « normalement ». À lui seul, il résume la fragilité du fil qui retient son fils à la vie. Perdu au milieu du langage scientifique du corps médical, il introduit une incertitude difficilement supportable.

Le cerveau de Barbara va exploser. Normalement… Normalement… Ce terme signifie aussi qu’il existe une autre alternative, une terrible possibilité, une affreuse éventualité. Celle où la situation, ne faisant qu’empirer, débouche sur une vérité tellement intolérable que Barbara refuse d’en prononcer le nom.

Le 3 août, les reins de Kevin montrent des signes d’extrême faiblesse. La première option est désormais de l’histoire ancienne. La bactérie poursuit son œuvre de destruction et l’insuffisance rénale aiguë annonce le pire. Kevin est victime d’un syndrome hémolytique et urémique. Un état au taux de mortalité important entraînant des complications neurologiques graves. « Nous l’avons presque perdu cette nuit-là. Il était froid, léthargique. Et il n’arrêtait pas de transpirer. »

Le lendemain matin, placé en soins intensifs, Kevin reçoit sa première dialyse. Une expérience douloureuse pour tous : « La procédure durait trois heures. Trois heures où il ne devait pas bouger. Le genre d’instruction impossible à suivre pour un enfant de l’âge de Kevin ». Aussi, refusant qu’on attache leur fils au lit d’hôpital, les Kowalcyk, aidés par deux amis, s’efforcent de maintenir eux-mêmes l’enfant immobile. « Nous lui tenions les jambes et les bras… Nous lui chantions des comptines, lui racontions des histoires pour le rassurer. »

Bientôt, hélas, la dialyse s’avère insuffisante. Le cœur de l’enfant dépasse les deux cents pulsations par minute. Les transfusions de sang laissent place à celles de plasma, mais rien n’y fait : son état général continue à se dégrader. « Il était misérable. Il rampait à l’agonie dans son lit et, dans son délire, réclamait que je l’aide. »

Privé de liquide, à l’exception de quelques morceaux de glaçons, Kevin ne cesse de réclamer à boire. Brûlant de fièvre, il implore ses parents de le ramener chez lui et de le laisser se glisser dans l’eau fraîche de la « tortue ». Ou, mieux encore, que tout le monde reparte ensemble vers les vagues vertes de l’océan.

Et puis, entre deux gémissements, Kevin vomit aussi une poisseuse bile noire. « On aurait dit un enfant souffrant de malnutrition. Son ventre était gonflé, les cernes sous ses yeux effrayants. »

Impuissants, les parents ne peuvent rien faire de plus que passer une éponge humide sur le corps de leur fils afin d’essayer de l’apaiser.

« Dès que l’éponge s’est approchée de son visage, il s’en est emparé et a mordu dedans pour avaler les quelques gouttes qu’elle contenait. Nous avons dû la lui arracher des mains. »

L’expérience traumatisante est loin d’être terminée. Le 7 août, Kevin est placé sous assistance respiratoire. Son état réclame une dialyse continue. Lourdement drogué afin de mieux supporter la douleur et d’éviter de se souvenir de l’épreuve, l’enfant sombre dans l’inconscience. « Lorsque l’effet des médicaments commençait à diminuer, Kevin revenait à lui et tentait d’arracher ses perfusions. Nous avons alors accepté qu’il soit attaché au lit », poursuit Barbara.

Complètement immobilisé, Kevin doit subir une autre intervention : des drains sont installés dans ses poumons afin de tenter d’évacuer le liquide qui s’y accumule.

« C’est là que j’ai su… Le personnel hospitalier se voulait optimiste, nous expliquant que l’état de Kevin évoluait comme chaque victime de la bactérie. Que chaque jour gagné était un pas de plus vers la guérison. Mais il y a des moments où une mère se retrouve comme connectée à son enfant. La scène était terrible. Mon fils était cloué sur ce lit d’hôpital, j’avais arrêté de compter le nombre de doses de sang qu’on lui avait transfusé. Ses poumons étaient percés, ses bras reliés à des machines. Et puis, il y avait cette odeur. Une odeur épouvantable. Une odeur que je n’oublierai jamais… Alors j’ai su… »

Et le 11 août, après avoir été ressuscité à deux reprises, alors que les médecins essaient de le brancher à une nouvelle machine, Kevin Kowalcyk perd le combat contre l’E. coli 0157:H7.

« Ses intestins étaient gangrenés de milliers de trous. La bactérie avait rongé mon fils. Ses chances de survie étaient nulles. »

La mort d’un enfant est insupportable. Mais, malheureusement, le calvaire moral vécu par la famille Kowalcyk ne cesse pas une fois le calvaire vécu par leur fils achevé. « Il m’a fallu annoncer à Megan que son frère, son meilleur ami, ne rentrerait jamais de l’hôpital. Je n’oublierai jamais son regard. Je me souviens également du passage par les pompes funèbres. Et de l’épreuve que représente l’achat d’un cercueil pour son propre enfant. Je n’ai pas oublié non plus combien il fut difficile de choisir les vêtements que Kevin allait porter pour son enterrement. De monter dans sa chambre, d’éviter de croiser sa photo, de toucher ses jouets. Puis d’ouvrir son placard et, presque en apnée, de sélectionner sa dernière tenue. Il nous a fallu aussi marcher dans le cimetière afin de trouver l’endroit où notre bébé allait reposer pour l’éternité. Enfin, je n’oublierai jamais ce 16 août 2001. Ce jour-là nous n’avons pas seulement enterré Kevin. Ce 16 août nous avons mis sous terre une partie de nous- même. Notre famille ne sera plus jamais comme avant. »

Kevin Kowalcyk n’a pas succombé à l’attaque d’une bactérie exotique. D’un virus pour film d’horreur, rongeant peu à peu les organes vitaux de ses proies. L’E.coli 0157:H7 est beaucoup plus banale et proche de nous : c’est une bactérie vivant dans l’intestin des animaux. Et qui, parfois, se retrouve dans l’eau que nous buvons, la viande ou les crudités que nous mangeons.

Kevin Kowalcyk n’est pas un cas isolé. Sa mort, dans ces conditions insoutenables, n’est en rien le fruit de circonstances exceptionnelles.

Empoisonné par la viande hachée d’un hamburger, il est une victime de plus.   »

Ce récit éprouvant et presqu’insoutenable nous permet de mieux comprendre les statistiques de mortalité infantile par toxi-infection alimentaire que vous découvrirez demain……..

 

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