Extrait du livre TOXIC, de William REYMOND :
« Ma propre histoire avait remis en doute l’interprétation que j’avais de la pandémie. Finalement, il ne s’agissait pas d’une simple question de volonté. Un certain nombre d’Américains étaient sportifs, surveillaient leur alimentation mais continuaient à prendre du poids. Ou, au mieux, n’en perdaient pas.
Si je m’étais trompé sur l’une des causes de l’obésité, peut-être convenait-il également de remettre en question le dogme lui-même ? Peut-être, après tout, Scott Keith avait-il raison de dénoncer la focalisation sur le « Big Two » ? Peut-être qu’à force de regarder dans une seule direction, nous étions tous devenus aveugles ?
La vérité est en fait encore plus effrayante. Aux États- Unis, la pandémie d’obésité est entrée dans sa seconde phase. Et, si rien ne change, un développement similaire frappera l’Europe et le reste du monde. Les deux facteurs clés que sont la baisse de l’activité physique et la trop grande consommation de nourriture sont désormais des explications dépassées. Ils permettaient des analyses justes voilà encore dix ans mais ne fonctionnent plus aujourd’hui.
Le premier, celui de la surconsommation, illustrée par la taille des portions et l’explosion de la restauration rapide, s’adapte pleinement à la première vague de la crise. Effectivement, entre 1977 et 1996, la consommation quotidienne d’aliments a augmenté de 268 calories chez l’homme et de 143 calories chez la femme. Et, corollaire, l’obésité a commencé à devenir un phénomène de masse. Mais depuis 1996, le chiffre s’est stabilisé, baissant même légèrement chez l’homme. En somme, un Américain ne consomme pas plus aujourd’hui qu’il y a dix ans. Pourtant, l’obésité persiste à se répandre, progressant même de plus en plus vite.
Le phénomène est identique concernant le temps passé devant la télévision. Celui-ci a connu son plus grand bond entre 1965 et 1985, passant de quatre-vingts minutes quotidiennes à cent vingt-neuf en moyenne. Mais depuis ? Eh bien, en vingt ans, ce chiffre n’a augmenté que de vingt-deux minutes, soit à peine 50 % de sa première progression.
Même constat pour l’usage de la voiture : il n’a guère évolué ces dernières années. En tout cas, pas au rythme de la propagation de l’épidémie puisque, d’après le ministère du Commerce, en 2000, 87 % des Américains utilisaient leur véhicule pour se rendre au travail contre 84 % en 1980.
Autre ralentissement ne cadrant pas avec la montée en puissance de l’obésité, celui – cher à Philipson et Posner – de la modernisation de la force du travail. Le nombre de femmes ayant un emploi n’a guère évolué depuis le début des années 1980. Le pourcentage de travailleurs hautement actifs a quant à lui juste fléchi de 45 à 42 % entre 1980 et 1990. Mais le mal avance quand même. Autre donnée bousculant la théorie des deux chercheurs, l’explosion de l’obésité parmi les enfants et adolescents, impossible dès lors à justifier !
À vrai dire, cet ensemble de contre-exemples signifiait surtout que la société américaine a stabilisé sa frénésie à engloutir et sa capacité à éviter l’effort. Tout en continuant à étouffer sous sa graisse. Bref, si les deux causes « classiques » ne suffisaient plus à expliquer la pandémie, c’est qu’il existait d’autres raisons qu’il me fallait découvrir.
Paradoxalement, c’est une expérience réalisée par les CDC (Centers for Disease Control) – et censée prouver la validité du Big Two – qui m’a convaincu des limites de cette théorie.
À la fin des années 1990, inquiets de l’ampleur prise par le diabète de type 2, les CDC ont lancé la plus importante opération jamais réalisée afin de contrer l’obésité. Grâce à un budget de 174 millions de dollars, 3 200 volontaires ont, pendant plus de deux ans, bénéficié de conditions optimales pour changer leur mode de vie. Les CDC ont pris en charge l’adhésion des « cobayes » dans des clubs de fitness, mis à leur disposition des moniteurs sportifs diplômés, et les ont aidés à prendre des repas équilibrés. Objectif: mettre à disposition des aliments sains aux valeurs nutritionnelles surveillées et aux apports caloriques en accord avec les normes médicales. Le tout placé sous l’œil de nutritionnistes et même de psychologues pouvant, quotidiennement, apporter un soutien par téléphone.
Bilan ? Une victoire, à en croire le communiqué de presse des CDC. Après vingt-quatre mois, l’organisation affirmait que, concernant le diabète de type 2, une inflexion du mode de vie « pouvait prévenir ou retarder l’apparition de la maladie », confirmant ainsi les préceptes du Big Two. Soit.
L’ennui, c’est qu’une seconde lecture dévoilait autre chose. Certes, l’expérience des CDC était parvenue à faire perdre du poids à ses volontaires. Mais dans des proportions bien minimes au vu des moyens mis en œuvre. Car au bout de deux années d’efforts, d’un investissement de 174 millions de dollars, en bénéficiant de conditions optimales que ne connaîtra jamais le commun des mortels, de milliers de repas calibrés, de soutiens adaptés, les 3 200 candidats avaient juste perdu en moyenne… 7 % de leur masse corporelle !
Oui, vous avez bien lu : malgré cet environnement ultra-favorable, un homme de 75 kg avait seulement maigri d’un peu plus de 5 kg en vingt-quatre mois !
Dès lors, tous les éléments étaient réunis pour que l’évidence s’impose à moi. À force de focaliser notre attention sur les apports caloriques et le recul de l’activité physique, nous nous étions ni plus ni moins aveuglés. L’Amérique était toujours au bord de l’implosion et le reste de la planète lui emboîtait le pas. Il devenait urgent de se pencher sur ce qui me semblait désormais le cœur du problème : le contenu même de nos assiettes. »
La suite, je devrais plutôt écrire le début de la passionnante enquête de William REYMOND ……. demain .
Articles en rapport
Qui ne s’est pas déjà endormi après un repas copieux ? Les plats trop gras inciteraient à la somnolence…
Une consommation élevée de graisses augmenterait la somnolence pendant la journée. C’est le résultat d’une petite étude qui sera présentée au congrès Sleep 2013 en juin 2013 à Baltimore.
Pour l’un des auteurs, Alexandros Vgontzas, une part importante de la population est sujette à une somnolence excessive dans la journée, ce qui nuit à la qualité de vie. Or, l’obésité est un facteur de risque de la somnolence. Les auteurs ont voulu savoir si, chez les personnes non-obèses et en bonne santé, la composition des repas influence leur état d’éveil.
31 personnes en bonne santé, non-obèses, ne souffrant pas d’apnée du sommeil, âgées de 18 à 65 ans, ont été suivies pendant 4 jours et 4 nuits.
Résultats : Il apparaît que la consommation de graisses augmente la somnolence des sujets, alors que la prise de glucides est associée à un état d’éveil. En revanche, la consommation de protéines n’a aucun effet sur la somnolence. Ces résultats étaient indépendants de l’âge et de l’IMC des participants, ainsi que du temps de sommeil nocturne.
D’autres travaux ont montré que les graisses abdominales jouent un rôle dans les troubles du sommeil : chez les personnes en surpoids, la perte de graisses abdominales améliore le sommeil.
L’analyse de LaNutrition.fr : Cette étude en confirme une autre, toujours sur un petit nombre de personnes, qui avait conclu qu’un petit déjeuner riche en graisses et pauvre en glucides augmente plus la somnolence 2 à 3 heures après le repas, qu’un petit déjeuner riche en glucides et pauvre en graisses. La cholécystokinine est une hormone peptidique du système digestif qui favoriserait le sommeil. Cependant, comme rien n’est simple, d’autres études, tant chez l’homme que chez l’animal, ont trouvé au contraire qu’un repas riche en glucides favorise la somnolence ! Finalement, pour rester alerte il est préférable d’éviter à la fois les repas trop gras et trop glycémiants, en introduisant aussi une dose suffisante de protéines (végétales et/ou animales) à chaque repas.
Articles en rapport
Extrait de Toxic, le livre de William Reymond :
« Pollan et la transformation culturelle de la table américaine, Grundy et le syndrome métabolique, Dhurandhar et le virus Ad-36, Diamond et la théorie de l’évolution, Keith et les facteurs putatifs, Philipson et la modernisation de la société… Tous ces chercheurs ont un point commun. Un vecteur partagé qui, quelles que soient leurs motivations, rend, à mes yeux, leurs travaux essentiels. Tous, malgré leurs différences, refusent en effet de se satisfaire de la théorie actuelle qui résume la pandémie d’obésité à une équation à seulement deux facteurs : la surconsommation et le manque d’activité.
Si, en apparence, le « Big Two » paraît la réponse la plus évidente au drame, la vérité est incontestablement plus complexe. En conclusion de ses recherches, Scott Keith l’écrivait clairement : « Nous sommes face à une hégémonie. L’accent est en permanence placé sur le « Big Two » et nous avons accepté cette théorie comme un fait établi. En négligeant d’explorer sérieusement d’autres facteurs. Si tout part d’un choix bien intentionné, en réalité, cela a faussé les réponses permettant de réduire le taux d’obésité ».
Ces propos résonnent encore en moi. L’idée que la crise d’obésité ne soit pas uniquement la combinaison d’un excès de nourriture et d’un manque d’activité sportive correspond à vrai dire parfaitement à mon propre cheminement. Car plus j’ai avancé dans l’exploration des coulisses de la pandémie, moins je me suis satisfait de cette argumentation sommaire.
En outre, depuis le début de cette enquête, une autre impression me revenait en mémoire. Celle qui, lorsque j’avais pour la première fois foulé le sol de ce pays, me faisait dire que les États-Unis étaient vraiment le rassemblement des extrêmes. Un pays où, d’un côté, on voyait des citoyens en état d’obésité avancée et, de l’autre, des obsédés de l’apparence physique. Et il ne s’agissait en rien, dans mon esprit, de faire allusion à la relation particulière unissant l’Américain à son chirurgien plastique, mais bel et bien d’évoquer tous les acharnés du sport.
Qu’il pleuve ou qu’il vente, que le thermomètre dépasse les 40 °Celsius ou qu’il gèle à pierre fendre, il existe une constante dans la société américaine : il y a toujours quelqu’un en train de courir dehors. Ou quelqu’un qui, lorsqu’il n’effectue pas son jogging, fréquente une salle de sport.
Lesquelles sont nombreuses et souvent ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Ces dix dernières années, les taux d’inscription et de fréquentation ont connu une hausse constante. On a même vu apparaître des salles ultraspécialisées, certaines proposant un parcours complet d’une demi-heure montre en main pour cadres pressés, d’autres n’accueillant que des femmes redoutant d’être importunées, ou des obèses ne supportant pas le regard des autres. De la danse du ventre aux cours de strip-tease, du yoga chrétien au mini-trampoline, la carte des activités proposées ne cesse en outre de s’allonger.
Il est vrai qu’au total, le marché de la forme – et du régime – représente un chiffre d’affaires d’au moins 40 milliards de dollars ! Soit bien plus que l’estimation avancée pour les futurs médicaments du syndrome métabolique.
Bien entendu, comme tout le monde, j’ai d’abord eu une vision simple, voire simpliste, de la crise d’obésité. Une approche où il était uniquement question de volonté personnelle. Celle qui vous pousse à échanger votre pause déjeuner contre deux heures de basket-ball. Celle qui vous tient éloigné de certains restaurants et vous permet, une ébauche de sourire aux lèvres, de dire « non » au dessert. Une conception qui estimait que les gros avaient l’abandon facile, l’opiniâtreté trop élastique. Qui les voyait uniquement choisir de s’empiffrer de litres de glace Ben & Jerry’s en regardant la télé, considérer le Big Mac comme un repas équilibré parce qu’il contient la moitié d’une feuille de salade, et résumer le sport au visionnage, une bière à la main, du match de foot dominical. Bref, je les prenais tous pour des gens cédant toujours à leurs envies de nourriture, et plutôt deux fois qu’une !
Mon analyse grotesque avait toutefois un reste de conscience sociale. Je savais qu’il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que l’obésité frappait plus chez les pauvres. Philipson et Posner, nos deux économistes de l’université de Chicago, n’ont-ils pas écrit qu’un des principaux changements de notre société est qu’il faut désormais payer pour être en forme alors qu’avant, des champs à la mine, l’homme touchait un salaire pour se maintenir en forme ?
Les auteurs admettent volontiers que cette formule est réductrice, mais, avec le recul, je ne peux que constater sa justesse. Au-delà de la mensualité versée pour rejoindre un club de sport; ceux qui souhaitent entretenir leur condition physique doivent surtout trouver le temps de s’y rendre avec assiduité. Dans une époque où il n’est pas toujours facile de joindre les deux bouts, une grande partie de la journée est logiquement consacrée à une activité rémunérée. Et pas aux loisirs, ni à la surveillance minutieuse de ce qu’on avale.
D’où la surconsommation, aux États-Unis, d’une nourriture mauvaise, trop grasse et trop sucrée. Les nutritionnistes ont beau conseiller à longueur d’émissions, de livres, de journaux, le recours à des produits frais et à des aliments de qualité, rien n’y fait. Pourquoi ? Parce que lorsque vous vivez du RMI, comme en France, ou que vous jonglez avec deux emplois, comme souvent aux États-Unis, votre pouvoir d’achat ne vous donne pas accès à ces produits-là.
Pis, vous ne sauriez même pas où les acheter. Dans certains quartiers pauvres de Dallas comme dans ceux de toutes les grandes métropoles américaines, les supermarchés brillent par leur absence. Alors qu’on trouve à profusion des McDonald’s, des TacoBell, des Burger King et des Pizza Hut, lesquels proposent des menus à bas prix tous plus copieux les uns que les autres. L’achat d’aliments à préparer soi-même est alors limité à l’épicerie du coin, quand ce n’est pas à la boutique attenante à la station d’essence. On n’y trouve quasiment jamais de produits frais, mais les gammes complètes des boissons de The Coca-Cola Company ou des produits apéritifs et de grignotage Frito-Lay, filiale de PepsiCo, figurent toujours en bonne place.
Même si je commençais à deviner tout cela, à le percevoir, même si je savais l’obésité se nourrissant d’inégalités, je persistais à croire que manger sain et peser léger relevait uniquement de sa propre volonté. Or, justement, de la volonté, j’en avais à revendre. Le temps, je pouvais le trouver ; et mon porte-monnaie m’offrait l’accès à une meilleure nourriture. Bientôt, mes kilos en trop accumulés depuis l’adolescence relèveraient donc de l’histoire ancienne.
Du moins, je le croyais…
Car, en réalité, c’est en entrant dans la peau d’un « gros » que j’ai commencé à avoir de sérieux doutes quant à la justesse de l’équation « mangez moins et bougez plus ». En effet, comme d’autres, je me suis inscrit dans une salle de fitness, j’ai surveillé mes repas.
Certes, des résultats ont commencé à poindre. Dont tous ces bénéfices qui ne se voient pas. Ce taux de cholestérol qui, chez certains, repart à la baisse ; ces escaliers montés sans avoir le souffle coupé ; ces quelques tailles de pantalons perdues. Autant de conquêtes, de victoires sur soi. OK, bravo. Mais de là à s’afficher sur une plage l’été, il y avait un pas qu’aucun membre de mon club de sport n’osait envisager.
En vérité, le duo sport + meilleure alimentation générait plus de frustration que de réelle amélioration physique. Dans cette équation, quelque chose ne fonctionnait donc pas. Et surtout, une statistique étonnante me perturbait. En 2003, 45,9 % des adultes américains remplissaient ou excédaient le temps d’activité sportive recommandé par les divers organismes de santé. Et plus de la moitié était en régime permanent. Dès lors, le taux d’obésité aurait dû diminuer !
Pas de doute : à mieux y réfléchir, je n’étais plus le seul à multiplier les efforts pour un résultat plutôt mitigé. Mais il restait maintenant à comprendre pourquoi. »
La suite …. demain. On va entrer dans le vif du sujet et dans les développements intéressants de l’enquête de William REYMOND….
Articles en rapport
Aliments plus sucrés, dates de péremption allongées: le parlement a mis fin mardi à des pratiques alimentaires discriminantes pour les outre-mer, en adoptant définitivement et très largement une proposition de loi socialiste en ce sens après un dernier vote du Sénat.
La proposition de loi « visant à garantir la qualité de l’offre alimentaire en outre-mer », déjà adoptée par les députés le 27 mars, a été votée conforme par les sénateurs, c’est-à-dire sans modification, rendant son adoption définitive.
La gauche PS, communiste, PRG et écologiste l’a approuvé mais aussi les centristes de l’UDI. Seule l’UMP s’est abstenue arguant qu’elle préférait attendre une grande loi de santé publique.
Le texte de quatre articles interdit en premier lieu la différence de teneur en sucres ajoutés entre des produits vendus outre-mer, notoirement plus sucrés, et ceux de l’Hexagone. Il entrera en vigueur six mois après promulgation, permettant aux distributeurs d’écouler leurs stocks. La liste des denrées visées, essentiellement produits laitiers et boissons sera fixée par arrêté.
Le rapporteur au Sénat Michel Vergoz, élu PS de la Réunion, a expliqué qu’en Martinique des yaourts aux fruits produits localement « contiennent de 27% à 50% de plus de sucre ajouté ».
Il a souligné la fréquence du surpoids, de l’obésité et du diabète dans les populations ultramarines avec une prévalence de l’obésité de « 22% en Martinique et de 23% en Guadeloupe » contre « 14,5% dans l’hexagone », touchant « particulièrement les femmes et les enfants » (9% des enfants seraient obèses en Guadeloupe et en Martinique contre 3,5% dans l’hexagone).
« Une canette de soda contient 14 g de sucres ajoutés en Martinique contre 10 g » en métropole, a dénoncé Maurice Antiste (PS, Martinique).
« C’est un texte de santé publique et d’égalité pour mettre un terme à des pratiques discriminantes qui visent les outre-mer depuis bien trop longtemps », a lancé Victorin Lurel. Le ministre des Outre-mer, en octobre 2011, alors député, avait défendu un texte identique qui avait été rejeté de justesse à l’Assemblée. Sa réinscription au Parlement était une des promesses de campagne de François Hollande.
Thani Mohamed Soilihi (PS, Mayotte) a fustigé la « prétendue appétence pour le sucre des ultramarins avancée par les industriels ».
« Les chiffres sont terribles », s’est alarmée Annie David (CRC, communiste). Ils « sont édifiants », a renchéri Joël Guerriau (UDI-UC). « Cette pratique inadmissible a des effets directs sur la santé des Ultramarins », a insisté Aline Archimbaud (écolos).
Le texte d’origine a été enrichi lors de son passage à l’Assemblée nationale par deux articles concernant la date limite de consommation (DLC), qui devra désormais être la même pour un produit destiné au marché hexagonal ou ultramarin.
Plus de 300 produits frais font l’objet d’une DLC différenciée, selon M. Lurel. Il a cité les yaourts dont certains ont une DLC de 30 jours à Paris et de 50 jours outre-mer ou le reblochon qui « est commercialisé avec une DLC de 35 jours dans l’hexagone et de 70 jours dans les outre-mer » ou « tel sachet de gruyère râpé » avec « une DLC de 40 jours » en métropole et « 180 jours en outre-mer ».
La Fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom) s’était réjouie de cette interdiction d’un double étiquetage, y voyant un moyen de préserver les producteurs locaux, qui eux sont soumis aux 30 jours pour les yaourts, par exemple et subissaient donc « une forme de concurrence déloyale » de produits importés de métropole.
Le texte favorise aussi la production locale en produits frais via des circuits courts lors de l’attribution des marchés publics de restauration collective, notamment scolaire.
« C’est la première fois que nous évoquons les questions relatives à la qualité de l’offre alimentaire en outre-mer dans cet hémicycle » s’est ému Serge Larcher, président PS de la délégation sénatoriale à l’outre-mer.
Alain Millon (UMP) a appelé de ses voeux une « grande loi de santé publique ».
La loi s’appliquera en Guyane, Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte, St-Barthélémy, St-Martin et St-Pierre-et-Miquelon. La Polynésie Française, la Nouvelle Calédonie et Wallis-et-Futuna ne sont pas mentionnés ayant des compétences propres en matière de santé.
Articles en rapport
Le président péruvien Ollanta Humala a promulgué une loi controversée visant à limiter la consommation de « malbouffe » par les enfants et encourageant une alimentation saine.
La loi, qui prévoit notamment l’interdiction de faire de la publicité pour certains aliments ou sodas dans les établissements scolaires afin de réduire l’obésité des enfants a été critiquée par l’industrie agroalimentaire, en même temps qu’il recevait le soutien d’organisations internationales du secteur de la santé et d’organismes de consommateurs.
« Nous lançons un appel au secteur industriel pour qu’il ne prenne pas cela comme une volonté de le priver d’un marché », a déclaré le président Humala. « Nous ne pouvons imaginer que nos enfants représentent un marché visant à générer des ventes ou maximiser des bénéfices », a-t-il ajouté.
Le doyen du Collège de Médecine du Pérou, Juan Villena, s’est déclaré très favorable à la nouvelle réglementation, estimant que « l’alimentation des enfants stimulée par la publicité est un domaine qu’il est nécessaire de réguler pour éviter les maladies, tout comme la publicité pour la cigarette ».
La loi vise également à promouvoir l’activité physique et l’installation de cantines et de points de vente de produits naturels dans les établissements scolaires.
Articles en rapport
Extrait de Toxic, le livre de William Reymond,
« La télévision et la publicité, qu’elles agissent sous une forme classique ou de manière beaucoup plus perverse et redoutable comme semblent l’indiquer les recherches menées à Emory, sont bien des facteurs majeurs de la pandémie. On les regroupe d’ailleurs dans ce qui forme une moitié du « Big Two ». Reste à s’intéresser de près à l’autre moitié.
À commencer par la modernisation de notre société, qui se voit également évoquée comme cause probable. Ainsi, Tomas Philipson et Richard Posner, économistes à l’université de Chicago, assurent que la disparition progressive des métiers de « force » au profit d’emplois plus sédentaires joue un rôle. Pour d’autres, l’explosion des transports constitue également un vecteur. Peu à peu – et c’est encore plus évident en Amérique où certains quartiers sont construits sans trottoir -, la voiture s’est substituée à la marche à pied. Dans le même registre, le sentiment d’insécurité est montré du doigt, la crainte de l’autre ayant poussé à diminuer le temps passé à marcher. Comme il a entraîné de nombreux parents à interdire à leurs enfants de jouer à l’extérieur ou de « traîner » après l’école. Or, cercle vicieux, c’est souvent la télévision – ou la console de jeux – qui a remplacé ces moments consacrés à se dépenser hors de la maison. Et la sédentarité qui succède à des activités bénéfiques à l’organisme.
En fait, l’ensemble de ces explications repose sur une équation. D’un côté l’apport calorique augmente mais de l’autre, les occasions de brûler les calories se réduisent comme peau de chagrin. Et donc l’individu grossit.
Une série de changements culturels doit encore être prise en compte. L’arrivée massive des femmes sur le marché du travail a eu des répercussions dans la cuisine familiale. Si, au début des années 1970, une mère de famille passait en moyenne deux heures par jour à préparer les repas, désormais on atteint tout juste les vingt minutes. La nature même de ce qui est concocté a fondamentalement évolué. Voilà trente ans, l’Américaine moyenne cuisinait à partir de produits frais, ce qui n’est plus du tout le cas. De plus en plus, à cause de l’industrialisation massive, se mettre aux fourneaux se résume à glisser un plat tout prêt dans le four à micro-ondes. Près de la moitié des Américaines déclarent même ne pas savoir préparer plus de deux plats différents.
Michael Pollan, journaliste au New York Times, s’est intéressé à ces révolutions culturelles et à leurs effets sur le tour de taille de ses compatriotes. Et a remarqué que l’absence de tradition culinaire américaine entraînait un manque de repères chez le consommateur. Pays jeune et terre d’immigration, les États-Unis possèdent effectivement peu de racines gastronomiques. Dès lors, les Américains « sont plus vulnérables au marketing », explique-t-il. Et d’ajouter : « Si nous avions une culture alimentaire stable avec un lot de réponses du style : « Voici ce qu’il faut manger et voici comment il faut le manger », nous serions moins victimes des effets de mode virevoltants », qui d’un jour à l’autre définissent ce qui est bon et mauvais.
Autre sujet d’inquiétude, la façon dont l’industrie redéfinit en permanence la manière dont les Américains mangent. Ici, se nourrir n’est plus un plaisir mais une commodité qui n’est plus tributaire de rendez-vous précis au fil de la journée – le petit déjeuner, le déjeuner, le dîner -, ce qui brise chaque jour le rituel du partage de la nourriture. « Vendre des produits dessinés pour être glissés dans le porte-boisson d’une voiture détruit l’idée même de personnes mangeant ensemble », poursuit Michael Pollan. En outre, « lorsque vous mangez tout seul, vous avez tendance à manger plus. Tandis que si vous mangez avec quelqu’un, vous existez, il y a un échange, une conversation… Vous ne vous gavez pas comme un porc quand il y a d’autres personnes à table ».
La seconde moitié du Big Two ne s’arrête pas là. Un groupe de chercheurs du sud des États-Unis, là où la crise d’obésité est la plus aiguë, tente actuellement de définir précisément l’ensemble des responsables secondaires du marasme. Et la première partie de leur travail, récemment publiée par le magazine scientifique International Journal of Obesity , affiche un grand mérite : elle refuse de se satisfaire des explications les plus courantes et de s’y cantonner.
Cette équipe conduite par Scott Keith cite ainsi comme autres causes probables la baisse continue du nombre de fumeurs, donc de l’effet coupe-faim de la nicotine, le nombre élevé d’enfants nés de couples déjà obèses, ou encore l’adoption massive de la climatisation. Une température contrôlée placerait en effet l’organisme dans une « zone de confort », l’incitant à manger plus parce que moins tributaire des régulations de température demandées par le corps. Ce travail cite également le manque chronique de sommeil des Américains, hypothèse confirmée parallèlement par Esra Tasali, chercheuse à l’université de Chicago. Partant du principe que les Américains ont perdu deux heures de sommeil par nuit depuis quarante ans notamment à cause des loisirs, cette dernière a placé des groupes de volontaires dans des conditions différentes de durées de repos. Or, celui dormant le moins a rapidement montré des envies incontrôlables d’aliments sucrés.
Une explication génétique s’est vue également avancée, reposant sur une estimation scientifique datant de 1986. Selon ces recherches, 25 % de la fluctuation de poids serait influencée par les gènes.
Une dernière hypothèse paraît toutefois encore plus intéressante. Pas parce qu’elle serait en mesure de répondre à la pandémie mais parce qu’elle illustre un mouvement de fond. »
Cette hypothèse vous sera exposée ….. demain
Articles en rapport
Vous pouvez voir en cliquant sur le lien ci-dessous l’émission de Géopolitis consacrée à l’obésité.
Cette émission rappelle les chiffres de l’obésité dans le monde.
Nathalie BONVIN, responsable de la Croix rouge, évoque également l’idée originale, d’un concours de perte de poids mensuel ……
Emission géopolitis sur l’obésité
Commentaires récents