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Informations générales

Le prochain groupe de parole est prévu le jeudi 03 octobre 2013 à 18h30.

Les sujets abordés seront, entre autres, :

– l’organisation et la finalisation des inscriptions pour la marche nordique du marathon de Montpellier le dimanche 13 Octobre 2013.

– les évolutions de la seconde peau et les projets en cours pour l’été 2014

– le nouveau dossier medical ROSA sur clé USB et les objectifs en nutrition-diététique

– les podologues dans le réseau ROSA

– les cours de gym ciblés de Nicolas sur DVD personnalisé.

– l’action et l’actualité de l’association de patients, « les amis de ROSA ».

 

 

 

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Entre la sortie en fanfare le 6 mai 2009 et l’annonce du retrait du médicament minceur aujourd’hui que s’est-il donc passé ?

En juin 2009, la pilule ALLI était un tout nouveau traitement de l’obésité qui avait déjà conquis plus de 150 000 personnes en un mois. Il faut dire que ce médicament en vente libre bénéficiait d’une publicité intensive dans toutes les pharmacies et n’était pas arrivé là par hasard. Son principe actif, l’Orlistat était déjà utilisé dans des médicaments vendus exclusivement sur ordonnance, mais plus fortement dosés, sous le nom de Xenical. C’était donc un supposé gage d’efficacité pour les nombreux candidats à la minceur.

Un succès de courte durée puisque dès août 2009, la FDA (Food and Drug Administration – agence sanitaire américaine) demandait des précisions sur la potentielle dangerosité de l’Orlistat sur le foie. L’histoire est sérieuse. Trente deux cas d’atteintes hépatiques auraient été rapportées dont 27 ayant nécessité une hospitalisation.

La possible dangerosité de la pilule anti obésité Alli se confirme.

C’est en octobre 2011 que l’AFFSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de Santé) révèle plusieurs cas d’atteintes hépatiques graves dont certaines ont entrainé des transplantations hépatiques voire des décès !

Septembre 2013 : la fin de la commercialisation de la pilule anti obésité Alli !

Aujourd’hui, le laboratoire GlaxoSmithKline qui commercialise Alli annonce que c’est fini… Il n’y aura donc plus de médicament contenant de l’Orlistat en vente libre en France, puisqu’il retire le produit des rayonnages des pharmacies.

 

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Les pesticides sont néfastes pour la santé et notamment celle des enfants. Cette fois ce n’est pas Que Choisir ou des écologistes qui l’affirment, c’est officiel. L’expertise menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à la demande du ministère de la Santé ne laisse pas place au doute.

« Pesticides et santé », c’est le thème de l’expertise collective réalisée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), pour le compte du ministère de la Santé, très précisément la Direction générale de la santé.

Si le propos est empreint d’une prudence toute scientifique, il est néanmoins très clair et justifie pleinement le combat mené depuis de longues années contre l’usage massif des pesticides.

Les conclusions de l’Inserm ont de quoi inquiéter : « Il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non Hodgkinien, myélomes multiples). » Par ailleurs, précise l’Inserm, « les expositions aux pesticides intervenant au cours de la période prénatale et périnatale ainsi que la petite enfance semblent être des périodes d’exposition particulièrement à risque pour le développement de l’enfant ».

Pesticides omniprésents

Malgré cette nocivité avérée des pesticides, il est bien difficile de s’en protéger. L’Inserm confirme en effet ce que démontre régulièrement Que Choisir à travers ses analyses, « les pesticides sont présents partout dans l’environnement. On peut les trouver dans l’air (air extérieur et intérieur, poussières), l’eau (souterraines, de surface, littoral…), le sol et les denrées alimentaires (y compris certaines eaux de consommation) ». Pour la population générale, la principale voie d’exposition reste néanmoins l’alimentation.

Rien de rassurant dans cette étude, d’autant que, précisent les experts, « si certaines substances sont mises en cause, c’est qu’elles ont été plus souvent étudiées que d’autres, en particulier dans le contexte des États-Unis. De nombreuses substances actives n’ont pas fait l’objet d’études épidémiologiques. »

L’usage des produits phytosanitaires demeure à ce jour toujours aussi massif en agriculture. Les multiples mesures déjà prises pour réduire leur utilisation, dont le plan Ecophyto adopté dans la foulée du Grenelle de l’environnement, n’ont donné aucun résultat jusqu’à présent. Mais les pouvoirs publics disposent désormais d’une expertise scientifique officielle attestant de la toxicité des pesticides pour la santé humaine et notamment celle des jeunes enfants. Agir devient urgent.

Ça bouge… un peu côté grand public

C’est l’enseigne des jardineries Botanic qui a montré l’exemple en supprimant les pesticides chimiques de ses rayons dès 2007 pour se concentrer sur les techniques alternatives de jardinage écologique et les produits bio. Que Choisir qui avait applaudi l’initiative déplore que la concurrence n’ait pas suivi. Mais ça pourrait évoluer avec cette initiative en cours en Bretagne : les 42 hypermarchés Leclerc implantés dans le Finistère, les Côtes d’Armor et le Morbihan annoncent qu’ils supprimeront les pesticides de leurs rayons à compter de l’automne prochain. Un exemple à suivre.

 

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Extrait et fin du livre Toxic Food, de William Reymond :

 » Le temps du changement est venu.

Au terme de cette plongée dans l’univers de la nouvelle malbouffe, au-delà des limites visibles de la pandémie d’obésité, je crois avoir prouvé sans contestation possible que la toxic food bouche nos artères, détruit notre foie et nos reins, ronge notre cerveau, grignote notre système digestif, propage les maladies et cultive les cancers. Rien que cela.

Désormais, cela ne fait aucun doute : la nourriture industrielle, soit 80 % de notre alimentation, est l’ennemi mortel de notre héritage génétique.

 

Le temps du changement est venu.

Mais cela ne veut évidemment pas dire qu’il faudrait revenir à l’époque où l’homme était un chasseur-cueilleur, se nourrissant des seules ressources disponibles à sa portée dans la nature, époque où les cancers modernes étaient certes une exception mais où le quotidien s’avérait largement plus périlleux et redoutable qu’aujourd’hui. Qu’on ne prétende pas que je milite pour un retour aux sources.

La modernité n’est assurément pas un concept, mieux, une réalité que je rejette.

Elle a été et doit continuer à jouer son rôle de moteur du progrès, qu’il soit social, technologique, culturel, médical, scientifique et industriel.

Pourtant, force est de reconnaître que notre ADN est plus proche de celui de nos ancêtres des cavernes que de la technologie animant les iPhones.

Alors ?

Alors il suffit d’adapter les préceptes du passé aux contraintes du présent.

L’alimentation de l’homme du paléolithique était principalement composée des fruits de la cueillette avec, de temps en temps, des produits de la pêche et de la chasse.

Ce qui pourrait être traduit, en 2009, de manière simple : des produits complets, des fruits et légumes si possibles issus de l’agriculture biologique et, en complément, des viandes maigres et du poisson.

Cette manière de se nourrir, bonne pour la santé comme pour l’environnement, a déjà un nom. Maladroitement traduit d’un néologisme américain, on dit de ceux qui l’adoptent qu’ils sont flexitariens.

Loin de ce genre d’étiquette, c’est en tout cas le mode de vie que ma famille et moi avons adopté depuis Toxic.

Sans regret.

Un régime alimentaire, au sens large du terme, dont nous mesurons chaque jour les bienfaits.

Ceci dit, de cette aventure « culinaire » je retiens surtout une donnée forte : l’enthousiasme manifesté par mes enfants à l’idée d’adopter ce nouveau style de vie. Ainsi que leur plaisir à découvrir des goûts non altérés par les tripatouillages réalisés dans les cuisines chimiques de la nouvelle malbouffe. De quoi y voir une immense source d’espoir.

Plus que la nôtre, peut-être, leur génération sera celle de la reconquête des assiettes. Une génération en tout cas consciente des dangers et pièges disposés par la toxic food. Une génération qui incarne notre meilleur agent du changement.

 

Le temps du changement est venu.

Mais cette révolution alimentaire ne pourra se gagner sans implication des hommes et femmes politiques, qu’ils gouvernent ou aspirent à le faire. Or, sur ce point, beaucoup de chemin reste à parcourir.

Nous l’avons vu : le modèle américain pro-industrie est solidement implanté en Europe grâce à l’influence économique de ses lobbies, notamment agricoles. Et que l’on parle de mesures volontaires ou de responsabilité partagée, la vérité des faits est là : les acides gras-trans, l’acrylamide, les nitrosamines et le sirop de fructose-glucose sont toujours présents sur nos tables.

Aux États-Unis, Barack Obama a fait du changement un thème majeur de sa campagne.

Élu à la tête de la première puissance mondiale, il pratique pourtant l’ambiguïté. Si, d’un côté, il s’affiche en couverture du Mens Health où, s’adressant à ses douze millions de lecteurs, il confesse que face au risque d’obésité rencontré par une de ses filles, la famille présidentielle a adopté un mode alimentaire qui rejette la nouvelle malbouffe ; si, reconnaissant la part de responsabilité des sodas dans la pandémie d’obésité, il déclare que l’idée de surtaxer ces boissons – et d’utiliser les revenus qui en découlent pour des programmes de lutte contre la crise de surpoids – « devrait être explorée » parce que « si l’on veut avoir un impact important sur la santé des citoyens de ce pays, réduire des choses comme la consommation de sodas serait utile » ; de l’autre, indiquant que le concept ne sera sûrement pas « exploré » intensément, il reconnaît qu’il « existe une résistance au Congrès et au Sénat sur ce genre de taxes », ajoutant : « Les élus de certains États produisant du sucre ou du sirop de maïs sont très sensibles à tout ce qui pourrait réduire la demande pour ses ingrédients. » Pire, reprenant un discours créé par les géants de la toxic food, le président ajoute : « Nos citoyens ne souhaitent pas nécessairement que Big Brother leur dise quoi manger et quoi boire et je comprends cela. » Soit, mais cela doit-il devenir une excuse pour ne pas légiférer dans nos intérêts, qu’il s’agisse d’encourager, punir ou interdire ? Je ne le pense pas.

Reste que pour agir ainsi, il faudrait qu’Obama – comme les autres – coupe les liens qui l’unissent au puissant monde de l’industrie alimentaire. Une rupture difficile à consommer.

Ainsi, le 13 juillet 2009, le docteur Regina Benjamin fut nommée par le Président américain Surgeon General, c’est-à-dire responsable des services médicaux du pays. Or, dans la torpeur de l’été, l’arrivée de Benjamin fut sujette à quelques blagues sur ses kilos en trop. Certains, comme Bill Maher, comique défendant depuis longtemps les préceptes d’une révolution alimentaire, se demandèrent sérieusement si le poids du médecin n’était pas contraire, en temps de pandémie, à la valeur d’exemple attachée à sa fonction.

Mais il y avait quelque chose de plus gênant dans cette nomination. Jusqu’à son accès à cette fonction, Regina Benjamin siégeait en effet au comité scientifique attaché à la direction de… Burger King. Le premier concurrent de McDonald’s y payait le médecin pour « promouvoir des conseils en faveur d’un régime équilibré et des choix de vie actifs ». Or d’une enseigne proposant un hamburger à plus de 1 000 calories – la moitié de nos besoins quotidiens -, chargé de 65 grammes de graisse et 1 460 milligrammes de sodium, on est en mesure de douter des conseils de mieux-manger ! À moins que, à l’instar d’autres, jouant de la confusion des genres, Burger King utilise lui aussi son comité scientifique comme cache-sexe.

Dès lors Bill Maher, qui n’a jamais masqué ses idées démocrates, n’a pas manqué de contester le choix d’Obama : « Le Surgeon General Benjamin a été conseiller en nutrition pour Burger King, a- t-il déclaré. Le seul conseil qu’un expert de la santé devrait donner à Burger King, c’est d’arrêter de vendre de la nourriture. La mission du « conseiller en nutrition » était décrite comme promouvant « des conseils pour un régime équilibré et des choix de vie actifs » – et qui est mieux placé pour faire cela que les mecs qui vous passent par la fenêtre de votre voiture de la viande et du sirop de maïs ? » Mieux, la chute de Maher entra en écho avec le système décrit : « Lorsque vous avez un Surgeon General qui vient de Burger King, vous envoyez un message aux lobbies. Et ce message, c’est : “Faites ce que vous voulez » ! »

C’est sûrement pour cela que, interrogé dans Men’s Health sur la crise d’obésité, Barack Obama refusa de reconnaître la nécessité de déclarer la guerre au fléau, résumant ce combat à des recommandations déjà dépassées : « Si nous encourageons nos enfants à pratiquer une activité physique régulière, si nous les décollons de devant la télévision, si nous travaillons avec les écoles pour développer des menus nutritifs aussi peu chers que les pizzas et les frites qu’ils consomment actuellement, alors il ne nous faudrait pas grand-chose pour renverser la tendance1 », déclara-t-il.

Plus de sport, moins de télévision, de meilleurs menus dans les écoles qui abandonneraient les voyantes pizzas et frites pour les remplacer par une autre forme de nourriture industrielle… pas de doute, Bill Maher a raison : à la Maison- Blanche, l’industrie de la toxic food fait ce qu’elle veut.

Alors ?

Alors, comme cela a été réussi sur les sujets environnementaux, c’est à l’opinion, aux citoyens, de contraindre les hommes politiques à entreprendre la reconquête des assiettes et à transformer cette croisade en priorité de gouvernement.

Et pour y parvenir, échéance électorale après échéance électorale, nous disposons d’une arme qui leur fait peur : notre bulletin de vote.

 

Le temps est venu de changer.

Mais inutile de se bercer d’illusions : remporter cette bataille ne sera pas facile.

Plus que jamais, les titans de la nouvelle malbouffe multiplient les « astuces » pour que nous consommions plus de leurs produits.

La compagnie Standard Meat, de Dallas, est l’un de ces bras armés de l’ombre. Une image même pas exagérée puisque de sa façade d’immeuble anonyme à son site Internet minimaliste, cette société cultive la discrétion. Or, derrière ces murs blancs, la société texane prépare la viande destinée à de nombreuses chaînes de restauration.

Dans d’immenses broyeurs et mélangeurs, les machines de Standard Meat ajoutent à la viande une sorte de purée de maïs et différents jus. Selon les produits, on retrouve du sirop de fructose-glucose, un mélange de protéines, de l’eau et du soja.

La préparation de la viande, souvent par injection, n’est ni une tendance nouvelle ni une spécificité américaine. Et l’Europe recourt aux mêmes techniques parce qu’elles permettent d’augmenter les profits. Ainsi, cela permet d’attendrir les morceaux qui ne sont pas de premier choix. Puis, comme raconté dans Toxic, d’ajouter de la masse aux produits vendus, le consommateur payant le prix fort une viande dont une partie du poids est en fait constituée d’un mélange d’eau et de sodium.

Les Pays-Bas, profitant d’une absence de législation stricte au sein de l’Union européenne, sont devenus champions de l’exportation de poulets « enrichis » de ce genre. Ainsi, chaque année, le pays vend 63 000 tonnes de morceaux de poulets congelés à ses partenaires européens. Une viande dans laquelle les producteurs néerlandais ajoutent jusqu’à 35 % de liquide !

Je n’ai pas écrit « eau » contrairement au cadre de la loi européenne qui oblige de porter cette mention sur les étiquettes. Et pour cause : le poulet des Pays-Bas est enrichi selon le modèle américain. Avec de l’eau certes, mais aussi du sodium et un mélange de protéines… de porc.

Oui, vous avez bien lu : sans le savoir, nous consommons du poulet enrichi au porc, ce qui donne une dimension religieuse au problème. Le poulet néerlandais n’est-il pas principalement vendu, en gros, à la restauration? Où, sur les menus, ne figure aucune mention de l’origine et de la présence du mélange. Résultat ? Les consommateurs de confessions juive et musulmane mangent une nourriture non conforme à leurs obligations religieuses.

Mais revenons à la Standard Meat de Dallas. Si elle brise la structure cellulaire de la viande, ce n’est pas uniquement pour la charger en marinade magique. C’est aussi pour en faciliter la mastication.

Car, comme le révèle David Kessler, l’industrie agroalimentaire est obsédée par notre manière de mâcher. Ou, plus précisément, par la nature du coup de mâchoire que nous donnons avant d’avaler une bouchée.

En moyenne, un aliment fait vingt et un allers-retours dans la bouche avant l’ingestion. Un processus important, notamment pour la satiété, puisque c’est la mastication qui envoie au cerveau le message que nous avons suffisamment mangé.

Or ce processus d’autorégulation est, selon les titans de la toxic food, un frein à la consommation. D’où les broyeurs de Standard Meat ! En prémâchant la viande, les machines de la compagnie de Dallas permettent de faire tomber le nombre de mastication à seulement six allers-retours ! Diviser le nombre naturel de mastication par plus de trois, c’est créer ce que la profession a baptisé de « la nourriture de bébé pour adultes ». Et piéger notre instinct en l’incitant à consommer plus.

Une nourriture prémâchée pour augmenter la quantité avalée, une viande salée, engraissée et sucrée pour exciter nos papilles, les stratégies mises en place par l’industrie agroalimentaire pour nous tromper ne manquent pas.

Alors ?

Alors, si nos choix dans l’isoloir sont les seuls arguments en mesure d’atteindre les politiques, une autre forme de bulletin de vote peut sanctionner les activités des promoteurs de la nouvelle malbouffe.

Je l’ai dit depuis la sortie de Toxic et je vais le répéter ici : nous votons à chaque repas. Notre porte-monnaie est le plus puissant des bulletins. A nous de l’utiliser pour sanctionner les choix dangereux pour notre santé. Comme les géants de la toxic food voudront continuer à prospérer, ils seront condamnés à changer.

Submergeant nos assiettes de produits responsables de maladies, ils négligent aujourd’hui de respecter une règle essentielle du commerce : ton client, tu ne tueras point !

 

Le temps de changer est venu.

Et, avec lui, émergent quand même de bonnes nouvelles.

Depuis quelques années, des chercheurs américains, français et québécois travaillent sur les effets de l’alimentation sur notre santé.

Grâce à ces scientifiques dont les noms peuplent les notes de bas de page de ce livre, nous connaissons désormais avec certitude les effets de la nouvelle malbouffe sur nos organismes.

Certes, leurs recherches sont anxiogènes, mais elles sont aussi libératrices. Car chacun, armé de leurs certitudes, pourra plus facilement renoncer à l’enfer de la toxic food.

Autre lueur d’espoir : certaines études se concentrent sur ce que signifie une nourriture saine. Dont les effets dépassent largement le cadre de nos attentes.

Et plus spécifiquement en cas de cancer.

Reprenons l’image du gazon utilisée par le professeur Campbell qui compare la phase de « promotion » au moment où l’herbe va pousser.

Si la nouvelle malbouffe joue là un rôle d’engrais en permettant une croissance rapide et fournie, une alimentation riche en produits complets et en fruits et légumes, elle, ne véhicule pas la maladie. Mieux, elle a une action réparatrice sur les cellules abîmées.

En clair, cela signifie qu’une nourriture différente limite l’essor du mal et, dans certains cas, fait disparaître les traces déjà présentes.

Ce qui confirme, comme Hippocrate le pensait, que notre nourriture est aussi notre remède.

 

Le temps est venu de changer.

Et les étapes vers la révolution alimentaire déjà bien balisées.

La première d’entre elles relève de la décision individuelle. Qui, en se démultipliant, va devenir collective.

Ensuite, il est de notre responsabilité de nous éduquer et de transmettre ce nouveau savoir pour dénoncer les tactiques des géants de la nouvelle malbouffe.

En somme, rejeter la toxic food revient à entreprendre une sorte de résistance civique, combat dont l’issue pèse sur le sort des nations.

C’est cet état d’esprit qui m’a en tout cas habité tout au long de cette enquête, et qui guide aujourd’hui encore ma plume.

 

Le temps est venu de changer.

Nous sommes ce que nous mangeons et notre avenir passe par nos assiettes.

Le combat vient de commencer et il est temps de passer à table.

Bon appétit et… à vous de jouer. »

La suite ……….. Nous l’attendons ………….

Dr BUENOS : Merci à William Reymond pour son travail d’enquête très documenté et très bien exposé (ses 2 livres nous ont tenu en haleine).

Merci l’ami.

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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » La nouvelle malbouffe s’est imposée sur nos tables.

Avec un prix à payer indécent.

Depuis le milieu des années 1980, la marche en avant de la toxic food a été irrésistible. Si bien qu’aujourd’hui 80 % de notre alimentation est d’origine industrielle. Des produits qui, peu à peu, transforment nos nations en armées d’obèses.

Mais les effets de la nouvelle malbouffe ne s’arrêtent pas là.

Le diabète entraîne la cécité et des risques d’amputations.

Certains cancers augmentent dans des proportions épidémiques et, avec eux, véhiculent leur lot de drames humains.

Quant aux maladies cardio-vasculaires, en plus de leur prédominance dans les causes de décès, elles testent la solidité de nos systèmes d’assurances santé.

Est-ce tout ?

Même pas.

Car, désormais, nous le savons, la toxic food détruit aussi nos cerveaux.

En août 2009, une équipe de chercheurs des universités de Pittsburgh et de Californie publia les résultats dune étude consacrée aux effets de l’obésité sur le cerveau.

Les recherches, menées sous l’autorité de Cyrus Raji et April Ho, recoururent pour la première fois à l’imagerie médicale haute définition, nouvelle technologie permettant aux scientifiques d’obtenir des images en 3-D des cerveaux du panel.

La clarté et les détails de ces images sont capitaux.

Les clichés établissent en effet de manière certaine le rapport entre l’obésité et « une dégénérescence sévère du cerveau ». Le rapport précise que « les cerveaux des sujets obèses avaient un aspect plus vieux de seize années que ceux des patients en poids de forme. Et les cerveaux de ceux en surpoids avaient une apparence plus vieille de huit années en comparaison des sujets en forme. »

Ces chiffres donnent le tournis.

Les scientifiques américains venaient ni plus ni moins de prouver que nos choix alimentaires altéraient nos cerveaux. Où, comme le notait Cyrus Raji, qu’« en plus de l’augmentation des risques de santé comme les diabètes de type 2 et les maladies cardiaques, l’obésité est mauvaise pour le cerveau ».

Si cette découverte est de taille, c’est parce qu’elle offre aussi un début d’explication à l’augmentation du nombre de personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer.

Pourquoi ? Parce que les pertes de tissus cérébraux chez les patients obèses se produisent dans les régions touchées par la maladie, et notamment celles responsables des tâches cognitives comme la mémoire et l’organisation.

Pour Cyrus Raji, il ne s’agit en rien d’une coïncidence : « L’obésité est liée à un rapetissement des zones du cerveau qui sont également visées par Alzheimer. Cette importante perte de tissus assèche les réserves cognitives augmentant les risques d’Alzheimer et d’autres maladies attaquant le cerveau. »

D’autres maladies attaquant le cerveau…

Le chercheur avait raison: Alzheimer n’était pas le seul péril à viser nos neurones.

Et, à nouveau, la toxic food avait sa part de responsabilité.

Une fois encore, la recherche scientifique détenait les réponses à nos interrogations. Si l’étude menée par Raji et Ho était capitale parce qu elle établissait de manière formelle le lien entre obésité et dégénérescence du cerveau, celle réalisée en 2004 par Collin Pritchard permettait de mesurer l’étendue des dégâts. À la tête d’un groupe de chercheurs des universités de Bournemouth et Southampon, Pritchard a étudié l’évolution du taux de décès lié aux maladies cérébrales entre la fin des années 1970 et 1990.

Ses résultats, dans une proportion rappelant l’évolution des cancers et autres maladies liés à la nouvelle malbouffe, révèlent une forte augmentation durant les dernières décennies.

En Angleterre, le nombre de victimes de la maladie d’Alzheimer et de Parkinson a plus que triplé en vingt ans. De près de 3 000 décès annuels à la fin des années 1970, le total a franchi la barre des 10 000 à l’aube de l’an 2000.

Une hausse qui ne laisse pas l’universitaire insensible : « Cette progression est effrayante, dit-il. Il s’agit de maladies vraiment graves. Non seulement de plus en plus de personnes en sont victimes, mais elles le sont de plus en plus tôt. »

La comparaison prouve que, désormais, comme le diabète de type-2, Alzheimer et Parkinson ne sont donc plus des maladies cantonnées à la vieillesse.

Un autre point de l’étude est intéressant. Le scientifique ne s’est pas satisfait d’une comparaison des taux de décès en Grande-Bretagne. Afin de confirmer l’évolution britannique, il a effectué les mêmes calculs pour l’Australie, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie, le Canada et la France.

Autant de pays et autant de résultats semblables : dans la période étudiée et dans nos sociétés occidentales, les cas d’Alzheimer ont triplé et augmenté de 90% chez les femmes.

Bien entendu, un tel phénomène mérite des explications. Ce dont Pritchard ne se prive pas. Pour lui, la source environnementale du problème ne fait aucun doute. « Les causes génétiques sont à écarter car de tels changements d’ADN prendraient des centaines d’années pour reproduire cette augmentation des cas », dit-il. Dès lors, le scientifique évoque la responsabilité… de la nourriture industrielle, de ses pesticides et composants chimiques.

Afin de prouver ses dires, Pritchard cite l’exemple du Japon. Non seulement l’augmentation des cas a été plus tardive dans l’Archipel – un effet lié à la résistance importante de son mode alimentaire traditionnel – mais, comme pour les cancers, le scientifique a remarqué que, sain chez lui, le Japonais développe Alzheimer et Parkinson une fois qu’il a émigré vers l’Occident.

Dans le cas de Parkinson, un des responsables de la maladie a été identifié récemment. Il s’agit du MPTP, une substance chimique synthétique neurotoxique qui provoque les symptômes permanents de cette maladie. Or on retrouve le MPTP dans la formule du Paraquat, l’un des herbicides les plus utilisés au monde, qu’il s’agisse de la culture des céréales en passant par de nombreux arbres fruitiers comme les pommiers et les bananiers, sans oublier « les plantes destinées à la fabrication de boissons (café, thé, cacao) ». Un produit dont on connaît les risques potentiels puisque sa commercialisation vient d’être interdite en Europe à l’issue d’une longue procédure, mais dont on continue à retrouver trace dans la terre, l’eau et l’organisme.

( L’Union européenne avait (à la demande notamment de la France qui l’utilisait dans les bananeraies et sur la luzerne, et du Royaume-Uni où il est fabriqué) autorisé le Paraquat en 2003 en l’inscrivant à l’annexe I de la directive 91/414/CEE par la directive 2003/112/CE. Cette autorisation de mise sur le marché a été décidé en dépit de la toxicité de la substance pour l’homme et l’environnement. La Suède, soutenue par le Danemark, l’Autriche, et la Finlande, a alors saisi la Commission européenne. Après trois ans d’investigations complémentaires, le verdict devait être annoncé au printemps 2007. Ce n’est que le 11 juillet 2007 que le Tribunal de première instance des Communautés européennes, par l’arrêt T-229/04, a finalement annulé la directive 2003/112/CE autorisant l’usage du Paraquat dans les États membres, considérant qu’il n’avait pas suffisamment été tenu compte du lien entre le Paraquat et la maladie de Parkinson, ainsi que d’autres effets de la substance sur la santé des travailleurs et des animaux sauvages. En France, l’avis paru au Journal officiel du 4 août 2007 interdit la vente et l’utilisation du seul produit concerné : le R BIX (AMM n° 8700169), sans délais à la distribution, ni à l’utilisation des stocks existants. »

Il faut noter que la compagnie suisse Syngeta, qui fabrique le Paraquat pour la marque Gramoxone, continue sur son site Internet à mettre en avant les qualités de ce produit.

Dans le même esprit, les visiteurs attentifs du www.paraquat.com – un site référencé en tête de recherche sur Google et s’affichant comme le Paraquat Information center – remarqueront qu’il appartient à Syngenta.

Sur Internet, plus qu’ailleurs, il reste capital de vérifier la source d’une information. )

Si cette décision européenne va dans le sens des intérêts sanitaires et environnementaux, il ne faut pas oublier que le Paraquat est encore autorisé dans une centaine de pays dont le continent nord-américain -, et que, du riz aux oranges, il est utilisé pour traiter plus de deux cents types de cultures. Dont nous importons les produits consommés tout au long de l’année.

Les recherches entreprises par Collin Pritchard et ses collègues sont sans doute l’explication qui manquait au docteur Elizabeth Guillette voilà quelques années.

À la fin des années 1990, cette anthropologue avait entamé l’étude de cas d’enfants exposés aux pesticides dans la région Yaqui du Mexique.

Pensant observer les symptômes classiques liés aux phénomènes d’empoisonnement, la chercheuse américaine fut surprise de constater les dégâts occasionnés sur le développement intellectuel des enfants.

Ainsi, écrit-elle, entre quatre et cinq ans, ils sont « moins habiles à attraper une balle, signe d’une mauvaise coordination œil-main. […] Lorsqu’on leur demande de se souvenir d’un ballon offert en cadeau, plusieurs n’étaient pas en mesure de le faire et encore moins se souvenaient de sa couleur […]. Deux ans plus tard, à l’âge de six et sept ans, les enfants exposés aux pesticides continuent leur retard. Leurs dessins sont l’équivalent de ceux réalisés par des enfants de quatre ans non exposés. Leur résistance physique est faible et leur coordination pauvre. Résoudre de simples problèmes, facile pour les enfants non exposés, était très compliqué pour eux. »

Si le constat d’Elizabeth Guillette est révoltant, il résonne aussi comme un signal d’alarme vu ce qu’il signifie pour nos propres enfants.

Consciente de la portée de ses découvertes, la chercheuse conclut d’ailleurs : « Le phénomène de contamination est global. À un degré différent, chaque enfant de la planète est exposé à de nombreux pesticides. Certes, les enfants que j’ai étudiés sont très exposés à quelques toxines. Probablement plus que l’enfant américain moyen. Mais les enfants américains moyens sont, eux, exposés à de nombreuses toxines. Qui peuvent s’additionner et interagir, créant des effets que nous sommes incapables de reconnaître pour l’instant. »

Troubles de la mémoire, difficultés physiques, intelligence déficiente, maladies d’Alzheimer et Parkinson, le nombre de dangers encourus par nos cerveaux à cause des ingrédients de la nouvelle malbouffe est effrayant.

Si on y ajoute l’augmentation constante – depuis le milieu des années 1980 – des maladies du trouble du comportement chez les enfants, le « bilan cérébral » négatif de la toxic food s’avère donc à la hauteur de notre défaite : colossal.

Si certains cas sont liés à des facteurs génétiques, le rôle joué par les additifs alimentaires se précise grandement. Ainsi le site consacré au « régime » du docteur Feingold, l’un des pionniers de la théorie de la relation entre le trouble du comportement enfantin et les additifs alimentaires, liste soixante-quinze études récentes prouvant l’existence de ce lien… Et ce, malgré l’insistance de l’industrie pharmaceutique à marteler le fait qu’il s’agit d’une condition qui ne peut se traiter que par voie médicamenteuse.

La suite ……………. demain.

 

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 » Stratégies de communication, tactiques de défense, création de confusion dans l’esprit du public, déformation de la vérité, collusion avec le monde scientifique… Autant de méthodes habiles et efficaces pour brouiller les pistes et détourner les assauts.

Reste qu’une fois informé, un consommateur averti est en mesure de déceler les pièges tendus par les experts du marketing et les professionnels de la toxic food. Et ce parce que – cela ne fait aucun doute dans mon esprit – la connaissance constitue l’arme majeure de reconquête de nos assiettes.

Dès lors, il importe de répondre à une question essentielle concernant l’acrylamide : la consommation, via les chips, frites ou viennoiseries, de cette substance toxique est-elle dangereuse pour la santé ?

Cette interrogation hante Margareta Tômqvist depuis ses travaux sur les ouvriers du tunnel de Bjare. Ainsi, en 2003, résumant les connaissances relatives aux effets de l’acrylamide chez l’homme, elle notait qu’une nouvelle étude prouvait que la substance « a la capacité de créer des dommages génétiques sur les cellules de mammifères ».

Une caractéristique, nous l’avons vu, qui correspond à la première phase du cancer, celle de l’initiation. Ou, pour reprendre l’image du « gazon » chère au professeur Campbell, celle de l’ensemencement.

La communauté scientifique est d’accord sur ce premier point. En revanche, elle continue à se diviser sur l’ampleur du phénomène. Ainsi, certains considèrent peu élevées ses capacités à entraîner une mutation génétique endommageant l’ADN et déclenchant la maladie.

Sur ce point, Tômqvist répond que nous sommes face à une situation particulière dépassant le cadre d’expériences en laboratoire. Ainsi, la scientifique souligne un aspect du problème selon elle complètement sous-estimé. Et de rappeler que la « consommation fréquente d’une nourriture où la concentration d’acrylamide est élevée crée un important fardeau toxique pour la population ». Traduction : pour l’instant, personne ne s’intéresse à l’accumulation de la substance toxique dans l’organisme. Or si elle est faiblement toxique au cours d’un repas, qu’en est-il après une décennie ou plus de consommation régulière d’aliments riches en acrylamide ?

Les travaux de la scientifique suédoise ont débuté voilà plus de neuf ans. En 2002, elle a établi avec certitude, et sans que personne ne puisse le remettre en cause, que non seulement l’acrylamide se formait dans les aliments riches en glucides chauffés au-delà de 120 °C mais que la substance était aussi en mesure de susciter des cancers chez le rat… avec lequel nous partageons l’essentiel de notre ADN.

Mais il a fallu encore attendre trois ans avant que l’OMS affirme le caractère cancérigène de la substance et mette en garde contre ses éventuels risques pour la santé. Un an plus tard, en 2006, la CIAA obtenait de la Commission européenne le droit de mettre en place des mesures volontaires destinées à contenir le taux dans les produits issus de l’industrie alimentaire.

Et, trois ans plus tard, comme je viens de le démontrer, l’EFSA n’est toujours pas en mesure d’affirmer que cette politique obtient des résultats tangibles. Pire, l’organisme européen remarque – à mots couverts – que, concernant le taux d’acrylamide dans les frites, l’industrie n’a pas respecté le cadre de son engagement. Et continue à ne pas appliquer les règles de prévention permettant de limiter le risque toxique.

L’affaire de l’acrylamide rappelle par certains points celle des acides gras-trans. Rappelons-le : les problèmes suscités par l’huile partiellement hydrogénée ont été mis au jour pour la première fois en… 1956.

Confirmés en 1994, ils ont ouvert une période de recherches complémentaires puis été suivis d’opérations de recensement de sa présence dans l’alimentation avant – enfin – de voir décidées des mesures. Mesures laissées à l’appréciation de l’industrie elle-même.

Résultat ? En 2009, plus de cinquante ans après la première mise en garde, plus de quinze années après sa confirmation formelle, les acides gras-trans – dont la responsabilité dans l’« épidémie » d’accidents cardio-vasculaires et de cancers du sein est avérée – sont toujours au cœur de notre alimentation.

Mais là, osant bousculer le statu quo, certains organismes publics, pays ou municipalités, ont osé passer outre et décider l’interdiction.

Bien sûr, j’entends d’avance l’argument selon lequel faire de tels rapprochements néglige les hésitations des scientifiques. Soit. Mais, selon moi, l’incertitude ne doit jamais empêcher l’action.

Car avec l’acrylamide contenue dans certains aliments, le risque existe. Certes, il est aujourd’hui impossible de quantifier son taux, mais faudra-t-il patienter cinquante ans avant d’agir, au risque qu’il ne soit trop tard ?

Avant de connaître les conclusions de l’OMS évoquant un lien entre la substance et notre santé, Margareta Tômqvist estimait que, dans la plus basse des hypothèses, « considérant la très large fraction de cancers liés à notre alimentation », l’acrylamide pouvait contribuer à 1 % des risques de cancer.

Et si, poursuivait-elle, il n’était pas nécessaire de prendre des mesures particulières, c’est parce qu’elles existaient déjà ! Le tout étant de les appliquer, notamment à cette substance. Et d’insister sur la nécessité de mesurer attentivement ce que la consommation d’acrylamide implique chez « les groupes à risque tels que les femmes enceintes et les enfants ».

À la fin des années 1970, sous la pression de l’opinion – dont il faut saluer la précocité sur ce point -, les pouvoirs publics allemands ont adopté le Vorsorgeprinzip. Un principe de précaution les autorisant « à prendre toutes les “mesures nécessaires et raisonnables” afin de faire face à des risques éventuels, même sans disposer des connaissances scientifiques nécessaires pour en établir l’existence ».

En France, ce même principe est affirmé dans l’article L. 110-1 du Code de l’environnement, qui prévoit que les politiques de l’environnement s’inspirent du principe de précaution, « selon lequel l’absence de certitude, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement à un coût économique acceptable ».

Depuis, la jurisprudence a étendu le principe de précaution à un autre « domaine que l’environnement, celui de santé ».

Il a ainsi été utilisé pour suspendre une autorisation de mise en culture de maïs OGM ou a justifié que le ministre en charge de l’Agriculture se voit enjoint de réexaminer son refus de retirer du marché l’insecticide « Gaucho” pour avoir insuffisamment analysé les risques qu’il présentait pour les abeilles ».

Si, aujourd’hui, il n’existe pas de définition unique du principe de précaution, celle adoptée en janvier 1998 durant la conférence de Wingspread par un panel de scientifiques et de juristes internationaux fait référence. Le texte proclame que « lorsqu’une activité crée une menace sur la santé humaine ou sur l’environnement, des mesures de précaution doivent être prises même si certaines causes et effets ne sont pas entièrement prouvés de manière scientifique ».

La présence établie et la toxicité prouvée de l’acrylamide alimentaire correspondent à la définition de ce principe de précaution.

À ce titre, nos pouvoirs publics nationaux ou européens doivent contraindre l’industrie agroalimentaire à recourir aux méthodes existantes pour baisser le taux d’acrylamide de certains aliments.

Une fois encore, il est intolérable de penser que, presque dix ans après les travaux de Margareta Tômqvist et deux ans après la publication « d’instructions simples à suivre », le taux d’acrylamide des frites continue à augmenter.

Nous l’avons vu sur la question des acides gras-trans à New York : lorsque les mesures volontaires échouent, seul le poids de la loi fonctionne.

Dans un même temps, toujours selon le principe de précaution et plus particulièrement pour protéger les populations à risque comme les femmes enceintes et les enfants, nos pouvoirs publics doivent, efficacement, mettre en garde l’opinion contre les risques liés à une consommation importante de produits riches en acrylamide. Une mesure qui allierait campagne d’informations et mise en garde visible sur les étiquettes des produits.

Enfin, et puisque le processus de formation d’acrylamide est naturel, nos gouvernements doivent communiquer et informer des risques courus dans les cuisines en plus de ceux rencontrés à cause de la consommation de certains produits industriels.

Que dira-t-on si dans cinq, dix ou vingt ans, la science livre la preuve irréfutable que l’acrylamide alimentaire est une source de cancer chez l’homme et que rien n’ait été fait ?

La suite ………….demain.

Dr BUENOS : le problème soulevé est celui du principe de précaution. Concernant l’Acrylamide, il semble qu’appliquer le principe de précaution ne serait pas excessif.

C’est pourquoi dans le réseau ROSA Béziers, on demande aux patients:

  • de diminuer leur consommation de chips et de frites surgelées
  • de faire les frites à partir de pommes de terres pas trop « sucrées », en évitant les frites surgelées et en évitant une température de friture supérieure à 120°.

 

 

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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » Nous ne cesserons jamais de nous nourrir.

La crainte de l’industrie agroalimentaire ne réside donc pas dans la défaillance en masse de sa clientèle.

Mieux : je suis persuadé, comme nombre d’experts de la question, que l’industrie a les moyens de fournir au consommateur des produits plus sains que ceux vendus aujourd’hui. Et que, si cela lui permettait de préserver les mêmes marges de profit, elle n’hésiterait pas à le faire.

Mais dans le secteur de la nouvelle malbouffe, l’argent reste bien sûr le nerf de la guerre. Et nulle part ailleurs, la transformation d’un produit de base, acheté à bas prix, ne rapporte autant. Sans même parler des sodas, dont l’ingrédient principal est l’eau, qui offrent des marges dépassant les 90 %. D’où la crainte majeure des géants de la toxic food : voir un gouvernement légiférer. La loi et ses contraintes, du paiement d’une lourde amende à l’interdiction pure et simple d’un ingrédient, représentent même les pires cauchemars des titans du mal manger.

À nouveau, l’exemple des acides gras-trans aux États-Unis représente un cas d’école.

La bataille pour imposer l’interdiction de l’huile partiellement hydrogénée à New York a été âpre, nous l’avons vu. Or, tandis que ce désir de prendre des mesures restrictives s’étend au reste du pays, chaque État se transforme en champ de bataille. Ainsi, au Texas où je réside, un projet de loi a été rejeté par la majorité républicaine. Coïncidence : juste après que l’industrie agroalimentaire ait apporté des soutiens financiers à ces élus.

Les gardiens du statu quo alimentaire ont joué aussi avec la peur. Cette fois, il ne s’agissait pas de faire pleurer sur le sort de retraités privés de gâteau mais de brandir, en période de crise, la menace de perte d’emplois. À les en croire, la suppression unilatérale des acides gras-trans aurait entraîné un tel surcoût que les restaurants industriels auraient été contraints de pratiquer des licenciements. Même si l’exemple new- yorkais a prouvé l’hérésie de cet argument, il a fonctionné au Texas. Et continuera à agir ailleurs, tant que la classe politique n’aura pas le courage de dénoncer ces mensonges.

La peur de toute loi conduit au troisième commandement de John Hill : calmer.

Une fois le public perdu à cause de la profusion d’informations contradictoires et les adversaires à terre, vient la période où il importe de donner le change.

Je l’ai écrit, tout est question de perception.

Ainsi, les erreurs commises par l’industrie du tabac ont-elles permis aux lobbyistes d’apprendre et d’en tirer des leçons. Si, dans un premier temps, les cigarettiers ont ignoré la pression exercée sur les élus par des citoyens inquiets, ils ont vite compris que, à la longue, cela risquait de porter ses fruits. Donc qu’il valait mieux anticiper et agir.

Dès lors, afin d’éviter une interdiction ou une contrainte, il convenait de donner l’illusion que l’industrie n’était pas à l’origine du problème mais, au contraire, un rouage essentiel pour apporter une solution. Résultat, durant des décennies, tout en vendant des produits responsables de multiples cancers, les cigarettiers se sont cachés derrière un épais écran… de fumée.

D’abord, suivant les conseils de John Hill, fut créé le Tobacco and Heath Research, superbe bijou de sémantique qui marie le terme « santé » au mot « tabac », destiné à mettre en avant toute information suscitant le doute quant à la responsabilité de la cigarette sur les cancers du poumon.

Puis, après la généralisation du filtre, censé diminuer les risques, les années 1970 ont vu apparaître la chimère d’une cigarette sans danger. Des recherches vaines puisque toutes les études prouvaient qu’il n’était pas possible de créer une cigarette exempte d’effets nocifs. Mais l’essentiel consistait à occuper le terrain et à communiquer.

Aujourd’hui, dans la même optique, les grandes marques investissent dans la… prévention. Ainsi, tous les sites Internet des groupes de l’industrie du tabac se proposent d’aider le consommateur… à arrêter de fumer. Belle hypocrisie, non ?

Au début des années 1990, alors que de Seattle à Millau, le rejet de la malbouffe prenait de l’envergure, les fabricants de toxic food ont donc mis en pratique les méthodes inventées par l’industrie du tabac. Un pare-feu d’autant plus nécessaire que la contestation altermondialiste était renforcée par la publication des chiffres effarants de la pandémie d’obésité.

Montrées du doigt, des compagnies comme Coca-Cola ou McDonald’s ont donc commencé à parler… d’autre chose.

N’est-ce pas ce que reconnaît ici Éric Gravier, vice-président de la filiale française du géant du fast-food, lorsqu’il dit : « José Bové et la crise de la vache folle nous ont bousculés. On s’est mis à communiquer sur notre entreprise, sur la nutrition, sur l’environnement. »

Selon cette logique, McDonald’s a, dans de nombreuses campagnes publicitaires, mis en valeur son offre de salades et de fruits alors que, dans le même temps, l’entreprise, via Jean-Pierre Petit, son PDG, reconnaissait qu’en France « ils ne représentent que 15 à 20 % de nos ventes car l’essentiel se fait toujours sur des produits classiques ».

Pourquoi placer ses produits au cœur de la com’ de McDonald’s. Parce que, comme Jean- Pierre Petit l’admet avec franchise – ou une naïveté étonnante, « ils sont très importants en terme d’image ».

En termes d’image… Voilà qui a le mérite d’une certaine sincérité.

Car il s’agit exactement de cela. Quand elle publie son bilan carbone ou s’allie à l’équipe de France de football, la marque poursuit le même objectif: tenter de faire oublier sa part de responsabilité dans la pandémie d’obésité.

Le débat sur l’acrylamide l’illustre. Ayant perçu le danger de l’inaction, craignant que le mot « cancérigène » soit définitivement associé aux frites et chips, redoutant l’adoption de législations contraignantes, les industries de la toxic food ont investi le terrain.

Ainsi, dès 2002, la Confédération des industries agro-alimentaires de l’UE (CIAA) – la voix de l’industrie européenne de la boisson et de l’alimentation, d’après sa propre présentation – s’est impliquée dans les discussions sur le sujet menées par les organismes européens concernés.

La CIAA existe depuis 1982. Sa mission, écrit- elle sur son site, est « de représenter les intérêts des industries de l’alimentation et des boissons près des institutions européennes et internationales », lesquelles sont, comme le rappelle la Confédération, le « premier secteur industriel d’Europe, un employeur majeur et un exportateur ». En clair, un groupe de pression dont la priorité affichée est d’« augmenter la confiance du consommateur dans les produits des industries de l’alimentation et des boissons ».

Dès 2002 donc, la CIAA encourage une série de tests complémentaires à ceux de Margareta Tômqvist et affirme la volonté de l’industrie de prendre le problème en main. L’année suivante, la CIAA crée le Technical Acrylamide Expert Group, dont la mission est de « partager les initiatives de recherches et diffuser les connaissances d’une manière rapide et efficace ». Enfin, suite à la décision de l’OMS de considérer l’acrylamide comme une molécule réprotoxique et cancérigène, donc présentant un risque pour la santé humaine, la CIAA lance, en octobre 2006, The Acrymalide Toolbox1, une base de données à destination des PME contenant des outils pour réduire – ou tenter de le faire – les taux d’acrylamide d’une partie de la nourriture industrielle. Laquelle toolbox est le résultat d’une collaboration « ouverte et transparente entre les autorités publiques au niveau national et européen, des scientifiques et l’industrie ».

En clair, la Commission européenne a décidé de faire confiance à l’industrie agroalimentaire pour qu’elle « prenne des mesures volontaires » aidant à diminuer « le taux d’acrylamide dans ses produits ».

Et cela marche. À en croire le docteur Richard Stadler, scientifique responsable du projet au sein de la CIAA :

« Cette façon unique de travailler ensemble a produit des résultats tangibles comme [la publication] des Acrylamide Pamphlets and l’Acrylamide Toolbox, qui assure que la nourriture que nous consommons est sûre. »

La publication de notices techniques en vingt langues et des outils pratiques basés sur les dernières découvertes en la matière afin d’assurer la sécurité alimentaire peut apparaître un peu courte face à un produit considéré comme cancérigène.

Mais les résultats seraient au rendez-vous. Ainsi, depuis le 3 mai 2007, l’EFSA surveille chaque année le taux d’acrylamide dans les aliments. Et le dernier résumé du rapport de surveillance affirme qu’« il semblerait y avoir une tendance vers la baisse ».

Mission accomplie donc ?

Peut-être.

Ou peut-être pas.

Car voilà, le même document l’EFSA remarque que « cette tendance n’est pas uniforme dans l’ensemble des groupes alimentaires et, de fait, il n’est pas encore clair [que] l’Acrylamide Toolbox [ait] les effets désirés ».

Décidément, rien n’est simple. D’un côté, le représentant de l’industrie agroalimentaire affirme que, grâce à l’outil mis en place, notre nourriture est sûre ; de l’autre, l’EFSA ne semble pas aussi convaincu. Qui croire ? Pour en avoir le cœur net, la seule solution est d’avaler l’intégralité de ce rapport de surveillance des aliments.

Avant même de me lancer dans la passionnante lecture de Results on the Monitoring of Acrylamide Levels in Food, EFSA Scientific Report, je bénéficiais d’un premier indice venant de Grande-Bretagne.

Qui n’avait pas été facile à trouver.

Le 15 juillet 2009, la Food Standards Agency (FSA), agence britannique sur la sécurité alimentaire, publiait ses conclusions annuelles sur le taux d’acrylamide détecté dans divers aliments commercialisés sur son territoire.

Notez que j’ai employé le mot « conclusion » et non « résultats ». Pourquoi ? Parce que, dans un langage que l’on dirait sorti d’un communiqué de presse d’un géant de la toxic food, la FSA écrit : « La présence et les niveaux de celle-ci […] étaient sur la même ligne que ceux obtenus durant l’enquête de l’année dernière. […] La présence et les niveaux trouvés n’augmentent pas l’inquiétude quant au risque pour la santé humaine. » Alambiqué, non ? Néanmoins, une fois de plus, tout semblait aller bien.

Sauf qu’un point du texte officiel me chiffonnait. Non seulement il ne communiquait aucun chiffre mais il se référait sans les nommer aux niveaux de l’année précédente. Des statistiques que, si l’on suivait la « logique » du communiqué, tout citoyen inquiet de la présence d’un carcinogène dans son alimentation devait connaître sur le bout des doigts pour lire le rapport.

La chose étant peu probable, il fallait donc repartir un an auparavant. Et découvrir que la FSA n’avait pas constaté de baisse du taux d’acrylamide dans les aliments concernés vendus en Grande-Bretagne. Et ce alors que la toolbox de la CIAA existait depuis un an.

Une période trop courte pour en constater les résultats, selon les représentants de l’industrie. L’argument pouvait porter. Mais alors, comment interpréter les conclusions de l’enquête de la FSA de 2009 affirmant qu’elles étaient dans la même lignée que celles de 2008 ? Cela signifiait-il que deux années de prise en main du problème par l’industrie n’avaient pas entraîné de baisse du taux d’acrylamide dans la nourriture, constat rejoignant la remarque de l’EFSA sur l’absence d’effets désirés suite aux mesures de la CIAA ?

Le 15 avril 2009, l’EFSA acheva son enquête annuelle de surveillance de la présence d’acrylamide. Quelques semaines plus tard, l’intégralité de son rapport fut mise en ligne. Vingt-six pages condensées qui, en plus de la méthodologie et d’une belle accumulation de chiffres, regorgent d’informations étonnantes.

La première envoie directement au fameux concept du « naturel ». Plus haut, j’écrivais comment, à chaque intervention, les défenseurs de la frite rappellent que le processus de formation de l’acrylamide est un effet naturel dès qu’un aliment se voit cuit à plus de 120 °C. Une « apparition » qui se produit dans les cuisines lors de chaque friture maison.

Ce qui est vrai.

Sauf que, grâce une étude comparative glissée dans le rapport de l’EFSA, on sait désormais qu’il y a « naturel » et… naturel.

Sauf qu’il existe une différence considérable de taux d’acrylamide pg/kg entre des chips industrielles et d’autres confectionnées à domicile. Dans la première, on détecte 628 pg/kg alors que la seconde dépasse tout juste les 300 pg/kg.

Comment expliquer cet écart ?

Plus loin, l’EFSA évoque les conseils permettant de limiter la formation d’acrylamide. Qui sont, principalement, trois : éviter les bains d’huile trop chaude, les variétés de pomme de terre trop sucrées et de stocker les pommes de terre au froid.

Eh bien, il ne faut pas chercher plus loin. Sans grande friture, pas de chips croustillantes ; sans sucre, pas de goût pour accrocher les papilles du consommateur; sans chaîne du froid, du gaspillage et donc des frais supplémentaires.

Cette précision apportée, revenons à la question principale pour déterminer si, depuis la mise en place de mesures volontaires par l’industrie agroalimentaire, il existe une « tendance à la baisse ».

Pour étayer cette conclusion, l’EFSA prend l’exemple de chips dont le taux, d’une année à l’autre, a effectivement décru… mais de peu. Il est ainsi passé de 678 pg/kg à 628 pg/kg. Et encore s’agit-il d’une moyenne puisque les chips anglaises dépassent les 1 200 pg/kg quand les italiennes atteignent seulement 200 pg/kg. Rien de vraiment significatif donc.

Y a-t-il d’autres produits à la baisse ? Le café est passé d’une moyenne de 410 pg/kg à 253 pg/ kg. Hélas, il ne faut pas trop vite s’enthousiasmer. Le rapport précise en effet qu’il n’existe pas encore de méthode pour diminuer le taux d’acrylamide de cet ingrédient et que la variation statistique provient probablement d’une erreur effectuée lors des tests précédents.

Mais alors, constate-t-on quelque part une vraie baisse ? Oui, celle du pain. Qui tombe, en moyenne, à 136 pg/kg alors qu’il était à 274 pg/kg.

Et puis… et puis c’est à peu près tout.

Pire, les autres produits sont en… augmentation, malgré les mesures prises par l’industrie.

Ainsi, les biscuits qui se trouvaient en moyenne à 243 pg/kg sont aujourd’hui à 317 pg/kg. Idem pour les céréales du petit déjeuner, passées de 116 pg/kg à 156 pg/kg.

Un constat identique pour les frites, dont le taux moyen a fait un bon de 284 pg/kg à 350 pg/ kg. Un résultat fort décevant, remarque le rapport de l’EFSA, car « plusieurs fois au-dessus de ce qui semble atteignable en utilisant des pommes de terre à basse teneur en sucre et des températures plus basses pour le bain final ». En clair, sans vraiment oser l’écrire, l’auteur du rapport regrette, pour des raisons expliquées plus haut, que l’industrie de la frite, du fabricant au restaurant, ne se serve pas des outils à sa disposition. Des recettes que, pourtant, elle avait déclaré vouloir appliquer volontairement.

Résumons.

Si l’EFSA, avec certaines réserves, conclut à une orientation vers la baisse, l’information mérite des précisions.

Le rapport se sert de trois produits pour justifier cette conclusion : les chips, le café et le pain.

Si, pour ce dernier, la tendance est réelle, elle est minime pour les chips et statistiquement faussée pour le café.

Ne l’oublions pas aussi, malgré la toolbox, les autres aliments connaissent un taux à la hausse. Un résultat d’autant plus troublant qu’en fin de rapport l’EFSA indique que notre exposition à l’acrylamide provient, à 80-100 %, d’un groupe d’aliments composé des chips (légère baisse), des frites (hausse), du pain (baisse), du café (impossibilité technique de faire baisser le taux d’acrylamide du fait de la torréfaction) et des biscuits (hausse).

Le rapport contient en outre une ultime pépite. Dans ses premières pages, il liste les contributions pays par pays à son enquête de surveillance de taux d’acrylamide. Première chose effarante : la disparité dans la collecte des échantillons. Alors que l’Allemagne – où depuis longtemps les questions environnementales et alimentaires sont une priorité – a fourni 2 048 échantillons, l’Espagne s’est satisfaite de 25. Une disparité qui rend la réalisation d’une statistique globale bien compliquée et difficilement fiable. Comment comparer le taux d’acrylamide des chips belges à celui de la Norvège alors que ce pays a fourni 28 échantillons du produit quand Bruxelles s’en contentait de 4 ?

Enfin, un autre détail a attiré mon attention dans cette liste de 22 pays.

Ou devrais-je plutôt dire une absence ?

Impossible d’y trouver la France.

1. L’Afssa, en 2005, avait effectué « une évaluation de l’exposition de la population française à partir de produits consommés en France » et conclu qu’elle « est dans les mêmes ordres de grandeur » que l’estimation de l’OMS. L’agence précise aussi que « les aliments les plus contributeurs restent les frites et les viennoiseries, notamment chez les enfants » mais déplore qu’« en l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible de faire des recommandations particulières de préparation ou de consommation alimentaire ».

La suite (limite choquante de la complaisance des structures de sécurité alimentaire, pour ne pas employer le terme d’incompétence) …..demain.

Dr BUENOS : on retient surtout 2 choses des éléments de l’enquête de William Reymond sur l’acrylamide :

– un conseil pratique :

  • ne pas acheter chips ni de frites surgelées du commerce chaque fois que possible.
  • Quand on fait des frites, éviter les bains d’huile trop chaude, et les variétés de pomme de terre trop sucrées.

– une constatation récurrente : les autorités sanitaires de sécurité alimentaire n’ont pas les moyens, l’autonomie, ni l’indépendance suffisants pour émettre des recommandations et surtout être à l’origine de lois interdisant les produits industriels « toxiques ».

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Extrait de Toxic Food, le livre de William REYMOND :

 » Le choix des termes utilisés pour élaborer le titre d’un article, la hiérarchie de l’information mise en avant dans le corps d’un papier, la volonté de transformer voire travestir ce que peut comprendre le public, les relations de plus en plus ambiguës entre l’industrie et certains représentants de la science contribuent évidemment à accentuer la confusion qui règne dans l’opinion. Une confusion qui sert grandement les géants de la toxic food.

Dès lors, puisque les préceptes édictés pour les cigarettiers au début des années 1950 continuent de fonctionner, pourquoi les pourvoyeurs de la nouvelle malbouffe ne les appliqueraient-ils pas à tous les niveaux ?

La confusion est le terreau fertile sur lequel germent les graines de la destruction.

Mais cette étape de la « désinformation » doit survenir seulement lorsque l’opinion est désorientée. De fait, vous n’entendrez jamais les tenants de la nourriture industrielle railler ceux qui évoquent la possibilité du risque d’une substance comme l’acrylamide si le travail de sape n’a pas été entamé. Cela ne prendrait pas parce que, dans l’inconscient populaire, cette offensive placerait automatiquement l’industriel dans le camp de l’agresseur, du « méchant ».

C’est pour cette raison que, dans son mémorandum, Cari Thompson insiste – en lettres capitales ! – sur la nécessité de « toujours reproduire scrupuleusement » les conclusions non favorables. Non par souci de la vérité mais parce que cela donne à l’article revu par les experts ès communication une aura de vérité. Laquelle rassurera le lecteur et permettra plus facilement de venir planter les germes de la confusion.

En revanche, une fois le consommateur perdu entre diverses informations contradictoires, viendra le temps de porter l’estocade finale.

Détruire les arguments scientifiques dénonçant certains aliments ou substances issus de l’industrie passe par différentes techniques. Il y a, par exemple, la moquerie, très efficace. Une astuce largement utilisée pour contrer les découvertes du professeur Sydney Mirvish sur l’effet cancérigène des nitrites retrouvés dans les saucisses de hot-dog.

Dans ses travaux, le chercheur avait ainsi apparemment eu le tort de détailler l’action d’une substance cancérigène sur l’ADN. Lorsqu’elle entre dans l’organisme, elle déclenche une mutation qui « cause une altération permanente des gènes de la cellule, ce qui endommage l’ADN ».

Cette description, hachée menue, remoulinée par la machine à tuer de l’industrie de la charcuterie devient, sur le ton de la gaudriole, une sorte de plagiat de science-fiction. Et on ne parle plus des nitrosamines – donc de la poursuite de leur utilisation malgré les risques – mais de cet étrange professeur qui fait n’importe quoi en inventant des saucisses mutantes. Amusé par un titre efficace, le consommateur ne prend pas l’info au sérieux, passe son chemin et, sans le savoir, continue à ingérer un carcinogène.

La peur est une autre méthode fiable.

L’un des chevaux de bataille enfourchés par les défenseurs de la nouvelle malbouffe, c’est la mise en cause de la liberté de choix individuelle. Un refrain très efficace aux États-Unis et, nous l’avons vu, largement utilisé pour contrecarrer les timides tentatives de lutte de l’administration Obama contre la pandémie d’obésité.

La même tactique – mensongère – menace chaque consommateur d’une augmentation de ses taxes et impôts si on avance l’idée d’une réforme et, plus généralement, présente toute mesure-un peu coercitive – pour les industriels – comme un contrôle quasi orwellien des assiettes par un État devenant omniprésent. La décision prise, il y a quelques années, par le maire de New York d’interdire les acides gras-trans dans les restaurants de la ville a ainsi été accueillie par de multiples levées de bouclier de ce genre.

Je me souviens plus particulièrement, tandis que je préparais un reportage sur le sujet pour l’émission Envoyé spécial, d’une conversation avec un porte-parole de la restauration. La corporation, virulente dans son opposition à cette loi d’exclusion, prédisait l’apocalypse commerciale, la disparition même de tous les établissements new-yorkais. Une prédiction, soit dit en passant, dont j’attends toujours qu’elle se réalise !

Mais n’est pas Nostradamus qui veut. Et l’essentiel est évidemment ailleurs. Car le lobbyiste, dressant le catalogue des répercussions affreuses que l’interdiction d’huile partiellement hydrogénée allait entraîner, osa prétendre – des trémolos dans la voix – qu’il s’inquiétait surtout pour les pensionnaires d’une maison de retraite locale. Et de prétendre que ces personnes âgées, abandonnées de tous, n’avaient plus qu’un plaisir dans la vie : le gâteau du goûter. Une pâtisserie qui, concoctée avec de la margarine hydrogénée, allait être supprimée de leur menu. Et, selon lui, absolument pas remplacée par un équivalent sain !

Bien entendu, quand je lui ai demandé l’adresse de l’établissement, il ne put se souvenir précisément du nom de cet hospice quasi pénitentiaire.

Mais, dit-il, cela ne changeait rien à l’horreur de la situation : à cause d’une décision unilatérale de « la police de la nourriture », des vieillards allaient souffrir. Et demain, concluait-il, ce serait au tour des cantines et écoles.

L’expression « police de la nourriture » ne doit bien sûr rien au hasard. Depuis longtemps, les experts en communication appointés par l’industrie ont compris que la sémantique constituait une arme redoutable. Que le combat pour gagner les esprits se remportait d’abord sur le terrain des mots. Quitte à prendre des accents totalitaires lorsque, pour dénoncer les défenseurs d’une alimentation libérée de ses toxines, les gardiens de la nouvelle malbouffe parlent de Gestapo de l’assiette.

Pour ma part, suite à la sortie de Toxic au Québec, j’ai été traité de « mollah de l’anti-obésité » et de « mollah de l’anti-malbouffe » par José Breton, candidat indépendant aux élections provinciales du 26 mars 2007. Son programme – qui n’a pas séduit les électeurs – se résumait dans deux slogans : « L’État n’a pas d’affaire dans l’assiette des gens » et « La malbouffe, c’est bon pour la santé ».

Ce contrôle du langage s’illustre aussi dans le détournement de sens de certains mots. Ainsi, dans les années 1950, John Hill avait insisté sur l’impérieuse nécessité de s’approprier le concept de « science ». Et, plus précisément, de transformer ce terme en outil de démarcation aidant à trier le bon grain – le sien ! – de l’ivraie. Aussi poussa- t-il les fabricants de cigarettes à parler de la « vraie science », un concept soi-disant fondé sur le bon sens et la logique alors que ce néologisme rassemblait surtout les conclusions scientifiques favorables à ses clients. Mieux, Hill était persuadé que ce distinguo affaiblirait les retombées des recherches mettant en cause le tabac. Car qui dit « vraie science » sous-entend que l’adversaire use de la « fausse ». Eh bien, l’industrie de la nouvelle malbouffe s’est approprié ce concept.

Ainsi, lorsqu’une étude – qu’elle a parfois financée – vient instiller le doute quant à la responsabilité, dans un type de maladie, d’un des composants qu’elle utilise, elle s’empresse de présenter la chose comme le fruit d’une science rigoureuse en laquelle le consommateur peut croire. Par opposition, et sans même avoir besoin de le clamer, les études contradictoires se retrouvent propulsées dans les zones obscures où on rejette le farfelu et l’anxiogène.

Depuis quelques années, les champions ès communication pro-industrie alimentaire tentent de s’approprier un autre mot : « naturel ».

Le terme est parfait. En période de doute alimentaire, il rassure le consommateur. Or, aux États-Unis, grâce à un lobbying de plusieurs années, il n’est soumis à aucun cadre législatif.

Alors que le mot « organic », équivalent anglais du « bio », est autorisé après certification et contrôles réguliers, n’importe quel produit peut se voir paré du terme « naturel ».

Les géants de la toxic food se sont intéressés à ce vocable au milieu des années 1980, époque où le sirop de fructose-glucose remplaçait le sucre dans les sodas avant ensuite d’envahir le reste de la chaîne alimentaire. L’idée, toujours défendue aujourd’hui, était de faire croire au consommateur qu’il s’agissait d’un produit naturel, puisqu’obtenu en pressant du maïs. En réalité, comme je l’ai déjà expliqué dans Toxic, le sirop de fructose-glucose est une création chimique.

Le débat autour du taux d’acrylamide dans les frites a été une nouvelle occasion, pour l’industrie, de jouer avec la « flexibilité » du mot « naturel ». Ainsi, il est sans cesse rappelé que la formation d’acrylamide est un phénomène naturel qui se produit à haute température. En soi, la précision est exacte. Mais l’idée ici est d’installer un distinguo dans l’esprit du consommateur. En martelant que le processus est naturel, non seulement on offre aux acrylamides un masque de normalité mais en plus on les éloigne du rejet que ne manquerait pas de susciter dans l’opinion le fait que c’est un nouveau produit chimique. Dès lors, le message sous-jacent tend à faire croire que, formées naturellement, les acrylamides sont moins dangereuses que ce que certains prétendent.

Cette logique a été poussée à l’extrême aux États-Unis.

L’une des rares fois où le sujet a été évoqué à la télévision, un représentant de l’industrie prit soin de marteler le mot « naturel » et même de lui ajouter une nouvelle dimension. Alors que le débat tournait trop autour de la teneur en acrylamide des frites vendues en fast-food – bain d’huile très chaud et pommes de terre riches en sucre -, il a habilement détourné l’attention en parlant de son taux dans les… épinards. Évoquer ce légume, c’était insister sur le caractère « naturel » de la formation des substances cancérigènes, déstabiliser et railler son adversaire qui demandait un contrôle des bains d’huile de la restauration, et libérer l’industrie de toute responsabilité.

Et, au final, oser faire croire à chacun – chapeau ! – que l’être humain mange autant d’épinards frits que de chips !

Ne manquez pas de le vérifier lors d’un prochain apéritif. »

La suite ………..demain.

Dr BUENOS : Nous découvrons progressivement que nous sommes soumis à de véritables campagnes de propagande ….

Où pouvons nous trouver une information de qualité et de vérité ?

 

 

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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

« En somme, peut-être sans s’en rendre compte, en présentant sous ses labels et caution des informations « sponsorisées » par un industriel devant une assistance constituée principalement de médecins et journalistes, le CRÉDOC avait favorisé le mélange des genres et, in fine, trompé le consommateur.

Il faut s’interroger aussi sur le sens donné par Coca-Cola France au terme « financement ». À en croire la représentante du groupe, la Compagnie s’est bornée à acheter une partie des résultats d’une enquête scientifique du CRÉDOC.

En réalité, comme me l’a indiqué France Bellisle, caution scientifique de la présentation :

« La société Coca-Cola n’a pas participé à l’acquisition ni au traitement des données. Cependant, elle a ajouté des questions et suggéré d’étudier des aspects spécifiques de la prise de boisson, par exemple la consommation de boissons sucrées à différents âges de la vie. »

Du simple financement de l’exploitation de l’enquête du CRÉDOC, nous venions donc de passer à l’ajout de questions et à la suggestion d’aspects spécifiques.

Mieux, Coca-Cola s’investit aussi beaucoup dans la préparation de la conférence publique. France Bellisle, remarquant en prologue à ses réponses que mes « questions portaient spécifiquement sur les conflits d’intérêt » qu’elle aurait pu avoir, m’expliqua en effet avoir « travaillé ensemble avec Coca pour préparer la conférence. Plusieurs réunions de préparation ont été nécessaires. Il a fallu s’entendre sur la présentation des données et préparer des diapos susceptibles d’être comprises. Ce travail n’est pas différent qu’il y ait ou non contribution d’un partenaire industriel. »

De toute évidence, le rôle joué par le géant de la boisson à bulles dépasse largement celui du simple financement. Et impose de répondre à une autre interrogation : en suggérant des questions, en orientant l’étude vers certains aspects scientifiques, la compagnie Coca-Cola s’assurait- elle que le produit fini – l’enquête du CRÉDOC – servirait ses objectifs commerciaux ?

Pour tout dire, si la présence de Coca-Cola France aux côtés de médecins et d’un organisme financé par des fonds publics peut étonner, elle est conforme à la stratégie mondiale adoptée par le géant américain.

Ainsi, et cela vous a peut-être échappé, depuis bientôt cinq ans Coca-Cola n’est plus un fabricant de boisson saturée en sucre – et donc responsable de la pandémie d’obésité – mais un spécialiste de l’hydratation !

Un positionnement martelé dans chaque discours interne, sur l’emballage de ses produits vendus aux États-Unis, et même sur Internet où, désormais, la marque propose de « découvrir plus de 80 moyens de s’hydrater », dont la majorité consiste à consommer des produits de sa vaste gamme.

Ce nouveau positionnement répond à deux tendances. D’abord l’appétit du consommateur envers des produits considérés « bons pour la santé » et, surtout, la volonté de la marque de ne pas être montrée du doigt quand on évoque la crise mondiale d’obésité.

La défense de l’hydratation relève donc du vertueux cache-sexe.

Une excuse d’autant plus spécieuse que, comme le rappellent les chercheurs de l’université de Clemson, en plus de son absence de valeur nutritionnelle et de sa teneur en sucre, un soda contient souvent de la caféine. Qui n’est autre qu’un diurétique entraînant, via l’urine, une perte de fluides et donc la… déshydratation !

Que Coca-Cola souhaite que les Français boivent plus et pas uniquement de l’eau est dans l’ordre des choses.

Que le CRÉDOC serve de tremplin à ce genre de message semble plus étonnant, même si l’organisme n’a jamais caché travailler « contractuellement pour des entreprises privées ».

Mais le plus gênant réside dans le fait que des scientifiques renommés servent de caution au message publicitaire d’une multinationale.

Prenons le cas de France Bellisle, qui est, comme je l’ai déjà précisé, directrice de recherche à l’INRA et nutritionniste reconnue mondialement. Son rôle dans la présentation de « l’enquête » du CRÉDOC ayant été largement évoqué plus haut, il ne s’agit pas de remettre en cause ici ses qualités professionnelles, mais de constater qu’elle ne semble pas effrayée par la présence grandissante de l’industrie agroalimentaire dans les coulisses de la médecine et de la recherche.

Mieux, révélant un point qui n’a jamais été mis en avant lors de la conférence de presse au MEDEC – et donc jamais reproduit dans la presse -, la scientifique m’a confié n’avoir pas été engagée sur ce projet par le CRÉDOC mais par… Coca-Cola. « Mon travail de recherche porte le plus souvent sur la prise alimentaire humaine, écrivit-elle. C’est à ce titre que Coca-Cola, qui souhaitait avoir de l’information sur les consommations de boissons, a fait appel à moi, en complément de l’équipe d’experts du CRÉDOC. »

Un point confirmé par Coca-Cola France : « Nous avons demandé au docteur France Bellisle, compte tenu de son expertise dans le comportement alimentaire, de participer à la réflexion et à l’interprétation des données CRÉDOC en collaboration avec les experts du CRÉDOC qui avaient mené l’étude. »

Soit. Mais les relations nouées par France Bellisle avec le milieu industriel ne s’arrêtent pas là. Ainsi, en plus de ses activités à l’INRA, ce médecin est la présidente du Comité de communication de l’Institut français (IFN), « interface entre les milieux scientifiques et ceux de la production agroalimentaire », créé en 1974 par deux professeurs « et plusieurs industriels ».

Une activité non rémunérée qui donne tout loisir d’échanger avec les géants de la toxic food.

Ainsi le comité présidé par France Bellisle accueille huit scientifiques mais également des représentants de Nestlé, Danone, Kellogg’s et… Coca-Cola.

L’IFN n’est pas la seule association fréquentée par la directrice de recherche à l’INRA. On la retrouve par exemple au sein du Conseil européen de l’information sur l’alimentation (EUFIC), une « organisation à but non lucratif qui fournit aux médias, aux professionnels de la santé et de la nutrition, aux enseignants et aux leaders d’opinion, des informations sur la sécurité sanitaire et la qualité des aliments ainsi que sur la santé et la nutrition s’appuyant sur des recherches scientifiques en veillant à ce que ces informations puissent être comprises par les consommateurs ».

En clair ? Un groupe qui reformate les informations scientifiques pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

Là, France Bellisle siège au Conseil consultatif scientifique avec d’autres grands noms européens de la recherche.

Tout cela pourrait être acceptable si, parmi les articles du site de l’EUFIC, ne se glissaient pas certaines perles comme « le chewing-gum contrôle l’appétit » ou « le grignotage, une tendance forte pouvant jouer un rôle bénéfique pour votre santé ». Des articles donnant une sérieuse indication sur la manière dont l’organisme veille « à ce que ces informations puissent être comprises par les consommateurs ».

En fait, pour comprendre la motivation de l’EUFIC, il faut regarder du côté de ses soutiens financiers.

Une liste que l’on dirait sortie de l’édition annuelle du classement Forbes des plus grandes entreprises qui comptent. Ainsi, le groupe est « cofinancé par la Commission européenne et l’industrie européenne des aliments et des boissons. L’EUFIC est dirigé par un conseil d’administration dont les membres sont élus par des sociétés membres. L’EUFIC compte actuellement les membres suivants : Barilla, Cargill, Coca-Cola HBC, Coca-Cola, DSM Nutritional Products Europe Ltd., Ferrero, Groupe Danone, Kraft Foods, Masterfoods, McCormick Foods, McDonald’s, Nestlé, Novozymes, PepsiCo, Pfizer Animal Health, Procter & Gamble, Südzucker, Unilever et Yakult. »

On comprend mieux pourquoi, dans la déclaration de transparence signée par l’ensemble de ses membres, l’EUFIC tient à préciser : « L’EUFIC n’agit pas en tant que porte-parole de l’industrie et ne souhaite pas être perçu comme tel. »

L’EUFIC, l’IFN… On retrouve souvent France Bellisle là où les géants de l’agroalimentaire se trouvent.

Une proximité épinglée, aux États-Unis, par l’association de consommateurs CSPI dans le cadre du programme « Integrity in Science », intégrité en science.

Il y a un an, le groupe révélait qu’une synthèse bibliographique cosignée par France Bellisle et publiée par The American Journal of Clinical Nutrition (AJCN) avait « négligé de révéler les liens financiers unissant les deux auteurs et l’industrie de la boisson».

Le CSIP expliquait par exemple que France Bellisle siégeait au sein de Yadvisory board de McDonald’s.

Si l’AJCN avait oublié de préciser les relations de la chercheuse avec le roi du fast-food – et pour le coup, l’un des plus gros vendeurs mondiaux de boissons du groupe Coca-Cola -, le journal scientifique recelait une autre information intéressante. Listant les sources de financement des travaux co-réalisés par Bellisle, l’ACJN nota la présence de The American Beverage Association, groupe spécialisé dans le lobby dont les membres principaux sont… Pepsi-Cola et Coca-Cola. Il va sans dire que les recherches en question dédouanaient de toute responsabilité les boissons sucrées dans l’augmentation des cas d’obésité ! Une étude qui, selon le CSIP, allait en sens contraire à la majorité des publications et recherches sur le sujet.

Bouclant la boucle, c’est bien cette chercheuse émérite que l’on retrouve derrière les lignes de France Soir – « contrairement à ce que l’on pour-rait penser, les boissons rafraîchissantes sans alcool, en particulier les sodas, contribuent peu aux apports caloriques, et, toujours selon l’étude, il n’y aurait pas de corrélation entre ces boissons et la prise de poids » – et les « conseils » d’hydra¬tation mis en avant devant un parterre de méde¬cins et sous l’égide du CREDOC lors de la conférence du 20 mars 2008 à Paris.

Une fois encore, il ne s’agit pas ici de pointer spécifiquement le comportement d’un scientifique ou d’une compagnie mais d’illustrer un système de contrôle de l’opinion. Dont les barons de la toxic food sont, aujourd’hui, les premiers bénéficiaires.

L’ironie de l’histoire est que, pendant que la presse française reprenait comme un seul homme les conclusions sponsorisées par Coca- Cola, le New York Times levait, lui, un énorme lièvre illustrant l’infiltration des industriels dans le monde de la recherche. Et, par là, confirmait le succès des méthodes inventées par John Hill.

Le quotidien revenait sur un article publié en octobre 2006 dans le New England Journal of Medecine. Où le docteur Claudia Henschke, une sommité, affirmait que 80 % des décès liés au cancer des poumons étaient évitables par un recours plus large aux scanners. Après des années de mise en accusation, les industriels du tabac pouvaient donc esquisser un sourire. Sauf que, derrière les conclusions de la scientifique, le Times découvrit dans les sponsors de l’article la présence de la Foundation for Lung Cancer: Early Detection, Prevention & Treatment.

Une association dont les 3,6 millions de dollars de budget ont, ces trois dernières années, été entièrement financés par un fabricant de… cigarettes.

Là encore, la boucle était bouclée.

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