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Extrait et fin du livre Toxic Food, de William Reymond :

 » Le temps du changement est venu.

Au terme de cette plongée dans l’univers de la nouvelle malbouffe, au-delà des limites visibles de la pandémie d’obésité, je crois avoir prouvé sans contestation possible que la toxic food bouche nos artères, détruit notre foie et nos reins, ronge notre cerveau, grignote notre système digestif, propage les maladies et cultive les cancers. Rien que cela.

Désormais, cela ne fait aucun doute : la nourriture industrielle, soit 80 % de notre alimentation, est l’ennemi mortel de notre héritage génétique.

 

Le temps du changement est venu.

Mais cela ne veut évidemment pas dire qu’il faudrait revenir à l’époque où l’homme était un chasseur-cueilleur, se nourrissant des seules ressources disponibles à sa portée dans la nature, époque où les cancers modernes étaient certes une exception mais où le quotidien s’avérait largement plus périlleux et redoutable qu’aujourd’hui. Qu’on ne prétende pas que je milite pour un retour aux sources.

La modernité n’est assurément pas un concept, mieux, une réalité que je rejette.

Elle a été et doit continuer à jouer son rôle de moteur du progrès, qu’il soit social, technologique, culturel, médical, scientifique et industriel.

Pourtant, force est de reconnaître que notre ADN est plus proche de celui de nos ancêtres des cavernes que de la technologie animant les iPhones.

Alors ?

Alors il suffit d’adapter les préceptes du passé aux contraintes du présent.

L’alimentation de l’homme du paléolithique était principalement composée des fruits de la cueillette avec, de temps en temps, des produits de la pêche et de la chasse.

Ce qui pourrait être traduit, en 2009, de manière simple : des produits complets, des fruits et légumes si possibles issus de l’agriculture biologique et, en complément, des viandes maigres et du poisson.

Cette manière de se nourrir, bonne pour la santé comme pour l’environnement, a déjà un nom. Maladroitement traduit d’un néologisme américain, on dit de ceux qui l’adoptent qu’ils sont flexitariens.

Loin de ce genre d’étiquette, c’est en tout cas le mode de vie que ma famille et moi avons adopté depuis Toxic.

Sans regret.

Un régime alimentaire, au sens large du terme, dont nous mesurons chaque jour les bienfaits.

Ceci dit, de cette aventure « culinaire » je retiens surtout une donnée forte : l’enthousiasme manifesté par mes enfants à l’idée d’adopter ce nouveau style de vie. Ainsi que leur plaisir à découvrir des goûts non altérés par les tripatouillages réalisés dans les cuisines chimiques de la nouvelle malbouffe. De quoi y voir une immense source d’espoir.

Plus que la nôtre, peut-être, leur génération sera celle de la reconquête des assiettes. Une génération en tout cas consciente des dangers et pièges disposés par la toxic food. Une génération qui incarne notre meilleur agent du changement.

 

Le temps du changement est venu.

Mais cette révolution alimentaire ne pourra se gagner sans implication des hommes et femmes politiques, qu’ils gouvernent ou aspirent à le faire. Or, sur ce point, beaucoup de chemin reste à parcourir.

Nous l’avons vu : le modèle américain pro-industrie est solidement implanté en Europe grâce à l’influence économique de ses lobbies, notamment agricoles. Et que l’on parle de mesures volontaires ou de responsabilité partagée, la vérité des faits est là : les acides gras-trans, l’acrylamide, les nitrosamines et le sirop de fructose-glucose sont toujours présents sur nos tables.

Aux États-Unis, Barack Obama a fait du changement un thème majeur de sa campagne.

Élu à la tête de la première puissance mondiale, il pratique pourtant l’ambiguïté. Si, d’un côté, il s’affiche en couverture du Mens Health où, s’adressant à ses douze millions de lecteurs, il confesse que face au risque d’obésité rencontré par une de ses filles, la famille présidentielle a adopté un mode alimentaire qui rejette la nouvelle malbouffe ; si, reconnaissant la part de responsabilité des sodas dans la pandémie d’obésité, il déclare que l’idée de surtaxer ces boissons – et d’utiliser les revenus qui en découlent pour des programmes de lutte contre la crise de surpoids – « devrait être explorée » parce que « si l’on veut avoir un impact important sur la santé des citoyens de ce pays, réduire des choses comme la consommation de sodas serait utile » ; de l’autre, indiquant que le concept ne sera sûrement pas « exploré » intensément, il reconnaît qu’il « existe une résistance au Congrès et au Sénat sur ce genre de taxes », ajoutant : « Les élus de certains États produisant du sucre ou du sirop de maïs sont très sensibles à tout ce qui pourrait réduire la demande pour ses ingrédients. » Pire, reprenant un discours créé par les géants de la toxic food, le président ajoute : « Nos citoyens ne souhaitent pas nécessairement que Big Brother leur dise quoi manger et quoi boire et je comprends cela. » Soit, mais cela doit-il devenir une excuse pour ne pas légiférer dans nos intérêts, qu’il s’agisse d’encourager, punir ou interdire ? Je ne le pense pas.

Reste que pour agir ainsi, il faudrait qu’Obama – comme les autres – coupe les liens qui l’unissent au puissant monde de l’industrie alimentaire. Une rupture difficile à consommer.

Ainsi, le 13 juillet 2009, le docteur Regina Benjamin fut nommée par le Président américain Surgeon General, c’est-à-dire responsable des services médicaux du pays. Or, dans la torpeur de l’été, l’arrivée de Benjamin fut sujette à quelques blagues sur ses kilos en trop. Certains, comme Bill Maher, comique défendant depuis longtemps les préceptes d’une révolution alimentaire, se demandèrent sérieusement si le poids du médecin n’était pas contraire, en temps de pandémie, à la valeur d’exemple attachée à sa fonction.

Mais il y avait quelque chose de plus gênant dans cette nomination. Jusqu’à son accès à cette fonction, Regina Benjamin siégeait en effet au comité scientifique attaché à la direction de… Burger King. Le premier concurrent de McDonald’s y payait le médecin pour « promouvoir des conseils en faveur d’un régime équilibré et des choix de vie actifs ». Or d’une enseigne proposant un hamburger à plus de 1 000 calories – la moitié de nos besoins quotidiens -, chargé de 65 grammes de graisse et 1 460 milligrammes de sodium, on est en mesure de douter des conseils de mieux-manger ! À moins que, à l’instar d’autres, jouant de la confusion des genres, Burger King utilise lui aussi son comité scientifique comme cache-sexe.

Dès lors Bill Maher, qui n’a jamais masqué ses idées démocrates, n’a pas manqué de contester le choix d’Obama : « Le Surgeon General Benjamin a été conseiller en nutrition pour Burger King, a- t-il déclaré. Le seul conseil qu’un expert de la santé devrait donner à Burger King, c’est d’arrêter de vendre de la nourriture. La mission du « conseiller en nutrition » était décrite comme promouvant « des conseils pour un régime équilibré et des choix de vie actifs » – et qui est mieux placé pour faire cela que les mecs qui vous passent par la fenêtre de votre voiture de la viande et du sirop de maïs ? » Mieux, la chute de Maher entra en écho avec le système décrit : « Lorsque vous avez un Surgeon General qui vient de Burger King, vous envoyez un message aux lobbies. Et ce message, c’est : “Faites ce que vous voulez » ! »

C’est sûrement pour cela que, interrogé dans Men’s Health sur la crise d’obésité, Barack Obama refusa de reconnaître la nécessité de déclarer la guerre au fléau, résumant ce combat à des recommandations déjà dépassées : « Si nous encourageons nos enfants à pratiquer une activité physique régulière, si nous les décollons de devant la télévision, si nous travaillons avec les écoles pour développer des menus nutritifs aussi peu chers que les pizzas et les frites qu’ils consomment actuellement, alors il ne nous faudrait pas grand-chose pour renverser la tendance1 », déclara-t-il.

Plus de sport, moins de télévision, de meilleurs menus dans les écoles qui abandonneraient les voyantes pizzas et frites pour les remplacer par une autre forme de nourriture industrielle… pas de doute, Bill Maher a raison : à la Maison- Blanche, l’industrie de la toxic food fait ce qu’elle veut.

Alors ?

Alors, comme cela a été réussi sur les sujets environnementaux, c’est à l’opinion, aux citoyens, de contraindre les hommes politiques à entreprendre la reconquête des assiettes et à transformer cette croisade en priorité de gouvernement.

Et pour y parvenir, échéance électorale après échéance électorale, nous disposons d’une arme qui leur fait peur : notre bulletin de vote.

 

Le temps est venu de changer.

Mais inutile de se bercer d’illusions : remporter cette bataille ne sera pas facile.

Plus que jamais, les titans de la nouvelle malbouffe multiplient les « astuces » pour que nous consommions plus de leurs produits.

La compagnie Standard Meat, de Dallas, est l’un de ces bras armés de l’ombre. Une image même pas exagérée puisque de sa façade d’immeuble anonyme à son site Internet minimaliste, cette société cultive la discrétion. Or, derrière ces murs blancs, la société texane prépare la viande destinée à de nombreuses chaînes de restauration.

Dans d’immenses broyeurs et mélangeurs, les machines de Standard Meat ajoutent à la viande une sorte de purée de maïs et différents jus. Selon les produits, on retrouve du sirop de fructose-glucose, un mélange de protéines, de l’eau et du soja.

La préparation de la viande, souvent par injection, n’est ni une tendance nouvelle ni une spécificité américaine. Et l’Europe recourt aux mêmes techniques parce qu’elles permettent d’augmenter les profits. Ainsi, cela permet d’attendrir les morceaux qui ne sont pas de premier choix. Puis, comme raconté dans Toxic, d’ajouter de la masse aux produits vendus, le consommateur payant le prix fort une viande dont une partie du poids est en fait constituée d’un mélange d’eau et de sodium.

Les Pays-Bas, profitant d’une absence de législation stricte au sein de l’Union européenne, sont devenus champions de l’exportation de poulets « enrichis » de ce genre. Ainsi, chaque année, le pays vend 63 000 tonnes de morceaux de poulets congelés à ses partenaires européens. Une viande dans laquelle les producteurs néerlandais ajoutent jusqu’à 35 % de liquide !

Je n’ai pas écrit « eau » contrairement au cadre de la loi européenne qui oblige de porter cette mention sur les étiquettes. Et pour cause : le poulet des Pays-Bas est enrichi selon le modèle américain. Avec de l’eau certes, mais aussi du sodium et un mélange de protéines… de porc.

Oui, vous avez bien lu : sans le savoir, nous consommons du poulet enrichi au porc, ce qui donne une dimension religieuse au problème. Le poulet néerlandais n’est-il pas principalement vendu, en gros, à la restauration? Où, sur les menus, ne figure aucune mention de l’origine et de la présence du mélange. Résultat ? Les consommateurs de confessions juive et musulmane mangent une nourriture non conforme à leurs obligations religieuses.

Mais revenons à la Standard Meat de Dallas. Si elle brise la structure cellulaire de la viande, ce n’est pas uniquement pour la charger en marinade magique. C’est aussi pour en faciliter la mastication.

Car, comme le révèle David Kessler, l’industrie agroalimentaire est obsédée par notre manière de mâcher. Ou, plus précisément, par la nature du coup de mâchoire que nous donnons avant d’avaler une bouchée.

En moyenne, un aliment fait vingt et un allers-retours dans la bouche avant l’ingestion. Un processus important, notamment pour la satiété, puisque c’est la mastication qui envoie au cerveau le message que nous avons suffisamment mangé.

Or ce processus d’autorégulation est, selon les titans de la toxic food, un frein à la consommation. D’où les broyeurs de Standard Meat ! En prémâchant la viande, les machines de la compagnie de Dallas permettent de faire tomber le nombre de mastication à seulement six allers-retours ! Diviser le nombre naturel de mastication par plus de trois, c’est créer ce que la profession a baptisé de « la nourriture de bébé pour adultes ». Et piéger notre instinct en l’incitant à consommer plus.

Une nourriture prémâchée pour augmenter la quantité avalée, une viande salée, engraissée et sucrée pour exciter nos papilles, les stratégies mises en place par l’industrie agroalimentaire pour nous tromper ne manquent pas.

Alors ?

Alors, si nos choix dans l’isoloir sont les seuls arguments en mesure d’atteindre les politiques, une autre forme de bulletin de vote peut sanctionner les activités des promoteurs de la nouvelle malbouffe.

Je l’ai dit depuis la sortie de Toxic et je vais le répéter ici : nous votons à chaque repas. Notre porte-monnaie est le plus puissant des bulletins. A nous de l’utiliser pour sanctionner les choix dangereux pour notre santé. Comme les géants de la toxic food voudront continuer à prospérer, ils seront condamnés à changer.

Submergeant nos assiettes de produits responsables de maladies, ils négligent aujourd’hui de respecter une règle essentielle du commerce : ton client, tu ne tueras point !

 

Le temps de changer est venu.

Et, avec lui, émergent quand même de bonnes nouvelles.

Depuis quelques années, des chercheurs américains, français et québécois travaillent sur les effets de l’alimentation sur notre santé.

Grâce à ces scientifiques dont les noms peuplent les notes de bas de page de ce livre, nous connaissons désormais avec certitude les effets de la nouvelle malbouffe sur nos organismes.

Certes, leurs recherches sont anxiogènes, mais elles sont aussi libératrices. Car chacun, armé de leurs certitudes, pourra plus facilement renoncer à l’enfer de la toxic food.

Autre lueur d’espoir : certaines études se concentrent sur ce que signifie une nourriture saine. Dont les effets dépassent largement le cadre de nos attentes.

Et plus spécifiquement en cas de cancer.

Reprenons l’image du gazon utilisée par le professeur Campbell qui compare la phase de « promotion » au moment où l’herbe va pousser.

Si la nouvelle malbouffe joue là un rôle d’engrais en permettant une croissance rapide et fournie, une alimentation riche en produits complets et en fruits et légumes, elle, ne véhicule pas la maladie. Mieux, elle a une action réparatrice sur les cellules abîmées.

En clair, cela signifie qu’une nourriture différente limite l’essor du mal et, dans certains cas, fait disparaître les traces déjà présentes.

Ce qui confirme, comme Hippocrate le pensait, que notre nourriture est aussi notre remède.

 

Le temps est venu de changer.

Et les étapes vers la révolution alimentaire déjà bien balisées.

La première d’entre elles relève de la décision individuelle. Qui, en se démultipliant, va devenir collective.

Ensuite, il est de notre responsabilité de nous éduquer et de transmettre ce nouveau savoir pour dénoncer les tactiques des géants de la nouvelle malbouffe.

En somme, rejeter la toxic food revient à entreprendre une sorte de résistance civique, combat dont l’issue pèse sur le sort des nations.

C’est cet état d’esprit qui m’a en tout cas habité tout au long de cette enquête, et qui guide aujourd’hui encore ma plume.

 

Le temps est venu de changer.

Nous sommes ce que nous mangeons et notre avenir passe par nos assiettes.

Le combat vient de commencer et il est temps de passer à table.

Bon appétit et… à vous de jouer. »

La suite ……….. Nous l’attendons ………….

Dr BUENOS : Merci à William Reymond pour son travail d’enquête très documenté et très bien exposé (ses 2 livres nous ont tenu en haleine).

Merci l’ami.

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