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gestapo de l’assiette

Extrait de Toxic Food, le livre de William REYMOND :

 » Le choix des termes utilisés pour élaborer le titre d’un article, la hiérarchie de l’information mise en avant dans le corps d’un papier, la volonté de transformer voire travestir ce que peut comprendre le public, les relations de plus en plus ambiguës entre l’industrie et certains représentants de la science contribuent évidemment à accentuer la confusion qui règne dans l’opinion. Une confusion qui sert grandement les géants de la toxic food.

Dès lors, puisque les préceptes édictés pour les cigarettiers au début des années 1950 continuent de fonctionner, pourquoi les pourvoyeurs de la nouvelle malbouffe ne les appliqueraient-ils pas à tous les niveaux ?

La confusion est le terreau fertile sur lequel germent les graines de la destruction.

Mais cette étape de la « désinformation » doit survenir seulement lorsque l’opinion est désorientée. De fait, vous n’entendrez jamais les tenants de la nourriture industrielle railler ceux qui évoquent la possibilité du risque d’une substance comme l’acrylamide si le travail de sape n’a pas été entamé. Cela ne prendrait pas parce que, dans l’inconscient populaire, cette offensive placerait automatiquement l’industriel dans le camp de l’agresseur, du « méchant ».

C’est pour cette raison que, dans son mémorandum, Cari Thompson insiste – en lettres capitales ! – sur la nécessité de « toujours reproduire scrupuleusement » les conclusions non favorables. Non par souci de la vérité mais parce que cela donne à l’article revu par les experts ès communication une aura de vérité. Laquelle rassurera le lecteur et permettra plus facilement de venir planter les germes de la confusion.

En revanche, une fois le consommateur perdu entre diverses informations contradictoires, viendra le temps de porter l’estocade finale.

Détruire les arguments scientifiques dénonçant certains aliments ou substances issus de l’industrie passe par différentes techniques. Il y a, par exemple, la moquerie, très efficace. Une astuce largement utilisée pour contrer les découvertes du professeur Sydney Mirvish sur l’effet cancérigène des nitrites retrouvés dans les saucisses de hot-dog.

Dans ses travaux, le chercheur avait ainsi apparemment eu le tort de détailler l’action d’une substance cancérigène sur l’ADN. Lorsqu’elle entre dans l’organisme, elle déclenche une mutation qui « cause une altération permanente des gènes de la cellule, ce qui endommage l’ADN ».

Cette description, hachée menue, remoulinée par la machine à tuer de l’industrie de la charcuterie devient, sur le ton de la gaudriole, une sorte de plagiat de science-fiction. Et on ne parle plus des nitrosamines – donc de la poursuite de leur utilisation malgré les risques – mais de cet étrange professeur qui fait n’importe quoi en inventant des saucisses mutantes. Amusé par un titre efficace, le consommateur ne prend pas l’info au sérieux, passe son chemin et, sans le savoir, continue à ingérer un carcinogène.

La peur est une autre méthode fiable.

L’un des chevaux de bataille enfourchés par les défenseurs de la nouvelle malbouffe, c’est la mise en cause de la liberté de choix individuelle. Un refrain très efficace aux États-Unis et, nous l’avons vu, largement utilisé pour contrecarrer les timides tentatives de lutte de l’administration Obama contre la pandémie d’obésité.

La même tactique – mensongère – menace chaque consommateur d’une augmentation de ses taxes et impôts si on avance l’idée d’une réforme et, plus généralement, présente toute mesure-un peu coercitive – pour les industriels – comme un contrôle quasi orwellien des assiettes par un État devenant omniprésent. La décision prise, il y a quelques années, par le maire de New York d’interdire les acides gras-trans dans les restaurants de la ville a ainsi été accueillie par de multiples levées de bouclier de ce genre.

Je me souviens plus particulièrement, tandis que je préparais un reportage sur le sujet pour l’émission Envoyé spécial, d’une conversation avec un porte-parole de la restauration. La corporation, virulente dans son opposition à cette loi d’exclusion, prédisait l’apocalypse commerciale, la disparition même de tous les établissements new-yorkais. Une prédiction, soit dit en passant, dont j’attends toujours qu’elle se réalise !

Mais n’est pas Nostradamus qui veut. Et l’essentiel est évidemment ailleurs. Car le lobbyiste, dressant le catalogue des répercussions affreuses que l’interdiction d’huile partiellement hydrogénée allait entraîner, osa prétendre – des trémolos dans la voix – qu’il s’inquiétait surtout pour les pensionnaires d’une maison de retraite locale. Et de prétendre que ces personnes âgées, abandonnées de tous, n’avaient plus qu’un plaisir dans la vie : le gâteau du goûter. Une pâtisserie qui, concoctée avec de la margarine hydrogénée, allait être supprimée de leur menu. Et, selon lui, absolument pas remplacée par un équivalent sain !

Bien entendu, quand je lui ai demandé l’adresse de l’établissement, il ne put se souvenir précisément du nom de cet hospice quasi pénitentiaire.

Mais, dit-il, cela ne changeait rien à l’horreur de la situation : à cause d’une décision unilatérale de « la police de la nourriture », des vieillards allaient souffrir. Et demain, concluait-il, ce serait au tour des cantines et écoles.

L’expression « police de la nourriture » ne doit bien sûr rien au hasard. Depuis longtemps, les experts en communication appointés par l’industrie ont compris que la sémantique constituait une arme redoutable. Que le combat pour gagner les esprits se remportait d’abord sur le terrain des mots. Quitte à prendre des accents totalitaires lorsque, pour dénoncer les défenseurs d’une alimentation libérée de ses toxines, les gardiens de la nouvelle malbouffe parlent de Gestapo de l’assiette.

Pour ma part, suite à la sortie de Toxic au Québec, j’ai été traité de « mollah de l’anti-obésité » et de « mollah de l’anti-malbouffe » par José Breton, candidat indépendant aux élections provinciales du 26 mars 2007. Son programme – qui n’a pas séduit les électeurs – se résumait dans deux slogans : « L’État n’a pas d’affaire dans l’assiette des gens » et « La malbouffe, c’est bon pour la santé ».

Ce contrôle du langage s’illustre aussi dans le détournement de sens de certains mots. Ainsi, dans les années 1950, John Hill avait insisté sur l’impérieuse nécessité de s’approprier le concept de « science ». Et, plus précisément, de transformer ce terme en outil de démarcation aidant à trier le bon grain – le sien ! – de l’ivraie. Aussi poussa- t-il les fabricants de cigarettes à parler de la « vraie science », un concept soi-disant fondé sur le bon sens et la logique alors que ce néologisme rassemblait surtout les conclusions scientifiques favorables à ses clients. Mieux, Hill était persuadé que ce distinguo affaiblirait les retombées des recherches mettant en cause le tabac. Car qui dit « vraie science » sous-entend que l’adversaire use de la « fausse ». Eh bien, l’industrie de la nouvelle malbouffe s’est approprié ce concept.

Ainsi, lorsqu’une étude – qu’elle a parfois financée – vient instiller le doute quant à la responsabilité, dans un type de maladie, d’un des composants qu’elle utilise, elle s’empresse de présenter la chose comme le fruit d’une science rigoureuse en laquelle le consommateur peut croire. Par opposition, et sans même avoir besoin de le clamer, les études contradictoires se retrouvent propulsées dans les zones obscures où on rejette le farfelu et l’anxiogène.

Depuis quelques années, les champions ès communication pro-industrie alimentaire tentent de s’approprier un autre mot : « naturel ».

Le terme est parfait. En période de doute alimentaire, il rassure le consommateur. Or, aux États-Unis, grâce à un lobbying de plusieurs années, il n’est soumis à aucun cadre législatif.

Alors que le mot « organic », équivalent anglais du « bio », est autorisé après certification et contrôles réguliers, n’importe quel produit peut se voir paré du terme « naturel ».

Les géants de la toxic food se sont intéressés à ce vocable au milieu des années 1980, époque où le sirop de fructose-glucose remplaçait le sucre dans les sodas avant ensuite d’envahir le reste de la chaîne alimentaire. L’idée, toujours défendue aujourd’hui, était de faire croire au consommateur qu’il s’agissait d’un produit naturel, puisqu’obtenu en pressant du maïs. En réalité, comme je l’ai déjà expliqué dans Toxic, le sirop de fructose-glucose est une création chimique.

Le débat autour du taux d’acrylamide dans les frites a été une nouvelle occasion, pour l’industrie, de jouer avec la « flexibilité » du mot « naturel ». Ainsi, il est sans cesse rappelé que la formation d’acrylamide est un phénomène naturel qui se produit à haute température. En soi, la précision est exacte. Mais l’idée ici est d’installer un distinguo dans l’esprit du consommateur. En martelant que le processus est naturel, non seulement on offre aux acrylamides un masque de normalité mais en plus on les éloigne du rejet que ne manquerait pas de susciter dans l’opinion le fait que c’est un nouveau produit chimique. Dès lors, le message sous-jacent tend à faire croire que, formées naturellement, les acrylamides sont moins dangereuses que ce que certains prétendent.

Cette logique a été poussée à l’extrême aux États-Unis.

L’une des rares fois où le sujet a été évoqué à la télévision, un représentant de l’industrie prit soin de marteler le mot « naturel » et même de lui ajouter une nouvelle dimension. Alors que le débat tournait trop autour de la teneur en acrylamide des frites vendues en fast-food – bain d’huile très chaud et pommes de terre riches en sucre -, il a habilement détourné l’attention en parlant de son taux dans les… épinards. Évoquer ce légume, c’était insister sur le caractère « naturel » de la formation des substances cancérigènes, déstabiliser et railler son adversaire qui demandait un contrôle des bains d’huile de la restauration, et libérer l’industrie de toute responsabilité.

Et, au final, oser faire croire à chacun – chapeau ! – que l’être humain mange autant d’épinards frits que de chips !

Ne manquez pas de le vérifier lors d’un prochain apéritif. »

La suite ………..demain.

Dr BUENOS : Nous découvrons progressivement que nous sommes soumis à de véritables campagnes de propagande ….

Où pouvons nous trouver une information de qualité et de vérité ?

 

 

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