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sécurité alimentaire

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Extrait et fin du livre Toxic Food, de William Reymond :

 » Le temps du changement est venu.

Au terme de cette plongée dans l’univers de la nouvelle malbouffe, au-delà des limites visibles de la pandémie d’obésité, je crois avoir prouvé sans contestation possible que la toxic food bouche nos artères, détruit notre foie et nos reins, ronge notre cerveau, grignote notre système digestif, propage les maladies et cultive les cancers. Rien que cela.

Désormais, cela ne fait aucun doute : la nourriture industrielle, soit 80 % de notre alimentation, est l’ennemi mortel de notre héritage génétique.

 

Le temps du changement est venu.

Mais cela ne veut évidemment pas dire qu’il faudrait revenir à l’époque où l’homme était un chasseur-cueilleur, se nourrissant des seules ressources disponibles à sa portée dans la nature, époque où les cancers modernes étaient certes une exception mais où le quotidien s’avérait largement plus périlleux et redoutable qu’aujourd’hui. Qu’on ne prétende pas que je milite pour un retour aux sources.

La modernité n’est assurément pas un concept, mieux, une réalité que je rejette.

Elle a été et doit continuer à jouer son rôle de moteur du progrès, qu’il soit social, technologique, culturel, médical, scientifique et industriel.

Pourtant, force est de reconnaître que notre ADN est plus proche de celui de nos ancêtres des cavernes que de la technologie animant les iPhones.

Alors ?

Alors il suffit d’adapter les préceptes du passé aux contraintes du présent.

L’alimentation de l’homme du paléolithique était principalement composée des fruits de la cueillette avec, de temps en temps, des produits de la pêche et de la chasse.

Ce qui pourrait être traduit, en 2009, de manière simple : des produits complets, des fruits et légumes si possibles issus de l’agriculture biologique et, en complément, des viandes maigres et du poisson.

Cette manière de se nourrir, bonne pour la santé comme pour l’environnement, a déjà un nom. Maladroitement traduit d’un néologisme américain, on dit de ceux qui l’adoptent qu’ils sont flexitariens.

Loin de ce genre d’étiquette, c’est en tout cas le mode de vie que ma famille et moi avons adopté depuis Toxic.

Sans regret.

Un régime alimentaire, au sens large du terme, dont nous mesurons chaque jour les bienfaits.

Ceci dit, de cette aventure « culinaire » je retiens surtout une donnée forte : l’enthousiasme manifesté par mes enfants à l’idée d’adopter ce nouveau style de vie. Ainsi que leur plaisir à découvrir des goûts non altérés par les tripatouillages réalisés dans les cuisines chimiques de la nouvelle malbouffe. De quoi y voir une immense source d’espoir.

Plus que la nôtre, peut-être, leur génération sera celle de la reconquête des assiettes. Une génération en tout cas consciente des dangers et pièges disposés par la toxic food. Une génération qui incarne notre meilleur agent du changement.

 

Le temps du changement est venu.

Mais cette révolution alimentaire ne pourra se gagner sans implication des hommes et femmes politiques, qu’ils gouvernent ou aspirent à le faire. Or, sur ce point, beaucoup de chemin reste à parcourir.

Nous l’avons vu : le modèle américain pro-industrie est solidement implanté en Europe grâce à l’influence économique de ses lobbies, notamment agricoles. Et que l’on parle de mesures volontaires ou de responsabilité partagée, la vérité des faits est là : les acides gras-trans, l’acrylamide, les nitrosamines et le sirop de fructose-glucose sont toujours présents sur nos tables.

Aux États-Unis, Barack Obama a fait du changement un thème majeur de sa campagne.

Élu à la tête de la première puissance mondiale, il pratique pourtant l’ambiguïté. Si, d’un côté, il s’affiche en couverture du Mens Health où, s’adressant à ses douze millions de lecteurs, il confesse que face au risque d’obésité rencontré par une de ses filles, la famille présidentielle a adopté un mode alimentaire qui rejette la nouvelle malbouffe ; si, reconnaissant la part de responsabilité des sodas dans la pandémie d’obésité, il déclare que l’idée de surtaxer ces boissons – et d’utiliser les revenus qui en découlent pour des programmes de lutte contre la crise de surpoids – « devrait être explorée » parce que « si l’on veut avoir un impact important sur la santé des citoyens de ce pays, réduire des choses comme la consommation de sodas serait utile » ; de l’autre, indiquant que le concept ne sera sûrement pas « exploré » intensément, il reconnaît qu’il « existe une résistance au Congrès et au Sénat sur ce genre de taxes », ajoutant : « Les élus de certains États produisant du sucre ou du sirop de maïs sont très sensibles à tout ce qui pourrait réduire la demande pour ses ingrédients. » Pire, reprenant un discours créé par les géants de la toxic food, le président ajoute : « Nos citoyens ne souhaitent pas nécessairement que Big Brother leur dise quoi manger et quoi boire et je comprends cela. » Soit, mais cela doit-il devenir une excuse pour ne pas légiférer dans nos intérêts, qu’il s’agisse d’encourager, punir ou interdire ? Je ne le pense pas.

Reste que pour agir ainsi, il faudrait qu’Obama – comme les autres – coupe les liens qui l’unissent au puissant monde de l’industrie alimentaire. Une rupture difficile à consommer.

Ainsi, le 13 juillet 2009, le docteur Regina Benjamin fut nommée par le Président américain Surgeon General, c’est-à-dire responsable des services médicaux du pays. Or, dans la torpeur de l’été, l’arrivée de Benjamin fut sujette à quelques blagues sur ses kilos en trop. Certains, comme Bill Maher, comique défendant depuis longtemps les préceptes d’une révolution alimentaire, se demandèrent sérieusement si le poids du médecin n’était pas contraire, en temps de pandémie, à la valeur d’exemple attachée à sa fonction.

Mais il y avait quelque chose de plus gênant dans cette nomination. Jusqu’à son accès à cette fonction, Regina Benjamin siégeait en effet au comité scientifique attaché à la direction de… Burger King. Le premier concurrent de McDonald’s y payait le médecin pour « promouvoir des conseils en faveur d’un régime équilibré et des choix de vie actifs ». Or d’une enseigne proposant un hamburger à plus de 1 000 calories – la moitié de nos besoins quotidiens -, chargé de 65 grammes de graisse et 1 460 milligrammes de sodium, on est en mesure de douter des conseils de mieux-manger ! À moins que, à l’instar d’autres, jouant de la confusion des genres, Burger King utilise lui aussi son comité scientifique comme cache-sexe.

Dès lors Bill Maher, qui n’a jamais masqué ses idées démocrates, n’a pas manqué de contester le choix d’Obama : « Le Surgeon General Benjamin a été conseiller en nutrition pour Burger King, a- t-il déclaré. Le seul conseil qu’un expert de la santé devrait donner à Burger King, c’est d’arrêter de vendre de la nourriture. La mission du « conseiller en nutrition » était décrite comme promouvant « des conseils pour un régime équilibré et des choix de vie actifs » – et qui est mieux placé pour faire cela que les mecs qui vous passent par la fenêtre de votre voiture de la viande et du sirop de maïs ? » Mieux, la chute de Maher entra en écho avec le système décrit : « Lorsque vous avez un Surgeon General qui vient de Burger King, vous envoyez un message aux lobbies. Et ce message, c’est : “Faites ce que vous voulez » ! »

C’est sûrement pour cela que, interrogé dans Men’s Health sur la crise d’obésité, Barack Obama refusa de reconnaître la nécessité de déclarer la guerre au fléau, résumant ce combat à des recommandations déjà dépassées : « Si nous encourageons nos enfants à pratiquer une activité physique régulière, si nous les décollons de devant la télévision, si nous travaillons avec les écoles pour développer des menus nutritifs aussi peu chers que les pizzas et les frites qu’ils consomment actuellement, alors il ne nous faudrait pas grand-chose pour renverser la tendance1 », déclara-t-il.

Plus de sport, moins de télévision, de meilleurs menus dans les écoles qui abandonneraient les voyantes pizzas et frites pour les remplacer par une autre forme de nourriture industrielle… pas de doute, Bill Maher a raison : à la Maison- Blanche, l’industrie de la toxic food fait ce qu’elle veut.

Alors ?

Alors, comme cela a été réussi sur les sujets environnementaux, c’est à l’opinion, aux citoyens, de contraindre les hommes politiques à entreprendre la reconquête des assiettes et à transformer cette croisade en priorité de gouvernement.

Et pour y parvenir, échéance électorale après échéance électorale, nous disposons d’une arme qui leur fait peur : notre bulletin de vote.

 

Le temps est venu de changer.

Mais inutile de se bercer d’illusions : remporter cette bataille ne sera pas facile.

Plus que jamais, les titans de la nouvelle malbouffe multiplient les « astuces » pour que nous consommions plus de leurs produits.

La compagnie Standard Meat, de Dallas, est l’un de ces bras armés de l’ombre. Une image même pas exagérée puisque de sa façade d’immeuble anonyme à son site Internet minimaliste, cette société cultive la discrétion. Or, derrière ces murs blancs, la société texane prépare la viande destinée à de nombreuses chaînes de restauration.

Dans d’immenses broyeurs et mélangeurs, les machines de Standard Meat ajoutent à la viande une sorte de purée de maïs et différents jus. Selon les produits, on retrouve du sirop de fructose-glucose, un mélange de protéines, de l’eau et du soja.

La préparation de la viande, souvent par injection, n’est ni une tendance nouvelle ni une spécificité américaine. Et l’Europe recourt aux mêmes techniques parce qu’elles permettent d’augmenter les profits. Ainsi, cela permet d’attendrir les morceaux qui ne sont pas de premier choix. Puis, comme raconté dans Toxic, d’ajouter de la masse aux produits vendus, le consommateur payant le prix fort une viande dont une partie du poids est en fait constituée d’un mélange d’eau et de sodium.

Les Pays-Bas, profitant d’une absence de législation stricte au sein de l’Union européenne, sont devenus champions de l’exportation de poulets « enrichis » de ce genre. Ainsi, chaque année, le pays vend 63 000 tonnes de morceaux de poulets congelés à ses partenaires européens. Une viande dans laquelle les producteurs néerlandais ajoutent jusqu’à 35 % de liquide !

Je n’ai pas écrit « eau » contrairement au cadre de la loi européenne qui oblige de porter cette mention sur les étiquettes. Et pour cause : le poulet des Pays-Bas est enrichi selon le modèle américain. Avec de l’eau certes, mais aussi du sodium et un mélange de protéines… de porc.

Oui, vous avez bien lu : sans le savoir, nous consommons du poulet enrichi au porc, ce qui donne une dimension religieuse au problème. Le poulet néerlandais n’est-il pas principalement vendu, en gros, à la restauration? Où, sur les menus, ne figure aucune mention de l’origine et de la présence du mélange. Résultat ? Les consommateurs de confessions juive et musulmane mangent une nourriture non conforme à leurs obligations religieuses.

Mais revenons à la Standard Meat de Dallas. Si elle brise la structure cellulaire de la viande, ce n’est pas uniquement pour la charger en marinade magique. C’est aussi pour en faciliter la mastication.

Car, comme le révèle David Kessler, l’industrie agroalimentaire est obsédée par notre manière de mâcher. Ou, plus précisément, par la nature du coup de mâchoire que nous donnons avant d’avaler une bouchée.

En moyenne, un aliment fait vingt et un allers-retours dans la bouche avant l’ingestion. Un processus important, notamment pour la satiété, puisque c’est la mastication qui envoie au cerveau le message que nous avons suffisamment mangé.

Or ce processus d’autorégulation est, selon les titans de la toxic food, un frein à la consommation. D’où les broyeurs de Standard Meat ! En prémâchant la viande, les machines de la compagnie de Dallas permettent de faire tomber le nombre de mastication à seulement six allers-retours ! Diviser le nombre naturel de mastication par plus de trois, c’est créer ce que la profession a baptisé de « la nourriture de bébé pour adultes ». Et piéger notre instinct en l’incitant à consommer plus.

Une nourriture prémâchée pour augmenter la quantité avalée, une viande salée, engraissée et sucrée pour exciter nos papilles, les stratégies mises en place par l’industrie agroalimentaire pour nous tromper ne manquent pas.

Alors ?

Alors, si nos choix dans l’isoloir sont les seuls arguments en mesure d’atteindre les politiques, une autre forme de bulletin de vote peut sanctionner les activités des promoteurs de la nouvelle malbouffe.

Je l’ai dit depuis la sortie de Toxic et je vais le répéter ici : nous votons à chaque repas. Notre porte-monnaie est le plus puissant des bulletins. A nous de l’utiliser pour sanctionner les choix dangereux pour notre santé. Comme les géants de la toxic food voudront continuer à prospérer, ils seront condamnés à changer.

Submergeant nos assiettes de produits responsables de maladies, ils négligent aujourd’hui de respecter une règle essentielle du commerce : ton client, tu ne tueras point !

 

Le temps de changer est venu.

Et, avec lui, émergent quand même de bonnes nouvelles.

Depuis quelques années, des chercheurs américains, français et québécois travaillent sur les effets de l’alimentation sur notre santé.

Grâce à ces scientifiques dont les noms peuplent les notes de bas de page de ce livre, nous connaissons désormais avec certitude les effets de la nouvelle malbouffe sur nos organismes.

Certes, leurs recherches sont anxiogènes, mais elles sont aussi libératrices. Car chacun, armé de leurs certitudes, pourra plus facilement renoncer à l’enfer de la toxic food.

Autre lueur d’espoir : certaines études se concentrent sur ce que signifie une nourriture saine. Dont les effets dépassent largement le cadre de nos attentes.

Et plus spécifiquement en cas de cancer.

Reprenons l’image du gazon utilisée par le professeur Campbell qui compare la phase de « promotion » au moment où l’herbe va pousser.

Si la nouvelle malbouffe joue là un rôle d’engrais en permettant une croissance rapide et fournie, une alimentation riche en produits complets et en fruits et légumes, elle, ne véhicule pas la maladie. Mieux, elle a une action réparatrice sur les cellules abîmées.

En clair, cela signifie qu’une nourriture différente limite l’essor du mal et, dans certains cas, fait disparaître les traces déjà présentes.

Ce qui confirme, comme Hippocrate le pensait, que notre nourriture est aussi notre remède.

 

Le temps est venu de changer.

Et les étapes vers la révolution alimentaire déjà bien balisées.

La première d’entre elles relève de la décision individuelle. Qui, en se démultipliant, va devenir collective.

Ensuite, il est de notre responsabilité de nous éduquer et de transmettre ce nouveau savoir pour dénoncer les tactiques des géants de la nouvelle malbouffe.

En somme, rejeter la toxic food revient à entreprendre une sorte de résistance civique, combat dont l’issue pèse sur le sort des nations.

C’est cet état d’esprit qui m’a en tout cas habité tout au long de cette enquête, et qui guide aujourd’hui encore ma plume.

 

Le temps est venu de changer.

Nous sommes ce que nous mangeons et notre avenir passe par nos assiettes.

Le combat vient de commencer et il est temps de passer à table.

Bon appétit et… à vous de jouer. »

La suite ……….. Nous l’attendons ………….

Dr BUENOS : Merci à William Reymond pour son travail d’enquête très documenté et très bien exposé (ses 2 livres nous ont tenu en haleine).

Merci l’ami.

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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » La nouvelle malbouffe s’est imposée sur nos tables.

Avec un prix à payer indécent.

Depuis le milieu des années 1980, la marche en avant de la toxic food a été irrésistible. Si bien qu’aujourd’hui 80 % de notre alimentation est d’origine industrielle. Des produits qui, peu à peu, transforment nos nations en armées d’obèses.

Mais les effets de la nouvelle malbouffe ne s’arrêtent pas là.

Le diabète entraîne la cécité et des risques d’amputations.

Certains cancers augmentent dans des proportions épidémiques et, avec eux, véhiculent leur lot de drames humains.

Quant aux maladies cardio-vasculaires, en plus de leur prédominance dans les causes de décès, elles testent la solidité de nos systèmes d’assurances santé.

Est-ce tout ?

Même pas.

Car, désormais, nous le savons, la toxic food détruit aussi nos cerveaux.

En août 2009, une équipe de chercheurs des universités de Pittsburgh et de Californie publia les résultats dune étude consacrée aux effets de l’obésité sur le cerveau.

Les recherches, menées sous l’autorité de Cyrus Raji et April Ho, recoururent pour la première fois à l’imagerie médicale haute définition, nouvelle technologie permettant aux scientifiques d’obtenir des images en 3-D des cerveaux du panel.

La clarté et les détails de ces images sont capitaux.

Les clichés établissent en effet de manière certaine le rapport entre l’obésité et « une dégénérescence sévère du cerveau ». Le rapport précise que « les cerveaux des sujets obèses avaient un aspect plus vieux de seize années que ceux des patients en poids de forme. Et les cerveaux de ceux en surpoids avaient une apparence plus vieille de huit années en comparaison des sujets en forme. »

Ces chiffres donnent le tournis.

Les scientifiques américains venaient ni plus ni moins de prouver que nos choix alimentaires altéraient nos cerveaux. Où, comme le notait Cyrus Raji, qu’« en plus de l’augmentation des risques de santé comme les diabètes de type 2 et les maladies cardiaques, l’obésité est mauvaise pour le cerveau ».

Si cette découverte est de taille, c’est parce qu’elle offre aussi un début d’explication à l’augmentation du nombre de personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer.

Pourquoi ? Parce que les pertes de tissus cérébraux chez les patients obèses se produisent dans les régions touchées par la maladie, et notamment celles responsables des tâches cognitives comme la mémoire et l’organisation.

Pour Cyrus Raji, il ne s’agit en rien d’une coïncidence : « L’obésité est liée à un rapetissement des zones du cerveau qui sont également visées par Alzheimer. Cette importante perte de tissus assèche les réserves cognitives augmentant les risques d’Alzheimer et d’autres maladies attaquant le cerveau. »

D’autres maladies attaquant le cerveau…

Le chercheur avait raison: Alzheimer n’était pas le seul péril à viser nos neurones.

Et, à nouveau, la toxic food avait sa part de responsabilité.

Une fois encore, la recherche scientifique détenait les réponses à nos interrogations. Si l’étude menée par Raji et Ho était capitale parce qu elle établissait de manière formelle le lien entre obésité et dégénérescence du cerveau, celle réalisée en 2004 par Collin Pritchard permettait de mesurer l’étendue des dégâts. À la tête d’un groupe de chercheurs des universités de Bournemouth et Southampon, Pritchard a étudié l’évolution du taux de décès lié aux maladies cérébrales entre la fin des années 1970 et 1990.

Ses résultats, dans une proportion rappelant l’évolution des cancers et autres maladies liés à la nouvelle malbouffe, révèlent une forte augmentation durant les dernières décennies.

En Angleterre, le nombre de victimes de la maladie d’Alzheimer et de Parkinson a plus que triplé en vingt ans. De près de 3 000 décès annuels à la fin des années 1970, le total a franchi la barre des 10 000 à l’aube de l’an 2000.

Une hausse qui ne laisse pas l’universitaire insensible : « Cette progression est effrayante, dit-il. Il s’agit de maladies vraiment graves. Non seulement de plus en plus de personnes en sont victimes, mais elles le sont de plus en plus tôt. »

La comparaison prouve que, désormais, comme le diabète de type-2, Alzheimer et Parkinson ne sont donc plus des maladies cantonnées à la vieillesse.

Un autre point de l’étude est intéressant. Le scientifique ne s’est pas satisfait d’une comparaison des taux de décès en Grande-Bretagne. Afin de confirmer l’évolution britannique, il a effectué les mêmes calculs pour l’Australie, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie, le Canada et la France.

Autant de pays et autant de résultats semblables : dans la période étudiée et dans nos sociétés occidentales, les cas d’Alzheimer ont triplé et augmenté de 90% chez les femmes.

Bien entendu, un tel phénomène mérite des explications. Ce dont Pritchard ne se prive pas. Pour lui, la source environnementale du problème ne fait aucun doute. « Les causes génétiques sont à écarter car de tels changements d’ADN prendraient des centaines d’années pour reproduire cette augmentation des cas », dit-il. Dès lors, le scientifique évoque la responsabilité… de la nourriture industrielle, de ses pesticides et composants chimiques.

Afin de prouver ses dires, Pritchard cite l’exemple du Japon. Non seulement l’augmentation des cas a été plus tardive dans l’Archipel – un effet lié à la résistance importante de son mode alimentaire traditionnel – mais, comme pour les cancers, le scientifique a remarqué que, sain chez lui, le Japonais développe Alzheimer et Parkinson une fois qu’il a émigré vers l’Occident.

Dans le cas de Parkinson, un des responsables de la maladie a été identifié récemment. Il s’agit du MPTP, une substance chimique synthétique neurotoxique qui provoque les symptômes permanents de cette maladie. Or on retrouve le MPTP dans la formule du Paraquat, l’un des herbicides les plus utilisés au monde, qu’il s’agisse de la culture des céréales en passant par de nombreux arbres fruitiers comme les pommiers et les bananiers, sans oublier « les plantes destinées à la fabrication de boissons (café, thé, cacao) ». Un produit dont on connaît les risques potentiels puisque sa commercialisation vient d’être interdite en Europe à l’issue d’une longue procédure, mais dont on continue à retrouver trace dans la terre, l’eau et l’organisme.

( L’Union européenne avait (à la demande notamment de la France qui l’utilisait dans les bananeraies et sur la luzerne, et du Royaume-Uni où il est fabriqué) autorisé le Paraquat en 2003 en l’inscrivant à l’annexe I de la directive 91/414/CEE par la directive 2003/112/CE. Cette autorisation de mise sur le marché a été décidé en dépit de la toxicité de la substance pour l’homme et l’environnement. La Suède, soutenue par le Danemark, l’Autriche, et la Finlande, a alors saisi la Commission européenne. Après trois ans d’investigations complémentaires, le verdict devait être annoncé au printemps 2007. Ce n’est que le 11 juillet 2007 que le Tribunal de première instance des Communautés européennes, par l’arrêt T-229/04, a finalement annulé la directive 2003/112/CE autorisant l’usage du Paraquat dans les États membres, considérant qu’il n’avait pas suffisamment été tenu compte du lien entre le Paraquat et la maladie de Parkinson, ainsi que d’autres effets de la substance sur la santé des travailleurs et des animaux sauvages. En France, l’avis paru au Journal officiel du 4 août 2007 interdit la vente et l’utilisation du seul produit concerné : le R BIX (AMM n° 8700169), sans délais à la distribution, ni à l’utilisation des stocks existants. »

Il faut noter que la compagnie suisse Syngeta, qui fabrique le Paraquat pour la marque Gramoxone, continue sur son site Internet à mettre en avant les qualités de ce produit.

Dans le même esprit, les visiteurs attentifs du www.paraquat.com – un site référencé en tête de recherche sur Google et s’affichant comme le Paraquat Information center – remarqueront qu’il appartient à Syngenta.

Sur Internet, plus qu’ailleurs, il reste capital de vérifier la source d’une information. )

Si cette décision européenne va dans le sens des intérêts sanitaires et environnementaux, il ne faut pas oublier que le Paraquat est encore autorisé dans une centaine de pays dont le continent nord-américain -, et que, du riz aux oranges, il est utilisé pour traiter plus de deux cents types de cultures. Dont nous importons les produits consommés tout au long de l’année.

Les recherches entreprises par Collin Pritchard et ses collègues sont sans doute l’explication qui manquait au docteur Elizabeth Guillette voilà quelques années.

À la fin des années 1990, cette anthropologue avait entamé l’étude de cas d’enfants exposés aux pesticides dans la région Yaqui du Mexique.

Pensant observer les symptômes classiques liés aux phénomènes d’empoisonnement, la chercheuse américaine fut surprise de constater les dégâts occasionnés sur le développement intellectuel des enfants.

Ainsi, écrit-elle, entre quatre et cinq ans, ils sont « moins habiles à attraper une balle, signe d’une mauvaise coordination œil-main. […] Lorsqu’on leur demande de se souvenir d’un ballon offert en cadeau, plusieurs n’étaient pas en mesure de le faire et encore moins se souvenaient de sa couleur […]. Deux ans plus tard, à l’âge de six et sept ans, les enfants exposés aux pesticides continuent leur retard. Leurs dessins sont l’équivalent de ceux réalisés par des enfants de quatre ans non exposés. Leur résistance physique est faible et leur coordination pauvre. Résoudre de simples problèmes, facile pour les enfants non exposés, était très compliqué pour eux. »

Si le constat d’Elizabeth Guillette est révoltant, il résonne aussi comme un signal d’alarme vu ce qu’il signifie pour nos propres enfants.

Consciente de la portée de ses découvertes, la chercheuse conclut d’ailleurs : « Le phénomène de contamination est global. À un degré différent, chaque enfant de la planète est exposé à de nombreux pesticides. Certes, les enfants que j’ai étudiés sont très exposés à quelques toxines. Probablement plus que l’enfant américain moyen. Mais les enfants américains moyens sont, eux, exposés à de nombreuses toxines. Qui peuvent s’additionner et interagir, créant des effets que nous sommes incapables de reconnaître pour l’instant. »

Troubles de la mémoire, difficultés physiques, intelligence déficiente, maladies d’Alzheimer et Parkinson, le nombre de dangers encourus par nos cerveaux à cause des ingrédients de la nouvelle malbouffe est effrayant.

Si on y ajoute l’augmentation constante – depuis le milieu des années 1980 – des maladies du trouble du comportement chez les enfants, le « bilan cérébral » négatif de la toxic food s’avère donc à la hauteur de notre défaite : colossal.

Si certains cas sont liés à des facteurs génétiques, le rôle joué par les additifs alimentaires se précise grandement. Ainsi le site consacré au « régime » du docteur Feingold, l’un des pionniers de la théorie de la relation entre le trouble du comportement enfantin et les additifs alimentaires, liste soixante-quinze études récentes prouvant l’existence de ce lien… Et ce, malgré l’insistance de l’industrie pharmaceutique à marteler le fait qu’il s’agit d’une condition qui ne peut se traiter que par voie médicamenteuse.

La suite ……………. demain.

 

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 » Stratégies de communication, tactiques de défense, création de confusion dans l’esprit du public, déformation de la vérité, collusion avec le monde scientifique… Autant de méthodes habiles et efficaces pour brouiller les pistes et détourner les assauts.

Reste qu’une fois informé, un consommateur averti est en mesure de déceler les pièges tendus par les experts du marketing et les professionnels de la toxic food. Et ce parce que – cela ne fait aucun doute dans mon esprit – la connaissance constitue l’arme majeure de reconquête de nos assiettes.

Dès lors, il importe de répondre à une question essentielle concernant l’acrylamide : la consommation, via les chips, frites ou viennoiseries, de cette substance toxique est-elle dangereuse pour la santé ?

Cette interrogation hante Margareta Tômqvist depuis ses travaux sur les ouvriers du tunnel de Bjare. Ainsi, en 2003, résumant les connaissances relatives aux effets de l’acrylamide chez l’homme, elle notait qu’une nouvelle étude prouvait que la substance « a la capacité de créer des dommages génétiques sur les cellules de mammifères ».

Une caractéristique, nous l’avons vu, qui correspond à la première phase du cancer, celle de l’initiation. Ou, pour reprendre l’image du « gazon » chère au professeur Campbell, celle de l’ensemencement.

La communauté scientifique est d’accord sur ce premier point. En revanche, elle continue à se diviser sur l’ampleur du phénomène. Ainsi, certains considèrent peu élevées ses capacités à entraîner une mutation génétique endommageant l’ADN et déclenchant la maladie.

Sur ce point, Tômqvist répond que nous sommes face à une situation particulière dépassant le cadre d’expériences en laboratoire. Ainsi, la scientifique souligne un aspect du problème selon elle complètement sous-estimé. Et de rappeler que la « consommation fréquente d’une nourriture où la concentration d’acrylamide est élevée crée un important fardeau toxique pour la population ». Traduction : pour l’instant, personne ne s’intéresse à l’accumulation de la substance toxique dans l’organisme. Or si elle est faiblement toxique au cours d’un repas, qu’en est-il après une décennie ou plus de consommation régulière d’aliments riches en acrylamide ?

Les travaux de la scientifique suédoise ont débuté voilà plus de neuf ans. En 2002, elle a établi avec certitude, et sans que personne ne puisse le remettre en cause, que non seulement l’acrylamide se formait dans les aliments riches en glucides chauffés au-delà de 120 °C mais que la substance était aussi en mesure de susciter des cancers chez le rat… avec lequel nous partageons l’essentiel de notre ADN.

Mais il a fallu encore attendre trois ans avant que l’OMS affirme le caractère cancérigène de la substance et mette en garde contre ses éventuels risques pour la santé. Un an plus tard, en 2006, la CIAA obtenait de la Commission européenne le droit de mettre en place des mesures volontaires destinées à contenir le taux dans les produits issus de l’industrie alimentaire.

Et, trois ans plus tard, comme je viens de le démontrer, l’EFSA n’est toujours pas en mesure d’affirmer que cette politique obtient des résultats tangibles. Pire, l’organisme européen remarque – à mots couverts – que, concernant le taux d’acrylamide dans les frites, l’industrie n’a pas respecté le cadre de son engagement. Et continue à ne pas appliquer les règles de prévention permettant de limiter le risque toxique.

L’affaire de l’acrylamide rappelle par certains points celle des acides gras-trans. Rappelons-le : les problèmes suscités par l’huile partiellement hydrogénée ont été mis au jour pour la première fois en… 1956.

Confirmés en 1994, ils ont ouvert une période de recherches complémentaires puis été suivis d’opérations de recensement de sa présence dans l’alimentation avant – enfin – de voir décidées des mesures. Mesures laissées à l’appréciation de l’industrie elle-même.

Résultat ? En 2009, plus de cinquante ans après la première mise en garde, plus de quinze années après sa confirmation formelle, les acides gras-trans – dont la responsabilité dans l’« épidémie » d’accidents cardio-vasculaires et de cancers du sein est avérée – sont toujours au cœur de notre alimentation.

Mais là, osant bousculer le statu quo, certains organismes publics, pays ou municipalités, ont osé passer outre et décider l’interdiction.

Bien sûr, j’entends d’avance l’argument selon lequel faire de tels rapprochements néglige les hésitations des scientifiques. Soit. Mais, selon moi, l’incertitude ne doit jamais empêcher l’action.

Car avec l’acrylamide contenue dans certains aliments, le risque existe. Certes, il est aujourd’hui impossible de quantifier son taux, mais faudra-t-il patienter cinquante ans avant d’agir, au risque qu’il ne soit trop tard ?

Avant de connaître les conclusions de l’OMS évoquant un lien entre la substance et notre santé, Margareta Tômqvist estimait que, dans la plus basse des hypothèses, « considérant la très large fraction de cancers liés à notre alimentation », l’acrylamide pouvait contribuer à 1 % des risques de cancer.

Et si, poursuivait-elle, il n’était pas nécessaire de prendre des mesures particulières, c’est parce qu’elles existaient déjà ! Le tout étant de les appliquer, notamment à cette substance. Et d’insister sur la nécessité de mesurer attentivement ce que la consommation d’acrylamide implique chez « les groupes à risque tels que les femmes enceintes et les enfants ».

À la fin des années 1970, sous la pression de l’opinion – dont il faut saluer la précocité sur ce point -, les pouvoirs publics allemands ont adopté le Vorsorgeprinzip. Un principe de précaution les autorisant « à prendre toutes les “mesures nécessaires et raisonnables” afin de faire face à des risques éventuels, même sans disposer des connaissances scientifiques nécessaires pour en établir l’existence ».

En France, ce même principe est affirmé dans l’article L. 110-1 du Code de l’environnement, qui prévoit que les politiques de l’environnement s’inspirent du principe de précaution, « selon lequel l’absence de certitude, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement à un coût économique acceptable ».

Depuis, la jurisprudence a étendu le principe de précaution à un autre « domaine que l’environnement, celui de santé ».

Il a ainsi été utilisé pour suspendre une autorisation de mise en culture de maïs OGM ou a justifié que le ministre en charge de l’Agriculture se voit enjoint de réexaminer son refus de retirer du marché l’insecticide « Gaucho” pour avoir insuffisamment analysé les risques qu’il présentait pour les abeilles ».

Si, aujourd’hui, il n’existe pas de définition unique du principe de précaution, celle adoptée en janvier 1998 durant la conférence de Wingspread par un panel de scientifiques et de juristes internationaux fait référence. Le texte proclame que « lorsqu’une activité crée une menace sur la santé humaine ou sur l’environnement, des mesures de précaution doivent être prises même si certaines causes et effets ne sont pas entièrement prouvés de manière scientifique ».

La présence établie et la toxicité prouvée de l’acrylamide alimentaire correspondent à la définition de ce principe de précaution.

À ce titre, nos pouvoirs publics nationaux ou européens doivent contraindre l’industrie agroalimentaire à recourir aux méthodes existantes pour baisser le taux d’acrylamide de certains aliments.

Une fois encore, il est intolérable de penser que, presque dix ans après les travaux de Margareta Tômqvist et deux ans après la publication « d’instructions simples à suivre », le taux d’acrylamide des frites continue à augmenter.

Nous l’avons vu sur la question des acides gras-trans à New York : lorsque les mesures volontaires échouent, seul le poids de la loi fonctionne.

Dans un même temps, toujours selon le principe de précaution et plus particulièrement pour protéger les populations à risque comme les femmes enceintes et les enfants, nos pouvoirs publics doivent, efficacement, mettre en garde l’opinion contre les risques liés à une consommation importante de produits riches en acrylamide. Une mesure qui allierait campagne d’informations et mise en garde visible sur les étiquettes des produits.

Enfin, et puisque le processus de formation d’acrylamide est naturel, nos gouvernements doivent communiquer et informer des risques courus dans les cuisines en plus de ceux rencontrés à cause de la consommation de certains produits industriels.

Que dira-t-on si dans cinq, dix ou vingt ans, la science livre la preuve irréfutable que l’acrylamide alimentaire est une source de cancer chez l’homme et que rien n’ait été fait ?

La suite ………….demain.

Dr BUENOS : le problème soulevé est celui du principe de précaution. Concernant l’Acrylamide, il semble qu’appliquer le principe de précaution ne serait pas excessif.

C’est pourquoi dans le réseau ROSA Béziers, on demande aux patients:

  • de diminuer leur consommation de chips et de frites surgelées
  • de faire les frites à partir de pommes de terres pas trop « sucrées », en évitant les frites surgelées et en évitant une température de friture supérieure à 120°.

 

 

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Extrait de Toxic Food, le livre de William REYMOND :

 » Le choix des termes utilisés pour élaborer le titre d’un article, la hiérarchie de l’information mise en avant dans le corps d’un papier, la volonté de transformer voire travestir ce que peut comprendre le public, les relations de plus en plus ambiguës entre l’industrie et certains représentants de la science contribuent évidemment à accentuer la confusion qui règne dans l’opinion. Une confusion qui sert grandement les géants de la toxic food.

Dès lors, puisque les préceptes édictés pour les cigarettiers au début des années 1950 continuent de fonctionner, pourquoi les pourvoyeurs de la nouvelle malbouffe ne les appliqueraient-ils pas à tous les niveaux ?

La confusion est le terreau fertile sur lequel germent les graines de la destruction.

Mais cette étape de la « désinformation » doit survenir seulement lorsque l’opinion est désorientée. De fait, vous n’entendrez jamais les tenants de la nourriture industrielle railler ceux qui évoquent la possibilité du risque d’une substance comme l’acrylamide si le travail de sape n’a pas été entamé. Cela ne prendrait pas parce que, dans l’inconscient populaire, cette offensive placerait automatiquement l’industriel dans le camp de l’agresseur, du « méchant ».

C’est pour cette raison que, dans son mémorandum, Cari Thompson insiste – en lettres capitales ! – sur la nécessité de « toujours reproduire scrupuleusement » les conclusions non favorables. Non par souci de la vérité mais parce que cela donne à l’article revu par les experts ès communication une aura de vérité. Laquelle rassurera le lecteur et permettra plus facilement de venir planter les germes de la confusion.

En revanche, une fois le consommateur perdu entre diverses informations contradictoires, viendra le temps de porter l’estocade finale.

Détruire les arguments scientifiques dénonçant certains aliments ou substances issus de l’industrie passe par différentes techniques. Il y a, par exemple, la moquerie, très efficace. Une astuce largement utilisée pour contrer les découvertes du professeur Sydney Mirvish sur l’effet cancérigène des nitrites retrouvés dans les saucisses de hot-dog.

Dans ses travaux, le chercheur avait ainsi apparemment eu le tort de détailler l’action d’une substance cancérigène sur l’ADN. Lorsqu’elle entre dans l’organisme, elle déclenche une mutation qui « cause une altération permanente des gènes de la cellule, ce qui endommage l’ADN ».

Cette description, hachée menue, remoulinée par la machine à tuer de l’industrie de la charcuterie devient, sur le ton de la gaudriole, une sorte de plagiat de science-fiction. Et on ne parle plus des nitrosamines – donc de la poursuite de leur utilisation malgré les risques – mais de cet étrange professeur qui fait n’importe quoi en inventant des saucisses mutantes. Amusé par un titre efficace, le consommateur ne prend pas l’info au sérieux, passe son chemin et, sans le savoir, continue à ingérer un carcinogène.

La peur est une autre méthode fiable.

L’un des chevaux de bataille enfourchés par les défenseurs de la nouvelle malbouffe, c’est la mise en cause de la liberté de choix individuelle. Un refrain très efficace aux États-Unis et, nous l’avons vu, largement utilisé pour contrecarrer les timides tentatives de lutte de l’administration Obama contre la pandémie d’obésité.

La même tactique – mensongère – menace chaque consommateur d’une augmentation de ses taxes et impôts si on avance l’idée d’une réforme et, plus généralement, présente toute mesure-un peu coercitive – pour les industriels – comme un contrôle quasi orwellien des assiettes par un État devenant omniprésent. La décision prise, il y a quelques années, par le maire de New York d’interdire les acides gras-trans dans les restaurants de la ville a ainsi été accueillie par de multiples levées de bouclier de ce genre.

Je me souviens plus particulièrement, tandis que je préparais un reportage sur le sujet pour l’émission Envoyé spécial, d’une conversation avec un porte-parole de la restauration. La corporation, virulente dans son opposition à cette loi d’exclusion, prédisait l’apocalypse commerciale, la disparition même de tous les établissements new-yorkais. Une prédiction, soit dit en passant, dont j’attends toujours qu’elle se réalise !

Mais n’est pas Nostradamus qui veut. Et l’essentiel est évidemment ailleurs. Car le lobbyiste, dressant le catalogue des répercussions affreuses que l’interdiction d’huile partiellement hydrogénée allait entraîner, osa prétendre – des trémolos dans la voix – qu’il s’inquiétait surtout pour les pensionnaires d’une maison de retraite locale. Et de prétendre que ces personnes âgées, abandonnées de tous, n’avaient plus qu’un plaisir dans la vie : le gâteau du goûter. Une pâtisserie qui, concoctée avec de la margarine hydrogénée, allait être supprimée de leur menu. Et, selon lui, absolument pas remplacée par un équivalent sain !

Bien entendu, quand je lui ai demandé l’adresse de l’établissement, il ne put se souvenir précisément du nom de cet hospice quasi pénitentiaire.

Mais, dit-il, cela ne changeait rien à l’horreur de la situation : à cause d’une décision unilatérale de « la police de la nourriture », des vieillards allaient souffrir. Et demain, concluait-il, ce serait au tour des cantines et écoles.

L’expression « police de la nourriture » ne doit bien sûr rien au hasard. Depuis longtemps, les experts en communication appointés par l’industrie ont compris que la sémantique constituait une arme redoutable. Que le combat pour gagner les esprits se remportait d’abord sur le terrain des mots. Quitte à prendre des accents totalitaires lorsque, pour dénoncer les défenseurs d’une alimentation libérée de ses toxines, les gardiens de la nouvelle malbouffe parlent de Gestapo de l’assiette.

Pour ma part, suite à la sortie de Toxic au Québec, j’ai été traité de « mollah de l’anti-obésité » et de « mollah de l’anti-malbouffe » par José Breton, candidat indépendant aux élections provinciales du 26 mars 2007. Son programme – qui n’a pas séduit les électeurs – se résumait dans deux slogans : « L’État n’a pas d’affaire dans l’assiette des gens » et « La malbouffe, c’est bon pour la santé ».

Ce contrôle du langage s’illustre aussi dans le détournement de sens de certains mots. Ainsi, dans les années 1950, John Hill avait insisté sur l’impérieuse nécessité de s’approprier le concept de « science ». Et, plus précisément, de transformer ce terme en outil de démarcation aidant à trier le bon grain – le sien ! – de l’ivraie. Aussi poussa- t-il les fabricants de cigarettes à parler de la « vraie science », un concept soi-disant fondé sur le bon sens et la logique alors que ce néologisme rassemblait surtout les conclusions scientifiques favorables à ses clients. Mieux, Hill était persuadé que ce distinguo affaiblirait les retombées des recherches mettant en cause le tabac. Car qui dit « vraie science » sous-entend que l’adversaire use de la « fausse ». Eh bien, l’industrie de la nouvelle malbouffe s’est approprié ce concept.

Ainsi, lorsqu’une étude – qu’elle a parfois financée – vient instiller le doute quant à la responsabilité, dans un type de maladie, d’un des composants qu’elle utilise, elle s’empresse de présenter la chose comme le fruit d’une science rigoureuse en laquelle le consommateur peut croire. Par opposition, et sans même avoir besoin de le clamer, les études contradictoires se retrouvent propulsées dans les zones obscures où on rejette le farfelu et l’anxiogène.

Depuis quelques années, les champions ès communication pro-industrie alimentaire tentent de s’approprier un autre mot : « naturel ».

Le terme est parfait. En période de doute alimentaire, il rassure le consommateur. Or, aux États-Unis, grâce à un lobbying de plusieurs années, il n’est soumis à aucun cadre législatif.

Alors que le mot « organic », équivalent anglais du « bio », est autorisé après certification et contrôles réguliers, n’importe quel produit peut se voir paré du terme « naturel ».

Les géants de la toxic food se sont intéressés à ce vocable au milieu des années 1980, époque où le sirop de fructose-glucose remplaçait le sucre dans les sodas avant ensuite d’envahir le reste de la chaîne alimentaire. L’idée, toujours défendue aujourd’hui, était de faire croire au consommateur qu’il s’agissait d’un produit naturel, puisqu’obtenu en pressant du maïs. En réalité, comme je l’ai déjà expliqué dans Toxic, le sirop de fructose-glucose est une création chimique.

Le débat autour du taux d’acrylamide dans les frites a été une nouvelle occasion, pour l’industrie, de jouer avec la « flexibilité » du mot « naturel ». Ainsi, il est sans cesse rappelé que la formation d’acrylamide est un phénomène naturel qui se produit à haute température. En soi, la précision est exacte. Mais l’idée ici est d’installer un distinguo dans l’esprit du consommateur. En martelant que le processus est naturel, non seulement on offre aux acrylamides un masque de normalité mais en plus on les éloigne du rejet que ne manquerait pas de susciter dans l’opinion le fait que c’est un nouveau produit chimique. Dès lors, le message sous-jacent tend à faire croire que, formées naturellement, les acrylamides sont moins dangereuses que ce que certains prétendent.

Cette logique a été poussée à l’extrême aux États-Unis.

L’une des rares fois où le sujet a été évoqué à la télévision, un représentant de l’industrie prit soin de marteler le mot « naturel » et même de lui ajouter une nouvelle dimension. Alors que le débat tournait trop autour de la teneur en acrylamide des frites vendues en fast-food – bain d’huile très chaud et pommes de terre riches en sucre -, il a habilement détourné l’attention en parlant de son taux dans les… épinards. Évoquer ce légume, c’était insister sur le caractère « naturel » de la formation des substances cancérigènes, déstabiliser et railler son adversaire qui demandait un contrôle des bains d’huile de la restauration, et libérer l’industrie de toute responsabilité.

Et, au final, oser faire croire à chacun – chapeau ! – que l’être humain mange autant d’épinards frits que de chips !

Ne manquez pas de le vérifier lors d’un prochain apéritif. »

La suite ………..demain.

Dr BUENOS : Nous découvrons progressivement que nous sommes soumis à de véritables campagnes de propagande ….

Où pouvons nous trouver une information de qualité et de vérité ?

 

 

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Extrait du livre TOXIC FOOD, de William Reymond :

 » Les fermiers de la péninsule de Bjare, au sud- ouest de la Suède, n’avaient jamais rien vu de semblable. En septembre 1997, d’étranges phénomènes touchaient les animaux d’élevage. Le taux de mortalité des poissons élevés en bassins de culture s’affolait tandis que de nombreuses vaches mouraient brutalement après avoir subi une paralysie.

Rapidement, l’attention des habitants de la région se porta sur l’immense chantier de construction du tunnel ferroviaire de Hallandsâs. Une intuition correcte. Confrontée à de nombreuses fuites d’eau, la multinationale Skanska, en charge de l’ouvrage, avait utilisé plus de mille quatre cents tonnes de Rhoca-Gil, produit scellant destiné à rendre les voûtes étanches. Or le produit avait fui à son tour, polluant vingt-cinq réserves aquifères, contaminant l’eau de la région et, en bout de chaîne, empoisonnant le bétail.

Fabriqué par Rhône-Poulenc, le Rhoca-Gil avait déjà été évoqué comme responsable dans un incident similaire survenu quelques mois plus tôt en Norvège, lors de la construction de la ligne Gardermoen. Et le gouvernement norvégien avait décidé de bannir le scellant français.

Du côté de Bjare, avant même que l’enquête aboutisse, le groupe chimique français prit les devants et, le 22 octobre 1997, annonça qu’il cessait « la production et la commercialisation du Rhoca-Gil ».

Ce geste de bonne volonté avait-il été motivé par la colère des Suédois et notamment d’Anna Lindh, ministre de l’Environnement, décidés à poursuivre devant les tribunaux les responsables de cette catastrophe écologique ? D’aucuns l’avancent. D’autant qu’au début de l’affaire Rhône-Poulenc avait rejeté la responsabilité de cette pollution sur la multinationale Skanska et ses ouvriers suspectés de n’avoir pas respecté les instructions lors du mélange.

Quoi qu’il en soit, après cinq années d’instruction et d’expertises multiples, les tribunaux condamnèrent les deux compagnies. Le gouvernement suédois avait en effet réussi à prouver que le géant français de la chimie n’avait pas respecté le Lagen om kemiska produkter(« Loi sur les produits chimiques ». Loi votée en 1985), SFS 1985 : 4262, n’accompagnant pas son produit d’instructions mentionnant les dangers liés à son utilisation, dont certaines répercussions sur le système nerveux périphérique.

Quel est le rapport entre un tunnel en Suède, le Rhoca-Gil et la nouvelle malbouffe ?

Un produit chimique, utilisé dans l’industrie des plastiques et présent dans la formulation de la plupart des scellants. À savoir le 2-propénamide, dont la formule brute est C3H5NO et le nom usuel acrylamide. Or l’acrylamide apparaît dans de nombreux aliments.

C’est sous cette appellation qu’il figure dans les conclusions du comité mixte FAO/OMS, groupe d’experts étudiant les additifs alimentaires (JECFA) qui, en 2005, déclarait que cette molécule présentait un risque pour la santé humaine et jugeait l’acrylamide cancérigène.

Mais pour comprendre la portée de ces conclusions au quotidien, il faut retourner en Suède.

En mars 1999, avant même d’être condamné, Skanka a versé plus de 30 millions de couronnes à des ouvriers contaminés par le Rhoca-Gil.

Margareta Tômqvist est l’une des chercheuses les plus réputées du département de chimie environnementale de l’université de Stockholm. À ce titre, en 1998, le gouvernement suédois lui a demandé de mesurer le taux d’acrylamide contenu dans le sang des ouvriers œuvrant sur le tunnel de Hallandsâs.

Utilisant la spectrométrie de masse, elle n’eut guère de difficulté à établir sa présence. Ce qui l’intrigua, ce fut une autre découverte. Voulant étudier en parallèle les taux de cette même substance sur un panel neutre car composé de sujets n’ayant pas été exposés aux émanations de Rhoca-Gil, elle entama des comparaisons. Et eut la surprise de voir ce second groupe présenter également de l’acrylamide dans son sang.

À des quantités suffisamment importantes pour que Tômqvist débouche sur l’hypothèse lui paraissant la plus probable : la source d’intoxication devait résider dans l’alimentation.

Poursuivant cette piste, elle publia, en juin 2000, une étude complémentaire aux conclusions dérangeantes.

Partant du principe que l’acrylamide peut se former spontanément lorsque la température de cuisson dépasse les 120 °C\ son équipe avait nourri des rats uniquement de nourriture frite. Ensuite, en comparant le taux d’acrylamide de cet échantillon avec un autre nourri d’aliments non cuits, les chercheurs avaient pu émettre des conclusions sans appel. La présence d’acrylamide dans le sang des rongeurs nourris à la friture était telle que la scientifique estima que « la quantité ingérée [était] associée à un risque considérable de cancer ».

Décidée à en savoir plus quant aux bombes à retardement dissimulées dans notre alimentation, l’équipe de Tômqvist poussa son enquête et mesura le taux d’acrylamide dans différents aliments. Des découvertes qui, publiées en 2003 et 2004, ont permis de dresser une liste précise et facilement mémorisable des dangers qui nous menacent.

Les recherches ont révélé que l’acrylamide se forme lors-que des aliments riches en glucides sont chauffés au-delà de 120 °C, par exemple si l’on fait griller du pain, torréfier du café ou frire des pommes de terre.

Les études menées par la Suédoise établissent que l’acrylamide se forme lorsqu’on cuit à haute température des aliments riches en hydrate de carbone, donc en amidon et en sucres comme la pomme de terre. En clair, les chips et les frites sont les plus exposées à une contamination à l’acrylamide. Mais ils ne sont pas les seuls puisque de nombreux produits apéritifs style crackers, ainsi que les biscuits et certaines pâtisseries figurent en haut de cette liste.

Les céréales du petit déjeuner et les chips à base de maïs présentent quant à elles un risque médian, tandis que les aliments bouillis et à base de viande, même frits, font courir un danger plus négligeable.

Les chips et les frites…

Le rapport entre un tunnel en Suède, le Rhoca- Gil et la toxic food était donc établi.

Résumons-nous.

Entre 2000 et 2003, une équipe de scientifiques suédois menée par Margareta Tômqvist a publié une série d’études démontrant que la préparation de divers aliments comme les frites entraînait la formation d’un cancérigène, l’acrylamide. Cancérigène que l’on trouvait ensuite en grande quantité dans l’organisme d’un animal nourri avec ces produits.

Que s’est-il passé depuis ?

D’abord, suivant de près les travaux de Tômqvist, le Livsmedeîsverket, organisme gouvernemental en charge de la sécurité alimentaire en Suède, a effectué ses propres recherches. Et publié des résultats qui confirment ceux de la chercheuse. Non seulement dans le processus de formation de l’acrilamyde lié aux hautes températures de cuisson mais aussi dans l’ordre de concentration par produits. Aussi, le Livsmedeîsverket a-t-il édicté que, puisque la consommation d’aliments frits représentait déjà en soi un risque cardiovasculaire, mieux valait éviter d’en manger.

Et en Europe ? Suite aux conclusions de Tômqvist, la Commission a « entamé (en 2002) le recueil des données d’occurrence de taux d’acrylamide dans les aliments, tâche ensuite confiée à l’EFSA (en 2006), en collaboration avec les États membres ».

Toujours en 2002, le comité mixte FAO/OMS d’experts des additifs alimentaires (JECFA) via son président, le docteur Dieter Arnold, déclarait : « Après avoir examiné les données disponibles, nous avons conclu que ces nouveaux résultats révélaient un problème sérieux. Mais nos connaissances actuelles ne nous permettent pas de répondre aux questions posées par les consommateurs, les responsables de la réglementation et les autres parties intéressées. »

En mars 2005, après une série d’études complémentaires, le Comité publia un document de cinq pages au titre on ne peut plus clair : « L’acrylamide dans les produits alimentaires est un danger potentiel pour la santé. »

De son côté, l’EFSA diffusa une liste de conseils pratiques destinés à éviter, dans nos cuisines comme au niveau industriel, l’augmentation de cette substance cancérigène dans les aliments. Parmi lesquels, après l’habituelle mise en garde contre les dangers d’un excès de nourriture frite pour le cœur, l’EFSA recommandait de ne pas garder les pommes de terre au réfrigérateur ni utiliser celles ayant germé ou verdâtres – conditions d’accélération du processus de formation de l’acrylamide -, de réduire le temps de friture et d’éviter les aliments carbonisés au cours de la cuisson.

En plus de cette fiche, l’EFSA valida, entre 2007 et 2009, la nécessité de surveiller chaque année, dans vingt et un pays, le taux d’acrylamide.

De son côté, Santé Canada, après avoir ajouté l’acrylamide à la liste des substances toxiques en août 2009, lança un mois plus tard une campagne de surveillance de son taux dans la nourriture semblable à celle suivie par l’EFSA.

Enfin, le 2 septembre 2009, l’Agence européenne des produits chimiques mit en ligne une nouvelle liste de quinze substances potentiellement très préoccupantes proposées par les États membres et la Commission européenne. Où figure l’acrylamide.

Et ensuite ? Eh bien… c’est à peu près tout ! »

La suite (après cet épisode navrant) …………… demain

 

 

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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

« Revenons au professeur Campbell et à sa métaphore du gazon. Et plus particulièrement à la première phase durant laquelle les substances chimiques s’implantent dans notre organisme.

Nous venons de le voir, les nitrites – via la charcuterie industrielle et certains plats destinés aux bébés – sont l’un de ces carcinogènes. Et les pesticides utilisés pour les fruits et légumes par l’agriculture intensive un autre. Mais il ne faut pas oublier la viande industrielle, du poulet au bœuf, autre vecteur de transmission non négligeable.

Comme je l’ai raconté en détail dans Toxic, les conditions d’élevage lamentables de ces animaux ont de nombreux effets sur notre environnement et notre santé. Or l’un d’eux correspond parfaitement à la description des carcinogènes faite par le chercheur américain.

Des analyses menées par l’USDA ont en effet démontré que le gras animal des viandes conservait lui aussi une partie des substances cancérigènes auxquelles l’animal a été exposé en élevage. Parmi lesquelles des scientifiques du département de l’Agriculture ont mis au jour des pesticides, des fongicides – ils sont présents dans la nourriture et le bétail en est copieusement arrosé -, des hormones, des antibiotiques et même de l’arsenic. Un cocktail hautement toxique à potentiel cancérigène que nous ignorons avaler à chaque bouchée. En somme, sans nous en rendre compte, en mangeant nous payons un lourd tribut humain uniquement pour obtenir un steak à bas prix.

Il est évidemment impossible d’établir ici une liste complète des carcinogènes et de leurs vecteurs. Comme il est impossible de les éviter au quotidien tant ils font partie de notre environnement.

Il faut en revanche garder à l’esprit que nombre d’entre eux sont des composants essentiels de la toxic food. Et donc, en théorie, parfaitement évitables si on modifie nos choix alimentaires. L’ennui, c’est que le consommateur ignore la présence de ces éléments cancérigènes dans sa nourriture. Comme il a longtemps ignoré la présence et le rôle néfaste des acides gras-trans. Car, évidemment, l’huile partiellement hydrogénée n’est pas le seul élément de la cuisine industrielle qui pose problème.

Plus qu’à un consommateur forcément impuissant, la responsabilité du recours à ces substances et ingrédients incombe donc bien aux industriels qui les choisissent, aux publicitaires qui les rendent attrayants et aux politiques qui préfèrent détourner le regard.

Alors qu’entre certitude de la toxicité d’un produit et doute sur son rôle sanitaire on devrait recourir au concept si répandu du principe de précaution, on ne fait rien.

Pourquoi ? »

La suite (cette excellente question restera t’elle sans réponse?) ………….demain.

Dr BUENOS : Au niveau du réseau ROSA de Béziers, nous conseillons à nos patients (et nous essayons de nous l’appliquer à nous même) de consommer de la viande issue d’un élevage bio traditionnel, c’est pourquoi nous conseillons l’élevage de la source de l’Orb pour sa viande de veau et de boeuf ….(qui est autrement plus goûteuse, en plus de ne pas concentrer dans son gras autant de carcinogènes que la viande industrielle)

 

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Extrait de Toxic Food, le livre de William REYMOND :

 » Le dernier élément du trio des cancers modernes est celui qui bénéficie de la médiatisation la plus importante : il s’agit évidemment du cancer du sein.

Dont, là encore, la progression est phénoménale. Aux États-Unis, alors qu’une femme sur vingt était atteinte en 1960, la proportion est passée aujourd’hui à une sur trois ! Une tendance qui frappe l’Europe occidentale et l’ensemble des pays riches. En France, sa croissance annuelle depuis 1980 s’élève à 2,4 %. Un pourcentage qui s’accélère malgré « une légère pause depuis deux ans due à un moindre recours aux hormones de la ménopause », révision du protocole médical décidée après découverte que les traitements à base d’hormones de substitution pouvaient entraîner des effets secondaires, dont le cancer du sein. Malgré cette stagnation, chaque année presque cinquante mille femmes découvrent néanmoins qu’elles sont touchées par ce mal.

Il convient de s’interroger sur la portée de ces chiffres. Et de se demander si les campagnes sanitaires sont efficaces. Loin de moi l’idée de condamner la recherche, les traitements et les campagnes de dépistage précoce, mais force est d’admettre qu’aucune des politiques engagées n’est parvenue à stopper l’extension de la maladie dans l’Hexagone, au Québec, aux États-Unis comme dans l’ensemble des pays développés. Cela ne signifie-t-il pas, à nouveau, qu’il est nécessaire de mettre l’accent sur la prévention ? Car même si les cancers sont des maladies complexes dépendant de multiples facteurs, il est scientifiquement établi que la plupart tiennent à notre mode de vie. Donc qu’ils sont évitables. Voici, selon moi, l’un des défis majeurs du siècle, un défi que les pouvoirs publics ne peuvent se permettre d’ignorer. Comme je l’ai souvent entendu de la bouche de chercheurs et de malades découvrant d’où venaient les cancers, la solution réside dans la prévention !

Je viens de l’écrire : le cancer du sein est une maladie complexe. Aussi, pendant de nombreuses années, le monde scientifique a rencontré des difficultés pour en expliquer les raisons. Durant des décennies – les questions de vos médecins sont encore teintées de cette croyance-là -, on a pensé qu’il relevait d’une sorte de fatalité génétique transmise de mère en fille, génération après génération. En réalité, on s’est aperçu que la transmission génétique comptait pour très peu. Ainsi en 1993, les professeurs Graham A. Colditz et Walter Willet – celui des acides gras-trans et des vitamines – ont établi que seulement 2,3 % d’entre eux pouvaient être attribués à des antécédents familiaux !

Même si, depuis, d’autres études ont affiné ce chiffre en le relevant légèrement, la vérité est là : l’héritage génétique n’est pas – et de loin – la cause principale de ce fléau.

Alors, quelle est-elle ?

L’un des éléments de réponse, souligné par David Servan-Schreiber, tient à la nature même du sein. Le chercheur en neurosciences écrit ainsi : « C’est dans la graisse que s’accumulent de nombreux cancérigènes, y compris ceux émis par la fumée de cigarette – comme le hautement toxique benzo-[a] – pyrène, un des cancérigènes les plus agressifs que l’on connaisse. Parmi les cancers qui ont le plus augmenté en Occident depuis cinquante ans, on retrouve surtout les cancers des tissus qui contiennent ou qui sont entourés de graisse : le sein, les ovaires, la prostate, le côlon, le système lymphatique… »

La graisse agit donc comme une sorte d’aimant à substances cancérigènes, les attirant dans l’organisme, les y emprisonnant avant qu’elles n’entreprennent leur travail morbide et commencent à le détruire. Voilà qui s’avère effrayant si l’on songe à la double malédiction qu’endurent les victimes de la pandémie d’obésité. Non seulement elles souffrent mentalement et physiquement de leurs kilos en trop mais, en plus, accumulant du poids, elles offrent, en quelque sorte, aux cancérigènes le… gîte et le couvert.

Si la piste évoquée par David Servan-Screiber explique pourquoi certains cancers se développent et pas d’autres, elle ne remonte malheureusement pas aux racines mêmes du mal.

À cette énigme, la communauté scientifique répond fréquemment par un terme fourre-tout : « les facteurs environnementaux ».

Qui signifie, notamment, que la pollution ou des produits utilisés au quotidien par l’industrie chimique sont à l’origine de la maladie. Reste que, comme le rappelle sans cesse le professeur Campbell, après quarante années de recherches la première source de pollution des organismes est bel et bien l’alimentation moderne. Le scientifique fait notamment référence à la présence de pesticides dans les fruits, légumes et l’eau que nous buvons. Des engrais chimiques aux herbicides, les pesticides contiennent en effet des ingrédients reconnus comme cancérigènes.

La pollution, qu’elle soit environnementale ou contenue dans les aliments, constitue donc l’un des facteurs d’explication envisagés. Mais, une fois encore, voilà qui est bien insuffisant pour expliquer la brusque prolifération des cancers du sein.

Le premier élément d’appréciation réside dans la répartition géographique du mal. Or on constate que ce sont les pays dits riches qui sont en priorité atteints par cette maladie. Des nations où l’essentiel de la nourriture est constitué de toxic food.

Accuser la nourriture industrielle d’être coupable d’une partie des cas répertoriés est confirmé à travers une vaste étude entreprise en 2004 au Japon. En comparant des données remontant à 1959, les scientifiques japonais ont pu constater la récente augmentation des cancers du sein mais aussi, et c’est le plus important, déterminer quand, précisément, cette tendance a débuté.

La réponse est – tristement – sans surprise. Comme s’il existait un mimétisme parfait avec la pandémie d’obésité, ils ont vu que le nombre de cancers du sein avait explosé au Japon à partir du milieu des années 1980, âge d’or de la colonisation de nos assiettes par la nouvelle malbouffe !

Une autre étude, plus importante encore, est à même d’emporter la conviction des plus sceptiques et de ceux qui ne sentent pas concernés. Une étude effectuée en France.

En avril 2008, L’American Journal of Epidemiology publie les conclusions du suivi médical et scientifique réalisé pendant treize ans sur 19 934 femmes françaises. Ce travail, entrepris par des chercheurs de l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), est une première. En effet, désireux de comprendre les raisons présidant à l’explosion du nombre de cancers du sein, les scientifiques ont mesuré le rôle joué par différents ingrédients alimentaires.

Leurs conclusions dénoncent la toxic food. Et plus particulièrement l’un de ses ingrédients phares : l’acide gras-trans !

En 2007, plusieurs pages de Toxic étaient consacrées aux dangers de l’huile partiellement hydrogénée. En partant de l’exemple américain, où elle est mise souvent à l’insu du consommateur dans plus de 40 % des produits constituant la nouvelle malbouffe, j’avais démontré que l’Europe en général et la France en particulier subissaient à leur tour l’invasion. N’en voyait-on pas la trace dans les plats préparés, les biscuits, les barres chocolatées, les céréales, les pâtes à pizza, les viennoiseries, les soupes déshydratées… ? Une extension d’autant plus déplorable que, depuis 1994, le rôle mortel des acides gras-trans a été établi de manière formelle en Amérique du Nord où ils tuent chaque année près de 100 000 personnes.

Cependant, la nouveauté de l’étude française ne réside pas dans le fait de se pencher sur le rôle de l’huile partiellement hydrogénée dans les accidents cardio-vasculaires, mais d’y voir un facteur de risque du cancer du sein. Or les résultats obtenus sont implacables. Primo, la probabilité de contracter un cancer du sein augmente en cas de consommation d’huile partiellement hydrogénée. Et ce, secundo, dans des proportions considérables. Ainsi, les femmes adeptes de la nourriture industrielle, principale source d’acides gras-trans, courent-elles deux fois plus de risques d’être atteintes de ce mal.

Une découverte qui incite l’équipe française à conclure : « Nous ne pouvons que recommander une diminution de la consommation des produits contenant des acides gras-trans d’origine industrielle. Les acides trans devraient être clairement indiqués sur l’étiquetage des produits qui en contiennent. »

Si, une fois encore, je peux comprendre la prudence de langage affichée par le corps scientifique – surtout, comme c’est le cas ici, dans la mesure où il est rattaché à un établissement public de recherche -, je ne suis pour ma part tenu à aucun devoir de réserve.

Or que constate-t-on : qu’un produit dont la toxicité est établie de manière officielle depuis maintenant quinze ans continue d’être commercialisé.

Qu’on s’en souvienne, cette année-là, suivant les conclusions du professeur Willett, la très prestigieuse National Academy of Sciences devait recommander aux Américains de ne pas consommer d’huile partiellement hydrogénée. Mieux, dorénavant, nous savons qu’en plus d’une responsabilité majeure dans les accidents cardio-vasculaires ce produit augmente considérablement les risques de cancer du sein. Un rôle qui ne paraît pas se cantonner à cette seule forme de maladie puisque, depuis la parution du rapport français, d’autres scientifiques étudient les effets des acides gras-trans dans des cancers différents, certaines conclusions préliminaires tendant à prouver que le produit phare de la nourriture industrielle fait vraiment office de multiplicateur de risques.

Et bien, malgré ces accusations, malgré sa responsabilité attestée dans la pandémie d’obésité, les maladies cardio-vasculaires et maintenant les cancers, rien ou presque n’a été entrepris pour limiter sérieusement le recours aux huiles partiellement hydrogénées.

Que dire de l’étiquetage alors ?

La suggestion de l’équipe de chercheurs français va dans le sens des conclusions d’un rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) dont je fustigeais déjà la mollesse dans les pages de Toxic. Car l’étiquetage, solution appréciée par l’industrie agroalimentaire puisque moins contraignante, n’a quasi aucun effet sur les consommateurs !

Il s’agit d’un coup d’épée dans l’eau en vérité, tant les géants de la nouvelle malbouffe ont trouvé le moyen de contourner ce mince obstacle. D’abord, ils peuvent se cacher derrière les « erreurs de calcul » et les « marges d’erreurs », officiellement tolérées et qui permettent à un produit d’afficher qu’il ne contient pas d’acides gras-trans dès lors… qu’il en contient moins de 3 %. Et puis, il y a le fameux astérisque qui signifie qu’un aliment en contient peu – ou pas – par portion. Or, comme chaque fabricant est libre de déterminer la taille de ses portions, il arrive qu’un repas préparé pour une personne soit présenté comme l’équivalent d’un tiers de portion réelle. Le consommateur, rassuré par l’étiquette, avalera donc le contenu de son assiette sans inquiétude alors qu’elle recèle trois fois 3 % d’huile partiellement hydrogénée.

Résultat ? Aux États-Unis, ce système a été mis en place depuis plus de quatre ans mais la Federal Drug & Administration (FDA) estime que la mention indiquée sur un produit sauve seulement « entre 250 et 500 vies par an ». Une goutte d’eau lorsqu’on sait que le nombre global de victimes de l’huile partiellement hydrogénée s’élève – hors cancer ! – à 100 000 personnes chaque année.

Le Canada a été le premier pays au monde à adopter l’étiquetage obligatoire des gras-trans.

Reste la solution généralement préconisée par les pouvoirs publics : « Encourager les industriels à diminuer les teneurs en acides gras dans leurs produits. »

Au lieu de poursuivre dans cette voie, l’Europe et la France – où, selon les chiffres de l’AFSSA, les adolescents consomment autant d’acides gras- trans que le teenager américain – feraient bien de prendre note du récent échec d’une telle méthode au Canada.

En juin 2007, Tony Clement, ministre de la Santé du Canada, lançait un plan fédéral contre les gras-trans d’origine industrielle présents dans la chaîne alimentaire du pays. Et, à ce titre, invitait l’industrie agroalimentaire à bannir l’huile partiellement hydrogénée d’ici 2009.

Cet appel au volontariat fut une surprise puisque le rapport de recherches sur lequel le ministre fondait son plan « l’avait rejeté catégoriquement […] » citant l’exemple du Danemark où les gras- trans n’avaient, en pratique, été éliminés de l’alimentation qu’à partir du moment où une réglementation contraignante avait été adoptée, après des « années de vœux pieux ».

Mais voilà, le ministre canadien avait été sensible aux sirènes de différents lobbies, dont les pressions du gouvernement des États-Unis parce que son industrie alimentaire risquait de connaître des problèmes si le « remplacement des gras- trans était rendu obligatoire ».

Deux ans plus tard, il est temps de dresser un bilan.

Celui de Georges Honos est on ne peut plus clair. Le cardiologue et porte-parole de la Fondation des maladies du cœur réclame « devant le peu de progrès réalisé […] l’adoption d’une réglementation par le gouvernement fédéral ». Et, selon la presse, il demande que la présence de « gras-trans soit clairement identifiée sur les emballages et que le niveau acceptable pour chaque aliment soit déterminé. Il désire également que des pénalités soient prévues pour punir les compagnies qui contreviendraient à la réglementation. »

« Devant le peu de progrès réalisé… », l’expression a le mérite de la franchise.

De Montréal à New York en passant par Copenhague, le refrain est donc toujours le même. S’ils ne sont pas contraints, par un cadre de loi restrictif, à changer, les géants de la toxic food continuent à nous empoisonner.

Dès lors, l’huile partiellement hydrogénée, que nous consommons tous les jours sans même nous en rendre compte et dont le rôle comme facteur de risques de l’obésité, des maladies cardio-vasculaires et du cancer du sein est prouvé, ne doit pas attendre de notre part la moindre mansuétude. Il faut l’interdire. »

La suite ……….. demain.

Dr BUENOS :  Je suis d’accord pour demander l’interdiction d’utiliser des huiles partiellement hydrogénées au moins pour certaines catégories d’aliments. Cette interdiction peut elle voir le jour, si les consom-acteurs que nous sommes ne se mobilisent pas ? C’est peu probable compte-tenu des intérêts qui sont en jeu.

 

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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » Je l’ai dit et je le répète : cette pandémie n’est seulement – et malheureusement – que la partie visible des dégâts engendrés par l’intrusion de la toxic food dans notre alimentation. Puisque kilos en trop ou pas, elle n’épargne personne, nous sommes, potentiellement, tous ses victimes. Une réalité que de multiples exemples tragiques attestent.

Après la parution de Toxic, j’ai donné, principalement au Québec, des conférences consacrées aux dérives de notre mode alimentaire. Et quand venait le temps de discuter avec le public, j’ai toujours été surpris de voir combien une idée fausse résistait bien aux faits. Avec constance, la majorité de mes interlocuteurs croyaient ainsi que le cancer relevait de la fatalité génétique !

Il ne faut pas chercher loin pour trouver les racines de cette erreur. Primo, les progrès médicaux autour de la recherche génétique ont, ces dernières années, polarisé l’attention des médias. Secundo – et sans doute inconsciemment -, cette croyance renvoie aux consultations chez le médecin qui, lorsqu’il n’y a pas de consommation d’alcool ou de cigarettes, évoque systématiquement la présence ou non du cancer dans les familles. Enfin – et c’est je crois le facteur le plus important – cette certitude populaire illustre l’échec des pouvoirs publics quand il s’agit de communiquer correctement sur les causes de cette terrible plaie. Depuis que nos sociétés sont entrées en guerre contre le cancer, les campagnes gouvernementales à travers le monde se sont globalement articulées autour de deux pôles : la recherche et la détection. Donc très peu, pour ne pas dire pas du tout, sur la prévention.

Le cancer du sein est symptomatique de cette carence informative. On parle ainsi du traitement, mais surtout des mammographies, actes médicaux en soi, tout en négligeant des conseils de vie qui permettraient d’éviter la maladie elle- même. Des recommandations qui, nous le verrons, imposent de dire non à la toxic food.

Mais revenons à l’erreur collective sur le cancer.

Disons-le tout net : dans une grande majorité des cas, le cancer ne relève pas de la fatalité génétique. Depuis plus de trente ans la communauté scientifique estime même qu’au maximum 15% des cas des cancers y sont liés. Mieux, en 1981, dans un rapport destiné au Congrès et aujourd’hui encore considéré comme essentiel, Richard Doll et Richard Petto estimaient que ce taux devrait certainement être revu à la baisse, que nos gènes s’avéraient selon eux responsables du mal dans à peine 2 à 3 % des cas.

Je tiens à insister sur cette information parce que, derrière le côté abstrait de ces chiffres, se cache une vérité, à la fois source d’espoir et de révolte : plus de huit cancers sur dix sont évitables !

S’il fallait faire ce détour, c’est parce qu’aujourd’hui la toxic food est le principal outil de prolifération des cancers « évitables ». L’industrialisation de la nourriture, prouvant la justesse des propos d’Hippocrate, a en effet transformé notre alimentation non en remède mais en cause du mal. Un énième et rapide saut dans le passé permet de le comprendre.

La courbe de la croissance pondérale des Américains n’est pas la seule à connaître une explosion au milieu des années 1980. Troublant parallèle, celle des cas de cancers a donné lieu au même phénomène.

En 1971, le Président Richard Nixon déclara la guerre au cancer, mettant à disposition du corps scientifique des mannes financières jamais vues afin d’élaborer un traitement et de trouver des moyens efficaces de détection précoce de la maladie.

Cette année-là, 337 000 Américains étaient morts de ce fléau. Eh bien en 1986, quinze ans plus tard, malgré les milliards de la Maison- Blanche et les progrès de la médecine, ce chiffre était monté à 472 000. Soit 40 % de plus !

Depuis, la machine à tuer n’a pas ralenti. À une vitesse quasi épidémique « mimant » la courbe de l’obésité, le mal progresse aux États- Unis de quasiment 2 % par an. Entre 1950 et 2001, le taux d’incidence du cancer a donc crû de 85 %.

Concrètement, cela signifie qu’un homme américain sur deux sera atteint d’au moins un cancer dans son existence, les femmes, légèrement moins touchées, atteignent 40 %.

Le royaume de la toxic food connaît un autre privilège sinistre : la plus puissante nation du monde est aussi celle où le taux de mortalité lié au cancer est le plus fort.

Mais il ne faut pas s’y tromper : les États-Unis ne constituent en rien un cas à part. L’ensemble des pays développés suit la même évolution. En Angleterre, par exemple, seulement 4 % de la population décédait d’une crise cardiaque ou d’un cancer il y a un siècle. Aujourd’hui, ces deux maladies, liées à la consommation de la nouvelle malbouffe, sont responsables de plus de deux tiers des décès. Quant à la France, elle montre la même courbe exponentielle et quasi épidémique, avec une augmentation du nombre de cancers de 60 % durant les vingt dernières années.

De cette avalanche de chiffres, il faut retenir ceci : bien qu’il soit évitable plus de huit fois sur dix, le cancer n’a jamais fait autant de malades et de victimes. Et cette soudaine augmentation épouse parfaitement la courbe de la pandémie d’obésité.

Dans le détail, ces chiffres catastrophiques sont encore pires. Ainsi, ce n’est pas l’ensemble des cancers qui est en progression. Certains sont même en baisse, comme les cancers ORL dont la majorité dépendait de la consommation de tabac. Si cette diminution signifie que l’on fume moins, il y a un revers à cette nouvelle a priori positive. Si, jusqu’au milieu des années 1980, le cancer du fumeur tenait une place prépondérante dans les statistiques, son recul, accompagné d’une augmentation générale des incidences de cancer, ne signifie qu’une seule chose : d’autres types de cancer ont, eux, formidablement progressé.

C’est le cas des cancers de la thyroïde (258 % en trente ans), des testicules (81 %) ou du foie (234 %).

Désormais trois autres cancers ont supplanté ceux liés à la cigarette. Le colorectal, celui de la prostate et du sein représentent presque la moitié des cas recensés.

Avant d’évoquer ce trio morbide, il convient d’apporter une précision importante.

Lorsque Katherine Flegal, chercheuse du CDC, découvrit le brusque accroissement du nombre d’Américains obèses, son premier réflexe fut de croire à une erreur dans ses calculs. Mais, une fois l’exactitude de son modèle mathématique établie, elle dut tenter de trouver une explication logique à ce fait. Avant de vérifier auprès des médecins la réalité et l’ampleur de la crise, elle a avancé l’hypothèse d’un phénomène purement statistique, soupesant que, peut-être, la méthode de calcul utilisée au milieu des années 1980 était plus fiable que celle des décennies précédentes.

Un même argument, nous l’avons vu, utilisé par l’industrie agroalimentaire pour décrédibiliser les études montrant l’importante chute des quantités de vitamines et minéraux dans les fruits et légumes.

Or, pendant longtemps, la communauté scientifique s’étripa sur ce point. Certains firent par ailleurs remarquer l’allongement de l’espérance de vie, donnée à prendre en compte puisque, souvent, le cancer est une maladie de la vieillesse.

Malheureusement, ces tentatives d’explications ne s’appliquent pas ici.

D’abord parce que l’ensemble des pourcentages et chiffres évoqués dans cette démonstration intègrent cette donnée.

Ensuite parce que la vérité du cancer est bien plus tragique. Aux États-Unis comme en Europe, le cancer progresse aujourd’hui le plus rapidement dans la tranche d’âge des enfants et des adolescents. Pas question donc de recourir ici à l’excuse du cancer « maladie de fin de vie », comme le prouve la vaste étude menée en 2004 depuis Lyon par l’Agence internationale pour la recherche sur le cancer.

Ou bien comme le prouvent encore les travaux du National Cancer Institute démontrant qu’aux États-Unis, entre 1950 et 1985, l’incidence du cancer parmi les enfants a augmenté de 32 %.

Selon un schéma semblable et concomitant aux courbes de la pandémie d’obésité, certains cancers se sont donc bel et bien multipliés à mesure que la toxic food envahissait les estomacs. »

La suite ……..demain

 

 

 

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Extrait de Toxic Food, le passionnant livre enquête de William Reymond :

 » Le Heart Attack Grill relève, certes, de l’aberration. De l’expérience ultime. Mais le restaurant de Jon Basso est loin d’être un cas isolé. Et si cet entrepreneur de Chandler a pris soin de déposer sa marque, ce n’est pas pour rien. Il sait combien la mentalité du « Je mange ce que je veux » qui garantit son succès gagne le territoire américain. La tendance ne se limite pas aux hamburgers gargantuesques. Désormais, le format géant se décline en effet dans tous les registres culinaires.

C’est une différence majeure entre l’Amérique alimentaire décrite dans Toxic et celle constatée aujourd’hui. Bien sûr, à l’époque, je mentionnais déjà l’émergence de la pornography food tandis que McDonald’s, Burger King et consorts renonçaient à la portion de frites grande taille et renforçaient leurs gammes de salades.

Mais, entre-temps, comme le reste du monde, l’Amérique est entrée en récession. Or – bien que cela surprenne – augmenter la taille des plats est un symptôme de crise. Alors que le consommateur dépense avec prudence, annoncer lui « en donner pour son argent » relève de la combinaison gagnante. Aussi, en plus des restaurants proposant des plats géants, les grandes chaînes de fast-foods elles-mêmes agrandissent les portions. Avec discrétion, bien sûr, tant se lancer dans la surenchère calorique alors qu’on essaie parallèlement de rejeter toute responsabilité dans le développement de l’obésité n’est pas politiquement correct, mais la vérité est là. Désormais, de McDonald’s à Wendy’s en passant par Burger King et Whataburger, tous proposent au moins un sandwich de taille conséquente. Un geste qui, finalement, ne coûte guère plus mais rapporte bien davantage en assurant un taux de clientèle élevé.

Les répercussions de ce revirement dépassent le seul cadre de la restauration. Dans les rayons congelés des supermarchés, des produits avec package XXL sont apparus pour séduire la clientèle masculine. Début 2009, même la télévision a suivi le mouvement. Avec, le mercredi soir, sur Travel Channel, deux numéros de Man vs Food (Littéralement «L’homme contre la nourriture»).

Le concept est simple mais efficace. Chaque semaine, Adam Richman part à la découverte d’une nouvelle ville des Etats-Unis. Non pour mettre en avant le patrimoine culturel ou historique, mais pour pousser la porte des restaurants et affronter un plat géant. Comme s’il entreprenait un défi sportif, Richman tente l’impossible : terminer les plats proposés dans un délai imparti assez bref. Or, qu’il s’agisse d’un dessert pesant près de deux kilos à San Antonio, d’une pizza de six kilos à Atlanta, d’une omelette réalisée avec une douzaine d’œufs à Seattle ou d’une saucisse d’un mètre à Minneapolis, l’homme terrasse quasiment toujours la nourriture.

À noter, parmi les échecs d’Adam, terminer un milkshake de 3 litres et demi. Une épreuve qui s’est achevée dans le… vomi.

Alors que l’Amérique est malade de son poids, Man vs Food obtient un beau succès d’audience. Mieux, l’émission est devenue le programme le plus regardé de Travel Channel et pousse la concurrence à inventer des shows autour de l’excès de malbouffe.

Gag, détail, épiphénomène ? Peut-être. Mais n’oublions jamais que les États-Unis jouent, pour le meilleur et souvent le pire, un rôle de précurseur. Et que nos habitudes alimentaires n’échappent pas à la règle et se voient, peu à peu, gagnées par ses influences. Si l’ère des repas géants n’a pas débuté de ce côté de l’Atlantique, elle commencera sans doute si la crise économique s’installe. La preuve ? Déjà en Angleterre, en Pologne et en Allemagne, des établissements proposent des spécialités locales en versions extra-larges.

Si le cas du Heart Attack Grill me semble symptomatique, ce n’est pas seulement parce qu’il dessine – en les exagérant – les lignes d’un cauchemar alimentaire futur. Selon moi, il illustre parfaitement le délire paroxystique américain, où des consommateurs malades condamnés à prendre chaque jour des médicaments refusent de renoncer aux causes de leurs maux.

Cet état d’esprit peut nous choquer, mais il correspond bien à la société américaine. Ainsi, les publicités ventant des comprimés contre le cholestérol, du sirop contre les digestions difficiles et des adresses de restauration rapide encadrent les programmes style Man vs Food. Dès lors, habitué à une réponse chimique ou médicale à ses maux, l’Américain espère une solution miracle et facile à avaler. Et n’a pas envie de changer sa façon de manger.

Or son mode alimentaire, comme nous l’avons vu, le conduit précocement vers la tombe !

Pire, après les maladies cardiaques, les cancers et la surconsommation de médicaments, la quatrième cause de décès est, elle aussi, liée au « régime américain ». Il s’agit des accidents vasculaires cérébraux.

Si une attaque cérébrale peut naître pour des raisons génétiques ou être liée à une maladie spécifique, son principal facteur de risque réside dans une mauvaise hygiène de vie. Or l’obésité, en créant de l’hypertension artérielle, est la principale cause des attaques vasculaires cérébrales. En France, les AVC sont même la troisième cause de décès après les cancers et les problèmes cardiaques. Et la première cause des handicaps physiques acquis.

Au milieu de ce sinistre classement, les problèmes respiratoires chroniques précèdent les victimes d’accidents. Si le mode alimentaire américain n’est évidemment pas directement responsable de ces chiffres, il constitue, une fois encore, un facteur aggravant. Toute victime d’accident ou d’insuffisance respiratoire multiplie ses risques de décès si elle est obèse.

De fait, beaucoup des personnes décédées durant la première vague de contamination de la grippe A Hl/Nl en 2009, tant côté américain que mexicain, se trouvaient en surpoids. L’obésité avait entraîné une série de complications fatales.

Le mode alimentaire américain est en outre largement responsable des morts liées au diabète, sixième cause de décès, qui augmentent de manière vertigineuse chaque année. Or, comme je le racontais déjà dans Toxic, nos assiettes sont les responsables majeures de cette maladie qui atteint des victimes de plus en plus jeunes.

Les décès liés aux grippes et pneumonie, puis ceux dus à la maladie d’Alzheimer, concluent ce classement macabre. Dans ces deux catégories, il est malheureusement encore possible de constater les dégâts d’un mode alimentaire destructeur. Parce qu’une partie des victimes de la grippe atteintes de maladies respiratoires trépassent à cause du surpoids. Et parce qu’Alzheimer, à l’instar de toutes les maladies neurologiques, est également un fléau parfois dépendant de facteurs environnementaux parmi lesquels figure l’alimentation industrielle.

On le voit : les dégâts liés au régime américain sont omniprésents dans ce classement. Ce qui, à l’échelle des nations, produit un effet redoutable. En 2000, mesurant et comparant l’état de santé et l’espérance de vie des habitants de cent quatre-vingt-onze pays, l’OMS plaçait les États- Unis, pourtant première puissance mondiale, seulement à la vingt-quatrième place. L’espérance de vie d’un enfant né en 1999 y était évaluée à 67,5 ans, contre 74,5 ans pour un bébé japonais – la première marche du podium. La France arrivait, elle, juste après l’Australie, dans le trio de tête.

En soi, ces informations démontrent les effets désastreux de l’industrialisation de la nourriture. Mais, afin de faire vaciller les sceptiques, il faut aller à la rencontre des trois autres phénomènes qui prouvent l’ampleur d’un risque nous concernant tous.

NB : L’ensemble de ces chiffres et classements proviennent des statistiques officielles du gouvernement américain.   »

La suite ………….. demain.

Dr BUENOS : Dans le précédent article, nous évoquions une conduite suicidaire individuelle, dans celui-ci, ne s’agit il pas d’une conduite suicidaire collective ?

 

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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

« Durant l’été 1999, un vent de révolte souffle sur l’Aveyron.

Quelques semaines plus tôt, pour punir l’Europe qui refuse l’exportation de bœuf américain dopé aux hormones, les États-Unis décident de surtaxer de 100% les droits de douanes du roquefort.

(Le roquefort n’était pas le seul produit visé. Le foie gras, certains chocolats, des céréales et la moutarde de Dijon complétaient la liste côté français. En janvier 2009, toujours dans le cadre du refus de l’importation du bœuf aux hormones, le gouvernement américain s’apprêtait à mettre en place des droits de douanes de 300 % sur le roquefort. En mai de la même année, à quelques jours de leur application, l’Union européenne et les États-Unis trouvaient un accord. En échange de l’augmentation du quota d’importation de bœuf américain non traité, le gouvernement américain abandonnait toute idée de surtaxation des produits européens, dont le roquefort.)

L’attaque n’est pas seulement symbolique, puisque, à l’époque, le marché américain représente plus de 10 % des exportations de cette spécialité fromagère du sud de l’Aveyron. Quatre cents tonnes de fromage qui, en raison d’un prix de vente devenu exorbitant, risquent de fermenter dans des entrepôts plutôt que de terminer dans les assiettes des consommateurs d’outre- Atlantique. Il s’agit donc d’un manque à gagner sévère pour les petits producteurs de la région.

Aussi, au début du mois d’août, du côté de Millau, les esprits s’échauffent et envisagent des mesures de rétorsion contre les États-Unis. Sans surprise, la première action du genre vise Coca- Cola : un cafetier de la ville surtaxe la vente de la boisson dans son établissement.

Et puisque la guerre contre l’Amérique se joue symbole contre symbole, José Bové et ses compagnons du syndicat de la Confédération paysanne décident de frapper fort.

Le 12 août 1999, une poignée de militants menés par le paysan moustachu s’attaquent au démontage d’un McDonald’s alors en construction à Millau. « Sous les yeux médusés du propriétaire Marc Dehani, raconte le quotidien La Dépêche, l’inscription McDo defora, gardarem roquefort (McDo dehors, nous garderons le roquefort) est peinte sur le toit du fast-food tandis que des matériaux du chantier sont convoyés sur un tracteur vers la sous-préfecture. »

En plein été, période où, traditionnellement, l’actualité tourne au ralenti, le coup de poing attire l’attention des médias. Et lorsque la juge d’instruction Nathalie Marty ordonne l’arrestation du responsable de la Confédération paysanne, José Bové, et de ses compagnons, l’affaire prend de l’ampleur. Cette décision, comme le note encore La Dépêche, « raviva l’esprit combatif de ceux qui connurent le mouvement contre l’extension du camp militaire du Larzac dans les années 1970 [et offrit] à la Confédération paysanne de passer du statut d’une organisation ringarde à celui de celle qui défend des traditions ancrées dans un terroir ».

Mais, surtout, elle propulse José Bové au centre d’un combat encore peu répandu que lui- même mène, avec une certaine discrétion, depuis quelques années : la bataille contre la… malbouffe.

Le 12 août 1999, vingt ans après sa création, la perception collective du terme inventé par les de Rosnay entrait donc dans sa troisième phase.

La malbouffe selon José Bové ne correspond ni à celle des années 1970 ni à celle décrite en 1989 lors de la crise de la vache folle.

Le concept cher au représentant de la Confédération paysanne mêle deux refus : celui de la nourriture de mauvaise qualité et celui d’une mondialisation qui se résumerait à une domination américaine. Ces deux pendants sont si liés dans le discours de José Bové que certains de ses détracteurs lui reprochent d’utiliser la malbouffe comme prétexte pour légitimer son propre refus de la mondialisation. Plus tard, viendra se greffer sur ce diptyque la légitime question de la présence d’OGM dans l’alimentation, donnant une dimension supplémentaire à la définition du mot malbouffe.

Mais revenons au sens qu’avait ce terme au lendemain du démontage du McDonald’s de Millau et lors de la publication, un an plus tard, du premier livre publié par José Bové.

S’appuyant sur une dialectique que l’on retrouvera durant l’hiver 1999 à Seattle – lorsque des milliers de représentants du mouvement alter- mondialiste s’opposeront à la troisième conférence ministérielle des cent trente-trois pays membres de l’Organisation mondiale du commerce -, la malbouffe selon José Bové induit que la domination américaine est incarnée par la restauration rapide.

À ce titre, McDonald’s – dont rien ne semble freiner l’expansion mondiale – constitue une cible parfaite. En effet, depuis l’inauguration de sa première franchise à Strasbourg, en 1979, le géant américain n’a cessé de multiplier les ouvertures en France. Avec un peu plus de quatre cents établissements dans l’Hexagone, le chiffre d’affaires annuel de la marque a même franchi le seuil symbolique des dix milliards de francs.

Le démontage de Millau constitue donc une étape importante. Il offre au message de Bové – et à sa définition de la malbouffe -, une caisse de résonance internationale. Désormais, l’ennemi de nos estomacs, de notre santé, de notre économie, de notre identité et, d’une certaine manière, de notre avenir porte un nom simple et débite, à la chaîne, des hamburgers arrosés de Coca-Cola.

À la veille de l’an 2000, alors qu’une partie de la planète hésite entre peur du lendemain et nostalgie du temps passé, le discours de l’agriculteur français se répand donc comme une trainée de poudre.

En août 2009, Éric Gravier, l’un des vice-présidents de la filiale française de McDonald’s, reconnaissait que seuls deux événements « avaient bousculé » la marche en avant de la marque en France : « la crise de la vache folle et José Bové ». On remarquera qu’Éric Gravier ne cite ni la concurrence assez amorphe sur le secteur ni la vague d’attentats en 2000 qui frappa l’enseigne en Bretagne.

Et la vision altermondialiste de la malbouffe s’impose comme la vérité dominante. Désormais, vingt ans après son invention, le terme de Joël de Rosnay regroupe presque exclusivement les produits issus de la restauration rapide.

Ce qui va, pendant une décennie, fausser le débat consacré aux périls de l’alimentation. »

La suite …….demain.

Dr BUENOS : l’affaire de la mimolette ressemble fort à celle du roquefort ……

 

 

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