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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » Je l’ai dit et je le répète : cette pandémie n’est seulement – et malheureusement – que la partie visible des dégâts engendrés par l’intrusion de la toxic food dans notre alimentation. Puisque kilos en trop ou pas, elle n’épargne personne, nous sommes, potentiellement, tous ses victimes. Une réalité que de multiples exemples tragiques attestent.

Après la parution de Toxic, j’ai donné, principalement au Québec, des conférences consacrées aux dérives de notre mode alimentaire. Et quand venait le temps de discuter avec le public, j’ai toujours été surpris de voir combien une idée fausse résistait bien aux faits. Avec constance, la majorité de mes interlocuteurs croyaient ainsi que le cancer relevait de la fatalité génétique !

Il ne faut pas chercher loin pour trouver les racines de cette erreur. Primo, les progrès médicaux autour de la recherche génétique ont, ces dernières années, polarisé l’attention des médias. Secundo – et sans doute inconsciemment -, cette croyance renvoie aux consultations chez le médecin qui, lorsqu’il n’y a pas de consommation d’alcool ou de cigarettes, évoque systématiquement la présence ou non du cancer dans les familles. Enfin – et c’est je crois le facteur le plus important – cette certitude populaire illustre l’échec des pouvoirs publics quand il s’agit de communiquer correctement sur les causes de cette terrible plaie. Depuis que nos sociétés sont entrées en guerre contre le cancer, les campagnes gouvernementales à travers le monde se sont globalement articulées autour de deux pôles : la recherche et la détection. Donc très peu, pour ne pas dire pas du tout, sur la prévention.

Le cancer du sein est symptomatique de cette carence informative. On parle ainsi du traitement, mais surtout des mammographies, actes médicaux en soi, tout en négligeant des conseils de vie qui permettraient d’éviter la maladie elle- même. Des recommandations qui, nous le verrons, imposent de dire non à la toxic food.

Mais revenons à l’erreur collective sur le cancer.

Disons-le tout net : dans une grande majorité des cas, le cancer ne relève pas de la fatalité génétique. Depuis plus de trente ans la communauté scientifique estime même qu’au maximum 15% des cas des cancers y sont liés. Mieux, en 1981, dans un rapport destiné au Congrès et aujourd’hui encore considéré comme essentiel, Richard Doll et Richard Petto estimaient que ce taux devrait certainement être revu à la baisse, que nos gènes s’avéraient selon eux responsables du mal dans à peine 2 à 3 % des cas.

Je tiens à insister sur cette information parce que, derrière le côté abstrait de ces chiffres, se cache une vérité, à la fois source d’espoir et de révolte : plus de huit cancers sur dix sont évitables !

S’il fallait faire ce détour, c’est parce qu’aujourd’hui la toxic food est le principal outil de prolifération des cancers « évitables ». L’industrialisation de la nourriture, prouvant la justesse des propos d’Hippocrate, a en effet transformé notre alimentation non en remède mais en cause du mal. Un énième et rapide saut dans le passé permet de le comprendre.

La courbe de la croissance pondérale des Américains n’est pas la seule à connaître une explosion au milieu des années 1980. Troublant parallèle, celle des cas de cancers a donné lieu au même phénomène.

En 1971, le Président Richard Nixon déclara la guerre au cancer, mettant à disposition du corps scientifique des mannes financières jamais vues afin d’élaborer un traitement et de trouver des moyens efficaces de détection précoce de la maladie.

Cette année-là, 337 000 Américains étaient morts de ce fléau. Eh bien en 1986, quinze ans plus tard, malgré les milliards de la Maison- Blanche et les progrès de la médecine, ce chiffre était monté à 472 000. Soit 40 % de plus !

Depuis, la machine à tuer n’a pas ralenti. À une vitesse quasi épidémique « mimant » la courbe de l’obésité, le mal progresse aux États- Unis de quasiment 2 % par an. Entre 1950 et 2001, le taux d’incidence du cancer a donc crû de 85 %.

Concrètement, cela signifie qu’un homme américain sur deux sera atteint d’au moins un cancer dans son existence, les femmes, légèrement moins touchées, atteignent 40 %.

Le royaume de la toxic food connaît un autre privilège sinistre : la plus puissante nation du monde est aussi celle où le taux de mortalité lié au cancer est le plus fort.

Mais il ne faut pas s’y tromper : les États-Unis ne constituent en rien un cas à part. L’ensemble des pays développés suit la même évolution. En Angleterre, par exemple, seulement 4 % de la population décédait d’une crise cardiaque ou d’un cancer il y a un siècle. Aujourd’hui, ces deux maladies, liées à la consommation de la nouvelle malbouffe, sont responsables de plus de deux tiers des décès. Quant à la France, elle montre la même courbe exponentielle et quasi épidémique, avec une augmentation du nombre de cancers de 60 % durant les vingt dernières années.

De cette avalanche de chiffres, il faut retenir ceci : bien qu’il soit évitable plus de huit fois sur dix, le cancer n’a jamais fait autant de malades et de victimes. Et cette soudaine augmentation épouse parfaitement la courbe de la pandémie d’obésité.

Dans le détail, ces chiffres catastrophiques sont encore pires. Ainsi, ce n’est pas l’ensemble des cancers qui est en progression. Certains sont même en baisse, comme les cancers ORL dont la majorité dépendait de la consommation de tabac. Si cette diminution signifie que l’on fume moins, il y a un revers à cette nouvelle a priori positive. Si, jusqu’au milieu des années 1980, le cancer du fumeur tenait une place prépondérante dans les statistiques, son recul, accompagné d’une augmentation générale des incidences de cancer, ne signifie qu’une seule chose : d’autres types de cancer ont, eux, formidablement progressé.

C’est le cas des cancers de la thyroïde (258 % en trente ans), des testicules (81 %) ou du foie (234 %).

Désormais trois autres cancers ont supplanté ceux liés à la cigarette. Le colorectal, celui de la prostate et du sein représentent presque la moitié des cas recensés.

Avant d’évoquer ce trio morbide, il convient d’apporter une précision importante.

Lorsque Katherine Flegal, chercheuse du CDC, découvrit le brusque accroissement du nombre d’Américains obèses, son premier réflexe fut de croire à une erreur dans ses calculs. Mais, une fois l’exactitude de son modèle mathématique établie, elle dut tenter de trouver une explication logique à ce fait. Avant de vérifier auprès des médecins la réalité et l’ampleur de la crise, elle a avancé l’hypothèse d’un phénomène purement statistique, soupesant que, peut-être, la méthode de calcul utilisée au milieu des années 1980 était plus fiable que celle des décennies précédentes.

Un même argument, nous l’avons vu, utilisé par l’industrie agroalimentaire pour décrédibiliser les études montrant l’importante chute des quantités de vitamines et minéraux dans les fruits et légumes.

Or, pendant longtemps, la communauté scientifique s’étripa sur ce point. Certains firent par ailleurs remarquer l’allongement de l’espérance de vie, donnée à prendre en compte puisque, souvent, le cancer est une maladie de la vieillesse.

Malheureusement, ces tentatives d’explications ne s’appliquent pas ici.

D’abord parce que l’ensemble des pourcentages et chiffres évoqués dans cette démonstration intègrent cette donnée.

Ensuite parce que la vérité du cancer est bien plus tragique. Aux États-Unis comme en Europe, le cancer progresse aujourd’hui le plus rapidement dans la tranche d’âge des enfants et des adolescents. Pas question donc de recourir ici à l’excuse du cancer « maladie de fin de vie », comme le prouve la vaste étude menée en 2004 depuis Lyon par l’Agence internationale pour la recherche sur le cancer.

Ou bien comme le prouvent encore les travaux du National Cancer Institute démontrant qu’aux États-Unis, entre 1950 et 1985, l’incidence du cancer parmi les enfants a augmenté de 32 %.

Selon un schéma semblable et concomitant aux courbes de la pandémie d’obésité, certains cancers se sont donc bel et bien multipliés à mesure que la toxic food envahissait les estomacs. »

La suite ……..demain

 

 

 

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