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Télévision, ordinateur, smartphone, qu’importe. Les enfants sont tout sauf concentrés sur ce qu’ils mangent, selon une étude du Syndicat français des aliments de l’enfance.

 Absorbés par les images qu’ils ont devant les yeux, les enfants de moins de trois ans ne font pas attention à ce qu’ils mangent et augmentent les quantités avalées. Le Syndicat français des aliments de l’enfance (SFAE), qui publie l’étude Nutri-Bébé SFAE 2013, s’inquiète de cette banalisation des écrans chez les petits pendant les repas. « 15% des bébés de quinze jours à trois mois mangent déjà devant une distraction », indique l’enquête réalisée sur la base de données TNS Sofres auprès de 1 188 mères d’enfants ayant entre 15 jours et 3 ans. En tout 29% des enfants de 0 à 3 ans mangent devant un écran.

Ce phénomène en augmentation a des répercussions sur le rapport qu’il entretient avec la nourriture mais aussi sur la communication familiale. « Face à ces technologies, l’enfant appuie sur un bouton ou une icône, il a une réponse immédiate, il n’apprend ni à se concentrer ni à gérer sa frustration. Cela a des conséquences sur son alimentation : l’enfant n’analyse pas ses perceptions (goût, odeur, toucher…), il supporte mal l’attente », analyse l’étude.

Pour le pédiatre Alain Bocquet responsable du groupe nutrition de l’AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire) interrogé par l’étude, le risque de surconsommation alimentaire est réel pour l’enfant. « Un enfant qui mange devant la télévision consomme une ration calorique plus importante, avale machinalement sans savourer son repas, sans se rendre compte des quantités absorbées », commente-t-il.

Côté communication, l’enquête souligne que « le repas se déroule sans communication, sans partage et sans échange », à contre-courant de ce qui est recommandé par les nutritionnistes et spécialistes de l’enfance.

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Les enfants qui dorment plus longtemps ont moins faim et perdent du poids.

Une histoire et au lit de bonne heure : voici peut-être le nouveau régime à proposer à vos enfants pour éviter surpoids et obésité. C’est ce que suggère une étude américaine publiée dans Pediatrics.

L’obésité chez les enfants peut avoir plusieurs causes : une alimentation déséquilibrée, le manque d’exercice… Mais d’autres facteurs méconnus, comme le manque de sommeil, pourraient aussi jouer un rôle.

Des chercheurs du Temple’s Center for Obesity Research and Education (CORE) ont testé l’effet de changements de la durée du sommeil sur l’appétit et le poids. L’étude a duré 3 semaines et a porté sur 37 enfants âgés de 8 à 11 ans, dont 27 % étaient en surpoids ou obèses. Pendant la première semaine, les enfants dormaient comme à leur habitude. La deuxième semaine, certains devaient réduire leur durée de sommeil d’une heure 1/2, d’autres l’allonger de la même durée ; pendant la semaine suivante, ils faisaient l’inverse.

Résultats : pendant la semaine où les enfants ont dormi plus longtemps, ils ont mangé 134 calories en moins par jour par rapport à la semaine où ils réduisaient leur temps de sommeil. De plus, les niveaux de leptine à jeun étaient moins élevés pendant la semaine où ils dormaient plus. La leptine est une hormone qui contrôle le sentiment de satiété et la faim ; elle est liée à la quantité de tissu adipeux qui la fabrique. Conséquence : les enfants pesaient 0,22 kg de moins la semaine où ils dormaient le plus, par rapport à celle où ils dormaient moins.

Pour Chantelle Hart, principale auteur de ces travaux, « les résultats de cette étude suggèrent que favoriser le sommeil des enfants d’âge scolaire la nuit pourrait avoir des implications importantes pour prévenir et traiter l’obésité ».

Ceci confirme que le manque de sommeil peut être une cause de surpoids, et qu’il est possible d’agir sur ce facteur, notamment en couchant les enfants à heure fixe, et en interdisant télévision ou écrans dans la chambre.

Source

Hart CN, Carskadon MA, Considine RV, Fava JL, Lawton J, Raynor HA, Jelalian E, Owens J, Wing R. Changes in Children’s Sleep Duration on Food Intake, Weight, and Leptin. Pediatrics. 2013 Nov 4.

 

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Extrait du livre de Denis DOUCET, « le principe du petit pingouin » :

La vraie liberté, ce n’est pas de pouvoir vous acheter tout ce qui vous passe par la tête, comme aimerait vous le faire croire Big Mouth. C’est plutôt quand vous prenez une décision, que vous la transformez en action et en assumez le résultat. Là, vous êtes libre !

La suite ………..Demain.

 

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Maladie multifactorielle, l’obésité des plus jeunes nécessite une prévention plus ciblée et une prise en charge multidisciplinaire.

Une récente étude française a évalué le devenir d’enfants en surpoids ou obèses accueillis en consultation spécialisée à l’hôpital du Pays de Gier (Loire).

En 2001, 85 enfants âgés de 2 à 17 ans y ont été pris en charge, en moyenne durant trente-deux mois. L’évolution de leur poids a été réévaluée dix ans après, en 2012. Résultat: en 2001, la prise en charge avait été efficace pour 77 % des enfants, avec un bénéfice directement lié à sa durée. Mais le poids de la moitié des enfants a recommencé à augmenter dès son arrêt. Dix ans plus tard, l’évolution favorable du poids durant la prise en charge s’était poursuivie chez 30 % des enfants mais, malgré le succès initial, chez 43 % le poids avait ensuite évolué défavorablement. Pour 11 % des enfants, malgré l’insuccès de la première prise en charge, le poids dix ans plus tard s’était amélioré.

Il reste donc difficile de prévoir l’évolution pondérale à long terme d’un enfant en surpoids ou obèse, même avec une prise en charge efficace pendant un temps. Les modifications alimentaires ne sont efficaces que tant qu’elles sont poursuivies.

La proportion d’enfants en surpoids tend depuis peu à se stabiliser en France autour de 18 %, dont 4 % d’obésité. À la fois multifactorielle et individuelle, cette maladie chronique implique de nombreux facteurs: génétiques, périnataux, environnementaux et psychologiques. Une obésité parentale, un surpoids ou un diabète de la mère pendant la grossesse, un poids de naissance petit, trop élevé ou un gain de poids trop rapide ensuite, un milieu socio-économique défavorisé, un style éducatif trop rigide ou trop souple pour l’alimentation, le manque d’activité physique, le manque de sommeil, une dépression… sont aussi associés chez l’enfant au risque de surpoids ou d’obésité.

Le critère le plus prédictif du risque d’obésité chez l’enfant est la survenue précoce du rebond d’adiposité. La première année, la croissance rapide de l’enfant s’accompagne d’une augmentation de masse grasse qui atteint un maximum vers 1 an. Puis l’enfant s’affine, son IMC* diminue et passe vers 6 ans par un minimum, le rebond d’adiposité, avant de croître à nouveau. Parfois, ce rebond d’adiposité survient plus tôt: plus il est précoce, plus le risque d’obésité ultérieure est élevé.

Le surpoids et l’obésité présentent beaucoup moins de complications médicales graves chez l’enfant que chez l’adulte, sauf chez les grands obèses. La plupart du temps, la principale complication est psychosociale: c’est la souffrance liée au regard péjoratif des autres. En revanche, l’obésité infantile est très prédictive de l’obésité à l’âge adulte, qui, elle, est plus dangereuse: en l’absence de prise en charge, 75 % des enfants en surpoids deviennent des adultes en surpoids. «Dépister un enfant obèse n’a de sens que si on met en place une prise en charge.

La prise en charge de l’enfant obèse, souvent multidisciplinaire, repose d’abord sur des changements diététiques. Le but est de diminuer l’apport en calories. «On essaie donc de réduire les quantités avec les mêmes aliments, de garder le même volume en réduisant leur densité énergétique, de combattre le grignotage lié au fait que les enfants ont encore faim en sortant de table et d’augmenter un peu la ration protéique pour son effet rassasiant. Le sport peut aider, mais n’a pas d’effet seul.»

* L’indice de masse corporelle (IMC), reflète la corpulence, l’adiposité d’un sujet. Sa valeur est donnée par la formule IMC = le poids (kg) divisé par la taille (cm) au carré.

 

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Pour lutter contre l’obésité, se focaliser sur la restriction alimentaire est une stratégie qui a ses limites. Une étude récente prouve que, pour les enfants, c’est tout le mode de vie qu’il faut revoir.

L’étude est parue le 9 septembre 2013 dans la revue Jama Pediatrics (en anglais). Les chercheurs ont suivi 121 familles qui avaient des enfants âgés de 2 à 5 ans présentant un surpoids important ou une obésité, et qui avaient tous une télévision dans leur chambre.

Ces familles ont été séparées en deux groupes. Dans l’un, aucun changement dans les habitudes n’était demandé. Dans l’autre, plutôt que de donner des consignes alimentaires strictes, c’est plutôt sur le mode de vie que les indications ont porté : pendant six mois, il s’agissait pour les enfants participants de prendre des repas en famille, de limiter le temps passé devant la télévision et de dormir davantage.

Les résultats de l’étude sont frappants : les enfants qui limitaient à une heure le temps passé devant la télévision, qui prenaient un repas en famille et qui dormaient une demi-heure de plus voyaient leur surpoids réduit de 20 %.

Même si l’étude n’apprend finalement rien d’inédit – on connaît depuis longtemps le lien entre le temps passé devant la télévision et le surpoids chez l’enfant – ces chiffres encouragent à travailler dans le sens d’une approche globale du surpoids.

 

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Des stratégies simples à mettre en place au quotidien permettraient de lutter contre l’obésité des enfants comme le montre une étude parue en ligne, le 9 septembre, dans la revue JAMA Pediatrics.

Pour ces recherches, des chercheurs américains et canadiens sont intervenus au sein de foyers pour aider les enfants à perdre du poids, en réduisant leur temps passé devant la télévision, en augmentant leurs heures de sommeil et en encourageant les familles à dîner ensemble, selon un article de LiveScience.

Alors que l’obésité infantile se développe dans de nombreux pays du monde, les Américains sont les plus touchés avec 17% d’enfants obèses, surtout parmi les minorités et les familles les moins riches.

Une solution est mise en avant : un changement global de style de vie, comme l’a noté Aaron Carroll, un expert des questions d’obésité, qui a rédigé un éditorial à ce sujet pour LiveScience.

« Plutôt que de se concentrer sur un changement spécifique d’alimentation ou de rythme sportif, un foyer plus sain pourrait être une meilleure manière pour non seulement améliorer le poids, mais aussi la santé physique et mentale des sujets », a noté le chercheur dans son éditorial.

Pour leur étude, des chercheurs de la Harvard Medical School aux Etats-Unis et de l’Université de Guelph au Canada ont recruté 121 familles avec des enfants en surpoids. Ils les ont suivi durant six mois. Une moité des familles n’a pas subi d’intervention des chercheurs.

Avant l’étude, tous les enfants des familles étudiées avaient une télévision dans leur chambre.

Les chercheurs sont intervenus auprès de l’autre moitié des familles, les conseillant au sein du foyer sur leurs habitudes quotidiennes. Ils ont encouragé les enfants à dormir une demi-heure de plus par jour et à réduire leur temps passé devant la télévision à une heure par jour. Au terme des six mois, ces enfants ont perdu en moyenne 20% de leur indice de masse corporel (IMC) alors que les enfants du groupe témoin ont augmenté le leur de 20%.

 

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Etrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » Le temps était venu de remonter vers la surface.

Là, où l’air est respirable.

Mais cela ne signifiait pas pour autant que j’en avais terminé.

Tout au long de l’enquête, trois questions n’avaient jamais cessé de hanter mon esprit.

En retrouvant la lumière, j’allais enfin être en mesure d’y répondre.

La première nous concerne tous puisqu’elle touche à un échec collectif.

Il ne s’agit pas de savoir comment nous avons laissé la toxic food prendre le contrôle de nos estomacs ; entre cet ouvrage et son prédécesseur, j’ai en effet suffisamment évoqué les facteurs de notre défaite. Certes, nous avons une part de responsabilité – celle d’avoir baissé la garde -, mais la meilleure volonté du monde ne peut lutter contre l’armada se dressant face à nous. En effet, comment dire non alors que les géants de la nouvelle malbouffe sont parvenus à court-circuiter notre volonté pour s’adresser directement à nos gènes et notre inconscient plutôt qu’à la raison.

Non, mon premier étonnement ne touche pas aux explications de cette Berezina mais à la mollesse de notre résistance et à notre absence d’esprit de reconquête.

Car, à bien y réfléchir, force est de constater que les informations prouvant la toxicité de la nourriture industrielle sur nos organismes ne relèvent pas des secrets impossibles à élucider. De recherches scientifiques en rapports médicaux, les preuves sont à la disposition de chacun.

Bien sûr, je sais combien, comme je l’ai raconté en détail ici, les responsables de nos maux disposent d’énormes moyens pour cacher leur responsabilité. De la confusion à la collusion, leur travail de sape a été couronné de succès. Mais à nous aussi de reconnaître notre part de responsabilité dans ce choix du laisser-faire.

Notre société semble en fait avoir plus facilement tendance à se laisser fasciner pour la mort d’un artiste ou les déboires d’un autre qu’à s’intéresser aux thèmes touchant à sa propre survie. Un constat qui renvoie au passé et à des méthodes vieilles comme le monde : n’était-ce pas pour détourner l’attention de la plèbe que les dirigeants romains avaient inventé les jeux du cirque ?

La société de distraction dans laquelle nous sombrons fait le jeu des géants de la toxic food et soulage nos hommes politiques, trop heureux de ne devoir ni trancher ni rendre des comptes.

À nous donc – c’est urgent – de retrouver l’esprit de Spartacus.

Ma deuxième interrogation trouvera, chez la plupart d’entre vous, des échos familiers. Elle touche directement à notre capacité, une fois informés des périls, à ne plus avaler – gober, serais-je tenté d’écrire – les produits de la nouvelle malbouffe.

À plusieurs reprises dans ce livre, j’ai établi le parallèle entre les industriels du tabac et ceux de la toxic food. Je vais donc y recourir une fois encore.

Au cours des années 1980, lorsque, enfin, les cigarettiers ont dû rendre des comptes à la justice, nous avons découvert ce que de nombreux scientifiques avançaient depuis longtemps sans recevoir d’écho. Parmi les substances mélangées au tabac, certaines étaient choisies pour leurs capacités à susciter un état de manque. En clair, comme n’importe quelle drogue, la cigarette était source d’accoutumance et en décrocher se révélait difficile.

Alors, disons les choses clairement : la nourriture industrielle est la cigarette du XXIe siècle.

Si nous mangeons trop et mal, si, malgré la culpabilité et nos connaissances, nous éprouvons tant de difficultés à nous nourrir autrement, c’est parce que certains ingrédients contenus dans la malbouffe jouent le même rôle que ceux autrefois mixés au tabac : nous rendre accro.

Ce genre de dépendance a été prouvé, en théorie, en… 1976. Soit trois ans avant que les époux de Rosnay donnent un premier sens au néologisme qu’ils venaient de créer. Cette année-là, Anthony Sclafani, jeune chercheur de l’université de Chicago, publiait Dietary Obesity in Adult Rats : Similarities to Hypothalamic and Human Obesity Syndromes!. Un titre guère accrocheur mais une étude fascinante. Qui débutait par un… accident.

Par inadvertance, le scientifique avait en effet laissé tomber une poignée de Fruit Loops dans la cage d’un rongeur qu’il observait. Le rat s’était précipité sur la céréale colorée fortement sucrée et l’avait dévorée immédiatement.

La rapidité du mammifère ayant étonné Sclafani – les rats sont des animaux prudents et c’était la première fois qu’il en voyait un s’avancer vers la lumière sans prendre le temps de vérifier si les lieux étaient sûrs -, celui-ci décida de reproduire l’expérience de manière plus scientifique et à plus grande échelle. Et, cette fois, sur des rats nourris régulièrement de Fruit Loops pour simuler un comportement de dépendance.

Les résultats l’étonnèrent : alors que les rats vivaient à l’abri, il suffisait qu’il dispose quelques céréales en pleine lumière pour que les rongeurs se précipitent vers elles !

Le plus étrange, c’est que cette expérience ne fonctionnait pas avec la nourriture habituellement donnée aux rongeurs. Comme si quelque chose dans les céréales déclenchait cet appétit subit. Quelque chose de suffisamment puissant pour déprogrammer le code de survie inscrit depuis toujours dans l’ADN de l’animal !

Restait une ultime étape : nourrir les rats avec d’autres aliments appartenant à ce que Sclafani nommait alors le « régime supermarché », c’est- à-dire des produits de l’industrie agroalimentaire.

De la charcuterie industrielle aux biscuits, le résultat fut le même. Ignorant les risques et leur instinct, les rats se précipitaient sans hésiter vers cette nourriture. Notre nourriture.

Mieux – enfin pire : alors que le poids du rongeur s’autorégule à hauteur de ses besoins et de sa dépense en calories, la toxic food détruisait ce garde-fou. Non seulement les rats de Sclafani devenaient obèses mais, de plus, ne pouvant s’arrêter de consommer, ils mangeaient à en crever !

Il est des analogies tellement évidentes qu’il n’est pas la peine de les écrire !

Les expériences d’Anthony Sclafani peuvent être qualifiées de preuves de laboratoires, mais certaines données instructives, elles, sont bien palpables.

En 1978, aux États-Unis, l’industrie de ce que l’on peut appeler « l’additif alimentaire » pesait 1,3 milliard de dollars. Trente ans plus tard, alors que la toxic food a terminé de coloniser nos assiettes, cette activité, en dollars constants, dépasse les six milliards de dollars.

Une explosion – comme celle de l’obésité, des cancers, des maladies cardio-vasculaires et neurologiques – spectaculaire. Unique aussi. Aucun secteur industriel existant à la fin des années 1970 et toujours présent aujourd’hui n’a connu un tel bond. Une croissance continuelle qui ne montre pas le moindre signe de ralentissement.

Additionner des ingrédients à la nourriture remonte à la nuit des temps. Le sel, d’abord, joua le rôle de conservateur pour être ensuite rejoint, durant la seconde moitié du XIXe siècle, par des produits chimiques. Cette tendance s’est accélérée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, période marquée par d’importants progrès en chimie, puis est devenue incontournable au milieu des années 1970.

Si, dans un premier temps, l’additif servait seulement à conserver, son rôle a évolué au fil des progrès technologiques. Rapidement, l’additif est devenu un moyen de faire baisser le coût d’un produit, par remplacement d’une matière première plus chère. Par exemple, l’extrait naturel de vanille a cédé la place à un arôme de synthèse.

L’additif de couleur, parfois naturel, le plus souvent synthétique, a évolué aussi. Alors que le colorant servait plutôt à masquer la détérioration d’un produit à cause de son conditionnement, les experts du marketing de la nouvelle malbouffe ont rapidement remarqué que la couleur tenait une part importante dans la décision d’achat. Dès lors, les colorants ont envahi les boissons, les desserts, les plats préparés puis les fruits, légu-mes et même la viande. Dans Toxic, je racontais comme on obtenait un rouge uniforme pour les tomates, mais j’aurais pu tout aussi bien décrire le même processus pour la couleur des oranges et celle, oscillant entre le rose et le jaune, du poulet préemballé. Dans tous les cas, l’idée maîtresse était la même : rendre un produit appétissant en usant de tous les artifices pour qu’il corresponde aux normes créées de toutes pièces par la publicité.

Enfin, au milieu des années 1980, le secteur de l’additif alimentaire a entamé sa dernière révolution : celle du goût.

Cette branche est aujourd’hui la plus lucrative du marché de l’additif. À elle seule, elle représente un tiers des revenus générés par l’activité, soit deux milliards de dollars.

Une tendance qui ne risque pas de s’inverser, tant les chimistes du goût sont les incontournables sorciers de la toxic food.

Car, répondant de manière définitive à ma deuxième question, ils exercent une mission essentielle : créer chimiquement l’addiction.

( Lire à ce sujet, The End of Overeating où des responsables de chaînes de restaurants et des dirigeants de sociétés de conception de goût synthétique confessent la nature volontairement addictive de leurs produits.)

Comme, cinquante ans plus tôt, les fabricants de cigarettes.

Ma dernière problématique relève de l’explication. Au terme de cette enquête, j’ai démontré – je crois – que la nouvelle malbouffe nous rend mortellement malades. Certes, elle n’est pas le seul facteur de contamination mais, comme des centaines de travaux l’ont prouvé, elle en constitue la source principale.

Intellectuellement, l’analogie avec l’empoisonnement est excitante. Si la toxic food représente le venin, les maladies qu’elle crée jouent le rôle de la réaction à son intrusion dans l’organisme. Or cette réaction se trouve au cœur de ma réflexion. En effet, pourquoi notre corps réagit- il si violemment au poison ?

À mieux y songer, la réponse est évidente.

Et capitale.

En mai 2008, le département américain de l’Agriculture publia une étude comparative consacrée aux habitudes alimentaires du pays entre 1970 et 2005!.

Sans surprise, on y découvrait que la consommation des Américains avait largement augmenté au fil des années.

Mais, dans le détail, ces statistiques révélaient que la catégorie d’aliments ayant le plus progressé ces trente dernières années était celle « des graisses et de l’huile ». Soit les composants préférés de l’industrie alimentaire, puisqu’ils coûtent peu et satisfont nos papilles.

La consommation de sucres avait, elle, « seulement » augmenté de 19 %, la majorité étant désormais représentée par le sirop de fructose- glucose.

Le maïs, justement, on le retrouvait avec d’autres céréales en deuxième place sur ce podium. En trente ans, l’appétit pour ce produit avait crû de 43 %. Un chiffre qui cachait une autre vérité : ce n’était pas la consommation de produits céréaliers complets et riches en fibres et nutriments qui était responsable de ce bond mais l’explosion de l’utilisation des farines blanches, du pain raffiné aux pâtes blanchies.

Les graisses, les sucres, les farines blanches.

Soit les trois piliers de la toxic food.

Qui, lorsqu’on leur ajoute les produits laitiers, représentent plus de 72 % de nos apports caloriques quotidiens.

Le cœur du problème est là.

Dans une course éperdue en avant, nous nous alimentons principalement d’ingrédients qui n’existaient pas au paléolithique, époque où les gènes qui nous définissent encore aujourd’hui se sont formés.

L’évolution de la nourriture a en fait dépassé le rythme de notre propre évolution.

Laquelle, plus encore que ses surcharges en graisse, sel, sucre et produits chimiques, ne correspond plus à nos besoins vitaux.

Mais voilà, continuant à engouffrer des aliments qui s’opposent à la genèse même de son identité humaine, l’homo alimentus modernus s’empoisonne bouchée après bouchée.

La suite ……….. demain.

Dr BUENOS : Cet article nous montre comme le sevrage pour cette « alimentation industrielle » va être difficile ….

 

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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » La nouvelle malbouffe s’est imposée sur nos tables.

Avec un prix à payer indécent.

Depuis le milieu des années 1980, la marche en avant de la toxic food a été irrésistible. Si bien qu’aujourd’hui 80 % de notre alimentation est d’origine industrielle. Des produits qui, peu à peu, transforment nos nations en armées d’obèses.

Mais les effets de la nouvelle malbouffe ne s’arrêtent pas là.

Le diabète entraîne la cécité et des risques d’amputations.

Certains cancers augmentent dans des proportions épidémiques et, avec eux, véhiculent leur lot de drames humains.

Quant aux maladies cardio-vasculaires, en plus de leur prédominance dans les causes de décès, elles testent la solidité de nos systèmes d’assurances santé.

Est-ce tout ?

Même pas.

Car, désormais, nous le savons, la toxic food détruit aussi nos cerveaux.

En août 2009, une équipe de chercheurs des universités de Pittsburgh et de Californie publia les résultats dune étude consacrée aux effets de l’obésité sur le cerveau.

Les recherches, menées sous l’autorité de Cyrus Raji et April Ho, recoururent pour la première fois à l’imagerie médicale haute définition, nouvelle technologie permettant aux scientifiques d’obtenir des images en 3-D des cerveaux du panel.

La clarté et les détails de ces images sont capitaux.

Les clichés établissent en effet de manière certaine le rapport entre l’obésité et « une dégénérescence sévère du cerveau ». Le rapport précise que « les cerveaux des sujets obèses avaient un aspect plus vieux de seize années que ceux des patients en poids de forme. Et les cerveaux de ceux en surpoids avaient une apparence plus vieille de huit années en comparaison des sujets en forme. »

Ces chiffres donnent le tournis.

Les scientifiques américains venaient ni plus ni moins de prouver que nos choix alimentaires altéraient nos cerveaux. Où, comme le notait Cyrus Raji, qu’« en plus de l’augmentation des risques de santé comme les diabètes de type 2 et les maladies cardiaques, l’obésité est mauvaise pour le cerveau ».

Si cette découverte est de taille, c’est parce qu’elle offre aussi un début d’explication à l’augmentation du nombre de personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer.

Pourquoi ? Parce que les pertes de tissus cérébraux chez les patients obèses se produisent dans les régions touchées par la maladie, et notamment celles responsables des tâches cognitives comme la mémoire et l’organisation.

Pour Cyrus Raji, il ne s’agit en rien d’une coïncidence : « L’obésité est liée à un rapetissement des zones du cerveau qui sont également visées par Alzheimer. Cette importante perte de tissus assèche les réserves cognitives augmentant les risques d’Alzheimer et d’autres maladies attaquant le cerveau. »

D’autres maladies attaquant le cerveau…

Le chercheur avait raison: Alzheimer n’était pas le seul péril à viser nos neurones.

Et, à nouveau, la toxic food avait sa part de responsabilité.

Une fois encore, la recherche scientifique détenait les réponses à nos interrogations. Si l’étude menée par Raji et Ho était capitale parce qu elle établissait de manière formelle le lien entre obésité et dégénérescence du cerveau, celle réalisée en 2004 par Collin Pritchard permettait de mesurer l’étendue des dégâts. À la tête d’un groupe de chercheurs des universités de Bournemouth et Southampon, Pritchard a étudié l’évolution du taux de décès lié aux maladies cérébrales entre la fin des années 1970 et 1990.

Ses résultats, dans une proportion rappelant l’évolution des cancers et autres maladies liés à la nouvelle malbouffe, révèlent une forte augmentation durant les dernières décennies.

En Angleterre, le nombre de victimes de la maladie d’Alzheimer et de Parkinson a plus que triplé en vingt ans. De près de 3 000 décès annuels à la fin des années 1970, le total a franchi la barre des 10 000 à l’aube de l’an 2000.

Une hausse qui ne laisse pas l’universitaire insensible : « Cette progression est effrayante, dit-il. Il s’agit de maladies vraiment graves. Non seulement de plus en plus de personnes en sont victimes, mais elles le sont de plus en plus tôt. »

La comparaison prouve que, désormais, comme le diabète de type-2, Alzheimer et Parkinson ne sont donc plus des maladies cantonnées à la vieillesse.

Un autre point de l’étude est intéressant. Le scientifique ne s’est pas satisfait d’une comparaison des taux de décès en Grande-Bretagne. Afin de confirmer l’évolution britannique, il a effectué les mêmes calculs pour l’Australie, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie, le Canada et la France.

Autant de pays et autant de résultats semblables : dans la période étudiée et dans nos sociétés occidentales, les cas d’Alzheimer ont triplé et augmenté de 90% chez les femmes.

Bien entendu, un tel phénomène mérite des explications. Ce dont Pritchard ne se prive pas. Pour lui, la source environnementale du problème ne fait aucun doute. « Les causes génétiques sont à écarter car de tels changements d’ADN prendraient des centaines d’années pour reproduire cette augmentation des cas », dit-il. Dès lors, le scientifique évoque la responsabilité… de la nourriture industrielle, de ses pesticides et composants chimiques.

Afin de prouver ses dires, Pritchard cite l’exemple du Japon. Non seulement l’augmentation des cas a été plus tardive dans l’Archipel – un effet lié à la résistance importante de son mode alimentaire traditionnel – mais, comme pour les cancers, le scientifique a remarqué que, sain chez lui, le Japonais développe Alzheimer et Parkinson une fois qu’il a émigré vers l’Occident.

Dans le cas de Parkinson, un des responsables de la maladie a été identifié récemment. Il s’agit du MPTP, une substance chimique synthétique neurotoxique qui provoque les symptômes permanents de cette maladie. Or on retrouve le MPTP dans la formule du Paraquat, l’un des herbicides les plus utilisés au monde, qu’il s’agisse de la culture des céréales en passant par de nombreux arbres fruitiers comme les pommiers et les bananiers, sans oublier « les plantes destinées à la fabrication de boissons (café, thé, cacao) ». Un produit dont on connaît les risques potentiels puisque sa commercialisation vient d’être interdite en Europe à l’issue d’une longue procédure, mais dont on continue à retrouver trace dans la terre, l’eau et l’organisme.

( L’Union européenne avait (à la demande notamment de la France qui l’utilisait dans les bananeraies et sur la luzerne, et du Royaume-Uni où il est fabriqué) autorisé le Paraquat en 2003 en l’inscrivant à l’annexe I de la directive 91/414/CEE par la directive 2003/112/CE. Cette autorisation de mise sur le marché a été décidé en dépit de la toxicité de la substance pour l’homme et l’environnement. La Suède, soutenue par le Danemark, l’Autriche, et la Finlande, a alors saisi la Commission européenne. Après trois ans d’investigations complémentaires, le verdict devait être annoncé au printemps 2007. Ce n’est que le 11 juillet 2007 que le Tribunal de première instance des Communautés européennes, par l’arrêt T-229/04, a finalement annulé la directive 2003/112/CE autorisant l’usage du Paraquat dans les États membres, considérant qu’il n’avait pas suffisamment été tenu compte du lien entre le Paraquat et la maladie de Parkinson, ainsi que d’autres effets de la substance sur la santé des travailleurs et des animaux sauvages. En France, l’avis paru au Journal officiel du 4 août 2007 interdit la vente et l’utilisation du seul produit concerné : le R BIX (AMM n° 8700169), sans délais à la distribution, ni à l’utilisation des stocks existants. »

Il faut noter que la compagnie suisse Syngeta, qui fabrique le Paraquat pour la marque Gramoxone, continue sur son site Internet à mettre en avant les qualités de ce produit.

Dans le même esprit, les visiteurs attentifs du www.paraquat.com – un site référencé en tête de recherche sur Google et s’affichant comme le Paraquat Information center – remarqueront qu’il appartient à Syngenta.

Sur Internet, plus qu’ailleurs, il reste capital de vérifier la source d’une information. )

Si cette décision européenne va dans le sens des intérêts sanitaires et environnementaux, il ne faut pas oublier que le Paraquat est encore autorisé dans une centaine de pays dont le continent nord-américain -, et que, du riz aux oranges, il est utilisé pour traiter plus de deux cents types de cultures. Dont nous importons les produits consommés tout au long de l’année.

Les recherches entreprises par Collin Pritchard et ses collègues sont sans doute l’explication qui manquait au docteur Elizabeth Guillette voilà quelques années.

À la fin des années 1990, cette anthropologue avait entamé l’étude de cas d’enfants exposés aux pesticides dans la région Yaqui du Mexique.

Pensant observer les symptômes classiques liés aux phénomènes d’empoisonnement, la chercheuse américaine fut surprise de constater les dégâts occasionnés sur le développement intellectuel des enfants.

Ainsi, écrit-elle, entre quatre et cinq ans, ils sont « moins habiles à attraper une balle, signe d’une mauvaise coordination œil-main. […] Lorsqu’on leur demande de se souvenir d’un ballon offert en cadeau, plusieurs n’étaient pas en mesure de le faire et encore moins se souvenaient de sa couleur […]. Deux ans plus tard, à l’âge de six et sept ans, les enfants exposés aux pesticides continuent leur retard. Leurs dessins sont l’équivalent de ceux réalisés par des enfants de quatre ans non exposés. Leur résistance physique est faible et leur coordination pauvre. Résoudre de simples problèmes, facile pour les enfants non exposés, était très compliqué pour eux. »

Si le constat d’Elizabeth Guillette est révoltant, il résonne aussi comme un signal d’alarme vu ce qu’il signifie pour nos propres enfants.

Consciente de la portée de ses découvertes, la chercheuse conclut d’ailleurs : « Le phénomène de contamination est global. À un degré différent, chaque enfant de la planète est exposé à de nombreux pesticides. Certes, les enfants que j’ai étudiés sont très exposés à quelques toxines. Probablement plus que l’enfant américain moyen. Mais les enfants américains moyens sont, eux, exposés à de nombreuses toxines. Qui peuvent s’additionner et interagir, créant des effets que nous sommes incapables de reconnaître pour l’instant. »

Troubles de la mémoire, difficultés physiques, intelligence déficiente, maladies d’Alzheimer et Parkinson, le nombre de dangers encourus par nos cerveaux à cause des ingrédients de la nouvelle malbouffe est effrayant.

Si on y ajoute l’augmentation constante – depuis le milieu des années 1980 – des maladies du trouble du comportement chez les enfants, le « bilan cérébral » négatif de la toxic food s’avère donc à la hauteur de notre défaite : colossal.

Si certains cas sont liés à des facteurs génétiques, le rôle joué par les additifs alimentaires se précise grandement. Ainsi le site consacré au « régime » du docteur Feingold, l’un des pionniers de la théorie de la relation entre le trouble du comportement enfantin et les additifs alimentaires, liste soixante-quinze études récentes prouvant l’existence de ce lien… Et ce, malgré l’insistance de l’industrie pharmaceutique à marteler le fait qu’il s’agit d’une condition qui ne peut se traiter que par voie médicamenteuse.

La suite ……………. demain.

 

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Les Etats-Unis n’en ont pas fini avec les Maxi-sodas. L’initiative du maire de New-York pour lutter contre l’obésité par la suppression de ses boissons a été rejeté en appel.

Il y a peu, le maire de la ville de New York Michael Bloomberg s’attaquait aux grands formats de sodas, malheureusement cette tentative pour lutter contre l’obésité a échoué ce mardi 30 juillet 2013. Son initiative pour prohiber les boissons sucrées de plus de 0,47 litres dans les restaurants a été rejetée en appel. Une bien triste nouvelle pour M. Bloomberg qui essuie son deuxième échec en cinq mois. Début mars, la Cour suprême de l’Etat de New York avait suspendu l’interdiction municipale peu avant son entrée en vigueur en qualifiant la mesure d' »arbitraire » et de « capricieuse ». L’initiative du maire a aussi été rejetée au motif que l’interdiction ne s’appliquerait qu’aux bars, aux restaurants et aux chaînes de fast-food, et non aux épiceries, cinémas et supérettes qui offrent des sodas pouvant facilement dépasser le litre.

 

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Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » L’eau.

Quel est le point commun entre les tomates américaines, le brocoli consommé au Canada et l’épinard anglais au vu de ces analyses ? L eau. Une présence accrue d’eau. Alors que les vitamines, antioxydants et minéraux contenus dans les fruits et légumes sont en grande baisse, la teneur en eau des aliments frais n’a même jamais été aussi importante.

Ce changement fondamental ne tient à aucun mystère de l’évolution puisqu’il est plus basiquement – et sinistrement serais-je tenté d’écrire – le résultat des systèmes de culture actuels. Comme l’écrit Anne-Marie Mayer : « L’augmentation significative de l’eau contenue dans les fruits est l’indicateur d’un mode de production concentré sur le rendement. »

Les conclusions de Brian Halweil sont similaires. Constatant à son tour ce phénomène, il note : « Nous produisons plus de nourriture mais moins de nutriments. L’agriculture moderne augmente le rendement certes, mais rien d’autre. »

Ce phénomène a été théorisé pour la première fois en 1981 par Wesley Jarrell, un ingénieur agronome qui l’a résumé sous le terme « effet de dilution ».

Ce scientifique fut le premier à constater que le déclin de la valeur nutritionnelle des fruits et légumes allait de pair avec l’extension des techniques de cultures modernes telles que l’irrigation intensive et l’usage d’engrais chimiques. En clair, cela signifie qu’entre le début du xxe siècle et la fin de la Seconde Guerre mondiale le contenu en nutriments de ces produits n’a quasiment pas évolué mais qu’ensuite, pour cause de production de masse, leurs valeurs intrinsèques se sont effondrées. Une tendance, comme le démontre de son côté Halweil, qui n’a pas ralenti depuis.

En lisant aujourd’hui le rapport de Jarrell, il est impossible de ne pas souligner sa clairvoyance. Non seulement, l’analyse de l’ingénieur agronome est exacte mais ses travaux étaient aussi prophétiques que prémonitoires. N’écrivait- il pas : « L’adoption massive des techniques d’accroissement du rendement, comme la fertilisation et l’irrigation, risque d’entraîner une diminution conséquente de la concentration de nutriments des fruits et légumes. »

À en juger par les chiffres constatés aujourd’hui, force est en tout cas d’admettre que la mise en garde de Wesley Jarrell a été… superbement ignorée.

1. Depuis 1963, la tomate a perdu 30,7 % de ses vitamines A ; 16,9 % de sa vitamine C ; 61,5 % de son calcium et 9 % de son potassium.

2. Le brocoli, souvent considéré comme le symbole d’une nourriture saine, a perdu en un demi-siècle plus de 60% de son contenu en calcium et plus d’un tiers de son fer.

3. Depuis 1936, l’épinard a perdu 96 % de son cuivre, 53 % de son potassium, 70 % de son phosphore et 60 % de son fer.

La recommandation de Walter Willet prend dorénavant tout son sens. Si ce professeur de Harvard recommande la prise quotidienne d’une multivitamine, c’est parce que la nourriture moderne n’est plus capable de fournir à l’être humain occidental les quatre-vingt-dix nutriments essentiels dont il a besoin pour vivre bien.

Comme l’écrit de son côté l’expert en nutrition Joel D. Wallach : « Historiquement, nous trouvions tout ce dont l’organisme a besoin dans la nourriture. Mais ces éléments ont disparu. Soit ils sont totalement absents, soit leur présence dépend d’une somme telle de variables que l’on a plus de chances de gagner le jackpot à Las Vegas sur un coup de dés. »

La soudaine anémie des fruits et légumes ne peut évidemment demeurer sans conséquence sur la santé. Comme le signalait du reste avec inquiétude Anne-Marie Mayer. Alors qu’elle recommandait aux autorités compétentes d’étudier les effets de cette dégradation sur l’organisme, à l’instar de l’avertissement Jarrell voilà bientôt trente ans, son avis a été négligé. Pourquoi ? Parce que c’est le sort de tous les rapports que de tomber dans l’oubli ou parce qu’il valait mieux, au nom d’intérêts bien compris, ne pas en tenir compte ?

Mais oublions un instant cette interrogation pour comprendre comment chacun de nos coups de fourchette a des conséquences sur le monde dans lequel nous vivons et que nous allons léguer à nos enfants. Car il faut assumer collectivement notre responsabilité. Notamment envers l’environnement. Il ne fait aucun doute que la perte des nutriments constatée résulte de la modernisation de l’agriculture. Il convient donc de se plonger dans les mécanismes l’ayant entraînée pour en mesurer les véritables conséquences. Qui, elles, ne se résoudront pas à coups de pilules multivitaminées.

Disons-le sans détour : en nous nourrissant d’aliments appauvris, nous payons le prix de la révolution agricole entamée voilà cinquante ans par l’industrie chimique. La dégradation qualitative de nos produits frais en est une conséquence directe.

La présence accrue d’eau et la diminution en vitamines et minéraux ? C’est le résultat, nous l’avons vu, d’une irrigation continue et souvent massive. Une pratique dont les effets dépassent le cadre de notre seule nourriture. Ainsi, plus que le constat du réchauffement de la planète, c’est bel et bien cette méthode qui entraîne l’appauvrissement voire l’assèchement de nombreuses nappes phréatiques. Une sécheresse qui devient l’un des enjeux du siècle.

La course à la productivité, responsable du gaspillage des ressources naturelles comme l’eau, tient aussi au recours exagéré aux fertilisants chimiques. Or les pesticides, herbicides et fongicides nécessaires à la production de masse dont nos systèmes – la France, troisième utilisateur mondial, en tête – sont friands, ont des effets néfastes sur les aliments. Non seulement ils propulsent dans les assiettes des produits débordant de substances chimiques dont certaines cancérigènes, mais en plus ils sont à l’origine de la dégradation gustative des fruits et légumes. Il est ainsi démontré que le nitrogène interfère avec la capacité d’une plante à synthétiser la vitamine C. Les fertilisants contenant du potassium limitent quant à eux le taux de phosphore d’un fruit. Autant d’interactions chimiques pernicieuses. Et de répercussions, comme le démontre une multitude d’études citées par Brian Halweil, non constatées chez les fruits et légumes issus de l’agriculture biologique, eux bien plus riches en vitamines, minéraux et antioxydants !

L’action des engrais chimiques ne s’arrête pas là, hélas ! Car l’appauvrissement des aliments tient aussi à une inquiétante dégradation de la qualité des sols. Lors de la conférence sur l’environnement et le développement organisée en 1992 à Rio de Janeiro par les Nations unies, un signal d’alarme avait été tiré sur ce point. On avait en effet appris que les sols européens avaient perdu 72 % des minéraux nécessaires à une bonne fertilité. Et que cette proportion, aux États-Unis, entraînant une quasi-stérilité, dépassait les 85 %. Un rapport précisait que certains sols de grosses exploitations américaines analysés, pollués à cause de l’usage massif et constant de fertilisants, avaient perdu la… totalité de leurs nutriments ! Désormais, la terre s’y résume à une sorte de réceptacle où, à l’aide d’eau et de produits chimiques, l’industrie agricole fait pousser ses produits.

Gaspillage des ressources en eau, détérioration de la qualité des sols, la course à la productivité agricole a une autre conséquence : la disparition de la variété.

Ne nous y trompons pas : la présence de certaines sortes de fruits et légumes toute l’année sur les étals ne signifie en rien une augmentation de la diversité.

Dans The End. of Food, le journaliste scientifique Thomas F. Pawlick a calculé que, par exemple, le choix offert en tomates équivaut à seulement 0,25 % des variétés existantes dans le monde. Ainsi, sur les 5 500 espèces connues et cultivables, les États-Unis et le Canada se concentrent seulement sur 11. Parmi lesquelles la Florida 47, qui représente 35,9 % de la consommation nord-américaine. Un phénomène quasi identique en Europe où six variétés de tomates représentent 80 % de la production.

Cette tendance à l’uniformisation touche l’ensemble des fruits et légumes.

Dans l’Idaho, royaume américain de la pomme de terre, on en cultive principalement 2 variétés, loin des 575 références répertoriées par la base de données de l’université de Washington State3. La première, la Russet Burbank, répond aux exigences de l’industrie du fast-food. Comme McDonald’s souhaitait une pomme de terre résistant au processus de congélation puis à la friture à haute température, la Burbank est donc devenue une star. Une vedette phagocytant l’essentiel de la production, bien soutenue par l’industrie agroalimentaire qui a trouvé un argument de poids pour convaincre les agriculteurs de se lancer dans cette monoculture : 90 % des frites congelées sont vendues en Amérique du Nord dans les restaurants. Dès lors, la frite est une machine à faire de l’argent aussi rentable que la vente de sodas. Car, alors que, en moyenne, McDonald’s achète ses frites congelées à soixante cents le kilo, une fois cuites elles sont revendues… douze dollars !

( L’agriculteur, lui, reçoit donc seulement 16 cents sur les 12 dollars facturés aux clients.)

La seconde variété, la Ranger, est un dérivé de la famille des Russet. Dont la production répond aux exigences, cette fois, des producteurs de chips pour apéritif type Frito-Lay. Et pour cause, cette pomme de terre est la plus riche en… sucres. Et donc la plus à même d’augmenter la consommation de chips. Pourquoi ? Parce qu’une fois cuite dans l’huile puis trempée dans le sel, cette alchimie sucré-salé la transforme en arme fatale. Nos papilles, contrôlées par l’ADN, lui-même conditionné depuis des millénaires à aimer le salé, le gras et le doux, s’affolent et deviennent incapables de résister au mélange.

Résultat ? Avec le développement des fast-foods et l’habitude bien ancrée de multiplier la consommation de snacks à toute heure, on voit celle des pommes de terre s’amplifier depuis des années, courbe ascendante parallèle à celle de la pandémie d’obésité. À mesure que le tour de taille de l’Américain moyen s’alourdit de graisse, l’appétit du pays pour la patate a explosé, passant de 240 millions de tonnes au début des années 1980 à presque 350 millions aujourd’hui.

La pomme de terre est même devenue le légume le plus consommé aux États-Unis. Suivie par la tomate, rang qu’elle occupe grâce à la consommation de frites ! Ne faut-il pas accompagner ces dernières de leur condiment de prédilection : le ketchup ?

L’exemple américain avec surconsommation de chips, frites et ketchup pourrait prêter à sourire, si – une fois encore – le reste de la planète n’adoptait pas un mode de consommation similaire. Qu’on en juge.

L’exploration de nouveaux marchés est l’un des thèmes récurrents du rendez-vous annuel de l’Idaho Potato Conference à Pocatello. En janvier 2006, citant une étude réalisée par l’International Potato Center (CIP), Joseph Guenthner, professeur d’économie agricole à l’université de l’Idaho, révélait que « toutes les régions du monde allaient manger plus de pommes de terre d’ici 2020 ». Et précisait que trois marchés attisaient les convoitises. L’Europe d’abord, le plus gros consommateur au monde avec près de quatre- vingts kilos par personne, suivie de la Chine et de l’Inde.

Certains contesteront qu’en elle-même une augmentation de consommation d’un légume soit inquiétante. C’est oublier que le développement prédit par le CIP est fondé sur un phénomène bien spécifique : la prolifération des enseignes de la restauration rapide commercialisant des frites ! Donc la généralisation du mode alimentaire qui y est lié.

« La plus forte progression en pourcentage concernera les pays en voie de développement, prédisait Guenthner. La consommation dans les deux pays les plus peuplés au monde – l’Inde et la Chine – devrait croître annuellement de 2,8 % et 3,8 %. À l’origine de cette popularité des pommes de terre, on trouve la restauration rapide. À tel point que, grâce à elle, la Chine et l’Inde importent désormais des frites congelées. »

L’exemple de la pomme de terre n’est en rien anodin. D’une certaine manière, ce féculent joue même le rôle de symbole. Car, lié à la pandémie d’obésité, il est aussi l’une des premières victimes de l’appauvrissement des produits frais. Devenue source de revenus importante, la patate a été, en quelque sorte, victime de son succès. Car dorénavant – étrange clin d’œil au darwinisme et à la théorie de l’évolution -, seule sa variété adaptée par l’homme aux besoins et vœux de l’industrie agroalimentaire prospère.

Intrigué par cette interprétation moderne de la loi relative à la survie du plus fort, Thomas Pawlick s’est intéressé aux motivations des producteurs et des gros acheteurs. Et a demandé à plusieurs d’entre eux les critères présidant au choix, donc à la survie et à la prolifération d’une variété par rapport aux autres.

Sans surprise, quel que soit le légume ou le fruit, la productivité arrive en tête de leurs réponses. Plus un aliment « donne » au mètre carré, plus l’industrie se tourne vers lui. Lorsque, en outre, il permet plusieurs récoltes annuelles, alors il devient un champion.

Les autres facteurs évoqués, et révélés par l’enquête de Pawlick, touchent aux capacités de… conditionnement du produit. Non à ses vertus gustatives, culinaires, à ses apports en vitamines, mais à l’éventail de traitements et présentations qu’il offre. Parce que la richesse d’un produit frais réside dans sa valeur ajoutée une fois transformé. Prenons un exemple. La marge, sur un kilo de tomates fraîches, est limitée. En revanche, celle permise par une bouteille de ketchup ou de sauce pour spaghettis s’avère beaucoup plus large. Quand un industriel sélectionne une variété, il opte donc pour celle qui s’adapte idéalement à la palette de dérivés possibles. Ce sont les pommes de terre douces pour les chips et les tomates riches en chair afin de créer une sauce épaisse.

Productivité, transformabilité… Le constat est cruel. Dans la liste de préoccupations des industriels, une donnée brille par son absence : le goût.

Jamais cette qualité ne relève à leurs yeux du facteur déterminant de sélection !

Le goût…

Même s’il s’agit d’un sujet difficile à quantifier, à évoquer aussi, comment ne pas s’engager sur ce terrain-là ? Certes Proust l’a évoqué avec immensément plus de talent que je ne saurais le faire, mais comment refuser un bond en arrière vers le jardin de mon grand-père paternel ? Car ma madeleine, ce sont ces tomates gorgées de soleil, qui se dévoraient à peine cueillies et ne nécessitaient aucun arôme ajouté pour affoler les gourmands. Un véritable plaisir à l’état pur.

Eh bien, le goût si particulier des tomates de mon grand-père a disparu des supermarchés. Et pas seulement parce qu’il est baigné de nostalgie. Cette absence est on ne peut plus logique : les tomates de mon enfance n’existent plus. Non calibrées, trop fragiles, irrégulières, mûres trop vite, de couleurs insuffisamment uniformes, elles ne correspondent pas aux canons définis par l’agro-business. Seul leur goût aurait pu permettre de les qualifier mais, nous l’avons vu, cette qualité- là ne figure pas dans la liste des critères de choix.

Il faut reconnaître que la plupart des tomates issues de l’agriculture biologique s’approchent de cette sensation du passé.

Comme s’il s’agissait indirectement de fermer la boucle, ce renoncement au goût, que personne ne revendique dans les hautes sphères de l’agroalimentaire, est lié à la disparition progressive des vitamines, minéraux et antioxydants des fruits et légumes. Aujourd’hui, la plupart des variétés consommées sont des hybrides. Des produits dont les multiples croisements sont effectués au nom d’un seul objectif : augmenter le rendement.

Or Brian Halweil a constaté que les hybrides sont les variétés de fruits et légumes ayant le plus perdu de nutriments au fil des ans. Non seulement leur monoculture intensive a appauvri le sol mais le chercheur note que, bien souvent, leurs racines sont moins profondes et moins « ancrées » que celles d’un légume issu de l’agriculture biologique. Une découverte fondamentale puisque c’est dans les profondeurs de la terre que le fruit et le légume puisent les éléments essentiels dont ils ont besoin, et nous aussi.

Les conclusions d’Halweil sont confirmées par les travaux de Donald Davis au Texas. Utilisant les statistiques fournies par l’USDA, l’équivalent américain du ministère de l’Agriculture, ce dernier démontre qu’en moyenne un plant « amélioré » par le croisement recèle 1/3 de zinc en moins et 28 % de fer en moins qu’un jamais croisé.

Le plus étonnant, c’est que ce phénomène dépasse les seuls fruits et légumes. Ainsi, chaque fois que l’agriculture moderne croise ou manipule une espèce animale afin d’en augmenter le rendement, c’est le consommateur qui en subit les dégâts.

Le cas du lait est frappant. Bien sûr, à force de croisements, et « progrès » scientifiques, la production a été triplée depuis 1950. Mais à quel prix ? Celui, considérable, de la chute de sa valeur nutritionnelle. Depuis 1963, le lait a ni plus ni moins perdu 13,1 % de son phosphore, plus de la moitié de son fer et… 36,1 % de son calcium !

Plus incroyable, et phénomène directement lié à une alimentation industrielle qui éloigne l’animal des verts pâturages, dorénavant les vaches donnent un lait qui contient 76,85 % de sodium en plus qu’il y a quarante-six ans et 7,3 % de matière grasse supplémentaire !

Il ne s’agit en rien d’une exception. Le poulet, dont la consommation est en perpétuelle hausse, est « victime » de la même tendance.

Si, depuis 1963, le blanc de poulet a perdu plus de la moitié de ses vitamines A et presque autant de son potassium, en revanche, il a gagné près d’un tiers de gras et 20,3 % de sodium.

Dans ces données réside le côté kafkaïen, Dr Folamour presque, de la situation actuelle. Soucieuse d’augmenter les cadences de production, donc ses bénéfices, l’agriculture moderne a vidé les fruits et légumes de leurs nutriments et, en augmentant les taux de sel et de gras, planté les germes de nos maux actuels.

Cela ne fait aucun doute : l’appauvrissement des qualités des produits frais comme la disparition de la variété, l’altération du goût comme la prépondérance d’espèces hybrides sont les conséquences de la course à la productivité. À propos de laquelle nous devons accepter d’assumer une part de responsabilité. Car c’est notre désir de disposer en toute saison de produits autrefois introuvables et à des tarifs abordables qui a alimenté cette révolution néfaste.

Une révolution dont l’addition n’est pas celle que nous imaginions mais qu’il nous faut aujourd’hui payer. Son vrai prix, bien plus exorbitant comme en témoignent les enfants rachitiques de Californie, se mesure en terme de santé. Comme l’écrivait Hippocrate, notre nourriture est la première source de notre bien-être. À nous de refuser qu’elle soit à l’origine de notre déclin. »

Après cette brillante démonstration très instructive, la suite ……………. demain.

 

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