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Dr Patrick BUENOS

Extrait du livre TOXIC, de William REYMOND :

« Ma propre histoire avait remis en doute l’interprétation que j’avais de la pandémie. Finalement, il ne s’agissait pas d’une simple question de volonté. Un certain nombre d’Américains étaient sportifs, surveillaient leur alimentation mais continuaient à prendre du poids. Ou, au mieux, n’en perdaient pas.

Si je m’étais trompé sur l’une des causes de l’obésité, peut-être convenait-il également de remettre en question le dogme lui-même ? Peut-être, après tout, Scott Keith avait-il raison de dénoncer la focalisation sur le « Big Two » ? Peut-être qu’à force de regarder dans une seule direction, nous étions tous devenus aveugles ?

La vérité est en fait encore plus effrayante. Aux États- Unis, la pandémie d’obésité est entrée dans sa seconde phase. Et, si rien ne change, un développement similaire frappera l’Europe et le reste du monde. Les deux facteurs clés que sont la baisse de l’activité physique et la trop grande consommation de nourriture sont désormais des explications dépassées. Ils permettaient des analyses justes voilà encore dix ans mais ne fonctionnent plus aujourd’hui.

Le premier, celui de la surconsommation, illustrée par la taille des portions et l’explosion de la restauration rapide, s’adapte pleinement à la première vague de la crise. Effectivement, entre 1977 et 1996, la consommation quotidienne d’aliments a augmenté de 268 calories chez l’homme et de 143 calories chez la femme. Et, corollaire, l’obésité a commencé à devenir un phénomène de masse. Mais depuis 1996, le chiffre s’est stabilisé, baissant même légèrement chez l’homme. En somme, un Américain ne consomme pas plus aujourd’hui qu’il y a dix ans. Pourtant, l’obésité persiste à se répandre, progressant même de plus en plus vite.

Le phénomène est identique concernant le temps passé devant la télévision. Celui-ci a connu son plus grand bond entre 1965 et 1985, passant de quatre-vingts minutes quotidiennes à cent vingt-neuf en moyenne. Mais depuis ? Eh bien, en vingt ans, ce chiffre n’a augmenté que de vingt-deux minutes, soit à peine 50 % de sa première progression.

Même constat pour l’usage de la voiture : il n’a guère évolué ces dernières années. En tout cas, pas au rythme de la propagation de l’épidémie puisque, d’après le ministère du Commerce, en 2000, 87 % des Américains utilisaient leur véhicule pour se rendre au travail contre 84 % en 1980.

Autre ralentissement ne cadrant pas avec la montée en puissance de l’obésité, celui – cher à Philipson et Posner – de la modernisation de la force du travail. Le nombre de femmes ayant un emploi n’a guère évolué depuis le début des années 1980. Le pourcentage de travailleurs hautement actifs a quant à lui juste fléchi de 45 à 42 % entre 1980 et 1990. Mais le mal avance quand même. Autre donnée bousculant la théorie des deux chercheurs, l’explosion de l’obésité parmi les enfants et adolescents, impossible dès lors à justifier !

À vrai dire, cet ensemble de contre-exemples signifiait surtout que la société américaine a stabilisé sa frénésie à engloutir et sa capacité à éviter l’effort. Tout en continuant à étouffer sous sa graisse. Bref, si les deux causes « classiques » ne suffisaient plus à expliquer la pandémie, c’est qu’il existait d’autres raisons qu’il me fallait découvrir.

Paradoxalement, c’est une expérience réalisée par les CDC (Centers for Disease Control) – et censée prouver la validité du Big Two – qui m’a convaincu des limites de cette théorie.

À la fin des années 1990, inquiets de l’ampleur prise par le diabète de type 2, les CDC ont lancé la plus importante opération jamais réalisée afin de contrer l’obésité. Grâce à un budget de 174 millions de dollars, 3 200 volontaires ont, pendant plus de deux ans, bénéficié de conditions optimales pour changer leur mode de vie. Les CDC ont pris en charge l’adhésion des « cobayes » dans des clubs de fitness, mis à leur disposition des moniteurs sportifs diplômés, et les ont aidés à prendre des repas équilibrés. Objectif: mettre à disposition des aliments sains aux valeurs nutritionnelles surveillées et aux apports caloriques en accord avec les normes médicales. Le tout placé sous l’œil de nutritionnistes et même de psychologues pouvant, quotidiennement, apporter un soutien par téléphone.

Bilan ? Une victoire, à en croire le communiqué de presse des CDC. Après vingt-quatre mois, l’organisation affirmait que, concernant le diabète de type 2, une inflexion du mode de vie « pouvait prévenir ou retarder l’apparition de la maladie », confirmant ainsi les préceptes du Big Two. Soit.

L’ennui, c’est qu’une seconde lecture dévoilait autre chose. Certes, l’expérience des CDC était parvenue à faire perdre du poids à ses volontaires. Mais dans des proportions bien minimes au vu des moyens mis en œuvre. Car au bout de deux années d’efforts, d’un investissement de 174 millions de dollars, en bénéficiant de conditions optimales que ne connaîtra jamais le commun des mortels, de milliers de repas calibrés, de soutiens adaptés, les 3 200 candidats avaient juste perdu en moyenne… 7 % de leur masse corporelle !

Oui, vous avez bien lu : malgré cet environnement ultra-favorable, un homme de 75 kg avait seulement maigri d’un peu plus de 5 kg en vingt-quatre mois !

Dès lors, tous les éléments étaient réunis pour que l’évidence s’impose à moi. À force de focaliser notre attention sur les apports caloriques et le recul de l’activité physique, nous nous étions ni plus ni moins aveuglés. L’Amérique était toujours au bord de l’implosion et le reste de la planète lui emboîtait le pas. Il devenait urgent de se pencher sur ce qui me semblait désormais le cœur du problème : le contenu même de nos assiettes. »

La suite, je devrais plutôt écrire le début de la passionnante enquête de William REYMOND ……. demain .

 

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Qui ne s’est pas déjà endormi après un repas copieux ? Les plats trop gras inciteraient à la somnolence…

Une consommation élevée de graisses augmenterait la somnolence pendant la journée. C’est le résultat d’une petite étude qui sera présentée au congrès Sleep 2013 en juin 2013 à Baltimore.

Pour l’un des auteurs, Alexandros Vgontzas, une part importante de la population est sujette à une somnolence excessive dans la journée, ce qui nuit à la qualité de vie. Or, l’obésité est un facteur de risque de la somnolence. Les auteurs ont voulu savoir si, chez les personnes non-obèses et en bonne santé, la composition des repas influence leur état d’éveil.

31 personnes en bonne santé, non-obèses, ne souffrant pas d’apnée du sommeil, âgées de 18 à 65 ans, ont été suivies pendant 4 jours et 4 nuits.

Résultats : Il apparaît que la consommation de graisses augmente la somnolence des sujets, alors que la prise de glucides est associée à un état d’éveil. En revanche, la consommation de protéines n’a aucun effet sur la somnolence. Ces résultats étaient indépendants de l’âge et de l’IMC des participants, ainsi que du temps de sommeil nocturne.

D’autres travaux ont montré que les graisses abdominales jouent un rôle dans les troubles du sommeil : chez les personnes en surpoids, la perte de graisses abdominales améliore le sommeil.

L’analyse de LaNutrition.fr : Cette étude en confirme une autre, toujours sur un petit nombre de personnes, qui avait conclu qu’un petit déjeuner riche en graisses et pauvre en glucides augmente plus la somnolence 2 à 3 heures après le repas, qu’un petit déjeuner riche en glucides et pauvre en graisses. La cholécystokinine est une hormone peptidique du système digestif qui favoriserait le sommeil. Cependant, comme rien n’est simple, d’autres études, tant chez l’homme que chez l’animal, ont trouvé au contraire qu’un repas riche en glucides favorise la somnolence ! Finalement, pour rester alerte il est préférable d’éviter à la fois les repas trop gras et trop glycémiants, en introduisant aussi une dose suffisante de protéines (végétales et/ou animales) à chaque repas.

 

 

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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond :

« Pollan et la transformation culturelle de la table américaine, Grundy et le syndrome métabolique, Dhurandhar et le virus Ad-36, Diamond et la théorie de l’évolution, Keith et les facteurs putatifs, Philipson et la modernisation de la société… Tous ces chercheurs ont un point commun. Un vecteur partagé qui, quelles que soient leurs motivations, rend, à mes yeux, leurs travaux essentiels. Tous, malgré leurs différences, refusent en effet de se satisfaire de la théorie actuelle qui résume la pandémie d’obésité à une équation à seulement deux facteurs : la surconsommation et le manque d’activité.

Si, en apparence, le « Big Two » paraît la réponse la plus évidente au drame, la vérité est incontestablement plus complexe. En conclusion de ses recherches, Scott Keith l’écrivait clairement : « Nous sommes face à une hégémonie. L’accent est en permanence placé sur le « Big Two » et nous avons accepté cette théorie comme un fait établi. En négligeant d’explorer sérieusement d’autres facteurs. Si tout part d’un choix bien intentionné, en réalité, cela a faussé les réponses permettant de réduire le taux d’obésité ».

Ces propos résonnent encore en moi. L’idée que la crise d’obésité ne soit pas uniquement la combinaison d’un excès de nourriture et d’un manque d’activité sportive correspond à vrai dire parfaitement à mon propre cheminement. Car plus j’ai avancé dans l’exploration des coulisses de la pandémie, moins je me suis satisfait de cette argumentation sommaire.

En outre, depuis le début de cette enquête, une autre impression me revenait en mémoire. Celle qui, lorsque j’avais pour la première fois foulé le sol de ce pays, me faisait dire que les États-Unis étaient vraiment le rassemblement des extrêmes. Un pays où, d’un côté, on voyait des citoyens en état d’obésité avancée et, de l’autre, des obsédés de l’apparence physique. Et il ne s’agissait en rien, dans mon esprit, de faire allusion à la relation particulière unissant l’Américain à son chirurgien plastique, mais bel et bien d’évoquer tous les acharnés du sport.

Qu’il pleuve ou qu’il vente, que le thermomètre dépasse les 40 °Celsius ou qu’il gèle à pierre fendre, il existe une constante dans la société américaine : il y a toujours quelqu’un en train de courir dehors. Ou quelqu’un qui, lorsqu’il n’effectue pas son jogging, fréquente une salle de sport.

Lesquelles sont nombreuses et souvent ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Ces dix dernières années, les taux d’inscription et de fréquentation ont connu une hausse constante. On a même vu apparaître des salles ultraspécialisées, certaines proposant un parcours complet d’une demi-heure montre en main pour cadres pressés, d’autres n’accueillant que des femmes redoutant d’être importunées, ou des obèses ne supportant pas le regard des autres. De la danse du ventre aux cours de strip-tease, du yoga chrétien au mini-trampoline, la carte des activités proposées ne cesse en outre de s’allonger.

Il est vrai qu’au total, le marché de la forme – et du régime – représente un chiffre d’affaires d’au moins 40 milliards de dollars ! Soit bien plus que l’estimation avancée pour les futurs médicaments du syndrome métabolique.

Bien entendu, comme tout le monde, j’ai d’abord eu une vision simple, voire simpliste, de la crise d’obésité. Une approche où il était uniquement question de volonté personnelle. Celle qui vous pousse à échanger votre pause déjeuner contre deux heures de basket-ball. Celle qui vous tient éloigné de certains restaurants et vous permet, une ébauche de sourire aux lèvres, de dire « non » au dessert. Une conception qui estimait que les gros avaient l’abandon facile, l’opiniâtreté trop élastique. Qui les voyait uniquement choisir de s’empiffrer de litres de glace Ben & Jerry’s en regardant la télé, considérer le Big Mac comme un repas équilibré parce qu’il contient la moitié d’une feuille de salade, et résumer le sport au visionnage, une bière à la main, du match de foot dominical. Bref, je les prenais tous pour des gens cédant toujours à leurs envies de nourriture, et plutôt deux fois qu’une !

Mon analyse grotesque avait toutefois un reste de conscience sociale. Je savais qu’il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que l’obésité frappait plus chez les pauvres. Philipson et Posner, nos deux économistes de l’université de Chicago, n’ont-ils pas écrit qu’un des principaux changements de notre société est qu’il faut désormais payer pour être en forme alors qu’avant, des champs à la mine, l’homme touchait un salaire pour se maintenir en forme ?

Les auteurs admettent volontiers que cette formule est réductrice, mais, avec le recul, je ne peux que constater sa justesse. Au-delà de la mensualité versée pour rejoindre un club de sport; ceux qui souhaitent entretenir leur condition physique doivent surtout trouver le temps de s’y rendre avec assiduité. Dans une époque où il n’est pas toujours facile de joindre les deux bouts, une grande partie de la journée est logiquement consacrée à une activité rémunérée. Et pas aux loisirs, ni à la surveillance minutieuse de ce qu’on avale.

D’où la surconsommation, aux États-Unis, d’une nourriture mauvaise, trop grasse et trop sucrée. Les nutritionnistes ont beau conseiller à longueur d’émissions, de livres, de journaux, le recours à des produits frais et à des aliments de qualité, rien n’y fait. Pourquoi ? Parce que lorsque vous vivez du RMI, comme en France, ou que vous jonglez avec deux emplois, comme souvent aux États-Unis, votre pouvoir d’achat ne vous donne pas accès à ces produits-là.

Pis, vous ne sauriez même pas où les acheter. Dans certains quartiers pauvres de Dallas comme dans ceux de toutes les grandes métropoles américaines, les supermarchés brillent par leur absence. Alors qu’on trouve à profusion des McDonald’s, des TacoBell, des Burger King et des Pizza Hut, lesquels proposent des menus à bas prix tous plus copieux les uns que les autres. L’achat d’aliments à préparer soi-même est alors limité à l’épicerie du coin, quand ce n’est pas à la boutique attenante à la station d’essence. On n’y trouve quasiment jamais de produits frais, mais les gammes complètes des boissons de The Coca-Cola Company ou des produits apéritifs et de grignotage Frito-Lay, filiale de PepsiCo, figurent toujours en bonne place.

Même si je commençais à deviner tout cela, à le percevoir, même si je savais l’obésité se nourrissant d’inégalités, je persistais à croire que manger sain et peser léger relevait uniquement de sa propre volonté. Or, justement, de la volonté, j’en avais à revendre. Le temps, je pouvais le trouver ; et mon porte-monnaie m’offrait l’accès à une meilleure nourriture. Bientôt, mes kilos en trop accumulés depuis l’adolescence relèveraient donc de l’histoire ancienne.

Du moins, je le croyais…

Car, en réalité, c’est en entrant dans la peau d’un « gros » que j’ai commencé à avoir de sérieux doutes quant à la justesse de l’équation « mangez moins et bougez plus ». En effet, comme d’autres, je me suis inscrit dans une salle de fitness, j’ai surveillé mes repas.

Certes, des résultats ont commencé à poindre. Dont tous ces bénéfices qui ne se voient pas. Ce taux de cholestérol qui, chez certains, repart à la baisse ; ces escaliers montés sans avoir le souffle coupé ; ces quelques tailles de pantalons perdues. Autant de conquêtes, de victoires sur soi. OK, bravo. Mais de là à s’afficher sur une plage l’été, il y avait un pas qu’aucun membre de mon club de sport n’osait envisager.

En vérité, le duo sport + meilleure alimentation générait plus de frustration que de réelle amélioration physique. Dans cette équation, quelque chose ne fonctionnait donc pas. Et surtout, une statistique étonnante me perturbait. En 2003, 45,9 % des adultes américains remplissaient ou excédaient le temps d’activité sportive recommandé par les divers organismes de santé. Et plus de la moitié était en régime permanent. Dès lors, le taux d’obésité aurait dû diminuer !

Pas de doute : à mieux y réfléchir, je n’étais plus le seul à multiplier les efforts pour un résultat plutôt mitigé. Mais il restait maintenant à comprendre pourquoi. »

La suite …. demain. On va entrer dans le vif du sujet et dans les développements intéressants de l’enquête de William REYMOND….

 

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Aliments plus sucrés, dates de péremption allongées: le parlement a mis fin mardi à des pratiques alimentaires discriminantes pour les outre-mer, en adoptant définitivement et très largement une proposition de loi socialiste en ce sens après un dernier vote du Sénat.

La proposition de loi « visant à garantir la qualité de l’offre alimentaire en outre-mer », déjà adoptée par les députés le 27 mars, a été votée conforme par les sénateurs, c’est-à-dire sans modification, rendant son adoption définitive.

La gauche PS, communiste, PRG et écologiste l’a approuvé mais aussi les centristes de l’UDI. Seule l’UMP s’est abstenue arguant qu’elle préférait attendre une grande loi de santé publique.

Le texte de quatre articles interdit en premier lieu la différence de teneur en sucres ajoutés entre des produits vendus outre-mer, notoirement plus sucrés, et ceux de l’Hexagone. Il entrera en vigueur six mois après promulgation, permettant aux distributeurs d’écouler leurs stocks. La liste des denrées visées, essentiellement produits laitiers et boissons sera fixée par arrêté.

Le rapporteur au Sénat Michel Vergoz, élu PS de la Réunion, a expliqué qu’en Martinique des yaourts aux fruits produits localement « contiennent de 27% à 50% de plus de sucre ajouté ».

Il a souligné la fréquence du surpoids, de l’obésité et du diabète dans les populations ultramarines avec une prévalence de l’obésité de « 22% en Martinique et de 23% en Guadeloupe » contre « 14,5% dans l’hexagone », touchant « particulièrement les femmes et les enfants » (9% des enfants seraient obèses en Guadeloupe et en Martinique contre 3,5% dans l’hexagone).

« Une canette de soda contient 14 g de sucres ajoutés en Martinique contre 10 g » en métropole, a dénoncé Maurice Antiste (PS, Martinique).

« C’est un texte de santé publique et d’égalité pour mettre un terme à des pratiques discriminantes qui visent les outre-mer depuis bien trop longtemps », a lancé Victorin Lurel. Le ministre des Outre-mer, en octobre 2011, alors député, avait défendu un texte identique qui avait été rejeté de justesse à l’Assemblée. Sa réinscription au Parlement était une des promesses de campagne de François Hollande.

Thani Mohamed Soilihi (PS, Mayotte) a fustigé la « prétendue appétence pour le sucre des ultramarins avancée par les industriels ».

« Les chiffres sont terribles », s’est alarmée Annie David (CRC, communiste). Ils « sont édifiants », a renchéri Joël Guerriau (UDI-UC). « Cette pratique inadmissible a des effets directs sur la santé des Ultramarins », a insisté Aline Archimbaud (écolos).

Le texte d’origine a été enrichi lors de son passage à l’Assemblée nationale par deux articles concernant la date limite de consommation (DLC), qui devra désormais être la même pour un produit destiné au marché hexagonal ou ultramarin.

Plus de 300 produits frais font l’objet d’une DLC différenciée, selon M. Lurel. Il a cité les yaourts dont certains ont une DLC de 30 jours à Paris et de 50 jours outre-mer ou le reblochon qui « est commercialisé avec une DLC de 35 jours dans l’hexagone et de 70 jours dans les outre-mer » ou « tel sachet de gruyère râpé » avec « une DLC de 40 jours » en métropole et « 180 jours en outre-mer ».

La Fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom) s’était réjouie de cette interdiction d’un double étiquetage, y voyant un moyen de préserver les producteurs locaux, qui eux sont soumis aux 30 jours pour les yaourts, par exemple et subissaient donc « une forme de concurrence déloyale » de produits importés de métropole.

Le texte favorise aussi la production locale en produits frais via des circuits courts lors de l’attribution des marchés publics de restauration collective, notamment scolaire.

« C’est la première fois que nous évoquons les questions relatives à la qualité de l’offre alimentaire en outre-mer dans cet hémicycle » s’est ému Serge Larcher, président PS de la délégation sénatoriale à l’outre-mer.

Alain Millon (UMP) a appelé de ses voeux une « grande loi de santé publique ».

La loi s’appliquera en Guyane, Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte, St-Barthélémy, St-Martin et St-Pierre-et-Miquelon. La Polynésie Française, la Nouvelle Calédonie et Wallis-et-Futuna ne sont pas mentionnés ayant des compétences propres en matière de santé.

 

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Extrait de Toxic, le livre passionnant de William Reymond, que je vous conseille de lire :

« Nikhil Dhurandhar n’est pas le seul à partir à l’assaut de l’eldorado de l’obésité. Il faut dire qu’un marché potentiel de 75 millions de patients, rien qu’aux États- Unis, a de quoi exciter l’industrie pharmaceutique. Ainsi, la revue spécialisée Pharmaceutical Executive affirme que les revenus du traitement de l’obésité seront « aussi importants voire plus » que ceux du cholestérol. Et les calculs les moins optimistes estiment ce nouveau pactole à 18 milliards de dollars la première année.

Mais voilà, pour que cette vision devienne une réalité palpable, une source de dividendes colossaux pour les actionnaires des grands labos, il faut d’abord que l’obésité soit reconnue comme une « vraie » maladie. Qui ne soit pas traitée par des modifications du mode de vie mais par le recours à la médicalisation.

Impossible ? Non. Car ce serait oublier que le plus grand talent de l’industrie pharmaceutique « n’est pas dans la recherche et le développement, mais dans le marketing ».

Si, dans la confidentialité des réunions commerciales de l’industrie pharmaceutique, on utilise le terme de condition branding (« apposer une marque à un problème de santé ») ’, Scott Grundy préfère user d’un autre vocabulaire.

Depuis 2001, ce directeur du Centre de la nutrition humaine à l’université Texas Southwestern de Dallas est en mission. Il parcourt le monde, de conférence en colloque, pour répandre la bonne parole. Cet ancien cardiologue, et pionnier de la médicalisation du traitement du cholestérol, a enfourché un nouveau cheval de bataille : le syndrome métabolique. Qui, à en croire la voix monotone de ce praticien, serait le mal qui ronge actuellement une majorité d’Américains.

Le syndrome métabolique de l’organisme cher à Grundy se caractérise par cinq facteurs : un taux élevé de sucre, une présence massive d’acides gras dans le sang, une tension haute, une déficience en bon cholestérol et de l’obésité. Il suffit à un patient de présenter trois de ces critères pour être, selon lui, atteint par ce syndrome. Du moins, pour que votre médecin vous indique que vous l’êtes, puisque le syndrome lui-même n’existe pas en tant que tel !

Il s’agit en fait uniquement d’un terme générique et fourre-tout. D’un assemblage de symptômes liés à l’obésité mais qui, réunis sous un nouveau nom, présente un avantage de… poids : la transformer en maladie pouvant être médicalisée. Ou encore devenir l’excuse idéale mise en avant par les fabricants de spécialités grasses et sucrées pour innocenter leurs produits. De fait, à la fin du mois de novembre 2006, se tenait à Paris une conférence au titre sans ambiguïté : « Le syndrome métabolique : quelles opportunités pour l’industrie agroalimentaire ? »

Consciente des enjeux financiers de ce nouveau label, la recherche sur ce point s’emballe aux États-Unis. Suivant les traces initiées par Grundy, ce sont plus de 15 000 études qui ont été menées ces cinq dernières années, donnant ainsi naissance à une maladie qui n’existe pas, mais dont les perspectives lucratives sont, elles, bien réelles.

Cette dérive a le don d’irriter Richard Khan. Ce scientifique qui travaille pour la puissante American Diabetes Association vient de passer deux ans à analyser la majorité de ces études. Ses conclusions sont sans appel. Motivée par la perspective d’un énorme marché et les bourses versées par l’industrie pharmaceutique, la recherche américaine s’est précipitée en masse dans cette direction sans même prendre le temps de mesurer la solidité des fondements du fameux syndrome. Ce que Khan a fait, lui. Résultat ? Le syndrome métabolique est construit sur « du vent, sans aucune preuve ». Khan estime en fait que ce syndrome est une manière habile et nouvelle de parler de l’obésité, rien de plus. Un comportement qu’il condamne : « Vous ne pouvez pas inventer quelque chose simplement pour vous permettre de traiter un patient. La médecine, ce n’est pas cela. » Le débat fait rage.

Les travaux et les remarques de Richard Khan n’y peuvent pourtant pas grand-chose. Désormais, la machine à fric est en marche. À Washington, l’industrie pharmaceutique a investi des millions de dollars dans le lobbying destiné à faire accepter l’idée que l’obésité est une maladie. Et que le syndrome métabolique est son nom. Pourquoi ? Parce que l’enjeu s’avère colossal. Une fois ce pas franchi, l’équivalent américain de la Sécurité sociale et des mutuelles ne seront-ils pas obligés de rembourser les prescriptions pour un mal certes fictif mais devenu officiel ?

Il faudrait être sourd pour ne pas entendre le piaffement d’impatience des laboratoires. On estime ainsi qu’au moins 350 produits étaient en phase de développement en 2006 pour répondre à ce « syndrome métabolique ». En Europe, depuis l’été 2006, la société française Sanofi-Aventis fut de son côté la première à commercialiser un médicament répondant au dit syndrome, Acomplia, pas encore arrivé sur le marché américain. Pourquoi cette retenue ? De mauvaises langues murmurent que la FDA, l’organisme en charge de la validation des aliments et des médicaments, s’inquiéterait d’éventuels effets secondaires du produit. Craintes fondées ou protectionnisme bien compris ? (NB : l’Acomplia a depuis été retiré du marché en France pour ses effets indésirables)

Quoi qu’il en soit, de Grundy à Khan, tous savent pertinemment que le syndrome métabolique et ses pilules magiques feront un tabac auprès du public. Et que la plupart des Américains se réjouiront d’abandonner à la médecine ce qui relève plutôt parfois d’une responsabilité purement individuelle. Peu importera même alors le sérieux ayant présidé à la création de cette nouvelle appellation. Car, comme le proclame déjà le président de l’American Obesity Association, « l’avenir de l’obésité sera un médicament » !

 

 

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Extrait du livre Toxic, de William REYMOND :

« Nikhil Dhurandhar n’avait jamais vu quelque chose de semblable : des cadavres de poulets franchement gras. Des volailles qui, une fois disséquées, révélaient un foie bien plus gros que la norme. Et des reins eux aussi d’une taille impressionnante. Ce constat, il l’avait fait à Bombay, au milieu des années 1980, quand des centaines de milliers de poulets mourraient infectés par un adénovirus, le SMAM.

Mais plus que le virus, c’est l’aspect des cadavres qui l’avait intrigué. Alors que normalement un animal atteint d’un adénovirus dépérit avant de s’éteindre, les poulets, ici, semblaient quasiment… obèses.

Il y avait encore plus troublant. Chaque fois que Nikhil Dhurandhar injectait le SMAM à des volatiles sains, ceux-ci suivaient la même courbe d’évolution. Avant de mourir, les oiseaux grossissaient. Le scientifique indien en fut presque sûr, grâce à une épidémie touchant les poulets de Bombay, il venait, quasiment par hasard, d’isoler un virus à l’origine de la pandémie d’obésité. Il lui fallait maintenant poursuivre ses recherches à plus grande échelle. Mais pour y parvenir, un choix s’imposait à lui. Si, effectivement, il avait mis la main sur le saint Graal des temps modernes, sur l’explication capable d’enrayer le mal gagnant la planète, l’Inde ne lui suffisait plus. Nikhil Dhurandhar devait rejoindre Fat Land et ses dizaines de millions d’obèses.

Aujourd’hui, Nikhil Dhurandhar poursuit ses expériences de recherche biomédicale en Louisiane, mais c’est au sein des laboratoires de la Wayne University de Detroit, dans le Michigan, qu’il a d’abord essayé de confirmer son intuition. En ayant même reçu, indirectement, un coup de pouce des autorités sanitaires locales. Les États-Unis interdisant l’importation de souches de virus, l’Indien a en effet pu puiser dans celles disponibles en Amérique.

C’est ainsi qu’il est passé du SMAM à l’adénovirus Ad-36, lequel ne manque pas de points communs avec celui qui avait décimé les élevages avicoles indiens. Et qu’il obtint les mêmes résultats : avant de mourir, les poulets et les singes infectés par l’Ad-36 prenaient du poids. Certains voyaient même leur masse constatée en début d’expérience tripler, tandis que la proportion de graisse de leur organisme doublait !

Il aurait fallu oser aller plus loin, mais, comme on s’en doute, des questions éthiques s’y opposèrent. Nikhil Dhurandhar ne pouvait infecter des humains et attendre de voir si, en dépérissant, ils prenaient des kilos supplémentaires.

Il convenait donc de trouver une autre option. L’idée émergea, simple. Dhurandhar décida de comparer 500 échantillons sanguins afin de déterminer lesquels portaient l’adénovirus que l’on trouve naturellement parmi la population. En les séparant en deux groupes, d’un côté les obèses et de l’autre les sujets proches de leur poids de forme, l’Indien obtint des résultats incroyables. Seulement 5 % des personnes sans problème de poids s’avéraient porteuses de l’Ad-36. Mais la proportion montait à 30 % chez les obèses.

Nikhil Dhurandhar en était maintenant persuadé, il avait vraiment découvert le virus de l’obésité !

« Le concept d’un virus qui causerait l’obésité est tellement éloigné de ce que l’on croit, que je comprends les difficultés de certains à admettre les conclusions de mes travaux. » Dhurandhar sait que, pour convaincre, il lui faudra plus que des études et des conclusions que d’aucuns peuvent réduire à une coïncidence statistique. Du reste, avec du recul et de la mesure, il modifie légèrement ses propos et certitudes initiaux : « Je ne dis pas, explique-t-il, que tous les cas d’obésité sont dus à ce virus, mais il pourrait y avoir certaines personnes pour lesquelles ce virus contribuerait à l’obésité ».

À l’heure actuelle, Dhurandhar travaille sur deux jumelles parfaites, Christyn et Beth. Jusqu’à leur entrée à l’université, ces sœurs ont suivi un développement physique quasiment identique. Seulement voilà, deux ans après son départ du domicile familial, Christyn a pris du poids. Et pas Beth. Or des tests sanguins ont démontré que Christyn était porteuse de l’Ad-36, mais pas sa sœur à la taille de guêpe.

Bien sûr, un tel écart semble donner du sens aux recherches de Dhurandhar. Pourtant, force est d »être très prudent. Notamment parce que personne n’a étudié ni comparé la vie des deux jumelles durant leurs vingt- quatre mois d’université. Peut-être Christyn s’est-elle simplement mise à manger plus et à faire moins d’exercice ! La réserve s’impose donc.

Ainsi, le professeur William Russell, virologiste à l’Université Saint-Andrew, spécialiste anglais des adénovirus, considère qu’aucun de ces virus n’a jamais été lié à des maladies à long terme comme l’obésité. « Les adénovirus ont la particularité de causer des infections à court terme et ensuite de disparaître de l’organisme humain. Il y a donc un antagonisme avec l’obésité qui est au contraire une maladie inscrite dans la durée. » Et dont on observe la croissance depuis plusieurs décennies.

Russell n’est pas le seul à émettre des doutes et à s’interroger quant à la réalité d’un virus de l’obésité. D’autres s’avouent même étonnés des motivations de Dhurandhar. C’est le cas du professeur Stephen Bloom de l’Imperial College de Londres : « Mais pourquoi a-t- on besoin, aujourd’hui, d’inventer une étrange histoire de virus ? »

Pourquoi ? La réponse se trouve sûrement dans les propos même de Nikhil Dhurandhar : « Il serait extraordinaire et formidable de mettre au point un vaccin qui préviendrait certains cas d’obésité virale. C’est en tout cas la direction de mes travaux. Mais il s’agit seulement pour l’instant d’un rêve. Et l’impact le plus important de mes recherches est ailleurs : mes travaux augmentent les chances de faire accepter l’idée que l’obésité est bien une maladie».

Et qui dit maladie, dit consultations, remèdes, médicaments et ordonnances. Ce qui est, pour certains chercheurs et laboratoires, l’équivalent de la recette du hold-up du siècle. »

La suite …… demain.

 

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Le président péruvien Ollanta Humala a promulgué une loi controversée visant à limiter la consommation de « malbouffe » par les enfants et encourageant une alimentation saine.

La loi, qui prévoit notamment l’interdiction de faire de la publicité pour certains aliments ou sodas dans les établissements scolaires afin de réduire l’obésité des enfants a été critiquée par l’industrie agroalimentaire, en même temps qu’il recevait le soutien d’organisations internationales du secteur de la santé et d’organismes de consommateurs.

« Nous lançons un appel au secteur industriel pour qu’il ne prenne pas cela comme une volonté de le priver d’un marché », a déclaré le président Humala. « Nous ne pouvons imaginer que nos enfants représentent un marché visant à générer des ventes ou maximiser des bénéfices », a-t-il ajouté.

Le doyen du Collège de Médecine du Pérou, Juan Villena, s’est déclaré très favorable à la nouvelle réglementation, estimant que « l’alimentation des enfants stimulée par la publicité est un domaine qu’il est nécessaire de réguler pour éviter les maladies, tout comme la publicité pour la cigarette ».

La loi vise également à promouvoir l’activité physique et l’installation de cantines et de points de vente de produits naturels dans les établissements scolaires.

 

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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond,

« La télévision et la publicité, qu’elles agissent sous une forme classique ou de manière beaucoup plus perverse et redoutable comme semblent l’indiquer les recherches menées à Emory, sont bien des facteurs majeurs de la pandémie. On les regroupe d’ailleurs dans ce qui forme une moitié du « Big Two ». Reste à s’intéresser de près à l’autre moitié.

À commencer par la modernisation de notre société, qui se voit également évoquée comme cause probable. Ainsi, Tomas Philipson et Richard Posner, économistes à l’université de Chicago, assurent que la disparition progressive des métiers de « force » au profit d’emplois plus sédentaires joue un rôle. Pour d’autres, l’explosion des transports constitue également un vecteur. Peu à peu – et c’est encore plus évident en Amérique où certains quartiers sont construits sans trottoir -, la voiture s’est substituée à la marche à pied. Dans le même registre, le sentiment d’insécurité est montré du doigt, la crainte de l’autre ayant poussé à diminuer le temps passé à marcher. Comme il a entraîné de nombreux parents à interdire à leurs enfants de jouer à l’extérieur ou de « traîner » après l’école. Or, cercle vicieux, c’est souvent la télévision – ou la console de jeux – qui a remplacé ces moments consacrés à se dépenser hors de la maison. Et la sédentarité qui succède à des activités bénéfiques à l’organisme.

En fait, l’ensemble de ces explications repose sur une équation. D’un côté l’apport calorique augmente mais de l’autre, les occasions de brûler les calories se réduisent comme peau de chagrin. Et donc l’individu grossit.

Une série de changements culturels doit encore être prise en compte. L’arrivée massive des femmes sur le marché du travail a eu des répercussions dans la cuisine familiale. Si, au début des années 1970, une mère de famille passait en moyenne deux heures par jour à préparer les repas, désormais on atteint tout juste les vingt minutes. La nature même de ce qui est concocté a fondamentalement évolué. Voilà trente ans, l’Américaine moyenne cuisinait à partir de produits frais, ce qui n’est plus du tout le cas. De plus en plus, à cause de l’industrialisation massive, se mettre aux fourneaux se résume à glisser un plat tout prêt dans le four à micro-ondes. Près de la moitié des Américaines déclarent même ne pas savoir préparer plus de deux plats différents.

Michael Pollan, journaliste au New York Times, s’est intéressé à ces révolutions culturelles et à leurs effets sur le tour de taille de ses compatriotes. Et a remarqué que l’absence de tradition culinaire américaine entraînait un manque de repères chez le consommateur. Pays jeune et terre d’immigration, les États-Unis possèdent effectivement peu de racines gastronomiques. Dès lors, les Américains « sont plus vulnérables au marketing », explique-t-il. Et d’ajouter : « Si nous avions une culture alimentaire stable avec un lot de réponses du style : « Voici ce qu’il faut manger et voici comment il faut le manger », nous serions moins victimes des effets de mode virevoltants », qui d’un jour à l’autre définissent ce qui est bon et mauvais.

Autre sujet d’inquiétude, la façon dont l’industrie redéfinit en permanence la manière dont les Américains mangent. Ici, se nourrir n’est plus un plaisir mais une commodité qui n’est plus tributaire de rendez-vous précis au fil de la journée – le petit déjeuner, le déjeuner, le dîner -, ce qui brise chaque jour le rituel du partage de la nourriture. « Vendre des produits dessinés pour être glissés dans le porte-boisson d’une voiture détruit l’idée même de personnes mangeant ensemble », poursuit Michael Pollan. En outre, « lorsque vous mangez tout seul, vous avez tendance à manger plus. Tandis que si vous mangez avec quelqu’un, vous existez, il y a un échange, une conversation… Vous ne vous gavez pas comme un porc quand il y a d’autres personnes à table ».

La seconde moitié du Big Two ne s’arrête pas là. Un groupe de chercheurs du sud des États-Unis, là où la crise d’obésité est la plus aiguë, tente actuellement de définir précisément l’ensemble des responsables secondaires du marasme. Et la première partie de leur travail, récemment publiée par le magazine scientifique International Journal of Obesity , affiche un grand mérite : elle refuse de se satisfaire des explications les plus courantes et de s’y cantonner.

Cette équipe conduite par Scott Keith cite ainsi comme autres causes probables la baisse continue du nombre de fumeurs, donc de l’effet coupe-faim de la nicotine, le nombre élevé d’enfants nés de couples déjà obèses, ou encore l’adoption massive de la climatisation. Une température contrôlée placerait en effet l’organisme dans une « zone de confort », l’incitant à manger plus parce que moins tributaire des régulations de température demandées par le corps. Ce travail cite également le manque chronique de sommeil des Américains, hypothèse confirmée parallèlement par Esra Tasali, chercheuse à l’université de Chicago. Partant du principe que les Américains ont perdu deux heures de sommeil par nuit depuis quarante ans notamment à cause des loisirs, cette dernière a placé des groupes de volontaires dans des conditions différentes de durées de repos. Or, celui dormant le moins a rapidement montré des envies incontrôlables d’aliments sucrés.

Une explication génétique s’est vue également avancée, reposant sur une estimation scientifique datant de 1986. Selon ces recherches, 25 % de la fluctuation de poids serait influencée par les gènes.

Une dernière hypothèse paraît toutefois encore plus intéressante. Pas parce qu’elle serait en mesure de répondre à la pandémie mais parce qu’elle illustre un mouvement de fond. »

Cette hypothèse vous sera exposée ….. demain

 

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Vous pouvez voir en cliquant sur le lien ci-dessous l’émission de Géopolitis consacrée à l’obésité.

Cette émission rappelle les chiffres de l’obésité dans le monde.

Nathalie BONVIN, responsable de la Croix rouge, évoque également l’idée originale, d’un concours de perte de poids mensuel ……

Emission géopolitis sur l’obésité

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Extrait de Toxic, le livre passionnant de William Reymond :

« L’université d’Emory n’a pas changé depuis ma précédente visite. C’était en mars 2005 et j’écrivais alors « qu’ici plus qu’ailleurs, Coca-Cola est partout. […] Ici, l’histoire de Coca-Cola est inscrite dans les murs. ».

Mais ce ne sont pas les archives de Robert Woodruff, le mythique patron de la Compagnie, qui m’attirent cette fois sur ce campus situé à une quinzaine de minutes d’Atlanta. Il ne s’agit plus de voyage dans le passé. Car ici, depuis 2001, se dessine discrètement le futur de la publicité. Et cet avenir-là est effrayant.

Joey Reiman et Brian Harkin sont deux vétérans de la publicité. Le premier, à la tête de l’agence BrightHouse, invente des spots depuis plus de vingt ans. L’autre, après un passage sur l’Internet, est un spécialiste de la valorisation des marques, le « branding ». En 2001, Brian Harkin est même devenu président d’une branche de BrightHouse appelée Thought Science, « la science de la pensée ».

À Atlanta, la compagnie a deux adresses. La première se situe à l’ouest de la ville, dans une ancienne usine à savon devenue une suite de bureaux branchés. L’autre, moins connue, à Emory. Plus précisément à l’école de médecine, incorporée au sein de l’hôpital universitaire.

Là, BrightHouse est en train de se transformer en discret leader du neuro-marketing. L’idée est d’une simplicité déconcertante : il s’agit de placer des volontaires dans un scanner et d’observer les réactions de leurs cerveaux lorsqu’on les soumet à certains stimuli. Le but a de quoi surprendre. Selon les responsables du programme cités dans un article de The Atlanta Journal- Constitution, il s’agit de « donner aux consommateurs le pouvoir d’influencer les compagnies ».

Qu’est-ce que cela signifie précisément ? Je n’en sais pas plus que vous. D’autant que, poursuivant dans un langage abstrait, ils ajoutent : « Nous non plus, nous n’en pouvons plus de la saturation de la publicité ».

Voilà qui laisse sceptique… Mais Joe Reiman et Brian Harkin ne s’arrêtent pas là. Le premier offre en effet une autre explication lumineuse : « Nous essayons de comprendre ce qui fait réagir les gens. […] Est-ce que je porte ces pantalons parce qu’ils me vont ou parce qu’ils vont avec la vie que je mène ? » Toujours pas clair ? Qu’à cela ne tienne. Brian Harkin assène un argument massue : « Nos méthodes pourraient permettre de comprendre pourquoi les campagnes antidrogue ne fonctionnent pas auprès de notre jeunesse ».

Défense du consommateur, port du pantalon, campagne de prévention… voilà qui paraît bien embrouillé. Et le pire, c’est que c’est normal. Car les responsables de BrightHouse le sont aussi. Du moins publiquement. Mais pourrait-il en être autrement quand on réalise que leur travail consiste à trouver quelle émotion cérébrale se transforme en intention d’achat ? Le neuro-marketing consiste ni plus ni moins à dénicher, enfoui dans le cerveau, l’emplacement du fameux bouton qui indique « achète-moi » pour parvenir à l’actionner à notre insu. Une démarche délicate à assumer au grand jour.

De la science-fiction que tout cela ? De l’activisme anti- consumériste ? Même pas. Le 3 juin 2002, avant de changer de nom et de le faire disparaître de son site Internet, Thought Science publiait un communiqué de presse triomphant. Dont le contenu, que j’ai pu me procurer, est bien plus limpide et éclairant que les propos confus du président de la compagnie. En voici quelques extraits choisis…

« Pour la première fois, il sera possible aux agences publicitaires de comprendre les raisons dictant le comportement de leurs consommateurs. Imaginez que vous pouvez observer et quantifier la véritable réponse d’un consommateur [face à un nouveau produit]. […] Le neuro-marketing est la vague du futur. Les compagnies utilisent la science pour prendre l’avantage. Celles qui se refusent à le faire seront laissées en arrière. […] Pour la première fois, nous fournirons à nos clients les raisons qui poussent le consommateur à agir. »

C’est tout de suite plus clair, n’est-ce pas ?

Mais le meilleur reste pour la fin : « Le neuro-marketing permet d’avoir une vue de ce qui se produit dans les pensées du consommateur. Et, à terme, permettra d’augmenter les ventes des produits, la préférence pour une marque ou encore de s’assurer que le consommateur agit de la manière dont on souhaite qu’il agisse ».

S’assurer que le consommateur, vous et moi donc, se comporte comme les agences de publicité et leurs clients l’auront décidé, voilà donc, dans toute sa crudité, ce que l’on concocte dans les salles de recherche de l’université d’Emory. Jouant aux apprentis sorciers, des scientifiques dont l’âme est clairement du côté des affaires tentent de percer les secrets du cerveau afin de nous forcer la main.

L’utilisation de matériel médical dans un tel but pose des questions d’éthique. Pourtant, la direction d’Emory refuse de s’en offusquer. Le discours officiel résonne des mêmes excuses hasardeuses avancées par BrightHouse.

Il est dans un premier temps question d’avancée scientifique, de publications à venir. Pour finalement convenir, presque blasé, de la réalité : « Il est évident que si vous parvenez à comprendre comment les gens prennent les décisions, vous allez utiliser ce savoir à des fins commerciales. Je ne vois rien de condamnable à cela ».

La position d’Emory n’est pas réellement une surprise lorsque l’on connaît les liens des universités américaines avec le monde des affaires : de fait, aux États-Unis, la recherche est essentiellement financée par des dons privés. En plus du prêt de ses locaux et des IRM à résonance magnétique, l’université d’Emory s’est directement associée au projet de BrightHouse. Ainsi, l’organigramme de la compagnie révèle que Clinton Kilts est responsable de l’ensemble de la partie scientifique. Lequel Kilts est également professeur à Emory, où il dirige le département de recherche en psychiatrie et en sciences du comportement. Sa spécialité ? Les mécanismes cérébraux de l’addiction. Simple hasard ?

Quoi qu’il en soit, cette information est une fois encore inquiétante. Car, si l’on récapitule, on constate qu’au sein d’une des plus prestigieuses universités américaines, une compagnie privée tente d’élucider et de briser les mécanismes du cerveau pour arriver à influer sur les impulsions d’achat. Et aussi qu’à la tête de ce programme figure un scientifique dont la spécialité est l’addiction. La vérité dépasse toujours la fiction.

Reste à savoir si les expériences conduites par BrightHouse ont été couronnées de succès et quelle peut être alors leur utilisation commerciale. Ce questionnement a de quoi faire frémir quant à l’évolution de la pandémie d’obésité.

Officiellement, le cerveau n’est pas aussi simple que d’aucuns le prétendent. « Ce n’est pas comme si les consommateurs allaient se mettre à courir comme des automates pour acheter un produit, et ce quelle que soit la manière dont ils pensent », explique Justine Meaux. Scientifique travaillant pour BrightHouse, elle se veut rassurante tout en admettant, lors de conférences, l’avancée du projet.

En fait, selon différentes sources proches des recherches, BrightHouse aurait fait des progrès considérables depuis 2004. Des séries de tests ont permis d’identifier l’emplacement du cortex qui réagit à la vue d’un produit ou à l’évocation d’un sentiment. Pour aboutir à ces conclusions, les scientifiques d’Emory ont toujours pratiqué de la même manière. Un volontaire, payé une cinquantaine de dollars, s’est glissé pendant une demi-heure dans une IRM (imagerie par résonnance magnétique). Là, il a été soumis à une série d’images. Et, pendant ce temps, les réactions de son cerveau ont été enregistrées.

La découverte de la zone censée renfermer le fameux « interrupteur » poussant à l’achat est de taille. Mieux, elle est confirmée par une étude indépendante et parallèle menée cette fois à l’université Baylor de Houston. Dans ce laboratoire, une équipe menée par Read Montague a mis au jour les mécanismes incitant un consommateur à préférer un… Coca-Cola plutôt qu’un Pepsi.

Si, à l’aveugle, le goût plus sucré de Pepsi-Cola l’emporte fréquemment, l’identification du soda comme étant un Coke déclenche une forte activité sur le cortex. Et finalement, l’emportant sur le goût, pousse à l’achat. Montague en est convaincu, la préférence pour Coke est d’abord liée à son image positive, ancrée dans les inconscients par cent vingt ans de publicité. Ce qui confirme, comme je l’écrivais dans mon précédent livre, qu’il s’agit bien là du premier capital de la marque. Ce qui, on s’en doute, devrait faire que Coca-Cola soit l’un des premiers intéressés par les travaux menés à Emory. Mais est-ce le cas ?

D’emblée on pourrait pointer quelques coïncidences. Déjà, Atlanta et Emory sont deux bastions de Coca-Cola. Mais ce n’est pas tout. Prenez Brian Harkin, par exemple. Le président du projet BrightHouse Thought Science, spécialiste du branding, a une histoire en commun avec la Compagnie. Il a en effet travaillé en son sein au développement de nouvelles marques. C’est lui qui a, entre autres, géré l’extension des labels Mello Yello et Barqs, deux produits de The Coca-Cola Company. Mieux, comme l’indiquait une biographie qui a malencontreusement disparu du site Internet de Thought Science, Harkin a développé « le positionnement de la marque, de la formule et du design […] de Dasani », l’eau minérale en bouteille commercialisée par Coke.

Autre donnée intéressante, le témoignage de Peter Graser, l’un des cobayes ayant accepté de se glisser dans un scanner pour une trentaine de minutes. Il a raconté que parmi les images observées se trouvaient « Madonna, du brocoli, des sushis, un chien, Bill Clinton et Coca-Cola ».

BrightHouse ne souhaite évidemment pas confirmer si Coca-Cola figure parmi ses clients, mais de solides indices le laissent présager. Au-delà de ses recherches en neuro-marketing, la société mène par exemple des activités plus classiques d’agence de publicité. Or, parmi la clientèle dont elle assure la promotion, à côté d’entreprises comme Home Depot, une enseigne de bricolage et de décoration, ou Pepperidge Farm, un fabricant de biscuits, on retrouve… Coca-Cola.

Faut-il poursuivre la litanie des points en commun ou des zones de rapprochement ? Oui. Alors continuons. BrightHouse admet par ailleurs mener une série de recherches pour un gros client figurant dans le classement annuel des entreprises établi par le magazine Forbes. En soi, la précision n’est pas étonnante, puisqu’il en coûte au minimum 250 000 dollars pour accéder à ses découvertes. Le plus intéressant est que, utilisant l’indice fourni par BrightHouse, seules quatre sociétés figurant dans sa liste de clients sont conformes à la description : Delta Airlines, une compagnie aérienne ; MetLife, une compagnie d’assurances ; Georgia-Pacific, un géant de l’emballage industriel et… The Coca-Cola Company.

Aucune de mes sources chez le fabricant de sodas ne m’a directement confirmé l’usage des recherches menées sur le cerveau humain. Au mieux, on a admis que la Compagnie suivait « tout cela de très près, parce que, dans un univers ultra-compétitif, aucune direction ne devait être laissée de côté ». L’un de mes informateurs, recourant au conditionnel de rigueur, s’est toutefois laissé aller à une confidence de poids : « Si c’était le cas, nous pourrions apprendre comment une marque parvient à s’imposer dans l’inconscient humain et y rester. Nous pourrions apprendre, par exemple, que, concernant les enfants, il est plus efficace de répéter, encore et encore, le même spot publicitaire afin de créer une fidélité à vie ».

Un autre élément s’avère pour le moins troublant. En 2004 se tenait à Singapour un forum réservé aux professionnels du marketing à destination des enfants. Et Karen Tan, représentante de Coca-Cola, expliqua comment s’imposer en tant que marque dans leur esprit. Comme ma source anonyme, elle avait évoqué le même exemple. Celui de l‘intérêt de la répétition du même message publicitaire. Une théorie qui, j’en suis convaincu, est née dans une des salles de recherche de l’université d’Emory.

Le neuro-marketing a, ou aura, des conséquences sur la pandémie d’obésité. Une fois que l’industrie agroalimentaire parviendra à briser les dernières barrières de notre cerveau, rien n’empêchera la profusion de messages publicitaires incitant à la consommation de produits néfastes à la santé. Et il ne faut pas croire que je parle ici d’un avenir hypothétique et lointain. Si Emory est le centre mondial des recherches en la matière, il n’est pas le seul. En Europe, à Barcelone, le même style d’expériences est mené. Pis, toujours à Singapour, Jens Rasmussen, représentant du fabricant de sucettes Chupa Chups, a révélé que sa compagnie sponsorisait une campagne de recherches européenne du même type. Afin de trouver comment « créer des consommateurs fidèles ».

La France n’est pas épargnée non plus. Selon Nathalie Sapena, une société nommée Impact Mémoire mène également des recherches sur le cerveau et les messages publicitaires à Lyon. Voir L’Enfant jackpot, Flammarion, 2005. »

La suite ………….demain.

 

 

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