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statistiques obesite

Aux Samoa américaines, la prévalence de l’obésité et du surpoids atteint des niveaux records. Les travaux du chercheur Stephen McGarvey tentent d’expliquer les raisons de ce phénomène.

Îles Samoa américaines, dans le Pacifique Sud, quelque part entre la Nouvelle-Zélande et Hawaï. Décor idyllique, mer turquoise, plages de sable blanc… et population en danger pour cause d’excès alimentaires. Presque 95 % des adultes de ce petit archipel de 55 000 habitants sont en surpoids, les trois quarts sont obèses. Des chiffres parmi les plus élevés au monde : par comparaison, en 2010, le taux d’obésité chez les hommes était selon l’OMS de 9 % en France et de 44 % aux États-Unis.

Même les enfants sont touchés par le phénomène : d’après une étude de la Brown University, environ 20 % des bébés samoans pèsent plus de 4 kg à la naissance (contre environ 7 % en France).

À 15 mois, 23 % des garçons et 17 % des filles sont obèses. L’omniprésence du surpoids et de l’obésité aux Samoa américaines entraîne une forte prévalence des maladies chroniques : une personne sur cinq y souffre de diabète de type 2, par exemple.

Un phénomène aux explications multiples

Depuis des années, l’anthropologue et biologiste américain Stephen McGarvey cherche à comprendre les raisons de l’ampleur prise par l’épidémie d’obésité dans ce petit archipel du Pacifique. Il a présenté ses recherches le 16 février à Chicago lors de la rencontre annuelle de l’American Association for the Advancement of Science.

Pour lui, plusieurs facteurs peuvent expliquer la situation particulière des Samoa américaines. Le premier d’entre eux pourrait être une prédisposition génétique à l’obésité chez les habitants de ces îles. Mais il faut manier ce genre d’explication avec précautions, avertit l’anthropologue : si la génétique peut avoir joué un rôle, elle n’a pu seule générer le phénomène.

Des facteurs environnementaux, et notamment culturels, ont également leur importance. Les Samoans ont en effet connu de brusques changements dans leurs conditions d’existence durant la seconde moitié du XXe siècle : entre 1961 et 2007, l’occidentalisation des modes de vie a fait croître leur ration alimentaire moyenne de 900 calories par jour et par personne.

La géographie a aussi pu avoir une influence sur l’expansion de l’épidémie : dans une petite population et sur un petit territoire, les modifications des habitudes nutritionnelles se sont diffusées extrêmement rapidement.

Les Samoa, avant-garde de l’épidémie mondiale d’obésité ?

C’est d’ailleurs la vitesse de l’expansion de l’épidémie d’obésité qui fait des Samoa américaines un cas intéressant, d’après Stephen McGarvey. Pour lui, la situation dans ce petit archipel pourrait bien préfigurer ce qui se passera bientôt dans le reste du monde.

Et si les Français, abrités derrière leurs traditions culinaires, croient que les Samoa américaines ne doivent leur triste situation qu’à leur proximité culturelle avec le pays de McDonalds, ils se trompent : en Polynésie française, 4 adultes sur 10 sont déjà obèses…

 

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L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme : le surpoids et l’obésité deviennent si répandus chez les jeunes Européens que notre définition de la normalité risque de s’en trouver affectée. Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe, avertit : « Le surpoids est désormais plus fréquent qu’inhabituel. Nous ne devons pas laisser une autre génération grandir avec l’obésité comme nouvelle norme. »

Le bureau de l’OMS pour l’Europe vient de dévoiler une série de fiches-pays faisant le point sur la nutrition, l’obésité et l’activité physique dans chacun des 53 pays qu’il couvre. Ces fiches dressent un tableau d’autant plus sombre qu’elles concentrent l’analyse sur les enfants et les adolescents.

Alors que les Américains retrouvent le sourire avec la récente annonce par le CDC d’une baisse spectaculaire de l’obésité chez les 2-5 ans, le diagnostic de l’OMS est sévère pour les jeunes générations du vieux continent. Dans quatre pays de la zone, la prévalence du surpoids chez les enfants de 11 ans dépasse les 30 % : Grèce (33 %), Portugal (32 %), Irlande (30 %) et Espagne (30 %). Et dans onze pays, plus de 20 % des enfants de 13 ans sont en surpoids.

Les causes du phénomène sont bien connues : « La sédentarité, conjuguée à une culture qui favorise la consommation d’aliments peu chers, pratiques et riches en matières grasses, en sel et en sucre, constituent un cocktail mortel », explique Zsuzsanna Jakab. Dans 23 des 36 pays pour lesquels l’OMS dispose de données concernant l’activité physique, cette dernière est insuffisante chez au moins 30 % des garçons et des filles âgés de 15 ans et plus.

La France plutôt épargnée

Les comparaisons effectuées par l’OMS montrent que le surpoids est plutôt moins répandu en France que dans les autres pays européens. Avec certains États scandinaves, notre pays est même cité par l’organisation internationale comme faisant partie de ceux qui ont stabilisé la prévalence de ce phénomène.

Tout n’est pas rose pour autant au royaume autoproclamé de la gastronomie. Environ 19 % des garçons et 11 % des filles de 11 ans y sont en surpoids. Chez les 13 ans, les chiffres sont de 18 % pour les garçons et 13 % pour les filles, et chez les 15 ans, ils sont respectivement de 16 % et de 8 %.

Pour lutter contre ce qu’elle considère comme une épidémie, l’OMS recommande d’encourager la consommation de légumes et de fruits, d’augmenter la fiscalité sur les aliments peu sains, de mieux contrôler la publicité, promouvoir l’activité physique : sur les bords du lac Léman, on n’a pas encore trouvé de recette miracle contre le surpoids…

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De 1985 à 2011, le taux d’obésité est passé de 6 à 18% au pays.

Le taux d’obésité a triplé au Canada en l’espace de 25 ans, selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Université Memorial de Terre-Neuve.

De 1985 à 2011, le taux d’obésité est passé de 6 à 18 % au pays. La recherche indique aussi que 21 % des Canadiens seront obèses en 2019.

Certaines provinces sont plus touchées que d’autres, notamment Terre-Neuve et Labrador, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. En revanche, la Colombie-Britannique et le Québec affichent les taux les plus bas.

Les résultats de ces travaux ont été publiés dans la revue scientifique Canadian Medical Association Journal.

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On pouvait penser que le phénomène touchait surtout les Etats-Unis mais, une étude révèle aujourd’hui que le nombre d’enfants britanniques admis à l’hôpital pour des problèmes liés à l’obésité a quadruplé en moins de dix ans. Asthme, diabète, autant de maladies liées à l’obésité qui explosent aujourd’hui chez les enfants outre-Manche.

Les chiffres avancés aujourd’hui par le National Health Service, l’équivalent en Grande-Bretagne de notre Sécurité sociale, révèlent une croissance de plus en plus importante de l’épidémie d’obésité chez les enfants britanniques. Ainsi, le nombre d’enfants admis à l’hôpital pour une pathologie liée à l’obésité : asthme, diabète, apnées du sommeil… a quadruplé ces dix dernières années, passant de 872 à 3.806 en Angleterre et Pays de Galles. De même, le nombre de jeunes âgés de 5 à 19 ans ayant recours à la chirurgie bariatrique, à savoir une réduction de l’estomac, a lui aussi augmenté considérablement.

Mais les chiffres réels pourraient même être plus élevés que ceux annoncés par le NHS, l’obésité n’étant pas toujours reconnue comme étant à l’origine de certains problèmes de santé. Pour le Dr Sonia Saxena, qui a dirigé l’étude à l’école de santé publique de l’Imperial College of London, si la croissance enregistrée s’explique par le fait que de plus en plus de médecins ont pris conscience des effets de l’obésité, ce n’est pas encore le cas de tous. “On savait que l’obésité avait des conséquences graves à l’âge adulte, mais nous voyons aujourd’hui que les effets se manifestent plus tôt, dès l’enfance“, ajoute-t-elle. Or, un tiers des jeunes Anglais âgés de 2 à 15 ans sont aujourd’hui en surpoids, un sur cinq est obèse. Avec 60% des adultes obèses ou en surpoids, la Grande-Bretagne détient par ailleurs le record d’Europe du nombre d’obèses.

Pour Tam Fry, membre du Forum national sur l’obésité et président de la Child Growth Foundation, les chiffres annoncés ne sont pas surprenants, et ils devraient même continuer de croitre. Il déplore que jusqu’à présent, les médecins ne s’inquiétaient pas assez de la tournure prise par l’épidémie d’obésité outre-Manche. Il demande une réévaluation profonde de la façon dont l’industrie agroalimentaire gère les niveaux de gras et de sucre présents dans l’alimentation. “Nous devons interdire les boissons gazeuses et plus généralement les boissons sucrées. Nous devons prendre des mesures très radicales“, conclut-il.

 

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Le Mexique paie un prix élevé pour son mode d’alimentation: avec 163 litres de sodas par an par habitant, il est le principal consommateur de boissons sucrées au monde par tête et le second pays le plus touché par l’obésité après les États-Unis.

Le Mexique compte aujourd’hui 22.000 des 180.000 morts associées dans le monde à la consommation de boissons sucrées, selon une étude de l’université américaine Harvard.

Traditionnellement, le régime alimentaire des Mexicains était constitué de maïs, fruits, légumes et herbes. Mais il suffit de parcourir les rues de Mexico pour constater les modifications intervenues dans les habitudes alimentaires, liées à l’ouverture économique du pays.

Dans les innombrables postes de restauration de rue de la ville, on consomme des « tacos » et des sandwiches de viande de porc ou de boeuf, d’oeufs, de fromage, ainsi qu’une grande variété de fritures, le tout le plus souvent accompagné de sodas.

« Il y a eu un changement d’habitudes alimentaires qui s’est accentué très fortement au cours des vingt dernières années avec une pénétration plus importante des aliments traités industriellement« , en particulier les boissons gazeuses, explique à l’AFP Alejandro Calvillo, directeur de l’ONG Pouvoir du consommateur, qui lutte au Mexique pour la réglementation des produits nocifs pour la santé.

Selon lui, le Mexique, en ouvrant son économie aux traités de libre-échange, « s’est livré aux valeurs mercantiles d’entreprises qui ont transformé l’alimentation traditionnelle des Mexicains », notamment par une publicité « brutale », sans régulation de l’État.

Ainsi, l’obésité a connu une véritable explosion en passant de 9,5% de la population en 1988 à 32% en 2012. Et 70% des quelque 115 millions de Mexicains sont en surpoids.

Le problème est également social et environnemental dans un pays où près de la moitié de la population vit dans la pauvreté et 7,4 millions dans une pauvreté extrême.

Beaucoup de communautés défavorisées ont en effet « un problème d’accès à l’eau » qui pousse à la consommation de sodas, rappelle à l’AFP Yuritzin Flores, de l’ONG internationale Oxfam. Au lieu d’acheter de l’eau en bouteille, plate ou gazeuse, « les gens préfèrent la boisson censée leur donner plus d’énergie et de statut ».

Fin 2012, une proposition d’impôt sur les boissons sucrées a été déposée devant le Parlement mexicain sans suite pour l’instant.

Le gouvernement mexicain a annoncé récemment des mesures de lutte contre l’obésité, mais sans en donner le détail. En attendant, le surpoids continue de provoquer des maladies chroniques, des problèmes cardiovasculaires et certains types de cancer.

Les coûts directs ou indirects des problèmes de poids ont été estimés à près de 10 milliards d’euros pour le système de santé publique mexicain.

Les raisons les plus fréquentes d’hospitalisation au Mexique sont le traitement non chirurgical de l’infarctus, de l’hypertension et du diabète. Cette dernière maladie touche 14% de la population et cause 80.000 morts par an.

Plusieurs établissements commencent à proposer – gratuitement ou à coût réduit – des interventions de chirurgie bariatrique, une technique lourde consistant à réduire la capacité d’absorption des aliments.

« Cela ne résout pas le véritable problème. C’est comme mettre un simple pansement sur une plaie profonde », estime M. Garner.

Toutefois, pour Leticia Bautista, psychologue spécialisée dans les problèmes liés à l’obésité à l’Université nationale autonome du Mexique (Unam), cette intervention « est une chance de vie » pour les cas d’obésité « morbide ».

 

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Extrait de Toxic, livre de William Reymond, que je conseille de lire :

 » Imaginez un pays peuplé comme la France. 60 millions d’habitants donc, qui auraient une seule particularité : celle d’être trop gros.

Cette entité géographique fictive existe. 60 millions d’obèses ? Bienvenue dans l’ex-Empire du milieu. Depuis novembre 2006, la Chine détient ce triste record. Alors que la population chinoise a été longtemps considérée comme ayant le mode alimentaire le plus équilibré de la planète, elle est désormais au bord de l’implosion. L’obésité et la surcharge pondérale touchent même un Chinois sur cinq. Le calcul fait tourner la tête… Il s’agit bien de 215 millions de personnes ! Parmi elles, 160 millions souffrent d’hypertension et 20 millions sont atteintes du diabète. Et là-bas, particularisme local, la pandémie touche plus particulièrement les garçons.

Selon une étude publiée le 19 août 2006 par le British Medical Journal, plus de 10 millions d’enfants chinois entre sept et dix-huit ans sont aujourd’hui obèses. En 2000, ils étaient « seulement » 4 millions !

La Chine est donc passée à l’ère de l’obésité. Une information fâcheuse pour le gouvernement communiste qui, à la veille des Jeux olympiques de 2008, souhaite présenter ses citoyens comme les plus sportifs de la planète. Mais voilà, une promenade dans les rues de Pékin et de Shanghai dévoile une autre réalité. Celle où les cliniques pour enfants obèses se multiplient au rythme de l’élargissement du tour de taille de la population !

La Chine n’est en rien une exception. L’ensemble du bassin asiatique se voit frappé par l’épidémie. Ainsi, depuis 2002, le Viêtnam doit faire face à une situation particulière loin d’être unique. Si à Hanoi une partie de la population souffre d’obésité, dans certaines campagnes la malnutrition demeure un grave problème. À côté, en Thaïlande, le taux d’obésité des cinq-douze ans est passé de 12,2 % à 15,6 % en… à peine deux ans !

Le Japon est également atteint. Depuis 1982, le nombre d’obèses a augmenté de 100 %. Là aussi, comme en Chine, les enfants et les adolescents sont les premières victimes. Situation identique aux Philippines où 5 % de la population est considérée comme obèse. Si l’on ajoute les personnes en situation de surcharge pondérale, c’est même un tiers de l’archipel qui est touché. On retrouve des proportions similaires en Nouvelle-Zélande et en Australie. Dans les villes mais aussi dans des endroits bien plus reculés puisque, pour la première fois en 2004, on relevait une augmentation importante des cas d’obésité au sein des tribus aborigènes. Reste que l’exemple le plus frappant de la zone pacifique concerne les îles Tonga. Là, en Polynésie, c’est plus de 60 % de la population qui endure la pandémie.

Et l’Inde, l’autre État-continent ? Alors que le pays peine à lutter contre les effets de la malnutrition en milieu rural, les grandes villes comme New Delhi comptent désormais un taux d’obésité dépassant les 10 % parmi les quatorze-vingt-quatre ans. Et l’hypertension entraîne une inquiétante augmentation de la fréquence des crises cardiaques chez les moins de cinquante ans.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’Afrique n’est en rien épargnée par le mal. En Zambie, 20 % des enfants âgés de quatre ans sont obèses. Un pourcentage conséquent que l’on constate encore au Maroc et en Égypte, où il est même légèrement supérieur. D’une manière générale, au Moyen-Orient, de Beyrouth à Bagdad, c’est en fait un quart de la population qui se retrouve obèse ou en surpoids.

Mais le vrai drame se joue au sud, en Afrique noire, où ce fléau et son cortège de maladies font des ravages. Non, il ne s’agit pas d’une erreur. Je viens bien d’associer l’impossible : obésité et Afrique. Et il ne faut pas se méprendre, la pandémie sur le continent africain ne signifie en rien que les problèmes de malnutrition sont réglés. On continue à mourir de faim là-bas, mais, écœurante nouveauté, on y meurt également en mangeant trop ou mal ! L’information dérange notre mode de pensée mais certains pays du continent noir comptent trois fois plus d’obèses que d’individus souffrant de malnutrition. Et, comme ailleurs, la tendance n’est en rien prête à s’infléchir.

Car l’Afrique est maudite. Agonisant sous la faim, exsangue depuis la tragédie du sida, le continent est désormais victime d’une nouvelle « plaie ».

En 2004, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, plus communément connue sous le terme générique FAO, publiait un rapport dramatique qui démontrait que les femmes enceintes souffrant de malnutrition accouchaient plus fréquemment d’enfants sûrs de devenir de futurs… obèses. Une incongruité ne provenant pas d’une étrangeté de la nature mais de notre héritage génétique. Parce que les bébés africains naissent avec un métabolisme programmé pour « stocker » le maximum de nourriture. Alors que la malnutrition recule, cette sorte d’assurance survie glissée dans l’ADN se retourne contre son porteur en le condamnant à l’extrême contraire.

Des mères souffrant de faim donnant la vie à une prochaine génération de gros. Toute l’absurdité de notre monde est là… Toute l’absurdité et la douleur de l’Afrique aussi !

Bien évidemment, de Paris à Bruxelles, de Londres à Prague, de Berlin à Amsterdam, de Rome à Lausanne, de Madrid à Sofia, la pandémie est aussi solidement installée en Europe. En France, la dernière enquête Obepi confirme qu’en 2006 l’obésité continue de progresser. Et que, désormais, au-delà des enfants et adolescents, c’est l’ensemble des générations qui sont atteintes. Une situation soulignée par Marie-Aline Charles : « C’est saisissant. Chaque génération a une prévalence supérieure à la précédente. Et ce, quelle que soit la génération. À chaque fois cela progresse : si on observe les générations nées en 1920, 1930, 1940, il y a déjà cette progression. Il faut absolument infléchir la trajectoire, car autrement on va arriver au taux de 30 % que connaissent les États- Unis3 ».

Désormais, donc, 5,9 millions de citoyens français sont obèses. Afin de saisir l’aspect foudroyant de la pandémie, il faut retenir une donnée cruciale : voilà à peine neuf ans, on en comptait 2,9 millions de moins. Oui, au rythme de plus de 320 000 par an, le nombre d’obèses dans l’Hexagone a quasiment doublé entre 1997 et 2006 !

En Italie, 8 % de la population est atteinte. En Allemagne, la proportion passe à 12 %. La Grande-Bretagne, quant à elle, se dispute la première place avec la Bulgarie. Le quart des habitants de ces deux États est désormais obèse. Si l’on ajoute les personnes en surpoids, on glisse vers une situation à l’américaine où celles proches de ce qu’on appelle leur « poids de forme » ne forment désormais plus qu’une minorité.

Asie, Pacifique, Afrique, Europe, il reste à jeter un œil sur l’Amérique. Pas celle où est née l’épidémie, mais le continent américain. Et ce en commençant par le sud. Où il n’y a pas de miracle. L’ensemble du territoire sud- américain est touché. Le Brésil, par exemple, a vu la proportion d’habitants obèses ou en surpoids augmenter de 31 % en dix ans. Une vague touchant aussi bien les beaux quartiers de Rio que les favelas de Sâo Paulo. Dans la même période, la Colombie a enregistré une progression de 43 %. Un quart des enfants péruviens, chiliens et mexicains sont eux aussi victimes du mal.

Nettement plus au nord, du côté du Canada, les statistiques se révèlent encore plus impressionnantes. D’après une enquête de 2004 sur la santé dans les collectivités canadiennes, 23 % de la population est obèse. Plus précisément encore, l’étude Différences régionales en matière d’obésité démontre que cette catégorie regroupe presque un tiers des Canadiens vivant en milieu rural, contre 20 % des résidents de grandes villes.

En Amérique du Nord, la pandémie n’épargne personne… n’oubliant pas, au passage, de « contaminer» jusqu’aux Eskimos d’Alaska.

De l’Australie au Danemark en passant par la France, ces experts disent tous la même chose : notre société est malade. Et si rien ne se fait, elle subira le sort vécu par les générations confrontées aux précédentes pandémies.

Il ne s’agit pas d’être alarmiste mais simplement réaliste. En 2006, l’Organisation mondiale pour la santé affirme que la planète compte plus d’habitants souffrant de surpoids que de malnutrition. Que si les victimes de la faim sont toujours plus de 800 millions, celles de la malbouffe dépassent le milliard. Et que dans ce chiffre record, 300 millions sont obèses.

Ce paradoxe en appelle un autre, bien plus effrayant s’il en est. Si choquant même qu’à lui seul il a justifié ce travail d’enquête et l’écriture de ce livre. En vingt ans, la pandémie d’obésité ne s’est pas satisfaite de son expansion statistique, plaçant la surnutrition au sommet des problèmes mondiaux. Ou, pour reprendre une expression du ministre français de la Santé Xavier Bertrand lors de ses vœux à la presse, ne s’est pas contentée de son statut de « défi majeur de la santé du XXIe siècle1 ». Elle a aussi – et c’est ce qui se produit aux États-Unis – remis en doute la marche en avant de l’évolution humaine.

De fait, si l’ensemble de ces données chiffrées, peut- être difficiles à digérer, n’a pas fini de vous convaincre de l’urgence des mesures liées à l’étendue du mal, l’information supplémentaire que voici devrait y parvenir. En effet, pour la première fois, malgré les progrès de la science et de la médecine, l’espérance de vie des enfants américains est plus courte que celle de leurs parents ! Et c’est bel et bien l’obésité qui s’avère responsable de cette régression unique dans l’histoire moderne.

Doit-on, en France, se dire que cette dérive ne nous concerne pas ? Évidemment non. Car on le sait, en 2020, l’Hexagone mais aussi l’Allemagne, la Belgique, les Pays- Bas, le Sénégal, l’Inde, la Chine, la Russie l’Australie… ressembleront aux États-Unis. Et seront des nations majoritairement obèses, dont les populations verront à leur tour leur espérance de vie cesser de croître avant de commencer à diminuer.

La crise mondiale d’obésité, venant rejoindre les tristes rangs formés par la peste noire, la grippe espagnole et le sida, est bel et bien une pandémie.

Mais avant de tenter de trouver les moyens de l’enrayer, il semblait essentiel de remonter aux origines de ce foyer épidémique pour découvrir les raisons du mal. Cela tombait bien, voilà quelques années que je vivais en son cœur.

(la suite …… demain).

Les impatients peuvent se procurer le livre et le « dévorer » avant.

 

 

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