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Extrait de Toxic, le livre écrit par William REYMOND et que je vous conseille de lire :

« Il n’y a aucun État au monde où l’obésité n’est pas en augmentation. Jusqu’aux pays en voie de développe-ment comme le Zimbabwe ou la Gambie que nous pen-sions pourtant immunisés. L’épidémie se propage à toute allure. Et, le plus effrayant, c’est que, jusqu’à présent, personne n’a réussi à la stopper. »

Le docteur Stephan Roessner n’est pas une Cassandre soucieuse de vendre quelques exemplaires de plus d’un livre de régime. Ce médecin suédois est le président de l’Association internationale pour l’étude de l’obésité. Et en dix ans, avec ses collègues, il a observé une tendance… lourde : l’accroissement de l’obésité et des pathologies liées à une mauvaise nutrition. Tous les experts sont d’accord ou presque : nous sommes désormais face à un véritable fléau.

Depuis 1998, sans que l’on saisisse totalement la portée de l’information, l’obésité est considérée officiellement comme une épidémie1.

Il ne s’agit donc plus de kilos en trop, de plis disgracieux, de difficultés à s’habiller et à se mouvoir mais bel et bien de risques mettant en péril l’existence d’une partie croissante de la population.

Berit Heitmann n’est pas une adepte de la langue de bois. Conseillère du gouvernement du Danemark sur les questions de médecine et de nutrition, elle vient de passer deux ans à étudier les effets de l’obésité sur les femmes. Et ses conclusions, preuves à l’appui, se révèlent implacables : « Être une femme et obèse est la pire chose qui soit. La discrimination commence dès l’enfance. Les études sur la petite enfance démontrent ainsi que les filles obèses sont rejetées par leurs camarades de jeux dès l’âge de trois ans ».

En présentant ses constatations, elle a démontré que le phénomène se reproduit dans le cadre familial et médical, et même enseignant. Une nouvelle forme d’inégalité sexuelle, où la fillette obèse est plus ostracisée que son équivalent mâle, est apparue. Mettant en avant le cas danois, Berit Heitmann débusque ainsi cette disparité jusque dans la distribution des bourses scolaires : les étudiantes obèses sont moins aidées que les autres.

Bien évidemment, cette forme de rejet prend toute son ampleur à l’âge adulte : « L’apparence et la taille semblent liées à la possibilité de conserver ou pas emploi et salaire. Le bilan est donc terrifiant : les femmes obèses sont privées d’amis, de relations intimes, de liens sociaux, d’éducation, de salaires et de respect ».

Impossible, en découvrant ces propos, de ne pas repenser à « ma » promeneuse parisienne. À son regard, mélange de peur, de honte et d’agressivité, lorsque je m’étais décidé à lui parler. Impossible d’oublier sa surprise. Et le fait que l’obésité féminine est devenue une nouvelle tendance en France. Ainsi, d’après Marie-Aline Charles, épidémiologiste en charge de l’enquête Obepi 2006*, alors que « l’on constatait une égalité presque parfaite » entre les deux sexes dans leur précédent rapport, « pour la première fois, la prévalence est plus importante chez les femmes. Cela est encore plus sensible chez les jeunes femmes de moins de quarante-cinq ans. […] Aujourd’hui, les filles de vingt-cinq ans ont le même tour de taille que leurs mères ».

Berit Heitmann ajoutait en effet : « À masse corporelle égale, la femme est bien plus exposée à la maladie que l’homme. À titre d’exemple, le risque pour un homme de développer un diabète de type 2 est moitié moindre que pour une femme obèse ». Une règle angoissante que l’on peut également appliquer aux cas d’hypertension et de maladies cardio-vasculaires.

Autre effet secondaire et dramatique souligné durant la conférence de Sydney, les difficultés à tomber enceinte et les multiples risques encourus en tentant de mener une grossesse à terme.

Comme pour illustrer les propos de la conseillère danoise, le 30 août 2005, The British Fertility Society (BFS), association britannique regroupant les professionnels de la fertilité, publiait une série de recommandations alarmantes à ses membres : « Les femmes rentrant dans la catégorie « obésité sévère » ne devraient pas être autorisées à accéder à un programme de traitement de l’infertilité, professait l’organisme. Celles souffrant de malnutrition et celles classées seulement comme obèses devraient être forcées de traiter leur problème de poids avant d’envisager un tel traitement ».

Il ne faudrait pas croire que ces propos constituent de simples vœux pieux dictés par la volonté de réveiller les consciences ou d’alerter les spécialistes. Non, on n’en est plus là. Richard Kennedy, l’un des dirigeants de la BFS, l’a confirmé à la BBC : les recommandations de son association sont déjà en vigueur. Et d’assener : « Les femmes obèses ont moins de chances d’être enceintes et plus d’être exposées à des problèmes de santé. Il nous apparaît plus sensé de traiter d’abord l’obésité avant de chercher un traitement à l’infertilité. Nous ne souhaitons pas une interdiction totale, mais il faut admettre le problème.

En tout cas le NHS, équivalent de la Sécurité sociale française, refuse en effet depuis 2005, et cela sans aucune publicité, de prendre financièrement en charge une partie du traitement contre l’infertilité lorsque la demande est effectuée par une femme atteinte de grave surpoids.

Or, on le comprend, même si les arguments de la BFS sont justifiés – les risques de développer de l’hypertension et du diabète gestationnel sont importants -, une telle décision pose tout une série d’interrogations morales. Est-il légitime, normal, de sanctionner ainsi des personnes déjà fragilisées ? Pourquoi le droit à une aide médicale pour avoir un enfant se voit-il interdit à une femme obèse alors que, d’après le même document, il est offert aux familles reconstituées n’ayant pas d’enfant ensemble, aux couples homosexuels et aux femmes jusqu’à quarante ans ? Plus troublant encore si l’on néglige les facteurs sociaux pour se cantonner aux risques médicaux encourus par l’enfant et la future mère, est-il logique d’exclure les obèses alors que les « fumeuses », y compris celles considérées comme utilisatrices très importantes, bénéficient de cette assistance ? Dans ce cas précis, l’excuse de la responsabilité médicale ne peut même plus être mise en avant, démontrant que la « grosse » est devenue une citoyenne mise à l’écart.

 

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