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malnutrition

Pour réduire le problème croissant de l’obésité dans les pays d’Amérique latine, un retour à une nourriture traditionnelle basée sur des produits locaux comme le quinoa ou le maïs devient un enjeu essentiel dans la lutte contre la malnutrition et le surpoids.

L’obésité est devenu un problème majeur au Mexique. Le pays est le deuxième plus « gros » pays du monde après les États-Unis.

L’obésité, un problème de poids

« Le problème le plus difficile à résoudre, c’est le poids », déclare Gabriela Aro, qui dirige un programme scolaire révolutionnaire de repas basés sur des ingrédients traditionnels locaux dans la capitale bolivienne, La Paz. Le programme cible les problèmes nutritionnels chez les 153 000 jeunes défavorisés dans les 411 écoles et jardins d’enfants publics, dans l’un des pays les plus pauvres de l’hémisphère sud.

Mais, à côté des problèmes de santé établis de longue date comme la malnutrition et l’anémie, une nouvelle menace émerge : l’obésité. Bien qu’il y ait un manque de données fiables, la plupart des experts s’accordent à dire que les Latino-Américains ont, en moyenne, pris rapidement du poids.

Avec un coût annuel de 148 millions de bolivianos (soit 21 millions de dollars), le « programme La Paz » a eu un impact majeur sur certains problèmes de santé touchant les plus jeunes depuis son lancement en 2000.

Fast-food vs. nourriture traditionnelle

La malnutrition est tombée de 10,2 % à 5,9 % à partir du moment où des repas gratuits étaient servis. Pendant ce temps, l’anémie a chuté de 37 % à seulement 2 %. Cependant, la proportion d’enfants en surpoids a bondi de 17 à 25 %. « Le programme a de bons résultats, mais l’obésité est l’obstacle premier », explique Gabriela Aro à GlobalPost. « Et elle ne cesse d’augmenter. La consommation de fast-food, alimentation pleine de calories, continue à croître, et les enfants adorent ça. C’est très difficile à combattre ».

Avec le programme, les plus jeunes obtiennent un repas gratuit par jour, incluant des barres de céréales, du muesli ou du pain fabriqués à partir de graines complètes en provenance des Andes, comme l’amarante, le quinoa ou le cañihua. Ceux-ci sont complétés avec du lait, du yaourt et un fruit. Chargés de protéines, de fibres et d’une longue liste de vitamines, ces céréales combattent un problème nutritionnel grave, et aident à rassasier les enfants, avant qu’ils n’aient la « chance » de se jeter sur les stands de junk food qui se pressent à la sortie des écoles.

Les familles boliviennes abandonnent les produits locaux pour des aliments plus « modernes »

Pourtant, bien que ces produits de base traditionnels provenant des Andes occupent les premiers rayons des magasins alimentaires dans le monde développé, en Bolivie, l’urbanisation et la croissance économique poussent de plus en plus de familles à laisser derrière elles ces produits, et à adopter des régimes alimentaires « modernes », pleins de graisses saturées, de sucre et de sel. Ainsi, un nombre croissant d’enfants deviennent simultanément en surpoids et mal nourris.

« Nous adoptons une approche holistique, prenant en compte les trois questions [la malnutrition, l’anémie et l’obésité] dans le cadre d’un même problème », ajoute Gabriela Aro. « Nous voulons nous assurer que les enfants ont assez à manger, mais aussi qu’ils apprennent à faire leurs propres choix alimentaires sains. »

Néanmoins, les Boliviens peuvent se réjouir du fait que l’épidémie d’obésité est en réalité beaucoup plus forte dans d’autres parties du continent. Et parmi les pays plus touchés : l’Argentine, le Chili, les pays d’Amérique centrale et le Mexique.

L’Amérique latine subit une « transition nutritionnelle », accentuée par les importations d’aliments gras

À côté des avantages du développement économique et du libre-échange, se sont développés quelques-uns des maux de l’Occident. Il s’agit notamment de modes de vie plus sédentaires, ainsi que ce que les experts appellent la « transition nutritionnelle » : de plus en plus de gens sont exposés à des produits alimentaires transformés, peu chers, pauvres en éléments nutritifs, et riches en calories.

Selon une étude récente, alors que les tarifs d’importations ont chuté entre 1990 et 2005 en Amérique centrale, les exportations américaines de fromage transformé dans la région ont augmenté de plus de 3 000 %, tandis que les frites ont fini par occuper près d’un quart de toutes les importations de fruits et légumes.

Et utilisant un classique euphémisme académique, les chercheurs concluent : « Bien qu’il existe des arguments pour et contre la libéralisation du commerce, il est essentiel de tenir compte de ses effets sur les pauvres ».

« Nous devons changer la culture de la nourriture, qui est vraiment influencée par les grosses multinationales, et revenir à la nourriture mexicaine traditionnelle ». (Guillermo Melendez)

Le Mexique, deuxième pays le plus « gros » après les États-Unis

La mondialisation peut aussi aider à expliquer pourquoi, près de deux décennies après que l’Accord de libre-échange nord-américain [ALENA] est entré en vigueur, le Mexique est passé du statut de pays où l’obésité était pratiquement inconnue au deuxième pays le plus « gros », après les États-Unis.

Il est stupéfiant de voir que 69 % des hommes et 73 % des femmes sont en surpoids au Mexique, selon Guillermo Melendez, un médecin expert de la nutrition à la Fondation pour la santé du Mexique, un groupe à but non lucratif dans la ville de Mexico. Et le problème touche de plus en plus de très jeunes Mexicains. En 1999, 27% des enfants Mexicains étaient en surpoids ou obèses. Ils sont maintenant 31%.

Comme leurs revenus ont augmenté, les Mexicains se sont de plus en plus éloignés d’une nourriture traditionnelle à base de maïs, de haricots, de tomates et de piments, accompagnés de quelques œufs et de fromage, pour manger des quantités malsaines de viande frite.

« Nous devons changer la culture de la nourriture, qui est vraiment influencée par les grosses multinationales, et revenir à la nourriture mexicaine traditionnelle », explique Guillermo Melendez à GlobalPost. Le gouvernement passe maintenant à l’action, après avoir dressé une stratégie de prévention de l’obésité en 2010, avec quelques-unes des plus grosses compagnies alimentaires. Le plan inclut la suppression des sodas ainsi que des encas gras et sucrés dans les écoles.

L’exercice physique est un deuxième point essentiel dans la lutte contre l’obésité

Pendant ce temps, selon Guillermo Melendez, 97% des enfants mexicains ne font aucun sport à l’école. « Les enfants ont arrêté de jouer au foot dans les rues », ajoute-t-il. « Maintenant, ils n’en ont que pour la télévision et les jeux vidéo. Cela aussi doit changer ».

Alors que d’autres pays d’Amérique latine suivent le Mexique dans sa courbe montante d’obésité, le gros point d’interrogation maintenant est de savoir si les gouvernements décideront aussi qu’une intervention dans le marché alimentaire est nécessaire pour freiner la crise de la santé publique qui ne cesse de grossir.

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Comment la proportion d’enfants d’âge préscolaire touchés par l’obésité a-t-elle pu passer de 2,5 % dans les années 1980 à près de 10 % aujourd’hui ? Les spécialistes signalent le caractère multifactoriel du phénomène et insistent sur l’importance du travail de prévention post-natal.

« En Argentine, nous avions entre 2,5 et 3 % d’enfants préscolaires obèses dans les années 80 et nous sommes passés à 10 % aujourd’hui. Nous occupons la première place dans la région », se désole Esteban Carmuega, du Centre d’études sur la nutrition infantile (CESNI).

Ces mauvais résultats placent le pays loin devant le reste du continent, puisque la moyenne pour l’Amérique latine est estimée à 6,8 %.

Toutefois, les voisins immédiats de l’Argentine ne font guère mieux, l’Uruguay et le Chili signalant des taux à peine inférieurs.

« C’est difficile de trouver une explication. Je ne crois pas qu’il y ait un seul coupable, mais plutôt une convergence de facteurs », estime le médecin.

Miriam Tonietti, secrétaire du Comité de nutrition de la Société argentine de pédiatrie, constate une augmentation importante de maladies liées à l’obésité chez les plus jeunes, comme l’hypertension artérielle, l’altération des lipides sanguins ou les changements de métabolisme du glucose.

« Avant, on ne voyait pas ce genre de symptômes à cet âge-là », affirme la pédiatre. Selon elle, au-delà des prédispositions au diabète ou à certaines maladies cardiovasculaires, l’obésité peut également avoir de graves conséquences aux niveaux traumatologique et psychologique.

L’arrivée à la ville bouleverse les habitudes alimentaires

En Amérique latine, la « transition nutritionnelle » qui accompagne l’exode rural explique en partie la prévalence de l’obésité chez les plus pauvres, qui partent chercher du travail dans les villes.

« Les gens sont déracinés, ils perdent leur culture, leurs habitudes nutritionnelles, et se tournent vers des aliments riches en graisse et en sucre », explique Miriam Tonietti.

De plus, le prix parfois prohibitif des aliments sains, riches en éléments nutritifs, représente souvent un obstacle pour les classes défavorisées.

Les spécialistes rappellent également que l’obésité n’est pas le « contraire » de la malnutrition, mais une autre facette d’un même déséquilibre, et que les deux phénomènes auront des séquelles importantes sur le développement de l’enfant.

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