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gestion des déchets du bétail

Extrait de Toxic :

« Cette odeur avait un nom. Dans le jargon de l’élevage industriel, on appelle cela des « lagons ». Une référence paradisiaque pour le moins ironique puisque les responsables du fumet pestilentiel planant sur Clinton étaient d’immenses étangs débordant de merde.

La pollution qui tue lentement les côtes de la Louisiane ne provient pas seulement de l’engrais utilisé pour accroître la production de maïs. Elle tient aussi au refus de gérer les déchets produits par les millions de têtes de bétail. Pour en mesurer l’ampleur, il faut savoir qu’une vache produit 30 kg d’excréments par jour. Quand leur nombre approche celui de la population française, on imagine l’enjeu que cela représente. Quant à la volaille, elle donne 6 milliards de tonnes de déjections par an. Le pire, ce sont les porcs, concentrés par dizaines de milliers dans des « fermes » semblables à celles situées à proximité de Clinton. Chaque jour, un cochon produit trois fois plus de déchets qu’un être humain. Si cette caractéristique restait gérable à l’époque des exploitations familiales, elle ne l’est plus lorsque certaines « usines » regroupent jusqu’à 500 000 bêtes.

Le sort de ces excréments ne fascine pourtant pas grand monde. Rien de ce qui se passe derrière ces enclos modernes n’intéresse d’ailleurs l’opinion publique. Or, nous sommes tous concernés. Pas seulement parce que ces déchets organiques en surnombre détruisent notre environnement ou changent radicalement notre rapport au monde animal, mais parce que, en bout de course, la viande sur pied qui les produit est responsable de l’obésité, avec son lot d’ennuis cardio-vasculaires, de résistance aux antibiotiques et de cancers.

Si personne ou presque ne cherche à effectuer ce voyage en terres d’élevage industriel, c’est parce que l’ignorance constitue pour beaucoup la meilleure garante de notre tranquillité et de notre confort. Avant de savoir, je plantais moi- même ma fourchette dans un steak avec insouciance. Mais plus maintenant. Et je ne le regrette en rien. Le périple des côtes de la Louisiane aux plaines de l’Oklahoma m’a permis de comprendre l’enjeu de mes choix. Nous vivons dans un monde où nous consacrons plus de temps et d’énergie à sélectionner le bon iPod, le meilleur téléphone portable et le dernier pantalon à la mode qu’à choisir intelligemment nos aliments. C’est une erreur. Manger représente une étape essentielle, cruciale. Et si en trente ans, nous nous sommes débarrassés de cette responsabilité, nous avions tort. Car, en la confiant à des multinationales – dont le seul intérêt est le profit -, nous avons abandonné une part de nous-mêmes. Et ce qui se passe derrière les murs des fermes industrielles est le terrible miroir de notre échec.

Pour l’exemple, dans lUtah une « ferme industrielle » du groupe Smithfield Foods « produit chaque année plus de matières fécales que le 1,5 million d’habitants de Manhattan ».

La suite …. demain.

 

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