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amaigrissement après chirurgie bariatrique

Marie-Ange Brélaz se confie sur le long et difficile combat qu’elle a mené contre l’obésité. A 48 ans, elle assure être enfin réconciliée avec ce corps qui l’a tant fait souffrir.

«Je peux enfin m’affirmer sans ma carapace»

«Je me sens épanouie, bien dans ma peau. Je peux enfin m’affirmer sans ma carapace. Même si l’opération a failli m’amener au cimetière, elle a changé ma vie.» Extravertie ascendant excentrique, Marie-Ange Brélaz, rouge à lèvres pétant et bonne humeur en sautoir, n’a pas toujours respiré la même joie de vivre. Dans une autre vie, comme elle dit, l’épouse de Daniel, syndic de Lausanne, a longtemps souffert de son statut d’obèse, engoncée dans un corps frôlant les 140 kilos dont elle se sentait prisonnière. Vingt-cinq ans pour être précis, à chanceler entre espoir, promesse et désillusion. Un quart de siècle de doutes et de souffrances qui ont laissé des cicatrices au plus profond de son âme. Le regard des gens, les commentaires spontanés des enfants, les insultes des adultes, la conseillère communale des verts lausannois n’a rien oublié des épreuves que cette encombrante silhouette lui a fait endurer. «Pour beaucoup, être obèse ou alcoolique, c’est la même chose. Les gens ne perçoivent pas ces états comme une maladie, mais comme un vice.»

Des regards accusateurs, des remarques blessantes ou des réflexions agressives, Marie-Ange Brélaz en a vu et entendu tous les jours jusqu’à l’opération, en 2007. «Au magasin, les gens scrutaient le contenu de mon caddie, au restaurant, ils écoutaient ma commande. Ou lorsque je mangeais, quelqu’un disait suffisamment fort pour que je l’entende: «Tu as vu, grosse comme elle est, elle mange encore!»

«DANS MORBIDE, IL Y A MORT»

Aux sarcasmes et autres avanies, la Gruérienne d’origine ajoute les mille et une frustrations d’un quotidien sans saveur. Des choses simples, qu’un individu en bonne santé fait sans réfléchir mais devenues impossibles aux personnes corpulentes. «Comme croiser les jambes, s’asseoir sur une chaise sans craindre de repartir avec ou acheter des bijoux fantaisie, tous trop petits. Et je passe sur l’habillement, le sport et la peur permanente d’importuner avec une odeur de transpiration.»

Adolescente, Marie-Ange ne connaissait pourtant pas de problème de surpoids. Comme elle vient de le confier publiquement au Matin Dimanche, c’est un viol subi à l’âge de 17 ans qui a tout déclenché. «Mon inconscient me disait: «Si tu deviens grosse, voire obèse, tu seras moins désirable.» Au cours de toutes ces années, j’ai cru bêtement que les kilos me protégeaient.» Le cancer puis la mort d’un père auquel elle était très attachée alors qu’elle n’avait que 21 ans n’ont rien arrangé. Dix ans plus tard, le désir inassouvi d’une seconde maternité pousse plus loin encore ce cycle infernal. «A la suite de nombreuses injections d’hormones, j’ai pris 30 kilos.»

Déprimée, elle n’a plus la volonté de s’astreindre à un régime. Jusqu’au jour où le diagnostic s’abat comme un coup de marteau sur sa tête: obésité morbide. «Dans morbide, il y a mort. J’étais paniquée, terrorisée. Le mot tournait en boucle dans ma tête. C’est ce qui a provoqué le déclic.»

UNE REVANCHE SUR L’ADVERSITÉ

Après des mois de réflexion et de préparation, Marie-Ange se fait poser un by-pass. Malgré des douleurs et des problèmes postopératoires persistants, le résultat est au rendez-vous. En treize mois, elle fond de 60 kilos. Enthousiaste, elle vit cette expérience comme une revanche sur l’adversité. Mais la partie n’est pas gagnée pour autant. A bout de forces, rongée par la douleur, elle est hospitalisée d’urgence le 1er août 2008, pour une occlusion intestinale. «Quelques heures de plus et j’y passais», selon les médecins. Plus tard, elle subira encore une chirurgie réparatrice, histoire d’éliminer un surplus de peau qui déforme sa poitrine. Une addition d’épreuves qui ne la ferait pas changer d’avis sur le bien-fondé de l’opération. «L’obésité entraîne trop de souffrances physiques et morales.»

Aujourd’hui, la maman d’Alexandre, le fils unique du couple, a repris une dizaine de kilos. «Je navigue autour des 90. La préménopause me joue des tours. Ça aussi, c’est un sujet tabou», estime-t-elle. Un autre sujet, un autre combat peut-être pour cette féministe assumée…

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«La graisse ne fond pas par magie»

Jean Rouiller est sous le choc. Jusqu’à ce qu’il les ressorte de son album, il n’avait plus revu les photos prises de lui avant son opération, en mai 2007. «Je me demande comment j’ai fait pour vivre dans cet état», s’interroge ce cadre de la Poste, penché sur les images. Jean, un solide jeune homme de 1 m 81, n’a que 23 ans lorsqu’il entre à l’hôpital pour un by-pass. Il pèse 170 kilos, ce qui lui confère un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 45. Une obésité morbide dont les prémices remontent à l’enfance. A 4 ans, Jean est déjà un gamin dodu; à 15 ans, il franchit la barre des 100 kilos. Rien n’y fait. D’un régime à l’autre, il reprend plus de poids qu’il n’en a perdu. «Je n’étais jamais rassasié. Je ne ressentais plus d’effet de satiété. J’ai fini par baisser les bras.» Même si le regard des gens ne l’affecte pas plus que ça et que son intégration sociale se passe sans trop de heurts, son quotidien devient un enfer. Son métier de facteur l’épuise, les filles ne lui prêtent guère d’attention et ses loisirs sont réduits au strict minimum. Pas de sport, pas de voyage – «J’aurais dû payer deux places dans les avions» –, pas de cinéma, à cause de la dimension des sièges. Surtout, on lui décèle un prédiabète et de l’hypertension artérielle qui l’expose à court terme à des problèmes cérébraux ou cardiovasculaires.

«JE SUIS NÉ LE 23 MAI 2007»

Pour lui, le by-pass s’impose comme une nécessité vitale. Il s’y prépare avec tout le sérieux que réclame cette intervention, sur le plan psychologique notamment. «Soyons clair: le by-pass n’est pas une baguette magique qui fait fondre vos kilos comme par enchantement mais juste un outil de travail au service de la personne qui a le choix de l’utiliser à bon escient ou pas, selon sa volonté.» Malgré les problèmes nutritionnels qu’il connaît (difficulté à gérer la quantité d’aliments, vomissements, etc.), Jean s’accroche et perd 10 kilos par mois. En septembre, il monte pour la première fois sur un vélo de course, son rêve de gosse; en mars 2008, il tombe à 70 kilos. «Je ne mangeais plus rien. J’étais hanté par la peur de reprendre du poids. Après avoir bu un verre d’eau, je montais sur la balance. Je suis passé à deux doigts de l’hospitalisation.»

Quatre ans après avoir subi une chirurgie réparatrice pour le ventre et la poitrine qui l’a beaucoup fait souffrir, Jean Rouiller dit s’éclater dans son job de responsable d’un office postal, dans ses loisirs (3000 kilomètres de vélo par année) et dans sa vie en général. «Sur mon acte de naissance figure la date du 14 novembre 1984. Mais, en réalité, c’est le 23 mai 2007 que je suis né…»

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