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Extrait de Toxic, le livre de William Reymond :

« L’histoire se répétait. Car cent ans avant Earl Butz, l’Amérique croulait déjà sous le maïs. En 1875 et 1876, des conditions météorologiques très favorables avaient donné des récoltes extraordinaires. Le prix du boisseau s’était effondré et les fermiers avaient dû trouver un moyen de gagner de l’argent et de se débarrasser des stocks. La solution ? Un breuvage nouveau. Si les Américains ne pouvaient manger plus de maïs, il suffisait de leur en faire boire.

Le whisky de maïs contenait 80 % de céréales diluées dans de l’alcool. Un produit facile à fabriquer en contrebande. Son prix permettait de dégager un profit conséquent et ses effets se révélaient pour le moins… assommants. Le succès fut immédiat, et toucha rapidement l’ensemble du pays. La « République des alcooliques » venait de naître. Évidemment, cette liqueur bon marché fit des ravages, mais globalement les autorités laissèrent faire, ne souhaitant pas susciter de révoltes des fermiers en fermant la seule porte de sortie possible. Il fallut donc attendre la seconde moitié de la décennie 1880, et la pression des ligues de tempérance, pour que la contrebande ralentisse. Ironiquement – et nous en mesurerons pleinement la cocasserie plus tard – c’est cette révolte contre l’alcool qui incita John Pemberton à transformer son vin de cola en Coca-Cola.

Moins d’un siècle plus tard, l’idée était similaire. Si l’Américain ne pouvait ingurgiter les stocks liés à la politique d’Earl Butz, on allait les lui faire boire. Pas en mettant au point une cuvée Nixon du whisky de maïs, bien sûr, mais en rendant populaire une invention née dans les laboratoires d’une compagnie céréalière de l’Iowa.

Depuis le milieu des années 1950, les chimistes de la Clinton Corn Processing Company (CCPC) travaillaient sur un concept censé leur ouvrir de nouveaux débouchés. Ils souhaitaient réussir une hydrolyse de l’amidon du maïs pour obtenir du sirop de glucose. En cas de succès, à terme, les céréaliers seraient alors en mesure de concurrencer les importateurs de sucre, dont la consommation et le prix n’avaient cessé de grimper depuis la fin de la guerre. L’Amérique importait en effet l’essentiel de la production de canne à sucre et dépendait de la stabilité politique d’autres nations. Une incertitude dangereuse. De fait, la situation de Cuba, où les troupes de Fidel Castro affrontaient celles de Batista depuis décembre 1956, inquiétait les spécialistes.

Au même moment, dans l’Iowa, les chercheurs de la CCPC avaient donc découvert une enzyme permettant d’hydrolyser le glucose en fructose. Leur solution, qui contenait 42 % de fructose, possédait un pouvoir sucrant égal à celui du saccharose. Le HFCS1 42 présentait deux autres avantages : il était technologiquement plus intéressant que le sucre grâce à sa conservation plus longue et à son aptitude aux mélanges supérieure, mais surtout il était moins cher à produire.

A contrario, il pâtissait d’un défaut majeur : l’enzyme isolée par les scientifiques de la CCPC nécessitait pour son emploi le recours à un produit toxique, l’arséniate, qui rendait la mouture finale dangereuse à consommer.

Le HFCS, à la grande déception des céréaliers, fut donc un produit mort-né. Nous étions en 1957. Dix ans plus tard, le salut vint du Japon. Un laboratoire, qui avait repris les travaux de la CCPC, parvint en effet à isoler une autre enzyme autorisant, sans danger cette fois, l’hydrolysation du glucose en fructose : il n’était plus nécessaire d’utiliser un cofacteur toxique. De 1967 à 1971, le HFCS fut développé et testé avec succès. Il restait à le lancer sur le marché américain. La Clinton Corn Processing Company, propriétaire du premier brevet, représentait évidemment le partenaire idéal. D’autant qu’en cette fin d’année 1973, grâce à Earl Butz, la compagnie de l’Iowa gérait des milliers de silos regorgeant de grains de maïs ne coûtant pas grand-chose.

Les deux premières années d’exploitation du HFCS furent un franc succès. Comme avec l’alcool de maïs, le sirop permettait en effet aux céréaliers d’écouler leurs grains à un tarif supérieur au prix de la vente en l’état. La CCPC eut alors encore plus faim de dollars. Comment faire ? Une solution s’imposa : vendre les droits d’utilisation du brevet. Dès lors, de multiples accords furent signés.

Revers de la médaille, en 1976, on parvint à une surproduction de HFCS. La poule aux œufs d’or risquait d’étouffer. Mais un certain Dwayne Orville Andreas eut une idée qui allait changer fondamentalement la donne. »

la suite ….. demain. L’auteur nous fait découvrir en détail une intrigue réelle qui va déboucher sur …… (ça vous le découvrirez bientôt.)

 

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