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elevage industriel et antibiotiques

Les antibiotiques, ce n’est pas automatique, et pour les animaux d’élevage non plus. Pourtant, aux États-Unis, les exploitations industrielles continuent à délivrer de fortes doses de médicaments au bétail pour augmenter leur masse. Ce n’est pas sans conséquence, puisque les éleveurs sont maintenant confrontés à des bactéries antibiorésistantes…

Dans les élevages industriels, les éleveurs américains, mais aussi français, continuent à utiliser des antibiotiques pour faire grossir leurs animaux, malgré les recommandations. En conséquence, les bactéries s’adaptent et deviennent résistantes.

Des chercheurs américains ont découvert, dans le nez d’agriculteurs de Caroline du Nord, des bactéries résistantes aux antibiotiques. Une menace réelle puisque les infections qu’elles provoquent sont difficiles à traiter. Mais tous les travailleurs agricoles ne sont pas concernés. Seuls ceux attachés à une exploitation industrielle en particulier en sont porteurs.

La législation américaine ne limite pas l’emploi des antibiotiques dans l’élevage comme le fait l’Union européenne, qui interdit notamment depuis 2006 leur usage pour stimuler la croissance des animaux. C’est pourtant bien ce que pratiquent les exploitations agricoles de type industriel aux États-Unis, d’après les résultats d’une étude menée par des chercheurs de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health (Baltimore).

Des staphylocoques dorés antibiorésistants ont été prélevés chez les travailleurs de ces fermes à haut rendement. Dans celles-ci, le bétail est élevé dans des enclos confinés. À l’inverse, ces bactéries étaient absentes du nez des employés de fermes biologiques, dont les animaux étaient élevés dans les pâturages, sans antibiotiques, comme montré dans Plos One.

Le staphylocoque doré est l’une des bactéries résistantes les plus célèbres. Il est responsable de nombreux cas de maladies nosocomiales, contre lesquelles les traitements sont inopérants.

Des antibiotiques aussi utilisés dans les élevages européens

Les auteurs se disent inquiets quant à l’utilisation de ces molécules sur le bétail. Selon eux, « les bactéries résistantes pourraient à terme se retrouver dans les hôpitaux, et donc dans la population générale ». Les staphylocoques dorés peuvent être à l’origine d’infections plus ou moins graves. Certaines mettent la vie des malades en danger. Souvent traitées par antibiotiques, les bactéries résistantes sont par définition plus difficiles à évincer, puisqu’elles leur résistent.

Si l’UE a bien interdit l’utilisation des antibiotiques pour stimuler la croissance du bétail voilà six ans, certaines exploitations françaises continuent de les administrer en trop grande quantité. Et ce sans surveillance vétérinaire. Pour preuve, selon l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), en 2009, le volume total des ventes d’antibiotiques vétérinaires s’élevait à 1.067 tonnes. Plus de 92 % avaient été vendus à des élevages d’animaux entrant dans les filières viande, lait et œufs. Et le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques avait augmenté de 12,6 % entre 1999 et 2009.

 

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Extrait du livre Toxic, de William REYMOND :

« En 1986, les CDC (center of desease control) ont lancé une vaste série d’enquêtes consacrées aux accidents du travail. Depuis, chaque année, l’organisme dissèque des histoires spécifiques qui se sont soldées par des morts, tente de les comprendre et essaie d’imaginer des procédures pour éviter qu’elles se reproduisent. La lecture des chapitres consacrés à l’agriculture, et plus particulièrement du Fatality Assessment and Control Evaluation (Face) évoque un morbide inventaire à la Prévert. Une litanie de façons de mourir à faire rougir de honte n’importe quel tueur en série. Même américain. On y découvre des hommes coupés en deux, écrasés, décapités, perforés, broyés, aspirés, électrocutés, concassés, étranglés et brûlés. Et d’autres qui meurent le nez dans la merde, asphyxiés par l’odeur des lagons.

Le véritable problème de ces fosses à purin géantes, c’est que, paradoxalement, elles ne contiennent pas de purin mais un liquide visqueux, épais et rose, autrement plus toxique. Il contient notamment du monoxyde de carbone, du phosphore, du cyanure, du sulfure d’hydrogène, du méthane, de l’ammoniaque et des nitrates. Une combinaison mortelle de gaz et de poisons à laquelle il faut ajouter une centaine d’agents pathogènes microbiens tels la salmonelle. Un seul petit gramme de la substance des lagons peut contenir jusqu’à 100 millions de bactéries coliformes, ces « petites choses » qui, une fois introduites dans l’eau potable, se feront une joie de transmettre le choléra.

La matière fécale des porcs et des vaches n’a pas toujours été aussi dangereuse. Il y a quelques années, avant que l’alimentation ne s’industrialise, elle était même utilisée sous forme d’engrais. Ce changement a ses origines dans les étables. Sous les ventilateurs. La circulation de l’air est devenue une priorité de l’élevage industriel. Sans ventilation, branchée 24 heures sur 24, les animaux s’asphyxieraient sous leurs propres gaz. Et les effets de la chaleur. Non que l’Oklahoma soit une région particulièrement chaude, mais des dizaines de milliers de porcs regroupés dans un espace restreint font rapidement monter la température au- delà des 30 °Celsius. Or c’est cette promiscuité qui a rendu le porc, la volaille et la vache toxiques. Parce qu’elle entraîne la prolifération des parasites, microbes, champignons, allergies et autres pathologies. Pour protéger leur capital sur pattes, en plus des hormones de croissance, les éleveurs n’ont rien trouvé de mieux que d’asperger les animaux d’insecticides et de les shooter aux antibiotiques. Et, puisqu’on ignore ce que 100 000 porcs pourraient précisément développer comme maladies, on pratique la prévention à large spectre, en traitant tout.

Les lagons de l’Oklahoma, de la Caroline du Nord, de l’Utah, voire de la Pologne et de la Roumanie, sont loin de votre salon certes. Mais, en réalité, ils s’avèrent beaucoup plus proches de vous que vous ne le croyez.

En décembre 2006, le magazine américain Consumer Report publiait une enquête effarante sur la viande de poulet. Qui expliquait que 43 % des échantillons testés par l’association consumériste trois ans plus tôt étaient porteurs de salmonelle et/ou de Campylobacters. Lesquels, selon l’OMS, « sont une cause importante d’affections diarrhéiques chez l’être humain », l’organisme officiel ajoutant qu’« on considère en général qu’il s’agit de la source bactérienne de gastro-entérite la plus courante dans le monde ». Problème majeur, en 36 mois, le taux de poulets infectés est passé à… 83 %.

En plus du risque de tomber malade en avalant des volailles insuffisamment cuites, Consumer Report pointait un autre danger : « La plupart des bactéries que nous avons testées […] résistaient à un ou plusieurs antibiotiques […] Les résultats de l’étude suggèrent que certaines personnes rendues malades par la consommation de poulet pourront avoir besoin d’essayer plusieurs antibiotiques afin d’en trouver un qui fonctionne ». Les recherches montraient ainsi que 20 % des Campylobacters résistaient dorénavant au ciprofloxacin, cet antibiotique utilisé contre les infections bactériennes. À la fin de l’année 2001, ce médicament avait pourtant les honneurs de l’actualité puisqu’il permet de traiter les victimes d’attaques à l’anthrax.

Le recours massif et constant aux antibiotiques dans l’élevage industriel rend donc peu à peu la batterie de remèdes à notre disposition inefficaces contre les bactéries véhiculées par les animaux. Si, pour l’instant, les effets les plus visibles se limitent à une recrudescence de gastro-entérites compliquées à traiter, la perspective d’un scénario semblable à celui de la grippe aviaire est possible.

Et, une nouvelle fois, comme pour la pandémie d’obésité, il faut sortir des modes de pensées classiques pour se prémunir du pire. Si la recherche de nouveaux produits alimentaires est nécessaire, si l’isolement des batteries d’élevage constitue une obligation, aucune de ces mesures ne traite réellement la nature même du problème : notre appétit pour la viande bon marché.

C’est cette habitude seule qui justifie l’élevage industriel. Il faut donc sortir des discours hypocrites tels que celui, bien prudent, développé par l’OMS : « Dans presque tous les pays développés, l’incidence des infections humaines à Campylobacter a augmenté constamment pendant plusieurs années, sans que l’on connaisse la raison de ce phénomène ».

Cette raison est au contraire aisée à comprendre. Chaque année, quasiment 7,6 milliards de poulets américains passent leurs journées entassés les uns sur les autres sans bouger, avec pour unique activité celle de picorer ce qui se trouve à portée de leur bec mutilé. Or il n’est pas nécessaire de visiter une de ces « fermes modernes » pour comprendre ce qu’ils absorbent. Élevées les pattes dans la merde de leurs congénères, ces volailles avalent ni plus ni moins ce qui va devenir le mélange toxique des lagons.

La suite ……………demain

Dr BUENOS : l’auteur met l’accent sur un point paradoxal. D’un côté, les organismes de sécurité sociale font des campagnes coûteuses pour limiter chez l’homme l’usage des antibiotiques (« les antibiotiques, c’est pas automatique. ») pour éviter que n’apparaissent des germes résistants.

D’un autre côté, l’élevage industriel utilise les mêmes antibiotiques larga manu sans restriction, avec comme conséquence, l’émergence de souches résistantes…………….

 

 

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