traduction du site en :

Evénements

Mars  2024
Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
   
  1 2 3
4 5 6 7 8 9 10
11 12 13 14 15 16 17
18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31

bactéries multiresistantes

Les antibiotiques, ce n’est pas automatique, et pour les animaux d’élevage non plus. Pourtant, aux États-Unis, les exploitations industrielles continuent à délivrer de fortes doses de médicaments au bétail pour augmenter leur masse. Ce n’est pas sans conséquence, puisque les éleveurs sont maintenant confrontés à des bactéries antibiorésistantes…

Dans les élevages industriels, les éleveurs américains, mais aussi français, continuent à utiliser des antibiotiques pour faire grossir leurs animaux, malgré les recommandations. En conséquence, les bactéries s’adaptent et deviennent résistantes.

Des chercheurs américains ont découvert, dans le nez d’agriculteurs de Caroline du Nord, des bactéries résistantes aux antibiotiques. Une menace réelle puisque les infections qu’elles provoquent sont difficiles à traiter. Mais tous les travailleurs agricoles ne sont pas concernés. Seuls ceux attachés à une exploitation industrielle en particulier en sont porteurs.

La législation américaine ne limite pas l’emploi des antibiotiques dans l’élevage comme le fait l’Union européenne, qui interdit notamment depuis 2006 leur usage pour stimuler la croissance des animaux. C’est pourtant bien ce que pratiquent les exploitations agricoles de type industriel aux États-Unis, d’après les résultats d’une étude menée par des chercheurs de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health (Baltimore).

Des staphylocoques dorés antibiorésistants ont été prélevés chez les travailleurs de ces fermes à haut rendement. Dans celles-ci, le bétail est élevé dans des enclos confinés. À l’inverse, ces bactéries étaient absentes du nez des employés de fermes biologiques, dont les animaux étaient élevés dans les pâturages, sans antibiotiques, comme montré dans Plos One.

Le staphylocoque doré est l’une des bactéries résistantes les plus célèbres. Il est responsable de nombreux cas de maladies nosocomiales, contre lesquelles les traitements sont inopérants.

Des antibiotiques aussi utilisés dans les élevages européens

Les auteurs se disent inquiets quant à l’utilisation de ces molécules sur le bétail. Selon eux, « les bactéries résistantes pourraient à terme se retrouver dans les hôpitaux, et donc dans la population générale ». Les staphylocoques dorés peuvent être à l’origine d’infections plus ou moins graves. Certaines mettent la vie des malades en danger. Souvent traitées par antibiotiques, les bactéries résistantes sont par définition plus difficiles à évincer, puisqu’elles leur résistent.

Si l’UE a bien interdit l’utilisation des antibiotiques pour stimuler la croissance du bétail voilà six ans, certaines exploitations françaises continuent de les administrer en trop grande quantité. Et ce sans surveillance vétérinaire. Pour preuve, selon l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), en 2009, le volume total des ventes d’antibiotiques vétérinaires s’élevait à 1.067 tonnes. Plus de 92 % avaient été vendus à des élevages d’animaux entrant dans les filières viande, lait et œufs. Et le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques avait augmenté de 12,6 % entre 1999 et 2009.

 

Articles en rapport

 

Créé le 29-05-2013 à 17h21 –

Par Erwan Lecomte

Sciences & Avenir

Résistante à plusieurs classes d’antibiotiques, ce pathogène qui s’est fortement développé en Afrique et au Moyen-Orient déferle sur l’Asie et menace de s’implanter en Europe.

DÉCOUVERTE. « Je n’ai jamais vu une salmonelle résistante se diffuser aussi rapidement » nous a confié le docteur François-Xavier Weill, directeur d’une unité de recherches sur les bactéries intestinales pathogènes à l’Institut Pasteur. Pourtant, il y a 10 ans à peine, cette bactérie du genre Salmonella et d’un sous type baptisé « Kentucky » (car découverte dans les années 30 aux Etats-Unis) était plutôt tranquille.

« Jusqu’en 2002, on ne recensait que 20 à 30 cas de contamination par an avec des souches sensibles aux antibiotiques, mais maintenant c’est presque 200 cas avec dans 80% des cas des souches multirésistantes.

Cette bactérie qui vit dans les intestins de nombreuses espèces animales se transmet à l’homme lorsqu’il consomme la viande mal cuite d’animaux contaminés. Particulièrement à risque : la viande de bœuf, le poulet, le lait non pasteurisé et les œufs. Mais tous les aliments sont susceptibles d’être contaminés, y compris les légumes. En effet, il suffit de manipuler des aliments carnés sans précaution avant cuisson (qui détruit la bactérie) pour que la planche de travail ou les instruments de découpe puissent contaminer, dans un 2ème temps, des aliments destinés à être mangés crûs (comme certains légumes en salade). De même, en cas de mauvaise hygiène, les mains peuvent servir de vecteur si elles ont été mal lavées après un contact avec des aliments contaminés ou pire des selles de patients infectés.

Pour le malade, une contamination par la salmonelle se manifeste alors par une gastro-entérite carabinée accompagnée de poussées de fièvre. Un adulte en bonne santé guérit généralement sans traitement particulier en 72 heures environ. « En revanche, pour les enfants en bas âge, les personnes âgées ou immunodéprimées, le risque est plus important. En effet, la salmonelle peut quitter le système digestif et passer dans le sang, risquant alors de provoquer une septicémie (infection générale de l’organisme, ndlr) potentiellement mortelle » explique le médecin.

RÉSISTANCE. Dans ce cas, la seule solution pour sauver le patient réside dans l’administration d’antibiotiques pour combattre rapidement l’infection.

Mais voilà, en 2002, une souche de Salmonella Kentucky résistante aux antibiotiques a été repérée pour la première fois en Égypte. « Cette souche présentait pour la première fois des mutations dans plusieurs gènes aboutissant à une résistance à la ciprofloxacine (un antibiotique à spectre large très utilisé contre cette infection) » précise François-Xavier Weill.

C’est donc avec une attention accrue que François-Xavier Weill et Simon Le Hello, responsables du centre national de référence (CNR) des Escherichia coli, Shigella et Salmonella situé au sein de l’Unité des bactéries pathogènes entériques à l’Institut Pasteur à Paris ont scruté l’évolution de cette bactérie pathogène. Et ce qui était une simple mauvaise nouvelle a petit à petit tourné à l’inquiétant.

« Les antibiotiques utilisés dans les élevages ont favorisé l’apparition de la résistance » François-Xavier Weill, Institut Pasteur

SURVEILLANCE. Dans une étude publiée en début de semaine dans le magasine « The Lancet Infectious Diseases », les chercheurs relatent les déplacement de cette salmonelle. Après l’Égypte, Salmonella Kentucky a colonisé l’Afrique de l’Est jusqu’en 2005, puis s’est implantée en Afrique du Nord (au Maroc principalement), au Moyen Orient et en Afrique de l’Ouest. Et depuis 2010, elle poursuit son expansion à une vitesse fulgurante autour de la méditerranée. Elle atteint désormais l’Inde et l’Asie du sud-est.

« Mais le plus grave est qu’au cours de sa migration, la bactérie a acquis de nouveaux plasmides de résistance qui la rendent insensible aux effets des antibiotiques de dernière génération tels que les céphalosporines de troisième génération, et même certaines souches présentent des gènes de résistance aux carbapénèmes, les antibiotiques de dernier recours » s’alarme François-Xavier Weill

ÉLEVAGE INTENSIF. La raison à l’apparition de ces résistances ? François-Xavier Weill pointe du doigt l’utilisation systématique d’antibiotiques à faible dose dans les élevages de volaille dans les pays en voie de développement alors que cette pratique est maintenant interdite en Europe depuis plusieurs années. « Dans un élevage industriel, les animaux sont stressés et plus sensibles aux maladies. Or, on sait depuis longtemps que l’administration d’antibiotiques en petite quantité améliore la santé des animaux mais aussi les rend plus gros et donc sont vendus plus cher sur le marché. Les antibiotiques font alors office de promoteurs de croissance » explique le chercheur.

L’ennui est que, lorsqu’elles sont soumises à ces faibles doses d’antibiotiques durant de longues périodes de temps, les bactéries subissent une pression de sélection. Apparaissent alors très facilement des souches résistantes à tous ces antibiotiques, qui se mettent alors à proliférer.

Et de telles bactéries multi résistantes commencent à faire leur apparition dans la zone européenne. En 2010, des salmonelles résistantes à la ciprofloxacine ont été repérées en Allemagne et en Pologne dans des élevages de dindes, sur des produits à base de viande provenant de Turquie, détaille la publication.

MESURES. « Il faut donc prendre d’urgence des mesures pour dépister et éradiquer cette salmonelle avant qu’elle ne s’implante durablement, préconise le chercheur, car cela peut aller très vite. Le cas s’est déjà présenté avec Salmonella Typhimurium DT104. Cette salmonelle multirésistante (mais à des anciens antibiotiques) avait été repérée chez les bovins à la fin des années 1980 au Royaume Uni. Aucune mesure n’avait initialement été prise pour endiguer sa progression. Dix ans plus tard, elle représentait ¼ des salmonelles affectant l’homme en Europe puis aux Etats-Unis ».

Erwan Lecomte, Sciences et Avenir, 29/05/13

Dr BUENOS : Quand différentes sources permettent de recouper les informations sur les germes multirésistants (E.Coli et salmonella) issus de l’élevage industriel qui a recours massivement et systématiquement aux antibiotiques…

Cela rend l’information encore plus pertinente ….. et inquiétante.

Articles en rapport