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statistiques toxi-infections alimentaires USA

Extrait du livre TOXIC, de William REYMOND :

« D’une certaine manière, la poudre grisâtre enrichie aux protéines est responsable de la mort de Kevin Kowalcyk. Sans elle, l’E.coli 0157:H7 n’aurait jamais rongé les organes du jeune enfant au point de le plonger dans une agonie dantesque. Mieux que personne, Barbara, sa mère, m’avait résumé l’absurdité morbide de la situation : « Nous ignorions les risques que nous prenions à nourrir notre enfant avec un hamburger ».

Et encore, elle ne savait pas tout.

Chaque jour, environ 200 000 Américains sont empoisonnés par ce qu’ils mangent. 900 sont hospitalisés et 14 meurent. Des chiffres hélas en dessous de la réalité. Car, bien souvent, une légère intoxication alimentaire ne justifie pas une visite chez les médecins – surtout aux États-Unis où cela coûte très cher – et ne vient pas grossir les statistiques. On estime ainsi qu’au moins un quart de la population américaine est intoxiqué chaque année par le contenu de son assiette. Une proportion en constante progression.

L’essentiel des ennuis répertoriés sont des cas de salmonelles qui, le plus souvent, épargnent le malade. En 1995, selon le journal spécialisé Meat and Poultry, la bactérie avait quand même rendu malades plus d’1 million de consommateurs américains, la plupart s’étant contaminés en mangeant du poulet insuffisamment cuit.

L’Escherichia coli 0157:H7 est, lui, plus rare. Les CDC avancent que cette bactérie vivant dans l’intestin des animaux contamine 73 000 personnes par an. Et en tue 61. Presque toutes sont des enfants et des personnes âgées. Si un adulte en bonne santé n’a guère à redouter une « rencontre » avec elle, les effets secondaires s’avèrent cependant graves dans certains cas, engendrant par exemple une insuffisance rénale.

Ces derniers temps, même si l’infection figure encore loin derrière la crainte d’une attaque de requins, l’E.coli 0157:H7 a gagné des places dans le classement des peurs américaines.

En septembre puis en décembre 2006, l’E.coli 0157:H7 s’est retrouvée à la une de l’actualité. Une première fois à cause de la contamination de salades d’épinard prêtes à consommer. Une seconde pour l’infection des poivrons verts contenus dans des plats mexicains de la chaîne de fast-foods Taco Bell.

Si, entretemps, un observateur vigilant du site de l’USDA avait pu noter à l’échelon régional les « rappels » quasi permanents de marchandises, principalement de viandes, seules ces deux grandes affaires ont grimpé jusqu’à la scène nationale. En donnant lieu à une bataille d’experts typiquement américaine puisque dérisoire et sans rapport direct avec les origines mêmes du mal.

Les salades contaminées de Californie constituent même un cas d’école. Dans cette guerre de communication, on a vu monter sur le ring deux protagonistes pugnaces. D’un côté Michael Doyle, spécialiste de la sécurité alimentaire à l’université de Géorgie pour qui cette crise n’était en rien une surprise. Selon lui, elle est une répercussion directe de la volonté des sociétés de diminuer les coûts de production en emballant « les salades immédiatement dans les champs après les avoir fait tremper dans un bain chloré1 » au lieu de les transporter au préalable dans un centre à l’hygiène irréprochable. À l’en croire, les ensacheurs en sont réduits à travailler « directement dans la saleté ».

De l’autre Kathy Means, porte-parole de Produce Marketing Association (PMA). Ce groupe, spécialisé dans le lobbying et la défense des cultivateurs de salades, n’accorde aucun crédit aux accusations de Doyle : « Le processus de mise en sachet ne se passe pas directement sur le terrain », répond-elle. PMA met en outre en avant sa bonne foi, via un programme de « bonnes méthodes agricoles » fondé sur le volontariat. Elle a même édité un guide vantant des pratiques assainies telles que l’utilisation de matériel propre, le recours à des zones d’isolement des pelles, bêches et autres outils ainsi que le maintien d’une distance obligatoire séparant les allées de salades des toilettes portables réservées aux ouvriers.

Mais le mot de la fin dans ce combat revient à Alice Park, la journaliste de Time qui jamais, dans son dossier spécial consacré au sujet, n’aura eu l’idée d’explorer les véritables raisons de l’existence de la bactérie. Rebondissant sur l’idée d’un cordon sanitaire plaçant à bonne distance les cabinets portables des plantes comestibles, elle écrit : « Il existe en revanche une chose que les cultivateurs ne peuvent pas contrôler, ce sont les déchets produits par les oiseaux et les animaux sauvages ».

Salauds de volatiles ! »

La suite …………..demain.

 

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