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statistiques élevage USA

Extrait de Toxic, le livre enquête de William REYMOND :

« La première réalité de l’élevage industriel est quantifiable. À l’échelle mondiale, elle correspond à une multiplication par quatre de la production de viande dans les cinquante dernières années. 20 milliards de têtes de bétail éparpillées sur la planète, soit plus de trois fois la population humaine.

Une fois encore, les États-Unis assument dans ce domaine leur rôle de première puissance avec 60 millions de vaches, 100 millions de porcs, 300 millions de dindes et 7,6 milliards de poulets. Non, je vous l’assure, il ne s’agit pas d’une erreur de frappe : chaque année défilent dans les abattoirs américains plus de poulets qu’il y a d’êtres humains sur Terre.

Évidemment, à un tel niveau, il faut oublier toute vision pastorale. Désormais, les fermes industrielles entassent jusqu’à 30 000 têtes d’une espèce.

Cette multiplication de viande sur pied entraîne d’innombrables dégâts écologiques. L’eau, par exemple, est utilisée pour abreuver les animaux, les rafraîchir en plein été et nettoyer leurs enclos. Dans les onze états de l’Ouest américain, 70 % des ressources d’eau sont englouties par l’élevage du bétail. La demande est telle que, depuis quelques années, les éleveurs puisent directement dans la plus grande réserve phréatique des États-Unis, accélérant la désertification constatée dans de nombreuses régions.

Le pétrole est un autre acteur de cette industrialisation. Michael Pollan a demandé à un économiste de calculer la quantité de carburant nécessaire à la préparation du grain alimentant une vache jusqu’à son arrivée à l’abattoir. En moyenne, une bête avale 12 kilos de maïs par jour pour un poids moyen de 90 kg. En fin de vie, une vache aura donc nécessité l’équivalent de 132,5 litres de pétrole rien que pour l’acheminement de sa nourriture.

Autre cercle vicieux, la surproduction de céréales entraîne une surexploitation de bétail qui, à son tour, nécessite encore plus de grains. Pour répondre à cette demande, l’agriculture s’est donc industrialisée elle aussi, en recourant massivement aux herbicides et pesticides.

Comme souvent, une idée reçue est confortable. Dans une sorte de jugement de Salomon, elle prétend que la balance entre les dégâts suscités par les pesticides, herbicides et autres engrais chimiques, et leurs bienfaits, penche en faveur de ces derniers.

Ce concept est toutefois difficile à entériner lorsqu’on se retrouve face à la « Dead Zone » du golfe du Mexique.

En surface, rien ou presque ne trahit l’ampleur des dégâts. Au contraire même, à première vue, certains coins des côtes de la Louisiane semblent transformés en sanctuaire pour espèces sauvages. Mais, en réalité, c’est une véritable hécatombe qui se produit sous le niveau de la mer. Dans un espace aussi vaste que le New Jersey, atteignant certaines années plus de 2 millions d’hectares, la vie aquatique est devenue impossible, étouffant à cause du manque d’oxygène. En termes scientifiques, on nomme cette situation hypoxie. Mais, pour les membres d’associations tentant de préserver ce qui est encore possible, la zone morte de la Louisiane a un autre nom : « Le véritable prix du burger à 99 cents ».

La comparaison n’est pas choquante, tant les faits la confirment.

Pendant près d’un siècle, le delta du Mississippi a été la poubelle de l’industrialisation, sans que soient mis en péril les fonds marins du golfe du Mexique. Mais depuis trente ans, la donne a changé avec l’apparition des engrais chimiques à base d’azote. En 1950, le monde consommait 5 millions de tonnes d’azote par an. Aujourd’hui l’agriculture en utilise seize fois plus. 80 millions de tonnes, dont beaucoup se retrouvent dans nos rivières et créent des zones mortes comme en Louisiane. Une série d’études de l’USDA a ainsi démontré que 50 à 70 % des quantités utilisées « s’échappaient » dans l’environnement via l’eau d’arrosage.

Le lien pourrait sembler lointain avec le coût d’un cheeseburger et, in fine, la crise de l’obésité ; mais en fait, il en est le résultat. Qui ne se traduit ni par le tour de taille ni par le taux de cholestérol.

Le recours à l’azote a explosé durant les dernières décennies pour deux raisons.

La première concerne les pays en voie de développement où par crainte de rendements trop faibles, on abuse de tels engrais. Ainsi, mal informés, les paysans du Mexique surdosent. Alors que le magazine Science recommande une utilisation maximale de 180 kg d’azote par hectare, leur consommation moyenne est de 300 kg l’hectare.

La seconde explication nous concerne davantage. Aux États-Unis, le maïs est le premier consommateur d’engrais chimique, de pesticide et d’herbicide. À lui seul, ce grain jaune monopolise 57 % de la production totale des herbicides et 43 % des pesticides. Or il faut se souvenir que l’essentiel de la culture de cette céréale sert à nourrir du bétail qui, à son tour, devient une viande bon marché. Le véritable coût du Big Mac apparaît alors. À la fin des années 1990, le Army Corps of Engineers a lancé un programme visant à pister les pollueurs susceptibles d’être responsables de la zone morte du golfe du Mexique. En 2004, la publication de leur travail a été largement ignorée par un pays concentré sur la « guerre contre le terrorisme ». Pourtant les résultats de ces ingénieurs militaires sont instructifs. Sans surprise, le premier responsable est l’azote. Un engrais chimique provenant à 75 % d’une zone regroupant six États et formant le Com Belt, la ceinture du maïs. Six États dont le grain vient nourrir les futurs hamburgers vendus à prix plancher dans les fast-foods du Fat Land.

La suite (édifiante) ……………..demain

 

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