Suite de la démonstration du rôle de l’HFCS. Extrait du livre Toxic, de William REYMOND :
« George Bray ne cessait de le répéter : « Le sucre de canne ou sucrose n’a pas la même structure moléculaire que le sirop de glucose-fructose. Le premier est constitué d’une seule molécule. Le second en combine deux ». Traduction : il est normal que notre organisme gère différemment les deux produits. Tant en ce qui concerne « la digestion, l’absorption [que] le métabolisme ».
Cela expliquait sans doute, comme l’avait lui-même noté un ex-employé de Coca-Cola, qu’on puisse consommer des produits édulcorés à l’HFCS sans que le corps n’arrive à saturation.
Le cerveau est au centre de la théorie de Bray, celle qui croit à l’existence d’un agent toxique se trouvant à l’origine de la soudaine et conséquente progression du taux d’obésité. « Le cerveau est le récepteur, le décrypteur et le transmetteur d’informations sur la faim et la satiété. De nombreux neurotransmetteurs sont impliqués dans la phase de régulation de la prise de nourriture », écrit-il. Et de se demander si l’HFCS parcequ’il ne semble pas déclencher les signaux d’alarmes usuels dans l’organisme, ne « déréglerait » pas un de nos capteurs habituels. Une interrogation d’autant plus essentielle qu’une étude comparant l’ingestion de bonbons et de sodas édulcorés au HFCS a démontré, nous l’avons vu, que le corps humain ne compensait pas la prise de ces derniers. À Baton Rouge, le chercheur a en tout cas constaté que l’HFCS ne « stimulait pas la sécrétion d’insuline ou n’augmentait pas la production de leptine ». L’insuline et la leptine sont deux hormones polypeptidiques, « des signaux clés régulant la quantité de nourriture ingérée et la masse corporelle ». En d’autres termes, en contournant les mécanismes normaux de régulation de l’appétit, « la consommation de fructose peut contribuer à la surconsommation (de calories) et à la prise de poids ».
Il ne faut pas se laisser abuser par la modération langagière, la retenue sémantique de Bray. Son vocabulaire prudent relève du registre scientifique. Toutefois, oubliant presque son devoir de réserve, il sort des limites du genre en terminant son rapport par un conseil adressé aux parents : « L’exposition de jeunes enfants à l’HFCS peut laisser des traces nuisibles dans leur cerveau. Rendant l’obésité plus probable et plus difficile à contrôler ».
En clair, chez l’enfant, alors que la maturité neurologique n’est pas atteinte, la consommation d’HFCS peut perturber en profondeur la capacité de gestion de la prise des aliments.
Voilà qui ouvre des perspectives de réflexion incroyables. Et qui laisse voir la découverte de Bray comme la plus proche explication scientifique et implacable de l’épidémie d’obésité. C’est d’ailleurs pour cela que l’industrie agroalimentaire tente depuis quelque temps de désamorcer la bombe et de détourner le débat.
Le meilleur moyen d’éviter une polémique est de rendre le sujet en question incompréhensible au commun des mortels. La confusion étant la plus efficace alliée de ceux qui ne souhaitent pas remettre en question la situation actuelle, l’entretenir s’impose.
La méthode est toujours la même. Il s’agit de brandir une étude contre une autre, d’organiser une bataille stérile d’experts, de brouiller le message jusqu’à le rendre inaudible. De jouer sur le fait que les médias, par un hypocrite souci d’équité, donneront la même valeur à deux arguments.
Le dernier exemple en date remonte au 5 décembre 2006. Le Wall Street Journal publie un article sur la compagnie Jones Soda Co. Ce fabricant de sodas, distribué par Target, l’une des chaînes de supermarché les plus importantes du pays, vient d’annoncer sa décision de ne plus utiliser l’HFCS et de revenir au sucre de canne. Jones Soda Co. justifie ce retour en arrière par la volonté de « proposer au consommateur une alternative meilleure pour la santé ».
Argument sincère ou astuce commerciale, l’intérêt est ailleurs. Il réside dans la réponse des représentants des géants de l’agroalimentaire. Après avoir largement expliqué les « véritables » motivations commerciales supposées de ce concurrent traître – en vrac, surfer sur l’air du temps, vendre son produit plus cher… -, la contre- offensive s’est faite en deux temps. Deux coups. Le premier, pas nouveau, consista à affirmer que l’HFCS était un « produit naturel ». Une argutie habile puisqu’en réalité, les industriels profitent d’une faille du système américain qui ne définit pas précisément la notion de produit naturel. Une lacune qui fait enrager Michael Jacobson, président du Center for Science in the Public Intérest : « Prétendre qu’un soda fait avec du sirop de glucose- fructose est « naturel » n’est rien d’autre qu’un mensonge, tonne-t-il. L’HFCS n’est pas quelque chose que vous pouvez préparer dans votre cuisine à partir d’un épi de maïs. Ou alors, c’est que vous êtes équipé de centrifugeuses, d’hydroclones, de colonnes industrielles échangeuses de cations et quelques seaux d’enzymes ».
La deuxième manche consiste à mettre en avant les travaux de chercheurs de Boston consacrés à la présence d’acide gras dans le sang. Des conclusions qui n’exonèrent pas l’HFCS, mais le mettent seulement sur un pied d’égalité avec le sucre. Selon ces études, les deux produits augmenteraient la présence de triglycérides dans le plasma dans des proportions similaires. Si j’utilise le conditionnel, c’est que l’enquête chérie par l’industrie agroalimentaire n’a pas encore été… publiée. Elle ne le sera que lorsqu’un groupe d’experts en aura étudié la validité. Ce qui prendra peut-être un peu plus de temps que prévu : le comité d’experts doit en effet se prononcer sur une situation complexe. Les recherches ont en effet été sponsorisées non par une université mais par… Pepsi-Cola.
Si aujourd’hui la compagnie défend l’HFCS qu’elle utilise dans la totalité de sa gamme, il se murmure que PepsiCo préparerait une série de produits sans conservateur chimique ni… HFCS.
Outre ces arguments pour le moins discutables, il reste encore une ultime ligne de défense. Celle de la dernière chance qui consiste à discréditer les sceptiques en les cataloguant parmi les adeptes des théories de la conspiration. En usant d’un argument destiné à les assommer censé être imparable : si l’HFCS était dangereux pour la santé, jamais, au grand jamais, les officines gouvernementales de régulation n’auraient accepté sa mise sur le marché.
Voilà qui ne prouve évidemment rien. On pourrait, comme contre-exemple, évoquer la saga du DDT, ce pesticide générateur de prix Nobel qui, avant de finir trente ans plus tard sur la liste des produits interdits en raison de sa trop forte toxicité sur l’environnement, fut autorisé et loué par toutes les instances officielles.
Mais en vérité, citer ce type de cas n’est même pas nécessaire. Car, depuis 1983, le sirop de glucose-fructose appartient à la catégorie des produits qualifiés de « généralement reconnus comme sûrs » (« globally recognized as sure » en anglais, ce qui donne ironiquement le sigle GRAS). Ce qui signifie quoi ? Que l‘HFCS, malgré sa présence massive dans l’alimentation outre-atlantique, n’a en fait jamais été testé ! Le FDA, l’organisme de régulation des produits alimentaires aux États-Unis, a tout simplement estimé que le fructose et le glucose étant deux produits connus et sans risque, il n’y avait ni à tester les effets de leur transformation industrielle ni à prendre en compte des études extérieures avant d’approuver leur commercialisation !
La suite …………….demain.
Dr BUENOS : le réseau ROSA souscrit entièrement à la brillante démonstration de William Reymond et demande aux patients du réseau de ne pas acheter de produits contenant explicitement du sirop de glucose fructose, comme par exemple le « Yop » pour les enfants.
Si en lisant la liste des composants des produits que vous achetez, vous retrouvez la mention explicite d’HFCS ou de sirop de glucose fructose, merci d’en parler à Marie Laure MABILAT, la diététicienne du réseau, et de nous le signaler en laissant l’information sous forme d’un commentaire.
L’industrie agro-alimentaire qui utilise le sirop de glucose fructose ne pourra pas dire qu’elle ne savait pas ………….
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