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obesite aux USA

Extrait de Toxic Food de William Reymond :

 » Les États-Unis changeaient.

La preuve ? Bill Clinton se faisait le chevalier blanc de la lutte contre l’obésité.

Sans douter de la sincérité de l’engagement de l’ex-Président, force est de constater le saisissant contraste entre ses propos actuels et son mode de vie passé. Durant ses huit ans à la Maison- Blanche, Clinton a incarné à lui seul le régime alimentaire américain qu’aujourd’hui il dénonce. À Washington, il a non seulement assumé son obsession pour les chips, sa passion pour les menus hamburgers-frites de McDonald’s et son appétit pour les pizzas, mais, d’une certaine manière, légitimé par cette attitude les mauvais choix diététiques de son pays. Parce que, en désirant prouver à ses concitoyens qu’il était un Américain comme les autres, en assumant ouvertement une alimentation saturée en graisse, sucre et sel, il a renoncé au rôle d’exemple à suivre qui incombe à sa fonction. Aussi, le voir aujourd’hui se présenter en porte-drapeau d’un régime alimentaire équilibré ne manque pas de piquant.

La conversion de Bill Clinton à la nécessité de lutter contre l’obésité, et plus particulièrement celle touchant les enfants, remonte à la fin de sa présidence et à son retour – provisoire – en Arkansas, l’État dont il est originaire et dont il fut gouverneur.

Cette année-là, en 2001, les services sociaux de l’Arkansas publient une étude qui le fait frémir. Et montre que, tandis qu’il détenait le pouvoir et s’amusait à prétendre que sa passion du fast- food avait conduit sa fille à croire qu’il travaillait dans un établissement de ce genre, le mal avait… grossi. Entre 1991 et 2000, le taux d’obésité en Arkansas avait en effet augmenté de 77 %. Comme dans la plupart des Etats du Sud, plus d’un adulte sur deux se trouvait en surpoids. Et, plus grave encore, alors que plus d’un tiers des habitants étaient désormais obèses, le mal promettait d’être plus répandu encore dans la génération suivante.

L’Arkansas et ses 40% d’enfants en difficulté pondérale sont donc le premier élément conduisant à la « révélation » de Clinton.

L’autre, c’est ni plus ni moins sa santé.

En septembre 2004, l’ancien Président doit arrêter précipitamment toute activité de soutien à la campagne présidentielle de John Kerry. À cause d’un état cardiaque préoccupant, il subit une intervention à cœur ouvert. Ses artères, bouchées par le cholestérol, paient le prix d’années d’excès diététiques. Si, grâce à un quadruple pontage coronarien, il échappe de justesse à une crise cardiaque majeure, la chirurgie et les traitements ont néanmoins des limites. Et les médecins lui assènent la vérité : pour vivre longtemps et bien, Bill Clinton doit changer de mode de vie, modifier ses habitudes alimentaires et pratiquer une activité sportive régulière.

Il convient de garder en tête ces éléments pour comprendre la passion qui habite Bill Clinton, le 27 juillet 2009, quand il ouvre la conférence Weight of the Nation à Washington.

Durant trois jours, aux portes du Congrès et sous l’égide du Center for Disease Control Prevention (CDC), les plus grands spécialistes du pays dressent l’état des lieux de la pandémie d’obésité qui frappe les États-Unis depuis plus de vingt ans.

Les différents nutritionnistes et travailleurs sociaux qui constituent l’essentiel du public ont été invités à pratiquer, dès 6 h 30 du matin, une heure de gymnastique, histoire de prouver à tous combien l’Amérique est prête à se lever tôt et à ne ménager aucun effort pour renverser la vapeur.

Or, précisément, des efforts, le pays va devoir en fournir – et de taille – pour affronter le mal qui menace. Avant que Clinton ne monte sur scène, la transcription du discours de Kathleen Sebelius a été donnée à la presse. En quelques lignes, la secrétaire d’État à la Santé du nouveau gouvernement Obama dresse un bilan terrible de la situation : « Deux tiers des Américains en âge adulte et un enfant sur cinq sont soit obèses soit en surcharge pondérale, assène-t-elle. Nous savons comment l’obésité augmente les risques de maladies cardiaques, de certains cancers et d’attaques cérébrales. Nous savons également que l’obésité est un symptôme précurseur essentiel du diabète. » L’ampleur du fléau n’est pourtant une surprise pour personne dans cette conférence d’experts inquiets. Année après année, statistique après statistique, le CDC et les services sociaux des cinquante États dessinent l’image d’une Amérique au bord de l’explosion pondérale. Non, le véritable choc réside dans l’annonce des conséquences économiques de la pandémie : « Le coût de l’obésité pour notre système de santé s’élève annuellement à 147 milliards de dollars. Un chiffre qui a presque doublé depuis le calcul du CDC en 1998. Afin de le mettre en perspective, l’American Cancer Society estime que le coût annuel de l’ensemble des cancers s’élève à 93 milliards de dollars. »

Alors qu’à quelques kilomètres de l’hôtel Omni Shoreham, où se déroule la conférence, Barack Obama bataille au Congrès et au Sénat pour faire passer son plan, ces chiffres faramineux sont sur toutes les lèvres. Jusqu’à Bill Clinton qui délaisse l’espace d’un instant la liste des initiatives lancées sur le sujet par sa fondation Alliance for a Healthier Generation et revient sur l’enjeu colossal que ces données soulèvent : « Tandis que les coûts médicaux liés à l’obésité continuent d’exploser […], nous devons développer des solutions innovantes pour combattre cette épidémie. L’objectif est d’essayer de modifier la course du Titanic avant qu’il ne heurte un iceberg. »

Par cette image efficace, Bill Clinton a parfaitement résumé l’épreuve qui attend Obama et qui, in fine, lame de fond inévitable, le contraindra à revoir ses ambitions sociales à la baisse.

Car, comme le souligne Eric Finkelstein, auteur principal du rapport dont les résultats furent repris par Kathleen Sebelius et l’ancien Président : « L’obésité est la principale source d’augmentation des dépenses de santé. Si le gouvernement veut contrôler ces dépenses, il faudra trouver un moyen de s’assurer que les Américains se mettent au régime, fassent du sport et choisissent collectivement un mode de vie plus sain. Sinon, nous irons droit à la catastrophe, car quelqu’un devra bien payer pour le coût exponentiel lié aux maladies de l’obésité. »

Et ce futur payeur, plan Obama ou pas, n’est pas difficile à trouver. D’après les chiffres de Finkelstein, en 2008 déjà, la moitié des 147 milliards de dollars dépensés pour traiter les malades du surpoids a été prise dans la poche… du contribuable. Pourquoi ? Parce que les maladies liées à l’obésité apparaissent tard dans la vie, donc quand le patient n’est plus pris en charge par une assurance privée mais se trouve sous le régime des retraites.

Oublions un instant la situation américaine particulièrement dramatique et essayons de voir ce que cette pandémie aura comme répercussions en Europe et au Canada, pays où le système social est plus élaboré et développé qu’au États-Unis.

Et bien, à mesure que nous adoptons le mode alimentaire américain, nous entrons à notre tour dans une spirale infernale. Plus l’industrie agroalimentaire prend le contrôle de nos assiettes, plus l’obésité s’installe dans toutes les catégories sociales, plus les maladies liées à l’épidémie, comme le diabète de type 2, vont grimper. Ainsi que le coût de leurs traitements à long terme. Alors, si un système de santé comme celui des États-Unis est quasi au bord de l’implosion en 2009 à cause de l’obésité, je vous laisse imaginer dans quel état seront les nôtres, autrement plus répandus, perfectionnés et complexes.

En déclarant que l’obésité, au même titre que le sida, la peste noire ou la grippe espagnole, relève de la pandémie, l’OMS a d’ailleurs ouvertement mis en garde nos sociétés. Car une pandémie n’a pas seulement des effets sanitaires dévastateurs ; dans son sillage, toute l’économie d’une nation se trouve en péril.

L’image de Bill Clinton n’est en fait pas assez précise. Aujourd’hui, nous sommes tous des passagers du Titanic.

La suite ……………….demain.

 

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