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industrie et information

Extrait de Toxic Food, le live enquête passionnant de Willam Reymond :

 » Avant d’aborder le second axe de la stratégie du doute mise en avant par les titans de la nouvelle malbouffe, il convient de s’arrêter sur un aspect encore plus sournois de la première étape de confusion.

Nous l’avons vu, avant l’opinion publique, ce sont les médecins et les scientifiques que ciblent les cerveaux de la communication d’entreprise. Puis, arrivent les médias.

Or, lorsqu’on touche à un sujet aussi inflammable que l’alimentation, ils se déchaînent.

Dans le cas précis de l’acrylamide, Margareta Tômqvist remarqua que lorsqu’elle avait prouvé combien la substance avait été toxique pour les ouvriers du tunnel ferroviaire, personne n’avait bronché ni trouvé quoi que ce soit à en redire. Mais quand elle alla plus loin et accusa le processus de cuisson des frites et des chips, une véritable tempête médiatique s’éleva. Avec torrent d’articles et émissions remettant en question ses travaux et même son intégrité, voir sa probité.

Dans l’article publié en juin 2003 par le Journal of National Cancer Institute, la scientifique expliqua, par exemple, que, bien souvent, les recherches favorables à l’acrylamide étaient entreprises sur des quantités consommées inférieures à celles ingérées par un être humain au long de son existence. Une précision essentielle rarement reprise par les médias.

Cette remarque est capitale. Pourquoi, en effet, les journalistes ne notaient-ils pas cette faille dans les travaux des adversaires ?

Je sais que certains confrères ne me le pardonneront sans doute pas, mais il faut bien avouer que, par manque de temps, de connaissances, de moyens ou peut-être simplement de curiosité, la presse se contente souvent des informations prémâchées contenues dans un communiqué sans en vérifier la totale validité. C’est ce qui, vraisemblablement, se produisit sur ce point. Mieux valait reproduire les conclusions positives savamment résumées, que plonger dans les études et dénicher cette faiblesse.

En vérité, ce côté « moutonnier » n’est pas récent. Dans son mémorandum de 1968 adressé à l’industrie du tabac, Cari Thompson, expliquant les recettes d’un communiqué de presse réussi – c’est-à-dire reproduit dans les journaux et favorables à un client -, conseillait de toujours débuter ce texte par son aspect le plus important. Le plus favorable même à la thèse défendue. Et conseillait cyniquement, en cas de reproduction de recherches scientifiques, d’ouvrir le communiqué sur l’info « la plus importante pour l’industrie du tabac même si ce n’est pas la plus essentielle aux yeux de l’auteur des travaux ». En clair, cela signifiait que même si le but d’une étude n’était pas de prouver l’absence de relation entre la cigarette et le cancer du poumon, un bon communiqué se devait de réussir à le faire croire.

Et les bons communiqués de ses adversaires, dans le cas de Margareta Tômqvist, furent très bons.

Il est à noter aussi que, de plus en plus fréquemment, les industriels financent leurs propres recherches, y compris universitaires. Un phénomène, on le sait, qui entraîne souvent la publication de conclusions favorables aux intérêts de ces clients.

Mais, entre les études indépendantes et celles entièrement réglées par des entreprises, il existe une autre forme d’enquête bien plus dangereuse car mêlant noms prestigieux, organismes publics et intérêts privés. Un cocktail détonant dont la victime principale est la presse et celle, collatérale, le consommateur.

La suite ………….demain

 

 

 

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