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feedlots

Extrait de TOXIC, le livre de William REYMOND :

« Le destin de Booker, petite ville au nord du Texas, est définitivement placé sous le signe de la viande. Après tout, c’est déjà pour cette activité qu’en 1919 la ville a quitté l’Oklahoma, pour migrer, pierre après pierre, quinze kilomètres plus au sud. Là où passaient la voie de chemin de fer et les convois de wagons à bestiaux à destination de Chicago.

Aujourd’hui, Booker ressemble à des centaines d’autres cités texanes. À l’intersection des State Highways 15 et 23, elle s’étale le long d’une courbe. À gauche, le centre avec son église, son école, ses bâtiments administratifs et quelques boutiques. Ici comme ailleurs, la Chambre de Commerce verse sans grand succès des primes en liquide pour une création d’emploi. Le dynamisme de la ville n’y gagne guère et la population stagne, mais qu’importe. La différence, c’est que les 1 315 habitants de Booker semblent avoir le sens de l’humour. À l’entrée de leur cité, un faux panneau d’autoroute annonce fièrement : « Booker, neuf prochaines sorties ».

En fait, le passé, le présent et l’avenir de la ville se situent sur son côté gauche, en bordure des rails. Parce qu’il y a quelques années, bataillant pour sa survie, Booker s’est lancée dans l’élevage industriel. Les porcheries bien sûr, mais également les feedlots, des centres d’engraissement pour bœufs, étapes obligatoires avant leur entrée à l’abattoir.

Concentration oblige, l’entreprise Booker Packing Co (BPC) se situe à deux pas. Étendu sur 2 500 mètres carrés, BPC est un abattoir ultramoderne qui, en ces temps de vache folle et de peurs alimentaires, a investi dans des techniques permettant un meilleur traitement de la viande. En moyenne, BPC « transforme » 600 têtes de bétail chaque jour. Un rythme presque artisanal en comparaison des centres du Middle West où la cadence, infernale, dépasse les 400 bœufs à l’heure. C’est d’ailleurs pour cette raison que BPC travaille avec de nombreux petits éleveurs. Parmi lesquels Ranch Foods Direct, dont les bœufs sont élevés sans hormone ni antibiotique.

Ranch Foods Direct conseille sur son site Internet la lecture de Fast Food Nation et n’a pas hésité à attaquer le géant Tyson devant les tribunaux afin de mettre en lumière les risques d’une trop grosse concentration dans le secteur de l’élevage.

L’abattoir de Booker a une autre corde à son arc. Sous le nom de North Texas Protein, la compagnie s’est spécialisée dans la « récupération ». Le rendering, comme on le nomme ici, est l’activité la plus discrète de l’industrie de la viande. Elle est pourtant bien nécessaire puisque, chaque jour, dans les 276 unités du pays semblables à celle de Booker, on « recycle » les carcasses animales qui, sinon, iraient polluer le pays. Le rendering comprend deux étapes majeures.

D’abord des employés – souvent de la main-d’œuvre immigrée et précarisée – déversent les cadavres dans une énorme cuve, laquelle contient d’énormes mâchoires métalliques broyant le tout. Le mélange concassé est transféré dans une autre cuve, sous la responsabilité du « chef », dénomination qui ne relève d’aucune hiérarchie mais se réfère avec ironie au métier de cuisinier. Car son rôle consiste à rendre cette activité profitable, en supervisant la préparation d’une « soupe » franchement écœurante.

Après une heure de cuisson à 135 degrés, une épaisse masse jaune monte à la surface du mélange. Un suif précieux car, une fois récupéré, il va faire le bonheur de nombreuses industries. Plus particulièrement celle des cosmétiques, qui utilise cette graisse animale cuite dans les bâtons de rouge à lèvres, les déodorants et les savonnettes.

Le reste de la mixture donne son nom à la branche de BPC, North Texas Protein. À nouveau passé au broyeur, le surplus liquide se voit séché puis transformé en poudre. Une poussière grise, concentrée en protéines, prête à venir « enrichir » la nourriture du bétail élevé à la chaîne.

Nous le savons depuis la crise de la vache folle, mais le constater ainsi soulève toujours le cœur. Cette « poussière grise » montre que l’industrie agroalimentaire est parvenue à transformer les bovins en espèce cannibale, qui se nourrit des restes cuits de ses semblables.

Mais il y a pire encore.

La « soupe » ne contient pas uniquement des carcasses d’animaux d’abattoir. On y trouve aussi des litres de graisse issus de l’industrie du fast-food, provenant de restes de cuisson et d’huile de friture. La viande périmée des supermarchés termine également sa course dans cette mixture. Comme il faut faire vite et que les employés n’ont pas assez de bras, on la déverse dans la cuve sans même prendre le temps de la retirer des emballages et des barquettes en polystyrène expansé. Comme si cela ne suffisait pas, on y jette aussi les sacs verts venant des centres vétérinaires et des fourrières. Leur contenu ? Quelques-uns des 6 à 7 millions de chats et chiens euthanasiés chaque année aux États-Unis.

Est-ce tout ? Eh non, car la « recette » est complétée par le roadkill, les dépouilles de multiples espèces d’animaux écrasés ramassées en bordure de route !

Reste la dernière touche, l’assaisonnement final si je puis dire… Un renvoi direct aux 83 % de poules contaminées. En effet, depuis dix ans, le rendering inclut dans sa recette les plumes et matières fécales récupérées sur le sol des élevages en batterie.

La formule fait, paraît-il, des miracles. Parce que la tonne de « protéines » ne coûte que 45 dollars lorsque la même quantité de luzerne est trois fois plus chère. Ensuite parce que, comme l’a confié un jour l’éleveur Lamar Carter à US News and World Report, les protéines à « l’engrais » de poulet « transforment (ses) vaches en véritables boules de graisse », augmentant ainsi leur prix de vente et son profit. De fait, le rendering génère chaque année près de 2,4 milliards de chiffre d’affaires.

Oublions un instant cette éprouvantable recette. Oublions même toute moralité et tout écœurement pour nous concentrer sur un autre ingrédient de cette soupe aux protéines. Un « détail » qui n’en est pas un. Afin d’euthanasier les animaux, les vétérinaires leur injectent une solution concentrée de pentobarbital sodique, un produit qui ne disparaît pas après la « cuisson » de la soupe. Que devient-il ?

En outre, la majorité des cadavres provenant des fourrières portent des colliers antipuces, antiparasitaires à base de dimpylate. Cet insecticide ne s’évapore pas non plus malgré la chaleur des cuves de BPC.

Tout comme les traces d’hormones et d’antibiotiques détectées dans « l’engrais de poulet » et les intestins des porcs et des bœufs.

Il existe un proverbe apache qui dit qu’une fois que le serpent a mordu, sa victime devient vénéneuse. Son sens ne m’a jamais paru aussi clair que lorsque j’ai découvert l’utilisation commerciale du rendering. Pourquoi ? Parce que la composition de cette poudre à protéines est ignoble, mais également toxique. Parce qu’elle est l’aliment de base de bœufs qui, demain, seront transformés en hamburger à 99 cents. Parce qu’alors, ce venin sera au fond de nos estomacs.

La suite …… demain.

Toutes ces révélations me ramènent au célèbre dicton : « Savoir, c’est pouvoir choisir en connaissance ».

Demain, un épisode de transition triste mais nécessaire pour se rendre compte des risques et dangers de ces pratiques industrielles…….

 

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