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decision news media

Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » Le doute se nourrit de la confusion.

Et représente le premier étage de l’entreprise de désinformation érigée par les géants de la nouvelle malbouffe pour déstabiliser leurs adversaires.

Comme, hier, avec les cigarettiers.

Dans un autre mémorandum, toujours rédigé par les experts en communication du cabinet Hill & Knowlton à destination de William Kloepfer, président du Tobacco Institute, Carl Thompson avait élaboré des cibles à viser pour retourner l’opinion.

Le premier groupe, bien avant les médias et le consommateur, était selon lui celui des… médecins. Car à qui d’autre que son docteur le consommateur inquiet demande-t-il conseil ? La bataille de l’opinion se gagne d’abord dans le secret des cabinets médicaux.

L’infiltration du milieu médical par les cigarettiers poussa même Camel à créer une campagne de publicité où de vrais docteurs recommandaient cette marque plutôt qu’une autre.

Outre un rôle prescripteur, les maîtres de la communication de crise ont compris, comme les laboratoires pharmaceutiques, qu’un médecin submergé d’informations n’a, finalement, peu ou pas le temps de s’informer correctement. De fait, dans un paragraphe insistant sur l’obligation de recourir à des mots clefs frappants dans les titres des communiqués de presse fournis aux médias – et aujourd’hui encore souvent reproduits in extenso sans vérification -, Thompson notait : « Ils doivent être conçus avec le plus grand soin en pensant que les médecins et les scientifiques, comme les autres lecteurs, intègrent le plus souvent une information en lisant le titre et rien de plus. »

Après la publication de Toxic, j’ai moi-même été contacté par de nombreux médecins. Qui, tous, regrettaient le peu de place consacré à la nutrition dans leur formation et se plaignaient de la difficulté d’y voir clair dans l’avalanche d’informations parfois contradictoires reçues, désappointements formulés quelquefois avec… virulence.

Ce point est intéressant et ne doit rien au hasard : la contradiction nourrit la confusion. Ainsi, dans son rapport, Thompson listait une série d’angles d’attaque susceptibles de faire douter les médecins et le public de la véracité du lien entre la cigarette et le cancer du poumon. En conclusion, il professait : « Le type d’articles le plus important est celui qui va faire naître le doute. »

Autres temps, autres mœurs ? Hélas, non. La réplique a usé des mêmes méthodes. Et les découvertes relatives à la présence d’acrylamide dans l’alimentation ont été soumises à des pratiques semblables. L’exemple qui suit, un parmi tant d’autres, l’illustre parfaitement.

L’exercice est redoutablement simple. Il suffit, dans n’importe quel moteur de recherche, de taper les deux expressions « acrylamide » et « breast cancer »(cancer du poumon).

Et là, d’emblée, la confusion apparaît.

La première occurrence avance qu’une étude a prouvé que l’acrylamide n’était pas liée à une augmentation des risques du cancer du sein tandis qu’une deuxième explique au contraire que de « nouvelles découvertes pourraient prouver que l’acrylamide augmente le cancer du sein » ! Perdu, désemparé, le pauvre internaute vient, sans le savoir, de mettre le pied dans l’univers du doute concocté autrefois par les cerveaux d’Hill & Knowlton. Car, limitant sa lecture au titre, il conclura souvent que la science ne sait pas, donc qu’en attendant rien ne sert de modifier ses habitudes.

Bien sûr, il ignore que ces deux titres ont été publiés à une année d’écart et concernent deux études différentes. La première, qui remonte à la fin 2007, a été financée par l’Union européenne. C’est celle qui, avec la prudence d’usage, conclut que l’acrylamide pourrait augmenter les risques du cancer du sein. La seconde, plus rassurante, est aussi la plus récente puisqu’elle date du mois de février 2009.

Cette prime à la nouveauté signifie-t-elle, comme le suggère son titre, que l’acrylamide n’accroît pas les risques de cancer de sein, conclusion logique qu’un lecteur pressé est en mesure de tirer ?

En fait, la vérité s’avère plus complexe. Car, malgré des titres semblant résonner en écho l’un à l’autre, les deux études ne couvrent pas le même champ.

La première a étudié l’effet de l’acrylamide sur des femmes ménopausées, à un moment de la vie où les cancers sont plus fréquents. La seconde, elle, a étudié le rôle de l’acrylamide chez des femmes plus jeunes, en pré-ménopause, donc lorsque les cancers sont plus rares.

Loin de moi l’idée de jeter le discrédit sur l’une ou l’autre étude, mon but est seulement de démontrer les rouages d’un mode de communication.

Cela veut-il dire que nous sommes ici devant un texte mis en avant par les défenseurs de la toxic food ? Que l’écho donné à la seconde étude, via le titre de l’article, cherche à contester la première ?

Pour tout dire, je n’en sais rien. Mais, lecteur avisé, je ne peux m’empêcher de noter une série de coïncidences… troublantes.

D’abord, le texte rassurant pour l’industrie de la chips a été publié sur www.foodnavigator.com, un site qui appartient à la société Decision News Media basée à Montpellier, en France. Cette compagnie excelle dans ce que les spécialistes du net nomment le B-to-B, le Business to Business, soit « l’ensemble des activités d’une entreprise visant une clientèle d’entreprises ». Une activité qui, dans le cas de l’entreprise française, se déploie uniquement en ligne.

Première coïncidence donc : le lecteur pense être sur un site d’actualité alors que celui-ci est d’un genre particulier puisque visant « les décisionnaires occupés » dans différents secteurs.

Des activités qui, deuxième hasard, sont celles qui, ces dernières années, se sont fréquemment retrouvées au coeur de la tourmente. Ainsi, parmi « les décisionnaires occupés » visés par Decision News Media, apparaissent les secteurs des cosmétiques, de la pharmacie, de la nutrition et de l’agroalimentaire. À ce titre, en plus de foodnavigator.com, la compagnie montpelliéraine opère sur Bakeryandsnacks.com (boulangerie et pâtisserie industrielle), dairyreporter.com (produits laitiers), beveragedaily.com (les boissons) ou encore meatprocess.com (les produits de la viande). Une multiplication de sites couplée à une vraie maîtrise de l’outil Internet qui permet, bien souvent, aux articles du groupe de se retrouver parmi les premiers liens fournis par les moteurs de recherche.

Bien entendu, le fait que Decision News Media ne soit pas un véritable média, mais une entreprise vendant un service à des clients précis ne signifie en rien que ses sites soient le porte-parole de l’industrie.

Dernière coïncidence, quelques heures passées à lire les archives du site permettent de découvrir que les conclusions de nombreux articles diffusent souvent la parole des représentants de l’industrie, et que la plupart des éditoriaux proposés prennent fréquemment la défense des industriels de la nourriture quand ils n’en chantent pas carrément les louanges.

Quoi qu’il en soit, force est de constater que la stratégie de confusion mise en place autour de la toxicité de l’acrylamide fonctionne à merveille. Ainsi, alors que les travaux de Margareta Tômqvist remontent à 2002, les risques liés à la cuisson par friture, et plus particulièrement celle de la pomme de terre, sont généralement ignorés du grand public.

Aux États-Unis, premier pays consommateur de chips au monde, les études sur l’acrylamide sont même quasiment inconnues. Un sondage, effectué en août 2009, confirmait ainsi que les « consommateurs américains n’avaient quasiment aucune connaissance des problèmes de l’acrylamide ».

En revanche, une fois avertis des dangers cancérigènes de cette substance, la moitié des interrogés annonçait une volonté de « s’informer sur la question ».

Le lecteur avisé que je suis leur souhaite bien du courage. »

La suite ……………..demain.

Dr BUENOS : tout à fait d’accord avec William Reymond. Google utilise un systéme de référencement des articles qui n’a rien à voir avec la pertinence, et qui est basé sur des techniques de référencement.

De tout temps il a été difficile de trouver des informations pertinentes, peut être que la multiplication des médias sur internet, que la nécessaire réactivité (nuisant au contrôle de l’information), l’opacité des sources, et la reprise pour diffusion des informations, rendent elles la tâche encore plus difficile.

 

 

 

 

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