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contrôle de la toxicité des pesticides

Extrait de Toxic Food, le livre de William Reymond :

 » L’intention se veut rassurante. Lorsque les représentants de l’industrie chimique et de l’agriculture intensive sont montrés du doigt, leur réponse sur les doses de pesticides est toujours la même : vu les quantités utilisées, « il est prouvé » que leurs produits ne sont pas dangereux.

Que dire ?

D’abord, que lorsqu’un test a effectivement été effectué – ce qui n’est pas toujours le cas -, la méthode utilisée est au mieux incomplète, au pire faussée. Je ne vais pas ainsi m’étendre sur le fait que les autorités gouvernementales, dépassées par le coût financier de telles études, se contentent fréquemment d’approuver un produit à partir des dossiers fournis… par le fabricant. En revanche, il est important de s’arrêter sur quelques vices de forme de ces expérimentations.

Ainsi, dans la majorité des cas, les doses validées sont celles que l’on estime inoffensives pour un homme adulte dans la fleur de l’âge. Un vieillard, une femme, un enfant ou un bébé peuvent donc souffrir de cette subtile différenciation.

Les tests en laboratoires se concentrent globalement sur les répercussions éventuelles d’un seul ingrédient, personne ne semblant s’intéresser aux dégâts nés de la « synergie » entre différents ingrédients cancérigènes, même à faibles dosages (effet cocktail). Comme si notre exposition au risque se limitait à l’un d’eux et pas à la combinaison de tous. Un « isolement » d’autant plus absurde que la plupart des pesticides, herbicides et fongicides croisent les ingrédients dangereux. Et que notre mode de vie et d’alimentation lui- même crée ce cocktail dont nous n’avons aucune idée des conséquences à long et moyen termes.

Personne ne semble s’intéresser non plus au fait que, contrairement aux tests in vitro, nos organismes accumulent ces produits cancérigènes depuis l’âge embryonnaire. Si l’un peut ne pas être dangereux dans un dosage établi en laboratoire, qu’arrive-t-il lorsque, mélangé à d’autres, il agit pendant des décennies dans le corps et connaît, en outre, des renforts fréquents d’autres agresseurs ? Et bien les rares études entreprises sur le sujet n’apportent pas de bonnes nouvelles puisqu’elles démontrent un rôle prépondérant de la durée d’exposition dans la prolifération de certains cancers et de maladies neurologiques.

Quoi qu’il en soit, il apparaît comme un devoir de citoyen de faire de cet axe de recherche une priorité des années à venir.

Concernant l’environnement et les risques toxiques, les années 1970 représentent un tournant majeur.

Après des décennies d’excès et de complète « liberté chimique », poussés par les pionniers du mouvement écologiste et une prise de conscience des citoyens choqués par une série de catastrophes industrielles, les hommes politiques se décident à intervenir et à réglementer ce secteur. Et, en 1976, le Congrès vota le Toxic Substances Control Act (TSCA)1.

Vous l’ignorez sûrement mais cette loi américaine, que l’on vive à Marseille ou à Québec, à Séoul ou à Rome, nous concerne tous. Pour le meilleur et pour le pire.

Le meilleur d’abord. Avant ce scrutin historique obtenu après six années de combat politique acharné, les pays occidentaux ne disposaient pas du moindre texte régulant la création, la production et l’usage des produits chimiques. Née avant la Seconde Guerre mondiale, bénéficiant d’un essor sans précédent depuis la fin du conflit, l’industrie chimique pouvait agir en toute liberté, lançant près de 62 000 substances différentes sans la moindre obligation de les tester au préalable ! Or, inspirés par le texte américain et le vote du TSCA, les pays d’Europe de l’Ouest – dont la France – suivirent le mouvement et adoptèrent, à leur tour, des lois similaires dont le principal mérite était d’exiger le recours à des tests de dangerosité pour chaque nouveau produit.

Mais voilà, le TSCA de 1976 souffre d’une énorme faille. Une faille monumentale creusée au burin du lobbying par l’industrie chimique elle-même. Profitant du fait que le Congrès et la Maison-Blanche avaient annoncé que la future loi serait écrite en accord avec l’industrie pour ne pas entraver la croissance économique, les géants du secteur ont inséré dans le texte une véritable bombe à retardement.

S’ils acceptaient que chaque nouveau produit soit testé, en échange ils exigeaient que le texte ne puisse être rétroactif, donc ne concerne pas les substances et ingrédients déjà sur le marché. De quoi permettre qu’on y recoure comme avant.

En clair, cela signifie globalement que, sur les 82 000 produits chimiques commercialisés en 2009, 62 000 n’ont jamais été testés !

Comme l’Europe s’inspira du TSCA, la même disposition se retrouva dans les réglementations, évitant aux fabricants d’avoir à fournir les moindres données de sûreté relatives aux substances vendues avant 1981.

L’entrée en vigueur, en juin 2007, d’une nouvelle réglementation chimique baptisée REACH était censée combler la faille. Et n’y parvint en rien. D’abord parce que l’enjeu humain et le coût financier qu’exigeaient des tests pratiqués sur les produits antérieurs à 1981 ont empêché de revenir en arrière. Ensuite parce qu’on limita son champ d’action aux seules substances « extrêmement préoccupantes », à l’exclusion des… pesticides relevant d’autres législations. Bref, dans ces conditions, parler de produits testés reste un mensonge qui a encore de beaux jours devant lui.

Dès lors, on ne peut qu’être d’accord avec ce que déclarait le 21 octobre 1976 Russel E. Train.

Ignorant la disposition libérant de toute obligation d’information l’industrie chimique, pensant que le TSCA permettrait ces nouvelles batteries de tests, l’administrateur de l’Environmental Protection Agency (EPA), équivalent américain de notre ministère de l’Environnement, exprimait sa fierté en ces termes : « Cette loi est l’un des gestes les plus importants de « médecine préventive » jamais votés. » Revenant sur les 62 000 produits commercialisés sans aucun contrôle, ignorant l’ironie future – et terrible – de ses propos, il avait conclu – et c’est là que je le rejoins : « Nous en savons peu – abyssalement peu – sur ces produits chimiques. Nous ne savons presque rien de leurs effets sur notre santé, et plus particulièrement en cas d’exposition minime mais à long terme. Nous en savons fort peu sur le nombre d’êtres humains exposés à ces produits. Ni comment ils le sont et jusqu’à quel degré. Nous ne savons même pas précisément combien de produits chimiques – et encore moins précisément lesquels – sont créés chaque année et mis sur le marché. »

Or, trente ans après, en savons-nous beaucoup plus ? »

La suite (après cet effrayant coup de projecteur sur les dispositions législatives qui encadrent la toxicité potentielle des produits chimiques) ………….. demain.

 

 

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