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concentration des elevages industriels

Extrait de Toxic, le livre enquête de William REYMOND :

« Si le porc est assimilé à une machine et la volaille à l’équivalent d’un obèse stérile, la vache est devenue, elle, une commodité. Une masse divisée d’avance entre matière comestible et parties recyclables. Avant ce livre, j’ignorais même que cela était quantifiable. Ainsi, 43 % de son poids termine dans nos assiettes, tandis que 36 % envahissent notre quotidien. À écouter les spécialistes, tout – ou presque – est bon dans la vache : « Sa peau est une source pour les chaussures, les bagages et les porte¬feuilles. Le poil de ses oreilles devient le poil de pinceaux pour peindre. Le poil sur le reste de son corps est utilisé dans la confection de mobilier et de cordes à violon. Ses os servent à confectionner des manches de couteau. Ses sabots fournissent de la gélatine pour bonbons, desserts et maquillage. Ils sont aussi utiles dans la confection des pellicules photographiques ou encore de la colle. Ses organes et ses glandes permettent de produire cortisone, insuline, hormone, goudron, et chimiquement transformés, aident nos pneus à rouler sans trop chauffer. Sa graisse est dans les savons, les chewing-gums et les bonbons1 ».

Et le lait ? Il n’a évidemment pas échappé à la révolution industrialo-alimentaire des trente dernières années. En 1970, il y avait 650 000 laiteries aux États-Unis. Aujourd’hui, elles sont 90 000. À l’époque, on comptait en moyenne 20 têtes par laiterie. En 2004, ce chiffre s’élève à 100. Plus intéressant encore, le nombre de vaches laitières a diminué de presque un tiers tandis que la production de lait, elle, s’est accrue de 40 %. Ce paradoxe s’explique facilement : en trente ans, le rendement par tête a doublé. Il n’y a aucun miracle à cette augmentation : l’industrie a simplement trouvé les moyens de pousser les vaches à produire plus.

Mais avant d’expliquer comment, il convient d’évoquer les conséquences. La première concerne la qualité du lait. Lorsque l’on compare celui produit à la chaîne et celui dit « bio », lié à des animaux qui paissent encore dans les prés, on le découvre plus pauvre en vitamines A et B, en antioxydants et en acide linoléique, cet acide gras inhibiteur du cancer, plus particulièrement celui du sein.

La seconde, répercussion directe de l’espérance de vie de la vache laitière, termine dans nos estomacs. Voilà trente ans, un animal pouvait vivre vingt ans. Mais, aujourd’hui, après cinq années à produire en continu du lait, un bovin est retiré du circuit. Pour finir en hamburger à 99 cents.

Du moins, afin d’être exact, pour devenir l’un de ses composants. En décembre 2003, le département de l’Agriculture américain publiait une étude consacrée au bœuf haché industriel. L’USDA révélait ainsi que 500 grammes de viande contenaient la chair de plusieurs vaches. Un chiffre qui pouvait varier d’une douzaine à… quatre cents bovins ! La même année, justifiant les difficultés à contrer les intoxications alimentaires, les CDC confirmaient que « des centaines, voire des milliers de bêtes contribuent à un seul hamburger » ! Des chiffres stupéfiants, qui laissent plus que perplexe sur les conditions de fabrication d’une telle viande hachée…

Les ressources du génie humain dans le domaine du retour sur investissement ne cessent de surprendre.

Les cochons se mangent entre eux ? Arrachons-leur les dents ! Les poules se picorent ? Coupons-leur le bec ! Les vaches laitières, à force de traites multiples, développent la mastite, une infection douloureuse des mamelles qui entraîne de regrettables « pertes annuelles de plusieurs millions de dollars » ? Alors inventons ni plus ni moins une nouvelle vache !

Le 3 avril 2005, un article de Nature Biotechnology annonçait en effet que « des chercheurs [avaient] fabriqué des vaches transgéniques sécrétant de la lysostaphine à des concentrations comprises entre 0,9 et 14 mg par ml dans le lait ». La lysostaphine ? C’est une enzyme produite à partir d’un staphylocoque qui augmente « la résistance des bovins à l’infection ». En clair, des scientifiques du Kentucky avaient cloné une vache dotée d’un ADN génétiquement modifié pour qu’elle continue à produire du lait à des cadences infernales mais en tombant moins souvent malade.

La vache OGM n’est toutefois pas encore au point. Comme le souligne un des chercheurs français du Génopole, il faut encore évaluer « les conséquences pour l’homme de la présence permanente d’un antibiotique dans le lait de vache, et aussi l’apparition de formes mutantes du staphylocoque ». Une précaution dont les compagnies agroalimentaires américaines ne s’encombreront peut-être pas longtemps.

L’avenir de la nourriture étant, nous le verrons, aussi peu appétissant que son présent, il est d’ailleurs fort probable que cet exemplaire perfectionné de la bonne vieille Marguerite débarque plus rapidement dans nos assiettes que ce que l’on imagine.

En attendant, puisqu’il faut bien qu’une vache produise annuellement 8 600 litres de lait, les « éleveurs modernes » ont recours aux hormones pour augmenter la cadence de production et aux antibiotiques pour essayer d’éviter la coûteuse mastite.

Des substances liées à l’industrialisation de l’élevage qui renvoient directement aux lagons de Clinton.

la suite de cette (terrifiante) enquête ……….demain.

 

 

 

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