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charcuterie et cancer colo-rectal

Extrait du livre de William Reymond, TOXIC FOOD :

 » Le deuxième membre de ce fatal trio me touche personnellement. En quelques mois, fidèle à sa réputation de « cancer tueur », je l’ai en effet vu terrasser et emporter mon grand-père paternel.

Le cancer colorectal – que l’on désigne souvent sous le terme de cancer du côlon, même s’il peut toucher le rectum – est une des formes les plus fatales de la maladie. Et, désormais, l’une des plus fréquentes. Ainsi, aux États-Unis, il est le deuxième type de cancer rencontré. Concrètement, il touche 6% de la population, taux en augmentation depuis trois décennies.

Oui, vous avez bien lu : un peu plus de 18 millions d’Américains sont atteints d’une forme de cancer colorectal. 18 millions ! Une statistique atroce, coût humain à payer faramineux parce que ce pays a voulu remporter le titre de champion du monde de la toxic food.

Si ce taux est extrême de ce côté de l’Atlantique, on constate une tendance similaire dans l’ensemble des pays occidentaux.

Citant différentes études, le professeur Campbell écrit d’ailleurs que « l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Australie et les pays d’Asie les plus fortunés (Japon, Singapour) affichent un très haut pourcentage de cancers colorectaux, alors que l’Afrique, l’Asie, la plus grande partie de l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud ne connaissent qu’un faible taux de cette forme de cancer. »

Voulant illustrer cette fracture, le chercheur compare le taux de mortalité de ce cancer en République tchèque, où il « se situe à 34,19 pour 100 000 hommes » à celui du Bangladesh : « 0,63 pour 100 000 hommes».

Un contraste saisissant qui, une nouvelle fois, comme avec les cancers de la prostate, met en évidence la frontière invisible entre deux mondes. Dont l’un, le nôtre, développe de nouveaux cancers à mesure qu’il se nourrit presque exclusivement d’alimentation industrielle.

Le plus révoltant, c’est que cette vérité n’est pas récente.

Ainsi, en avril 1975, Bruce Armstrong et Richard Doll publiaient les conclusions dune longue étude menée dans trente-deux pays. Les conclusions des deux chercheurs relatives au cancer du côlon étaient implacables : « Le régime alimentaire [est] fortement lié à son apparition », disent-ils. Et de conclure que les pays avec une présence importante de ce cancer étaient à l’alimentation trop riche en viande rouge, en gras et en sucres… Les piliers de la nouvelle malbouffe.

Je viens de l’écrire : les découvertes d’Armstrong et Doll ont plus de trente ans ! Mais, les ignorant, nous avons continué à suivre un mode alimentaire périlleux et, comme si cela ne suffisait pas, avons même augmenté la quantité de toxic food engouffrée.

Peut-être, cette étude oubliée est-elle trop ancienne pour convaincre ? Peut-être faut-il en mettre une en avant plus récente ?

Celle publiée en 2005 par The American Cancer Society (ACS) est effectivement plus contemporaine. Elle a également, aux yeux des scientifiques, deux atouts d’envergure : son ampleur et sa durée.

Entre 1982 et 2003, 149 000 Américains ont, à étapes régulières, rencontré les chercheurs de l’ACS pour établir un bilan de leur régime alimentaire et de leur santé. Michael Thum, l’un des coauteurs du rapport final, raconte : « Notre étude nous a permis de différencier les risques associés à la consommation de viande des autres facteurs affectant les risques de cancer colorectal, et plus spécialement, l’obésité et l’inactivité physique […]. En conclusion, il existe maintenant des preuves substantielles qu’une consommation de viande importante et à long terme augmente les risques de cancer du côlon. »

Comme si ce propos ne suffisait pas, dans le corps du rapport se trouvent des informations très importantes. D’abord – et cela en rassurera certains -, il existe une réelle différence en matière de risque entre les consommateurs de viande rouge et ceux qui préfèrent les volailles et poissons. Les risques sont plus élevés à mesure que la taille de l’animal augmente. Ou, dit autrement, suivant les préceptes du rapport de l’ACS, il est préférable de trouver ses protéines dans « des haricots, du poisson ou du poulet » que dans un steak de bœuf. Non seulement le facteur de risque est quasi nul mais il semblerait que la consommation de viande blanche et de poisson ait un effet positif atténuant certains facteurs déclenchant un cancer colorectal.

L’équipe de scientifiques de l’ACS propose d’ailleurs une sorte de palmarès des dangers où, produit par produit, pour les hommes et les femmes, est détaillé à partir de quelles quantités quotidiennes on met en péril son organisme.

Ainsi, un homme courra plus de risques s’il consomme presque chaque jour « approximativement la quantité de viande contenue dans un grand hamburger ». Une échelle à réduire presque de moitié chez une femme.

Ne se contentant pas d’étudier les effets de la viande rouge, l’ACS s’est penché sur les risques de cancer colorectal associés à la consommation de charcuterie. Et pas n’importe laquelle : celle préparée de manière industrielle.

Comme on pouvait s’y attendre, les résultats sont effrayants. Ainsi, on découvre les taux de risques les plus élevés chez les hommes consommant deux à trois tranches de salami par jour, cinq à six fois par semaine. À nouveau, la quantité consommée par les femmes est plus faible.

Pire, le rapport évalue que la consommation quotidienne de 50 grammes de charcuterie augmente le risque de cancer colorectal de 21 %. A titre d’information, c’est à peu près le poids d’une tranche de jambon vendue sous cellophane dans n’importe quel supermarché.

Effaré par ce résultat, Thun écrit : « Le but de cette étude n’était pas de découvrir ce qui, dans la viande rouge, peut influencer les risques de cancer. Mais pour les charcuteries, le sel, les résidus de fumée, le gras et les nitrites peuvent jouer un rôle. »

Peuvent…

Dans Toxic, j’ai évoqué les stratégies adoptées par l’industrie agroalimentaire pour ébranler les découvertes du même ordre faites en 2006 par Sydney Mirvish, chercheur de l’université du Nebraska. Aux yeux des représentants de la nouvelle malbouffe, ce scientifique avait eu le tort de prouver, sans l’ombre d’un doute, les dégâts suscités dans l’organisme par les nitrites. Ces substances présentes dans la charcuterie industrielle parce qu’elles garantissent la couleur et la bonne et longue conservation, mais qui entraînent une mutation de l’ADN et multiplient les risques de cancers colorectaux.

En bon scientifique tentant de rester dans le périmètre de ses travaux, Michael Thun a préféré user de prudence, mieux, utiliser le conditionnel. Mais, aujourd’hui, le temps n’est plus à la mesure ni à la probabilité.

De Armstrong et Doll à Thun en passant par Mirvish, l’ensemble de ces travaux, souvent ignorés du grand public, prouve encore et encore la même vérité : nous sommes ce que nous mangeons et payons le prix sanitaire de notre accoutumance à la toxic food. »

La suite …………..demain.

Dr BUENOS : Dans le réseau ROSA, nous sommes très agressifs dans le dépistage du cancer colo-rectal chez les patients obèses.

 

 

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