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Extrait de Toxic, de william Reymond :

« Notre nourriture a plus évolué ces trente dernières années que lors des mille précédentes. Votre grand-mère ne reconnaîtrait pas la plupart des aliments et ne saurait qu’en faire.» Michael Pollan a raison. Entre les yaourts à boire couleur fluo et les salades en « shaker » pour mieux tenir dans les porte-boissons, nos aïeux auraient bien du mal à s’orienter nutritionnellement dans notre société.

En 1960, l’essentiel du temps passé dans une cuisine était dévolu à la préparation de la nourriture. La famille américaine dépensait 15 dollars par jour pour se nourrir et passait cent trente minutes autour de la table. Avec des produits de base frais, accommodés avant d’être servis.

Aujourd’hui, le temps de préparation a diminué de plus de 50 %. Et la nature même de l’alimentation a subi une incroyable mutation. Ce qui n’empêche pas des mentions imprimées sur les emballages de garantir au consommateur que son hachis Parmentier est conforme à la recette de sa grand-mère. La grosse différence, c’est qu’il lui suffit de l’ouvrir et de le glisser cinq minutes dans le four micro-ondes pour l’apprécier. Cet appareil est d’ailleurs devenu incontournable aux États-Unis. En 1978, seulement 8 % des foyers possédaient cette application civile d’une invention militaire, mais vingt ans plus tard, le taux d’équipement en micro-ondes approche quasiment les 100 %.

Ce succès correspond à un changement profond et radical de notre nourriture. Devenue produit de masse, elle est entrée dans l’ère de l’industrialisation. En 1972, près de la moitié du prix d’achat d’un aliment terminait dans la poche de son producteur, généralement un agriculteur. Aujourd’hui, la proportion est seulement de 20 %. « L’essentiel du coût de la nourriture que nous mangeons à la maison couvre des frais qui n’ont plus rien à voir avec l’agriculture. Il s’agit du prix du travail de la vente en supermarché, celui effectué en usine et en laboratoire. » Sans oublier le marketing, dont la mission est de faire croire à chacun qu’un produit fabriqué à la chaîne, avec des ingrédients dont personne ne comprend les noms, est conforme au goût « d’antan » et à la bonne recette de maman.

En 2006, se nourrir est une affaire de gros sous, la chasse gardée d’une industrie puissante aux réseaux politiques solides. Et dont l’essor, et ses conséquences sur notre santé, doivent beaucoup à un ancien président américain. »

La suite ….. demain.

Nous suivrons la démonstration historique intéressante de William Reymond qui progressivement mettra à jour les colossaux intérêts économiques en jeu et leur articulation dans l’industrie de l’alimentation.

 

 

 

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