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Extrait de Toxic, livre de William Reymond, que je conseille de lire :

 » Imaginez un pays peuplé comme la France. 60 millions d’habitants donc, qui auraient une seule particularité : celle d’être trop gros.

Cette entité géographique fictive existe. 60 millions d’obèses ? Bienvenue dans l’ex-Empire du milieu. Depuis novembre 2006, la Chine détient ce triste record. Alors que la population chinoise a été longtemps considérée comme ayant le mode alimentaire le plus équilibré de la planète, elle est désormais au bord de l’implosion. L’obésité et la surcharge pondérale touchent même un Chinois sur cinq. Le calcul fait tourner la tête… Il s’agit bien de 215 millions de personnes ! Parmi elles, 160 millions souffrent d’hypertension et 20 millions sont atteintes du diabète. Et là-bas, particularisme local, la pandémie touche plus particulièrement les garçons.

Selon une étude publiée le 19 août 2006 par le British Medical Journal, plus de 10 millions d’enfants chinois entre sept et dix-huit ans sont aujourd’hui obèses. En 2000, ils étaient « seulement » 4 millions !

La Chine est donc passée à l’ère de l’obésité. Une information fâcheuse pour le gouvernement communiste qui, à la veille des Jeux olympiques de 2008, souhaite présenter ses citoyens comme les plus sportifs de la planète. Mais voilà, une promenade dans les rues de Pékin et de Shanghai dévoile une autre réalité. Celle où les cliniques pour enfants obèses se multiplient au rythme de l’élargissement du tour de taille de la population !

La Chine n’est en rien une exception. L’ensemble du bassin asiatique se voit frappé par l’épidémie. Ainsi, depuis 2002, le Viêtnam doit faire face à une situation particulière loin d’être unique. Si à Hanoi une partie de la population souffre d’obésité, dans certaines campagnes la malnutrition demeure un grave problème. À côté, en Thaïlande, le taux d’obésité des cinq-douze ans est passé de 12,2 % à 15,6 % en… à peine deux ans !

Le Japon est également atteint. Depuis 1982, le nombre d’obèses a augmenté de 100 %. Là aussi, comme en Chine, les enfants et les adolescents sont les premières victimes. Situation identique aux Philippines où 5 % de la population est considérée comme obèse. Si l’on ajoute les personnes en situation de surcharge pondérale, c’est même un tiers de l’archipel qui est touché. On retrouve des proportions similaires en Nouvelle-Zélande et en Australie. Dans les villes mais aussi dans des endroits bien plus reculés puisque, pour la première fois en 2004, on relevait une augmentation importante des cas d’obésité au sein des tribus aborigènes. Reste que l’exemple le plus frappant de la zone pacifique concerne les îles Tonga. Là, en Polynésie, c’est plus de 60 % de la population qui endure la pandémie.

Et l’Inde, l’autre État-continent ? Alors que le pays peine à lutter contre les effets de la malnutrition en milieu rural, les grandes villes comme New Delhi comptent désormais un taux d’obésité dépassant les 10 % parmi les quatorze-vingt-quatre ans. Et l’hypertension entraîne une inquiétante augmentation de la fréquence des crises cardiaques chez les moins de cinquante ans.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’Afrique n’est en rien épargnée par le mal. En Zambie, 20 % des enfants âgés de quatre ans sont obèses. Un pourcentage conséquent que l’on constate encore au Maroc et en Égypte, où il est même légèrement supérieur. D’une manière générale, au Moyen-Orient, de Beyrouth à Bagdad, c’est en fait un quart de la population qui se retrouve obèse ou en surpoids.

Mais le vrai drame se joue au sud, en Afrique noire, où ce fléau et son cortège de maladies font des ravages. Non, il ne s’agit pas d’une erreur. Je viens bien d’associer l’impossible : obésité et Afrique. Et il ne faut pas se méprendre, la pandémie sur le continent africain ne signifie en rien que les problèmes de malnutrition sont réglés. On continue à mourir de faim là-bas, mais, écœurante nouveauté, on y meurt également en mangeant trop ou mal ! L’information dérange notre mode de pensée mais certains pays du continent noir comptent trois fois plus d’obèses que d’individus souffrant de malnutrition. Et, comme ailleurs, la tendance n’est en rien prête à s’infléchir.

Car l’Afrique est maudite. Agonisant sous la faim, exsangue depuis la tragédie du sida, le continent est désormais victime d’une nouvelle « plaie ».

En 2004, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, plus communément connue sous le terme générique FAO, publiait un rapport dramatique qui démontrait que les femmes enceintes souffrant de malnutrition accouchaient plus fréquemment d’enfants sûrs de devenir de futurs… obèses. Une incongruité ne provenant pas d’une étrangeté de la nature mais de notre héritage génétique. Parce que les bébés africains naissent avec un métabolisme programmé pour « stocker » le maximum de nourriture. Alors que la malnutrition recule, cette sorte d’assurance survie glissée dans l’ADN se retourne contre son porteur en le condamnant à l’extrême contraire.

Des mères souffrant de faim donnant la vie à une prochaine génération de gros. Toute l’absurdité de notre monde est là… Toute l’absurdité et la douleur de l’Afrique aussi !

Bien évidemment, de Paris à Bruxelles, de Londres à Prague, de Berlin à Amsterdam, de Rome à Lausanne, de Madrid à Sofia, la pandémie est aussi solidement installée en Europe. En France, la dernière enquête Obepi confirme qu’en 2006 l’obésité continue de progresser. Et que, désormais, au-delà des enfants et adolescents, c’est l’ensemble des générations qui sont atteintes. Une situation soulignée par Marie-Aline Charles : « C’est saisissant. Chaque génération a une prévalence supérieure à la précédente. Et ce, quelle que soit la génération. À chaque fois cela progresse : si on observe les générations nées en 1920, 1930, 1940, il y a déjà cette progression. Il faut absolument infléchir la trajectoire, car autrement on va arriver au taux de 30 % que connaissent les États- Unis3 ».

Désormais, donc, 5,9 millions de citoyens français sont obèses. Afin de saisir l’aspect foudroyant de la pandémie, il faut retenir une donnée cruciale : voilà à peine neuf ans, on en comptait 2,9 millions de moins. Oui, au rythme de plus de 320 000 par an, le nombre d’obèses dans l’Hexagone a quasiment doublé entre 1997 et 2006 !

En Italie, 8 % de la population est atteinte. En Allemagne, la proportion passe à 12 %. La Grande-Bretagne, quant à elle, se dispute la première place avec la Bulgarie. Le quart des habitants de ces deux États est désormais obèse. Si l’on ajoute les personnes en surpoids, on glisse vers une situation à l’américaine où celles proches de ce qu’on appelle leur « poids de forme » ne forment désormais plus qu’une minorité.

Asie, Pacifique, Afrique, Europe, il reste à jeter un œil sur l’Amérique. Pas celle où est née l’épidémie, mais le continent américain. Et ce en commençant par le sud. Où il n’y a pas de miracle. L’ensemble du territoire sud- américain est touché. Le Brésil, par exemple, a vu la proportion d’habitants obèses ou en surpoids augmenter de 31 % en dix ans. Une vague touchant aussi bien les beaux quartiers de Rio que les favelas de Sâo Paulo. Dans la même période, la Colombie a enregistré une progression de 43 %. Un quart des enfants péruviens, chiliens et mexicains sont eux aussi victimes du mal.

Nettement plus au nord, du côté du Canada, les statistiques se révèlent encore plus impressionnantes. D’après une enquête de 2004 sur la santé dans les collectivités canadiennes, 23 % de la population est obèse. Plus précisément encore, l’étude Différences régionales en matière d’obésité démontre que cette catégorie regroupe presque un tiers des Canadiens vivant en milieu rural, contre 20 % des résidents de grandes villes.

En Amérique du Nord, la pandémie n’épargne personne… n’oubliant pas, au passage, de « contaminer» jusqu’aux Eskimos d’Alaska.

De l’Australie au Danemark en passant par la France, ces experts disent tous la même chose : notre société est malade. Et si rien ne se fait, elle subira le sort vécu par les générations confrontées aux précédentes pandémies.

Il ne s’agit pas d’être alarmiste mais simplement réaliste. En 2006, l’Organisation mondiale pour la santé affirme que la planète compte plus d’habitants souffrant de surpoids que de malnutrition. Que si les victimes de la faim sont toujours plus de 800 millions, celles de la malbouffe dépassent le milliard. Et que dans ce chiffre record, 300 millions sont obèses.

Ce paradoxe en appelle un autre, bien plus effrayant s’il en est. Si choquant même qu’à lui seul il a justifié ce travail d’enquête et l’écriture de ce livre. En vingt ans, la pandémie d’obésité ne s’est pas satisfaite de son expansion statistique, plaçant la surnutrition au sommet des problèmes mondiaux. Ou, pour reprendre une expression du ministre français de la Santé Xavier Bertrand lors de ses vœux à la presse, ne s’est pas contentée de son statut de « défi majeur de la santé du XXIe siècle1 ». Elle a aussi – et c’est ce qui se produit aux États-Unis – remis en doute la marche en avant de l’évolution humaine.

De fait, si l’ensemble de ces données chiffrées, peut- être difficiles à digérer, n’a pas fini de vous convaincre de l’urgence des mesures liées à l’étendue du mal, l’information supplémentaire que voici devrait y parvenir. En effet, pour la première fois, malgré les progrès de la science et de la médecine, l’espérance de vie des enfants américains est plus courte que celle de leurs parents ! Et c’est bel et bien l’obésité qui s’avère responsable de cette régression unique dans l’histoire moderne.

Doit-on, en France, se dire que cette dérive ne nous concerne pas ? Évidemment non. Car on le sait, en 2020, l’Hexagone mais aussi l’Allemagne, la Belgique, les Pays- Bas, le Sénégal, l’Inde, la Chine, la Russie l’Australie… ressembleront aux États-Unis. Et seront des nations majoritairement obèses, dont les populations verront à leur tour leur espérance de vie cesser de croître avant de commencer à diminuer.

La crise mondiale d’obésité, venant rejoindre les tristes rangs formés par la peste noire, la grippe espagnole et le sida, est bel et bien une pandémie.

Mais avant de tenter de trouver les moyens de l’enrayer, il semblait essentiel de remonter aux origines de ce foyer épidémique pour découvrir les raisons du mal. Cela tombait bien, voilà quelques années que je vivais en son cœur.

(la suite …… demain).

Les impatients peuvent se procurer le livre et le « dévorer » avant.

 

 

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