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leptine et sommeil

Deux études récentes expliquent pourquoi les personnes qui ne dorment pas assez ont tendance à prendre du poids.

Si la notion de dette est habituellement associée à celle de vache maigre, il en est pourtant une qui tend à engraisser ceux qui la contractent: la dette de sommeil. Dormir insuffisamment a tendance à faire grossir, et les mécanismes derrière cette réaction du corps s’éclaircissent peu à peu. Deux publications récentes ont ainsi mis en lumière une attirance accrue pour les aliments riches en calories chez les personnes en manque de sommeil.

Parus en mai dans la revue Nature Communications, les travaux des chercheurs de l’université de Berkeley (Californie) ont consisté à étudier à l’aide d’imagerie par résonance magnétique (IRM) les cerveaux de 23 personnes privées de sommeil. Ils ont constaté chez ces patients des perturbations dans les régions du cortex cérébral, qui évalue la satiété. D’après leurs observations, ne pas dormir assez diminuerait significativement l’activité des régions corticales du cerveau nécessaires à l’évaluation optimale des signaux alimentaires. À l’inverse, l’activité de l’amygdale cérébelleuse, une région du cerveau connue pour influencer l’appétit, serait plus réactive en situation de dette de sommeil.

«Le manque de sommeil altère la production d’hormones régulatrices de l’appétit en augmentant la production de ghréline, une hormone liée à la sensation de faim et en diminuant le taux de leptine, associée au sentiment de satiété», détaille Isabelle Mallet, nutritionniste à Paris.

Jusqu’à 900 calories consommées en plus

Une dette de sommeil modifierait par ailleurs nos goûts, en nous poussant à acheter des aliments gras et sucrés, les plus riches en calories. L’apport calorique désiré en cas de manque de sommeil représenterait ainsi de 300 à 900 calories de plus qu’en cas de repos optimal.

Un réflexe qui peut avoir des conséquences à long terme selon le moment où il s’exprime. Les travaux de l’équipe du professeur Colin Chapman de l’université d’Uppsala (Suède), parus en septembre dans la revue Obesity, montrent que la privation de sommeil a une influence négative non seulement sur notre désir de nourriture mais aussi, plus concrètement, sur nos achats alimentaires. «Les résultats de notre étude démontrent que les personnes achètent beaucoup plus de calories et de grammes de nourriture, avec le même budget, après une privation de sommeil, explique le Pr Chapman. Ce n’est pas négligeable dans la mesure où ces achats vont influencer nos choix alimentaires bien après la privation de sommeil». Il est en effet plus difficile de résister à la tentation de grignotage lorsque les placards de la cuisine sont remplis de tablettes de chocolat ou de chips…

Un probléme de santé publique

Faut-il y voir pour autant un risque d’obésité? «En tant que praticien, il est toujours difficile d’établir, au niveau individuel, une relation de cause à effet formelle entre l’obésité et un seul facteur, rappelle Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition de l’institut Pasteur de Lille et auteur de l’ouvrage À chacun son vrai poids (Odile Jacob). Le manque de sommeil est avant tout un marqueur de la dégradation des rythmes de vie, associé à l’augmentation du temps passé devant les écrans, au grignotage…Autant de comportements suspectés d’avoir un impact sur le surpoids». Le problème du poids nécessite donc une approche globale. Toutefois, poursuit-il, «la question du manque de sommeil me paraît importante car il est démontré que cette privation altère notre capacité à faire des choix. Elle peut donc lever les inhibitions qui nous retiennent de manger quand ça n’est pas l’heure, quand nous n’avons pas faim, et expliquer que nous allions davantage vers un choix instinctif de produits gras et sucrés.»

Comprendre les mécanismes associant fatigue et gain de poids devient une problématique de santé publique à l’heure où l’obésité croit au même rythme que le manque de sommeil dans les pays industrialisés. Car si les Français restent mieux lotis que les Américains avec un temps de sommeil moyen de 6h45 par nuit, contre 6 heures outre-Atlantique, ce quota semble insuffisant au regard des besoins moyens qui se situent autour de 7 à 8 heures.

 

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