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Une étude majeure publiée dans la revue Plos-One démontre que la réduction du temps consacré par les femmes aux tâches ménagères, une activité importante en terme de dépense énergétique, explique l’épidémie d’obésité à laquelle fait face cette population depuis quelques décennies.

Malgré l’importance que prend le développement de l’obésité en terme de santé publique, en augmentant la mortalité précoce et la morbidité, il existe encore peu d’études ayant cherché à en déterminer les causes premières. Ce qui est certain, c’est que l’obésité se développe à partir d’un excès d’apports caloriques non compensé par une dépense énergétique suffisante, créant ainsi un déséquilibre positif de la balance énergétique. Mais la nature de l’épidémie d’obésité est multidimensionnelle et ne peut être réduite qu’à une opportunité plus grande de consommation alimentaire. Trop souvent les études évaluant les facteurs de risques de l’obésité ne se sont concentrées que sur un échantillon de population non représentatif. Il devenait donc nécessaire  de trouver un moyen d’en rechercher les causes sur une population globale. Des scientifiques américains ont donc voulu évaluer l’évolution sur 45 années des dépenses énergétiques chez les femmes américaines.

Une étude précédente a guidé ce choix. Cette première étude avait évalué l’évolution des dépenses énergétiques des travailleurs américains, qui étaient majoritairement des hommes. Elle avait constaté que le travail de force avait au fil des ans pratiquement disparu de l’activité des salariés américains, remplacé par une activité sédentaire, derrière un bureau à utiliser un ordinateur ou à utiliser un téléphone. Cette réduction de l’activité physique au travail avait entrainé une réduction des dépenses énergétiques de 150 kcal par jour en seulement une génération ; un tel changement a pu contribuer au développement de l’obésité et de diverses pathologies cardiovasculaires favorisées par la sédentarité et l’immobilité.

A partir d’une base de données regroupant des informations sur le temps passé chaque jour à diverses activités par les femmes américaines travaillant ou non, les auteurs ont pu comparer l’évolution de ces activités quotidiennes entre 1965 et 2010 et chiffrer les dépenses énergétiques corrélées à chacune. Cela leur a permis de déterminer en moyenne, le nombre de calories dépensées par jour par une femme américaine pour la tenue de sa maison et de son foyer (ménage, repassage, aspirateur, cuisine, garde des enfants, etc.), bien sûr en tenant compte du fait qu’au cours de ces 45 années, le travail des femmes s’était considérablement développé.

Si dans les années 1960, les femmes américaines ne travaillant pas à l’extérieur, passaient 33 heures par semaine à des tâches ménagères (17 heures pour les femmes travaillant, 26 heure en moyenne globale), ce nombre d’heures d’activité a été réduit de moitié en 45 ans,  tombant à 16,5 heures par semaines pour une femme au foyer (10 heures pour une femme travaillant à l’extérieur ; 13 heures par semaine en moyenne globale). Alors qu’un femme au foyer dépensait 6004 kcal par semaine à des tâches ménagères en 1965, cette dépense énergétique n’était plus que de 3486 kcal en 2010, soit une réduction de moitié (-42%). Toutefois ce temps épargné n’est pas dépensé en activité physique mais en activité sédentaire : en 1965, les femmes passaient en moyenne 8,3 heures devant leur télévision, un temps monté à 16,5 heures par semaine en 2010. Pour les femmes au foyer, cette détente télévisuelle est passée de 10h à 19h par semaine et de 6 heures à 14h pour les femmes ayant un emploi.

Certes dans le même temps l’activité physique de loisir est passée de 1 heure par semaine en 1965 à 2,3 heures par semaine en 2010. Ainsi, si dans les années 1960 la dépense énergétique liée à une activité physique était en moyenne de 324 kcal par semaine; elle a doublée, atteignant 796 kcal dans les années 2005-2010.

Ainsi les activités des femmes américaines ont considérablement évolué sur les cinquante dernières années. La première évolution notable est la réduction considérable du temps consacré aux tâches ménagères. C’est au cours des années 1990 que le temps passé devant la télévision commence à dépasser les activités comme la cuisine, le ménage, la lessive ou l’activité physique de loisir. La conséquence principale de cette réduction de 12 heures hebdomadaires des tâches ménagères nécessitant une mobilisation physique, a été la diminution des dépenses caloriques, particulièrement chez les femmes sans emploi : 2518 kcal par semaine, 381 kcal par jour, de pertes énergétiques en moins. Parallèlement, a été constatée une augmentation de 8,3 heures par semaines du temps passé sédentairement devant un écran ainsi qu’une augmentation proportionnellement importante mais restant faible en valeur absolue, de l’augmentation du temps consacré à une activité physique de loisir, qui elle s’est accru de 1,2 heures par semaine en 45 ans. Le développement technologique a joué une part importante dans la réduction du temps consacré aux tâches ménagères, celles en ayant « bénéficié » le plus étant les femmes au foyer. De même, le développement d’une alimentation « toute prête », le développement des fast-food, et l’invention du micro-onde, ont réduit le temps passé à cuisiner. En 2000, 50% des dépenses alimentaires étaient réalisées dans des chaines de restauration proposant de la nourriture à emporter. Et par ailleurs,  si en 1970, moins de 1% des foyers étaient équipés d’un micro-onde et moins de 20% d’un lave vaisselle, 90% des foyers avaient un microonde et plus de 60% un lave-vaisselle en 2005.

Un second facteur majeur ayant contribué à la réduction du temps consacré aux taches ménagères a été la place gagnée par les femmes dans le monde du travail : Au début des années 50, la majorité des femmes n’ont pas d’emploi rémunéré. Entre 1950 et 2000, l’emploi à plein temps des femmes augmente entre +34%/+60% et celui des femmes avec enfants de +19%/+57%. En comparaison avec les mères au foyer, les mères ayant un emploi ont considérablement réduit leur temps passé avec leurs enfants (-8 heures/semaine) et consacré aux taches ménagères (-10 heures par semaine). Elles perdaient également du temps de sommeil (-3 heures/semaine). Ce switch d’une activité entrainant une dépense énergétique à une activité sédentaire a eu un impact considérable sur la réduction de la dépense énergétique et la santé des femmes.

Selon les auteurs, cette modification du mode de vie des femmes au sein de la société, conjuguant une réduction de l’activité physique globale et une augmentation de la sédentarité suggère que l’épidémie d’obésité pourrait être liée uniquement à la réduction d’activité physique globale et que la baisse de la dépense énergétique a été si conséquente au cours des 45 dernières années, que le niveau de cette épidémie d’obésité serait bien plus grave si elle n’avait pas été un peu compensé par une réduction des apports énergétiques et une augmentation de l’activité physique.

L’inactivité physique est donc caractérisée comme une des causes principales de morbidité et de mortalité dans notre monde. Il est important de recommander à chaque être humain une activité physique d’au moins 1 heure par jour (représentant une dépense énergétique de 1575 kcal par semaine). Les recommandations futures concernant le temps passé à pratiquer une activité physique doivent être accrues afin que la balance énergétique puisse se rééquilibrer et contrebalancer le déséquilibre survenu au cours de ces dernières décennies en particulier chez certaines population comme les femmes au foyer.

Source

 

45-Year Trends in Women’s Use of Time and Household Management Energy Expenditure

Edward Archer mail, Robin P. Shook, Diana M. Thomas,Timothy S. Church, Peter T. Katzmarzyk, James R. Hébert, Kerry L. McIver,Gregory A. Hand, Carl J. Lavie,Steven N. Blair

Plos One 2013

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